dimanche 25 décembre 2011

La défaite de l’empire américain




Lorsqu’ils ont décidé d’envahir et d’occuper l’Irak, en 2003, les États-Unis ont tenté d’imposer leur vision d’un monde unipolaire. Cette guerre avait pour but de terroriser toutes les puissances régionales et internationales qui osaient relever la tête, et de détruire les Nations unies en tant qu’organisation basée sur le partenariat dans le processus de prise de décisions.

C’est ce qu’avait affirmé Washington à la veille et après l’invasion de l’Irak. Il a aussi clairement exprimé son intention de remodeler le Moyen-Orient et de le placer sous son hégémonie en créant de nouvelles réalités régionales basées sur deux principes : protéger Israël après sa défaite au Liban (le retrait unilatéral de l’an 2000) et démembrer les deux pays réellement indépendants et soutenant la Résistance : la Syrie et l’Iran.


Certains experts américains affirment que l’invasion de l’Irak a atteint ses objectifs dans la mesure où l’entourage de George Bush a amassé des fortunes colossales à travers le pillage du pays, sans compter que les cartels du pétrole et de l’armement ont raflé des contrats faramineux. Le tout sous le parrainage de l’ancien secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld.


Certes, le clan de la guerre, appuyé par le lobby sioniste, a des raisons de se réjouir en prenant en compte ces considérations matérielles. Mais mis à part ces maigres dividendes, l’occupation de l’Irak, suivie des guerres du Liban en 2006 et de Gaza en 2008-2009, ont été une véritable catastrophe d’ordre stratégique pour les Etats-Unis et leurs protégés israéliens. Les sacrifices consentis par les Irakiens, qui ont infligé des pertes énormes aux troupes américaines, ainsi que les revers subis par les Israéliens au Liban et en Palestine, ont prouvé que les peuples de l’Orient arabe, qui ont résisté et défendu leur dignité et leur indépendance, ont infligé à l’alliance impérialiste, notamment aux États-Unis, une défaite historique aux conséquences stratégiques.


La commission bipartisane Baker-Hamilton a publié, après la défaite israélienne en 2006, un rapport qui présente l’évaluation de l’establishment américain. La conclusion se résume en un seul mot : l’échec. Dès lors, la politique américaine n’avait plus qu’un seul but : contenir cet échec et limiter les dégâts en optant pour le soft power, qui se base sur les guerres secrètes menées par les services de renseignements et une panoplie de sanctions lesquelles ont montré leur impuissance à réaliser les buts que la force militaire a été incapable d’atteindre.

L’éclatement de la crise économique et financière qui secoue les États-Unis et l’Occident n’est pas un hasard. Elle est directement liée aux défaites successives dans les guerres qui ont couté un trillion de dollars. Les experts s’attendent à une nouvelle crise encore plus dévastatrice que celle qui a frappé les États-Unis en 2008 et l’Europe en 2011. Ce n’est pas un hasard non plus que la fuite américaine de l’enfer de la Résistance irakienne coïncide avec les revers de la CIA au Liban et en Iran [1]. Il est clair que le soft power, déployé après les défaites militaires rencontre des difficultés non moins graves que le hard power.

New Orient News (Liban)
Rédacteur en chef : Pierre Khalaf (*)
Tendances de l’Orient No 62, 19 décembre 2011.
[1] Voir : « Liban : Encore un échec pour la CIA » , par Pierre Khalaf, 19 décembre 2011.

Pierre Khalaf : Chercheur au Centre d’Etudes Stratégiques Arabes et Internationales de Beyrouth

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