samedi 14 janvier 2012

Marines urinant sur des cadavres ensanglantés Afghans



vendredi 13.01.2012, 21:39WASHINGTON (AFP)© 2012 AFP
Photo AFPPhoto AFP
L'enquête sur les Marines urinant sur des cadavres avançait à grand pas vendredi, sous la pression de dirigeants américains soucieux de prévenir un embrasement de la rue afghane qui risquerait de tuer dans l'oeuf les perspectives de discussions avec les talibans.
Quatre jeunes soldats se soulageant, hilares, sur les cadavres ensanglantés de trois Afghans: depuis leur mise en ligne, les images ont fait le tour du monde et horrifié les principaux responsables politiques et militaires américains, consternés par un acte "lamentable", selon les termes de secrétaire à la Défense Leon Panetta.
Celui-ci a promis jeudi une "enquête immédiate et approfondie", confiée par le patron des Marines, corps d'élite de l'armée américaine, au Service d'enquête criminelle de la Marine (NCIS). Une enquête administrative, confiée à un général trois-étoiles des Marines, a également été ouverte.
Les premiers résultats n'ont pas tardé. La vidéo est authentique et les quatre Marines ont été identifiés et interrogés, a annoncé Maryann Cumming, porte-parole du NCIS dans un communiqué.
Les quatre soldats appartenaient à une unité de tireurs d'élite du 3e bataillon du 2e Régiment de Marines, basée à Camp Lejeune (Caroline du Nord). Leur unité a été déployée dans le nord de la province du Helmand (sud-ouest de l'Afghanistan) entre mars et septembre 2011, période durant laquelle la vidéo a "sans doute" été tournée. Deux d'entre eux ont depuis été affectés aux Etats-Unis.
Cour martiale
Tous pourraient être passibles de cour martiale pour avoir violé le code de justice militaire américain, ainsi que les conventions de Genève qui prévoient que les corps des ennemis soient traités avec respect.
"L'enquête n'en est qu'à ses débuts", selon le NCIS, qui essayait de remonter vers la ou les personnes qui ont filmé et mis en ligne cette vidéo.
Les enquêteurs devraient également s'intéresser à la chaîne hiérarchique afin d'identifier d'éventuelles déficiences dans les méthodes de commandement, a expliqué à l'AFP un autre responsable militaire. Les chefs d'unité, qui sont responsables de la tenue de leurs hommes, pourraient donc être inquiétés, a-t-il expliqué.
La célérité avec laquelle le Pentagone a enquêté et communiqué a pour but de déminer la situation.
Jeudi, le président afghan Hamid Karzaï, "profondément perturbé", a exigé du gouvernement américain "la punition la plus sévère". M. Panetta l'a appelé pour lui assurer que le forfait ne serait pas impuni.
La période est critique pour Washington, alors que l'aval du président Karzaï est nécessaire aux Américains avant d'éventuelles discussions avec les talibans.
Quelques heures avant la diffusion de la vidéo, la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton s'était félicitée de "déclarations positives" d'Hamid Karzaï -qui s'est auparavant montré très hostile à toute discussion avec les talibans- sur l'ouverture d'un bureau politique taliban au Qatar.
L'émissaire américain pour la région, Marc Grossman, doit se rendre la semaine prochaine en Afghanistan et au Qatar pour poursuivre les consultations dans cette perspective.
L'affaire de la vidéo pourrait tout faire capoter, craignent des responsables américains, notamment si la population afghane s'embrasait et poussait le président Karzaï à durcir sa position. Mais le calme a prévalu vendredi en Afghanistan où l'on prédisait de violentes manifestations antiaméricaines après la grande prière.
L'indignation relayée par les télévisions afghanes ne s'était pas propagée dans la rue, qui réagit souvent avec violence aux comportements jugés indignes de soldats étrangers. Au Caire, la plus haute autorité de l'islam sunnite, Al-Azhar, a dénoncé "un acte hideux, contraire à tous les principes humanitaires et aux lois internationales".

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