mardi 22 mai 2018

Attention : danger imminent dans le bassin des Caraïbes


Les invraisemblables réactions à l’article que nous avons publié de Stella Calloni sur le projet du SouthCom contre le Venezuela attestent d’une fracture au sein de la gauche latino-américaine. Elles augurent mal de la Résistance si le Pentagone passe à acte. Pourtant, c’est un fait, les armées US se préparent à détruire les États et les sociétés du « bassin des Caraïbes » comme ils le font depuis 17 ans dans le « Moyen-Orient élargi ».



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L’amiral Kurt Tidd, commandant-en-chef du SouthCom, et le président Donald Trump
Nous avons publié, il y a deux semaines, un article extrêmement important sur le plan du SouthCom contre le Venezuela [1].
Le SouthCom, c’est le commandement régional en Amérique latine des armées des États-Unis.
Cet article a été rédigé par Stella Calloni. Depuis les années 80, cette femme n’a eu de cesse de dénoncer les complots contre les peuples ourdis par les États-Unis avec les services secrets du Chili, d’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et d’Uruguay, lors de la Guerre froide : « l’Opération Condor ». Dans les années 70, elle fut une résistante aux dictatures et est reconnue aujourd’hui comme la meilleure historienne en la matière [2]. Elle est l’amie personnelle de presque tous les dirigeants de la gauche latino-américaine depuis trente ans.
Pourtant cette icône respectée a été violemment critiquée par des organisations de gauche dans plusieurs pays. En l’absence d’argument, leur contestation évolue des faits relatés vers la mise en cause de l’auteure.
Ce qui se passe aujourd’hui en Amérique latine est l’extension de ce que nous avons vécu depuis 2002 en Europe et la publication de mon livre sur les attentats du 11-Septembre [3] : des organisations de gauche dénient les projets et les actes des États-Unis lorsqu’on leur en présente les preuves. Elles tentent de faire taire ceux qui mettent en garde d’un danger imminent. Paradoxalement, des organisations de droite, jadis liées à Washington, prennent ce message en considération.
L’article de Stella Callloni est d’autant plus important qu’il prouve non seulement ce que le SouthCom entreprend contre le président Nicolás Maduro, mais qu’il atteste aussi que le Pentagone ne planifie pas de « changement de régime ». Il ne s’agit plus, comme dans les années 70, de renverser Salvador Allende et de le remplacer par le général Pinochet. Il s’agit de détruire l’État vénézuélien, de broyer à la fois les chávistes et leurs opposants quels qu’ils soient pour que nul ne puisse gouverner, que seule la volonté de Washington puisse s’affirmer.
Face à l’article de Stella Calloni, il n’existe plus de gauche, ni de droite. Chacun est renvoyé à sa propre responsabilité. Mais ce chambardement n’a aucune importance, car le problème principal n’est plus économique, il est devenu militaire. C’est la question du Peuple face aux élites transnationales, de la Nation face à l’agression étrangère.
Nous connaissons le plan du SouthCom [4] et nous voyons ses troupes se disposer en ordre de bataille. Cela ne signifie pas que la déflagration aura lieu, car le président Trump y est opposé, mais nous devons nous y préparer.
Nous devons tirer les conclusions de ce qui s’est passé depuis 17 ans au Moyen-Orient élargi [5]. Alors que la presse mondiale a abordé les troubles et les guerres en Afghanistan, en Irak, au Liban, en Palestine, en Tunisie, en Égypte, en Libye, au Bahreïn, en Syrie et au Yémen comme une épidémie de violence, nous pouvons constater que la guerre n’est plus dirigée contre un pays, mais répond à une stratégie étrangère pour toute une région. C’était déjà le cas de l’Opération Condor dans les années 70.
Surtout —et cela est nouveau—, nous devons constater que nulle part ce conflit n’a trouvé de fin. Les États-Unis ne provoquent pas ce désordre pour mettre un parti politique au pouvoir. Leur priorité n’est plus le vol des ressources naturelles, mais la destruction des structures qui constituent l’État et des relations sociales au sein des sociétés [6], quitte à plonger les peuples dans la barbarie. Parce que c’est le moyen le plus sûr d’en finir avec toute possibilité de résistance organisée.
Les guerres impérialistes modernes sont très différentes de celles de la Guerre froide. Elles bouleversent nos repères intellectuels et nous forcent à repenser notre appréhension du monde.
Quoi que nous en pensions moralement, nous devons admettre que le Pentagone met en œuvre la stratégie de l’amiral Arthur Cebrowski [7], résumée par son ami Donald Rumsfeld comme la « longue guerre » et par le président George Bush fils comme la « guerre sans fin ».
[1] « Le "Coup de Maître" des États-Unis contre le Venezuela », par Stella Calloni, Traduction Maria Poumier, Réseau Voltaire, 11 mai 2018.
[2Operación Cóndor, Pacto criminal, Stella Calloni, Ciencias sociales, La Havana, 2006.
[3L’Effroyable Imposture suivi de Le Pentagate, Thierry Meyssan, Éditions Demi-lune.
[4] “Plan to overthrow the Venezuelan Dictatorship – “Masterstroke””, by Kurt W. Tidd, Voltaire Network, 23 February 2018.
[5Sous nos Yeux, Thierry Meyssan, Editions Demi-lune, 2017.
[6] Cette doctrine s’appuie sur les expérimentations israéliennes. Voir « Faire la paix avec les États, faire la guerre contre les peuples », par Youssef Aschkar, Réseau Voltaire, 19 juin 2003.
[7] « Le projet militaire des États-Unis pour le monde », par Thierry Meyssan,Haïti Liberté (Haïti) , Réseau Voltaire, 22 août 2017.
 | DAMAS (SYRIE)  

Le projet militaire des États-Unis pour le monde



Alors que tous les experts s’accordent à considérer que les événements au Venezuela suivent le même modèle que ceux en Syrie, certains ont contesté l’article de Thierry Meyssan soulignant les divergences de leur interprétation au sein du camp anti-impérialiste. Notre auteur leur répond. Il ne s’agit pas ici d’une querelle de spécialistes, mais d’un débat de fond sur le tournant historique auquel nous assistons depuis le 11 septembre 2001 et qui conditionne notre vie à chacun.




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Cet article fait suite à
- « Interprétations divergentes au sein du camp anti-impérialiste », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 15 août 2017.
Dans la première partie de cet article, je soulignais qu’actuellement le président Bachar el-Assad est la seule personnalité à s’être adaptée à la nouvelle « grande stratégie états-unienne » ; toutes les autres continuent à penser comme si les conflits en cours poursuivaient ceux que nous avons connus depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elles persistent à interpréter les événements comme des tentatives des États-Unis de s’accaparer des ressources naturelles pour eux-mêmes en organisant des renversements de gouvernement.
Ainsi que je vais le développer, je pense qu’elles se trompent et que leur erreur est susceptible de précipiter l’humanité en enfer.

La pensée stratégique US

Depuis 70 ans, l’obsession des stratèges états-uniens n’aura pas été de défendre leur peuple, mais de maintenir leur supériorité militaire sur le reste du monde. Durant la décennie allant de la dissolution de l’URSS aux attentats du 11 septembre 2001, ils cherchaient les manières d’intimider ceux qui leur résistaient.
Harlan K. Ullman développait l’idée de terroriser les populations en leur assénant un formidable coup sur la tête (Shock and awe, le choc et la stupeur) [1]. C’était idéalement l’usage de la bombe atomique contre les Japonais, dans la pratique, le bombardement de Bagdad par une pluie de missiles de croisière.
Les Straussiens (c’est-à-dire les disciples du philosophe Léo Strauss) rêvaient de mener et de gagner plusieurs guerres à la fois (Full-spectrum dominance, la domination tous azimuts). Ce furent donc les guerres d’Afghanistan et d’Irak, placées sous un commandement commun [2].
L’amiral Arthur K. Cebrowski préconisait de réorganiser les armées de manière à traiter et à partager une foule de données simultanément. Ainsi des robots pourraient un jour indiquer instantanément les meilleures tactiques [3]. Comme nous allons le voir, les profondes réformes qu’il a initiées n’ont pas tardé à produire des fruits vénéneux.

La pensée néo-impérialiste US

Ces idées et ces phantasmes ont d’abord conduit le président Bush et la Navy à organiser le plus vaste système d’enlèvement international et de torture, qui a fait 80 000 victimes. Puis, le président Obama à mettre sur pied un système d’assassinat, principalement par drones mais aussi par commandos, qui opère dans 80 pays et dispose d’un budget annuel de 14 milliards de dollars [4].
À partir du 11-Septembre, l’assistant de l’amiral Cebrowski, Thomas P. M. Barnett, a dispensé de nombreuses conférences au Pentagone et dans les académies militaires pour annoncer ce que serait la nouvelle carte du monde selon le Pentagone [5]. Ce projet a été rendu possible par les réformes structurelles des armées US ; réformes dont découle cette nouvelle vision du monde. Il semblait si délirant que les observateurs étrangers le considérèrent hâtivement comme une rhétorique de plus pour susciter la peur des peuples à dominer.
Barnett affirmait que pour maintenir leur hégémonie sur le monde, les États-Unis devaient « faire la part du feu », c’est-à-dire le diviser en deux. D’un côté, des États stables (les membres du G8 et leurs alliés), de l’autre le reste du monde considéré comme un simple réservoir de ressources naturelles. À la différence de ses prédécesseurs, il ne considérait plus l’accès à ces ressources comme vital pour Washington, mais prétendait qu’elles ne seraient accessibles aux États stables qu’en passant par les services des armées états-uniennes. Dès lors, il convenait de détruire systématiquement toutes les structures étatiques dans ce réservoir de ressources, de sorte que personne ne puisse un jour ni s’opposer à la volonté de Washington, ni traiter directement avec des États stables.
Lors de son discours sur l’état de l’union, de janvier 1980, le président Carter énonça sa doctrine : Washington considérait l’approvisionnement de son économie avec le pétrole du Golfe comme une question de sécurité nationale [6]. Par la suite, le Pentagone se dota du CentCom pour contrôler cette région. Mais aujourd’hui, Washington retire moins de pétrole d’Irak et de Libye qu’il n’en exploitait avant ces guerres ; et il s’en moque !
Détruire les structures étatiques, c’est renvoyer au chaos, un concept emprunté à Léo Strauss, mais auquel Barnett donne un sens nouveau. Pour le philosophe juif, le peuple juif ne peut plus faire confiance aux démocraties après l’échec de la République de Weimar et la Shoah. Le seul moyen pour lui de se protéger d’un nouveau nazisme, c’est d’instaurer lui-même sa propre dictature mondiale —pour le Bien, assurément—. Il faudrait alors détruire certains États résistants, les ramener au chaos et les reconstruire selon de nouvelles lois [7]. C’est ce que disait Condoleezza Rice durant les premiers jours de la guerre de 2006 contre le Liban, lorsque Israël semblait encore victorieux : « Je ne vois pas l’intérêt de la diplomatie si c’est pour revenir au status quo anteentre Israël et le Liban. Je pense que ce serait une erreur. Ce que nous voyons ici, d’une certaine manière, c’est le commencement, les contractions de la naissance d’un nouveau Moyen-Orient et quoique nous fassions, nous devons être certains que nous poussons vers le nouveau Moyen-Orient et que nous ne retournons pas à l’ancien ». Au contraire, pour Barnett, il ne faut pas ramener au chaos les seuls peuples résistants, mais tous ceux qui n’ont pas atteint un certain niveau de vie ; et lorsqu’ils seront réduits au chaos, il faudra les y maintenir.
L’influence des Straussiens a d’ailleurs diminué au Pentagone depuis le décès d’Andrew Marshall qui avait imaginé le « pivot vers l’Asie » [8].
Une des grandes ruptures entre la pensée de Barnett et celles de ses prédécesseurs, c’est que la guerre ne doit pas être menée contre des États particuliers pour des mobiles politiciens, mais contre des régions du monde parce qu’elles ne sont pas intégrées dans le système économique global. Bien sûr, on commencera par tel ou tel pays, mais on favorisera la contagion, jusqu’à tout détruire comme on le voit au Proche-Orient élargi. Aujourd’hui, la guerre s’y poursuit avec des blindés aussi bien en Tunisie, en Libye, en Égypte (Sinaï), en Palestine, au Liban (Ain al-Hilweh et Ras Baalbeck), en Syrie, en Irak, en Arabie saoudite (Qatif), à Bahreïn, au Yémen, en Turquie (Diyarbakır), qu’en Afghanistan.
C’est pourquoi la stratégie néo-impérialiste de Barnett s’appuiera forcément sur des éléments de la rhétorique de Bernard Lewis et de Samuel Huntington, la « guerre des civilisations » [9]. Comme il est impossible de justifier notre indifférence aux sort des peuples du réservoir de ressources naturelles, on pourra toujours se persuader que nos civilisations sont incompatibles.
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Selon cette carte, extraite d’un Powerpoint de Thomas P. M. Barnett lors d’une conférence au Pentagone en 2003, tous les États de la zone rosée doivent être détruits. Ce projet n’a rien à voir ni avec la lutte des classes au plan national, ni avec l’exploitation des ressources naturelles. Après le Moyen-Orient élargi, les stratèges US se préparent à réduire en ruines le Nord-Ouest de l’Amérique latine.

La mise en œuvre du néo-impérialisme US

C’est très exactement cette politique qui a été mise en œuvre depuis le 11-Septembre. Aucune des guerres qui ont été menées ne s’est terminée. Depuis 16 ans, les conditions de vie des Afghans sont tous les jours plus terribles et dangereuses. La reconstruction de leur État, que l’on annonçait planifier sur le modèle de l’Allemagne et du Japon d’après la Seconde Guerre mondiale, n’a pas eu lieu. La présence des troupes de l’Otan n’a pas amélioré la vie des Afghans, au contraire elle s’est détériorée. Force est de constater qu’elle est aujourd’hui la cause du problème. Malgré les discours lénifiants sur l’aide internationale, ces troupes ne sont là que pour approfondir et maintenir le chaos.
Jamais, lorsque des troupes de l’Otan sont intervenues, les motifs officiels de guerre ne se sont révélés vrais, ni contre l’Afghanistan (la responsabilités des Talibans dans les attentats du 11-Septembre), ni en Irak (le soutien du président Hussein aux terroristes du 11-Septembre et la préparation d’armes de destruction massives pour frapper les États-Unis), ni en Libye (le bombardement par l’armée de son propre peuple), ni en Syrie (le dictature du président Assad et de la secte des Alaouites). Jamais non plus le renversement d’un gouvernement n’a mit fin à ces guerres. Toutes continuent sans interruption quels que soient les responsables au pouvoir.
Les « printemps arabes », s’ils ressortent d’une idée du MI6 dans la droite ligne de la « révolte arabe de 1916 » et des exploits de Lawrence d’Arabie, ont été inscrits dans la même stratégie US. La Tunisie est devenue ingérable. L’Égypte a heureusement été reprise en main par son armée et tente aujourd’hui de sortir la tête de l’eau. La Libye est devenue un champ de bataille, non pas depuis la résolution du Conseil de sécurité appelant à en protéger la population, mais après l’assassinat de Mouamar Kadhafi et la victoire de l’Otan. La Syrie est un cas exceptionnel puisque jamais l’État n’est passé aux mains des Frères musulmans et qu’ils n’ont pas pu installer le chaos dans le pays. Mais de nombreux groupes jihadistes, issus de la Confrérie, ont contrôlé —et contrôlent encore— des parties du territoire où ils ont instauré le chaos. Ni le Califat de Daesh, ni Idleb sous Al-Qaïda, ne sont des États où l’islam puisse s’épanouir, mais des zones de terreur sans écoles, ni hôpitaux.
Il est probable que grâce à son peuple, à son armée et à ses alliés russes, libanais et iraniens, la Syrie parvienne à échapper à ce destin tracé pour elle par Washington, mais le Proche-Orient élargi continuera à brûler jusqu’à ce que ses peuples comprennent les plans de leurs ennemis. Nous voyons que le même processus de destruction débute au Nord-Ouest de l’Amérique latine. Les médias occidentaux parlent avec dédain de troubles au Venezuela, mais la guerre qui commence ne se limitera pas à ce pays, elle s’étendra à toute sa région, bien que les conditions économiques et politiques des États qui la composent soient très différentes.

Les limites du néo-impérialisme US

Les stratèges US aiment à comparer leur pouvoir à celui de l’Empire romain. Mais celui-ci apportait sécurité et opulence aux peuples qu’il conquérait et qu’il intégrait. Il construisait des monuments et rationalisait leurs sociétés. Au contraire, le néo-impérialisme états-unien n’entend rien apporter ni aux peuples des États stables, ni à ceux du réservoir de ressources naturelles. Il prévoit de racketter les premiers et planifie de détruire le lien social qui soude les seconds. Il ne veut surtout pas exterminer ces derniers, et a besoin qu’ils souffrent pour que le chaos dans lequel ils vivent empêche les États stables d’aller chercher chez eux des ressources naturelles sans la protection des armées US.
Jusqu’ici le projet impérialiste considérait qu’« on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs ». Il admettait commettre des massacres collatéraux pour étendre sa domination. Désormais, il planifie des massacres généralisés pour asseoir définitivement son autorité.
Le néo-impérialisme états-unien suppose que les autres États du G8 et leurs alliés acceptent de laisser « protéger » leurs intérêts à l’étranger par les armées US. Si cela ne pose pas de problème avec l’Union européenne, qui est déjà émasculée depuis fort longtemps, cela devra être discuté avec le Royaume-Uni et sera impossible avec la Russie et la Chine.
Rappelant sa « relation spéciale » avec Washington, Londres a déjà réclamé d’être associé au projet US pour gouverner le monde. C’était le sens du voyage de Theresa May aux États-Unis en janvier 2017, mais elle n’a pas reçu de réponse [10].
Il est par ailleurs impensable que les armées US assurent la sécurité des « routes de la soie » comme elles le font aujourd’hui avec leurs homologues britanniques pour les voies maritimes et aériennes. De même, il est impensable de faire plier le genou de la Russie, qui vient d’être d’ailleurs exclue du G8 en raison de son engagement en Syrie et en Crimée.
[1Shock and awe : achieving rapid dominance, Harlan K. Ullman & al., ACT Center for Advanced Concepts and Technology, 1996.
[2Full Spectrum Dominance. U.S. Power in Iraq and Beyond, Rahul Mahajan, Seven Stories Press, 2003.
[3Network Centric Warfare : Developing and Leveraging Information Superiority, David S. Alberts, John J. Garstka & Frederick P. Stein, CCRP, 1999.
[4Predator empire : drone warfare and full spectrum dominance, Ian G. R. Shaw, University of Minnesota Press, 2016.
[5The Pentagon’s New Map, Thomas P. M. Barnett, Putnam Publishing Group, 2004.
[6] “State of the Union Address 1980”, by Jimmy Carter, Voltaire Network, 23 January 1980.
[7] Certains spécialistes de la pensée politique de Leo Strauss l’interprètent de manière complétement différente. Pour ma part, je ne m’intéresse pas à ce que pensait le philosophe mais à ce que professent ceux qui, à tort ou à raison, se réclament de lui au Pentagone. Political Ideas of Leo Strauss, Shadia B. Drury, Palgrave Macmillan, 1988. Leo Strauss and the Politics of American Empire, Anne Norton, Yale University Press, 2005. Leo Strauss and the conservative movement in America : a critical appraisal, Paul Edward Gottfried, Cambridge University Press, 2011. Straussophobia : Defending Leo Strauss and Straussians Against Shadia Drury and Other Accusers, Peter Minowitz, Lexington Books, 2016.
[8The Last Warrior : Andrew Marshall and the Shaping of Modern American Defense Strategy, Chapter 9, Andrew F. Krepinevich & Barry D. Watts, Basic Books, 2015.
[9] « The Clash of Civilizations ? » & « The West Unique, Not Universal »,Foreign Affairs, 1993 & 1996 ; The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order, Samuel Huntington, Simon & Schuster, 1996.
[10] “Theresa May addresses US Republican leaders”, by Theresa May,Voltaire Network, 27 January 2017.
 | DAMAS (SYRIE)  

Interprétations divergentes au sein du camp anti-impérialiste



Lorsque son pays a été attaqué par les jihadistes, en 2011, le président Bachar el-Assad a réagi à contre-courant : au lieu de renforcer les pouvoirs des services de sécurité, il les a diminués. Six ans plus tard, son pays est en train de sortir vainqueur de la plus importante guerre depuis celle du Vietnam. Le même type d’agression est en train de se produire en Amérique latine où il suscite une réponse bien plus classique. Thierry Meyssan expose ici la différence d’analyse et de stratégie des présidents Assad d’un côté, Maduro et Morales de l’autre. Il ne s’agit pas de placer ces leaders en concurrence, mais d’appeler chacun à s’extraire des catéchismes politiques et à prendre en compte l’expérience des dernières guerres.

 | DAMAS (SYRIE)  



En mai 2017, Thierry Meyssan expliquait sur Russia Today en quoi les élites sud-américaines font fausse route face à l’impérialisme US. Il insistait sur le changement de paradigme des conflits armés actuels et la nécessité de repenser radicalement la manière de défendre la patrie.
L’opération de déstabilisation du Venezuela se poursuit. Dans un premier temps, des groupuscules violents, manifestant contre le gouvernement, ont tué des passants, voire des citoyens qui s’étaient joints à eux. Dans un second temps, les grands distributeurs de denrées alimentaires ont organisé une pénurie dans les supermarchés. Puis, quelques membres des forces de l’ordre ont attaqué des ministères, appelé à la rébellion et sont entrés dans la clandestinité.
La presse internationale ne cesse d’attribuer au « régime » les morts des manifestations alors que de nombreuses vidéos attestent qu’ils ont été délibérément assassinés par les manifestants eux-mêmes. Sur la base de ces informations mensongères, elle qualifie le président Nicolas Maduro de « dictateur » comme elle l’a fait, il y a six ans, vis-à-vis de Mouamar Kadhafi et de Bachar el-Assad.
Les États-Unis ont utilisé l’Organisation des États Américains (OEA) contre le président Maduro à la manière dont ils ont jadis utilisé la Ligue arabe contre le président el-Assad. Caracas, n’attendant pas d’être exclu de l’Organisation en a dénoncé la méthode et l’a lui même quittée.
Le gouvernement Maduro a cependant deux échecs à son actif :
- une grande partie de ses électeurs ne s’est pas déplacée aux urnes lors des élections législatives de décembre 2015, laissant l’opposition rafler la majorité au Parlement.
- il s’est laissé surprendre par la crise des denrées alimentaires, alors même que celle-ci avait déjà été organisée par le passé au Chili contre Allende et au Venezuela contre Chávez. Il lui a fallu plusieurs semaines pour mettre en place de nouveaux circuits d’approvisionnement.
Selon toute vraisemblance, le conflit qui débute au Venezuela ne s’arrêtera pas à ses frontières. Il embrasera tout le nord-ouest du continent sud-américain et les Caraïbes.
Un pas supplémentaire a été franchi avec des préparatifs militaires contre le Venezuela, la Bolivie et l’Équateur, depuis le Mexique, la Colombie et la Guyane britannique. Cette coordination est opérée par l’équipe de l’ancien Bureau stratégique pour la démocratie globale (Office of Global Democracy Strategy) ; une unité créée par le président Bill Clinton, puis poursuivie par le vice-président Dick Cheney et sa fille Liz. Son existence a été confirmée par Mike Pompeo, l’actuel directeur de la CIA. Ce qui a conduit à l’évocation dans la presse, puis par le président Trump, d’une option militaire US.
Pour sauver son pays, l’équipe du président Maduro a refusé de suivre l’exemple du président el-Assad. Selon elle, les situations sont complètement différentes. Les États-Unis, principale puissance capitaliste, s’en prendraient au Venezuela pour lui voler son pétrole, selon un schéma maintes fois répété dans le passé sur trois continents. Ce point de vue vient d’être conforté par un récent discours du président bolivien, Evo Morales.
Souvenons-nous qu’en 2003 et en 2011, le président Saddam Hussein, le guide Mouammar Kadhafi et de nombreux conseillers du président Assad tenaient le même raisonnement. Selon eux, les États-Unis s’attaquaient successivement à l’Afghanistan et à l’Irak, puis à la Tunisie, à l’Égypte, à la Libye et à la Syrie uniquement pour faire tomber les régimes qui résistaient à leur impérialisme et contrôler les ressources en hydrocarbures du Moyen-Orient élargi. De nombreux auteurs anti-impérialistes poursuivent aujourd’hui cette analyse, par exemple en essayant d’expliquer la guerre contre la Syrie par l’interruption du projet de gazoduc qatari.
Or, ce raisonnement s’est révélé faux. Les États-Unis ne cherchaient ni à renverser les gouvernements progressistes (Libye et Syrie), ni à voler le pétrole et le gaz de la région, mais à détruire les États, à renvoyer les populations à la préhistoire, à l’époque où « l’homme était un loup pour l’homme ».
Les renversements de Saddam Hussein et de Mouamar Kadhafi n’ont pas rétabli la paix. Les guerres ont continué malgré l’installation d’un gouvernement d’occupation en Irak, puis de gouvernements dans la région incluant des collaborateurs de l’impérialisme opposés à l’indépendance nationale. Elles continuent encore attestant que Washington et Londres ne voulaient pas renverser des régimes, ni défendre des démocraties, mais bien écraser des peuples. C’est une constatation fondamentale qui bouleverse notre compréhension de l’impérialisme contemporain.
Cette stratégie, radicalement nouvelle, a été enseignée par Thomas P. M. Barnett dès le 11-Septembre 2001. Elle a été publiquement révélée et exposée en mars 2003 —c’est-à-dire juste avant la guerre contre l’Irak— dans un article d’Esquire, puis dans le livre éponyme The Pentagon’s New Map, mais elle paraît si cruelle que personne n’a imaginé qu’elle puisse être mise en œuvre.
Il s’agit pour l’impérialisme de diviser le monde en deux : d’un côté une zone stable qui profite du système, de l’autre un chaos épouvantable où nul ne pense plus à résister, mais uniquement à survivre ; une zone dont les multinationales puissent extraire les matières premières dont elles ont besoin sans rendre de compte à personne.
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Selon cette carte, extraite d’un Powerpoint de Thomas P. M. Barnett lors d’une conférence au Pentagone en 2003, tous les États de la zone rosée doivent être détruits. Ce projet n’a rien à voir ni avec la lutte des classes au plan national, ni avec l’exploitation des ressources naturelles. Après le Moyen-Orient élargi, les stratèges US se préparent à réduire en ruines le Nord-Ouest de l’Amérique latine.
Depuis le XVIIème siècle et la guerre civile britannique, l’Occident s’est développé dans la hantise du chaos. Thomas Hobbes nous a appris à supporter la raison d’État plutôt que de risquer de revivre ce tourment. La notion de chaos ne nous est revenue qu’avec Leo Strauss, après la Seconde Guerre mondiale. Ce philosophe, qui a personnellement formé de nombreuses personnalités du Pentagone, entendait construire une nouvelle forme de pouvoir en plongeant une partie du monde en enfer.
L’expérience du jihadisme au Moyen-Orient élargi nous a montré ce qu’est le chaos.
S’il a réagi comme on l’attendait de lui aux événements de Deraa (mars-avril 2011), en envoyant l’armée réprimer les jihadistes de la mosquée al-Omari, le président el-Assad a été le premier à comprendre ce qui se passait. Loin d’accroître les pouvoirs des forces de l’ordre pour réprimer l’agression extérieure, il a donné au peuple les moyens de défendre le pays.
Premièrement, il a levé l’état d’urgence, dissout les tribunaux d’exception, libéré les communications Internet, et interdit aux forces armées de faire usage de leurs armes si cela pouvait mettre en danger des innocents.
Ces décisions à contre-courant étaient lourdes de conséquences. Par exemple, lors de l’attaque d’un convoi militaire à Banias, les soldats se sont retenus de faire usage de leurs armes en légitime défense. Ils ont préféré être mutilés par les bombes des assaillants, et parfois mourir, plutôt que de tirer au risque de blesser les habitants qui les regardaient se faire massacrer sans intervenir.
Comme beaucoup, à l’époque, j’ai cru que c’était un président faible et des soldats trop loyaux, que la Syrie allait être écrasée. Pourtant, six ans plus tard, Bachar el-Assad et les armées syriennes ont gagné leur pari. Si au départ, les soldats ont lutté seuls contre l’agression étrangère, petit à petit, chaque citoyen s’est impliqué, chacun à son poste, pour défendre le pays. Ceux qui n’ont pas pu ou pas voulu résister se sont exilés. Certes les Syriens ont beaucoup souffert, mais la Syrie est le seul État au monde, depuis la guerre du Vietnam, à avoir résisté jusqu’à ce que l’impérialisme se lasse et renonce.
Deuxièmement, face à l’invasion d’une multitude de jihadistes issus de toutes les populations musulmanes, du Maroc à la Chine, le président Assad a décidé d’abandonner une partie du territoire pour sauver son peuple.
L’armée arabe syrienne s’est repliée dans la « Syrie utile », c’est-à-dire dans les villes, abandonnant les campagnes et les déserts aux agresseurs. Tandis que Damas veillait sans aucune interruption à l’approvisionnement en nourriture de toutes les régions qu’il contrôlait. Contrairement à une idée reçue en Occident, il n’y a eu de famine que dans les zones contrôlées par les jihadistes et dans quelques villes assiégées par eux ; les « rebelles étrangers » (pardonnez l’oxymore), approvisionnés par les associations « humanitaires » occidentales, utilisant la distribution de colis de nourriture pour soumettre les populations qu’ils affamaient.
Le peuple syrien a constaté par lui-même que seule la République, et pas les Frères musulmans et leurs jihadistes, les nourrissait et les protégeait.
Troisièmement, le président Assad a tracé, lors d’un discours prononcé le 12 décembre 2012, la manière dont il entendait refaire l’unité politique du pays. Il a notamment indiqué la nécessité de rédiger une nouvelle constitution et de la soumettre à adoption par une majorité qualifiée du peuple, puis de procéder à l’élection démocratique de la totalité des responsables institutionnels, y compris le président bien sûr.
À l’époque, les Occidentaux se sont gaussés de la prétention du président Assad de convoquer des élections en pleine guerre. Aujourd’hui, la totalité des diplomates impliqués dans la résolution du conflit, y compris ceux des Nations unies, soutiennent le plan Assad.
Alors que les commandos jihadistes circulaient partout dans le pays, y compris à Damas, et assassinaient les hommes politiques jusque chez eux avec leur famille, le président Assad a encouragé ses opposants nationaux à prendre la parole. Il a garanti la sécurité du libéral Hassan el-Nouri et du marxiste Maher el-Hajjar pour qu’ils prennent, eux aussi, le risque de se présenter à l’élection présidentielle de juin 2014. Malgré l’appel au boycott des Frères musulmans et des gouvernements occidentaux, malgré la terreur jihadiste, malgré l’exil à l’étranger de millions de citoyens, 73,42 % des électeurs ont répondu présents.
Identiquement, dès le début de la guerre, il a créé un ministère de la Réconciliation nationale, ce que l’on n’avait jamais vu dans un pays en guerre. Il l’a confié au président d’un parti allié, le PSNS, Ali Haidar. Celui-ci a négocié et conclu plus d’un millier d’accords actant l’amnistie de citoyens ayant pris les armes contre la République et leur intégration au sein de l’Armée arabe syrienne.
Durant cette guerre, le président Assad n’a jamais utilisé la contrainte contre son propre peuple, quoi qu’en disent ceux qui l’accusent gratuitement de tortures généralisées. Ainsi, il n’a toujours pas instauré de levée en masse, de conscription obligatoire. Il est toujours possible pour un jeune homme de se soustraire à ses obligations militaires. Des démarches administratives permettent à tout citoyen mâle d’échapper au service national s’il ne souhaite pas défendre son pays les armes à la main. Seuls des exilés qui n’ont pas eu l’occasion de procéder à ces démarches peuvent se trouver en contravention avec ces lois
Durant six ans, le président Assad n’a cessé d’une main de faire appel à son peuple, de lui donner des responsabilités et, de l’autre, de tenter de le nourrir et de le protéger autant qu’il le pouvait. Il a toujours pris le risque de donner avant de recevoir. C’est pourquoi, aujourd’hui, il a gagné la confiance de son peuple et peut compter sur son soutien actif.
Les élites sud-américaines se trompent en poursuivant le combat des décennies précédentes pour une plus juste répartition des richesses. La lutte principale n’est plus entre la majorité du peuple et une petite classe de privilégiés. Le choix qui s’est posé aux peuples du Moyen-Orient élargi et auquel les Sud-Américains vont devoir répondre à leur tour est de défendre la patrie ou de mourir.
Les faits le prouvent : l’impérialisme contemporain ne vise plus prioritairement à faire main basse sur les ressources naturelles. Il domine le monde et le pille sans scrupules. Aussi vise-t-il désormais à écraser les peuples et à détruire les sociétés des régions dont il exploite déjà les ressources.
Dans cette ère de fer, seule la stratégie Assad permet de rester debout et libre.
 | DAMAS (SYRIE)  

lundi 23 avril 2018

Archives déclassées : Des vérités sur l’exploitation par la France des richesses de la Tunisie

L’Instance Vérité et Dignité lève le voile ce mercredi 14 Mars sur des vérités liées à l’ingérence du colonisateur français dans les choix économiques de l’Etat de l’indépendance, et l’exploitation des richesses souterraines tunisiennes, un sujet qui a alimenté la controverse au cours de cette dernière période.


gnet.tn
Jeudi 15 Mars 2018
Archives déclassées : Des vérités sur l’exploitation par la France des richesses de la Tunisie

S'appuiant sur des documents archivistiques, l’IVD revient sur les législations pré-indépendance régissant l’exploitation des richesses souterraines tunisiennes : 

Pour asseoir sa mainmise sur les richesses souterraines de la Tunisie, les autorités d’occupation française ont procédé à la création de sociétés et les a dotées de droits d’exploitation des gisements pétroliers, et des carrières dans le cadre de concessions, de contrat d’exploitation et de permis d’exploration. L’IVD fait état de dizaines de sociétés spécialisés dans l’extraction de ce que recèle la terre, dont dix entreprises opérant dans le domaine d’exploitation du pétrole et du gaz et des salinités. 

Pour préserver ces richesses à l’heure où les revendications pour l’indépendance allaient grandissantes, et dans le souci d’une exploitation excessive des ressources pétrolières, la France a décrété une série de législations notamment : 

Le décret beylical du 13 décembre 1948 instituant des dispositions spéciales pour faciliter l’exploration des minerais, permettant aux entreprises françaises de : 
1 – exploiter les sites découverts en matière de minerais (gisements pétroliers) pendant 99 ans, 
2- élargir la superficie des champs d’exploitation pour chaque site exploré de 400 hectares en 1913 (décret beylical paru le 29 décembre 1913) à 70 km² en 1948, selon les conventions signées avec des sociétés françaises dont SEREPT 
3- exploitation des sites découverts sans permis supplémentaire 
4- paiement d’une taxe d’exploitation en franc français ou en monnaie nationale. Alors qu’à l’époque, le dinar tunisien n’a pas été encore créé, ce qui augurait d’une pérennisation d’une telle situation. 

Un décret paru en 1949 octroyant le droit d’exploitation à la société COTUSAL créée suite à la fusion d’un groupe de sociétés françaises de salinité, moyennant une taxe d’exploitation calculée sur la base du prix le plus bas de la grille afférente à l’exploitation du sol tunisien. 

L’instance en déduit que ces conventions n’ont pas garanti les droits minimums et l’intérêt du pays, et confirment l’empressement de la France de maintenir des prérogatives colonialistes dans un Etat aux portes de l’indépendance. 

L’Etat d’indépendance n’a pas procédé à la révision de ces conventions et à l’amélioration de leur rentabilité. Le fait qu’un concurrent se présente aux compagnies françaises à l’instar du groupe italien ENI (Son PDG a été assassiné le 27 octobre 1962), donne à l’Etat tunisien une plus grande capacité en matière de négociations. 

Cherchant à protéger ses intérêts colonialistes, la France a mentionné deux articles dans l’accord d’autonomie interne dans son volet économique, les 33 et 34, qui n’ont pas été abrogés par le protocole d’indépendance. Celui-ci a évoqué uniquement les volets sécuritaires, tout en passant outre les questions économique et financière. 

En vertu de ces deux articles, l’Etat tunisien s’est engagé à accorder la priorité aux projets français, lorsque les conditions s’équivalent pour l’obtention de permis d’exploration, d’investissement, et de concessions. 

L’Etat tunisien était, par ailleurs, dans l’incapacité de changer les délais de concessions, de conventions, et les permis d’exploration et d’investissement conclus ou octroyés, que moyennant l’accord de la partie française. 

Des privilèges d’exploitation abusive à la période postindépendance 
Après l’indépendance, les autorités françaises ont continué à exploiter l’Etat tunisien et à piller ses richesses à travers : 

1- L’exploitation des territoires tunisiens pour le transport du pétrole de l’Algérie, sans que les droits de l’Etat tunisien ne soient garantis, 
2- La France a créé la société TRAPSA en vertu d’une convention avec l’Etat tunisien en 1958 portant sur une superficie de plus de 510 km, sur un total de 775 km² des pipelines (de transfert du pétrole) de Aïn Amenas (Algérie) au port d’el-Skhira. 

Le gouvernement tunisien n’a pas été partie-prenante dans la négociation avec la partie algérienne autour de cette convention, ce qui a porté préjudice aux droits tunisiens. La Tunisie avait délégué la négociation à la société TRAPSA. 

L’Etat tunisien n’a pas demandé une actualisation de ses redevances en provenance de l’acheminement de pétrole. Comme il n’a pas mis en place des mécanismes lui permettant de s’assurer des quantités transportées afin qu’elles servent de base de calcul desdites redevances. 

Cette convention n’a pas garanti les droits minimums de l’Etat tunisien (redevance d’exploitation et impôts limités ne faisant pas l’objet de révision pour aller de pair avec la cadence de l’évolution des prix), de l’aveu même des autorités françaises. 

La nationalisation par l’Algérie de ses richesses souterraines en 1971, a donné lieu au recul des revenus de la Tunisie issus de la redevance de transport du pétrole a travers l’entreprise TRAPSA. 

Une correspondance de l’ambassadeur de France révèle le mécontentement du ministre de l’Economie nationale envers la nouvelle situation et la baisse des recettes, mais le gouvernement tunisien a confié de nouveau la négociation avec la partie algérienne à l’Etat français. 

3- Exploitation outrancière des richesses souterraines tunisiennes : 
L’entreprise française TRAPSA a assuré l’opération de transport du pétrole extrait des champs d’el-Borma estimé à 4 millions de tonnes/ an, 

L’instance précise que le gouvernement tunisien n’a pas discuté les redevances de transport, ni demandé une participation au capital de la société. 

L’ambassadeur de France était au courant de la production des gisements tunisiens, et s’immisce dans toutes les décisions liées à l’investissement et à l’extension (même dans la construction d’une station de raffinage à Gabès, d’une capacité de production couvrant la consommation du pays avec plus de 5 millions de tonnes). 

L’Etat tunisien n’a pas tenté de garantir un minimum de droits sur ses richesses naturelles (tentatives de nationalisation), dans la mesure où sa plus grande ambition était, selon les dires de l’ambassadeur de France en 1972, de maintenir constante sa quote-part en termes de redevance de transport. Les autorités tunisiennes n’ont pas cherché à mettre la main sur une société qui exploite l'espace urbain, et les ports du pays pour acheminer le pétrole extrait de ses territoires, 

L’instance donne un exemple montrant l’ampleur des pertes subies par l’Etat tunisien du fait de ces accords léonins : 
La production des champs pétroliers tunisiens a atteint en 1971 quatre millions de tonnes, soit l’équivalent de 30.4 millions barils, comme il est mentionné dans un PV de réunion entre le Premier ministre tunisien et l’ambassadeur de France, dans le cadre de l’incitation des entreprises françaises d’investir dans le domaine pétrolier, du fait des facilitations et des encouragements : 

Les revenus du pétrole engrangés par l’Etat tunisien pendant la même période n’ont pas dépassé les 300 millions de francs français, soit l’équivalent de 550 mille dollars américains, soit une moyenne de 0.2 dollar pour chaque baril (le cours du baril de pétrole en 1971 était dans la limite de 3.6 dollars), soit une rentabilité ne dépassant pas les 6 % des cours de l’époque. 

L’Etat tunisien n’a pas garanti ses droits minimums en matière d’extraction de pétrole, excepté lors de l’exploration d’un gisement à el-Borma en 1961 dont le droit d’exploitation a été accordé à la SITEP, une société créée en partenariat entre l’Etat tunisien et le groupe italien ENI à raison de 50/50.

La société SEREPT n’a pas apprécié l’octroi du droit d’exploitation à une société concurrente, a demandé des dédommagements à l’Etat tunisien pour préjudices subis, et a obtenu gain de cause. 

En conclusion, l’IVD déduit que les sociétés étrangères, plus précisément françaises, ont procédé à l’exploitation abusive des ressources souterraines de la Tunisie, ces dernières avaient la part de lion en termes de ces permis (7 entreprises françaises sur un total de 15). 

L’exploitation outrancière des ressources souterraines tunisiennes est due aux articles 33 et 34, du protocole d’indépendance dans son volet économique et financier, et des conventions décidées par la France coloniale, selon des conditions léonines. 

Certaines conventions garantissent un seuil minimum de droits de l’Etat tunisien, à chaque fois qu’il y a eu recours à des sociétés concurrentes à celles françaises. 

La faiblesse de la capacité de négociation du gouvernement tunisien avec les sociétés du colon français, en comparaison avec le voisin algérien, chose qui est due au protocole définitif d’indépendance, et à la situation politique intérieure après l’indépendance. 

L’Etat tunisien a tenté de conférer un certain équilibre à cette relation, mais cela est resté en deçà des espérances. 

L’Instance annonce qu’elle fera mention de toutes ces vérités dans son rapport définitif. 


Traduit par Gnet 

dimanche 18 septembre 2016

DU 10 SEPTEMBRE 2001 À AUJOURD’HUI 15 ans de crimes.



Les États-Unis et leurs alliés commémorent les 15 ans du 11-Septembre. C’est pour Thierry Meyssan l’occasion de faire le point sur la politique de Washington depuis cette date ; un bilan particulièrement sombre. De deux choses l’une, soit la version des attentats par la Maison-Blanche est authentique, et dans ce cas leur réponse aux attaques est particulièrement contre-productive ; soit elle est mensongère et dans ce cas, ils ont réussi à piller le Moyen-Orient élargi.



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Que serait devenue l’influence des États-Unis dans le monde sans leurs troupes supplétives, les jihadistes ?
Il y a 15 ans aux États-Unis, le 11 septembre 2001, le « plan de continuité du gouvernement » était activé vers 10h du matin par le coordinateur national pour la sécurité, la protection des infrastructures et le contre-terrorisme, Richard Clarke [1]. Selon lui, il s’agissait de répondre à la situation exceptionnelle de deux avions qui avaient percuté le World Trade Center de New York et d’un troisième qui aurait percuté le Pentagone. Cependant, ce plan ne devait être utilisé qu’en cas d’anéantissement des institutions démocratiques, par une attaque nucléaire par exemple. Il n’avait jamais été envisagé de l’activer tant que le président, le vice-président et les présidents des Assemblées étaient vivants et aptes à remplir leurs fonctions.
L’activation de ce plan a transféré les responsabilités du président des États-Unis à une autorité militaire alternative située à Mount Weather [2]. Cette autorité n’a restitué ses fonctions au président George W. Bush Jr, qu’en fin de journée. Jusqu’à ce jour, la composition de cette autorité et les décisions qu’elle a pu prendre sont restées secrètes.
Le président ayant été démis de ses fonctions durant environ dix heures, le 11 septembre 2001, en violation de la Constitution des États-Unis, il est techniquement exact de parler de « coup d’État ». Bien sûr cette expression choque parce qu’il s’agit des États-Unis, parce que cela a eu lieu dans des circonstances exceptionnelles, parce que l’autorité militaire ne l’a jamais revendiquée, et parce qu’elle a rendu le pouvoir sans faire de problème au président constitutionnel. Il n’en reste pas moins que c’est stricto sensu, un « coup d’État ».
Dans un célèbre ouvrage, paru en 1968, mais réédité et devenu le livre de chevet des néo-conservateurs durant la campagne électorale de 2000, l’historien Edward Luttwak expliquait qu’un coup d’État est d’autant plus réussi que personne ne se rend compte qu’il a eu lieu, et donc ne s’y oppose [3].
Six mois après ces événements, je publiais un livre sur les conséquences politiques de cette journée [4]. Les médias n’en ont retenu que les quatre premiers chapitres dans lesquels je montrais l’impossibilité de la version officielle de ces événements. On m’a beaucoup reproché de ne pas proposer ma propre version de cette journée, mais je n’en ai pas et je reste encore aujourd’hui avec plus de questions que de réponses.
Quoi qu’il en soit, les quinze années passées nous éclairent sur ce qui s’est passé ce jour-là.

Depuis le 11-Septembre, l’État fédéral est hors la Constitution

En premier lieu, bien que certaines dispositions aient été un instant suspendues en 2015, les États-Unis vivent toujours sous l’empire de l’USA Patriot Act. Adopté dans l’urgence, 45 jours après le coup d’État, ce texte constitue une réponse au terrorisme. Compte tenu de son volume, il serait plus juste de parler de Code antiterroriste que de simple loi. Ce texte avait été préparé durant les deux années précédentes par la Federalist Society. Seuls 4 parlementaires s’y opposèrent.
Ce texte suspend les limitations constitutionnelles, formulées par la « Déclaration des Droits » —c’est-à-dire les 10 premiers amendements de la Constitution—, pour toutes les initiatives de l’État visant à lutter contre le terrorisme. C’est le principe de l’état d’urgence permanent. L’État fédéral peut ainsi pratiquer la torture hors de son territoire et espionner massivement sa population. Au bout de quinze ans de ces pratiques, il n’est techniquement plus possible pour les États-Unis de se présenter comme un « État de droit ».
Pour appliquer le Patriot Act, l’État fédéral a d’abord créé un nouveau département, la Sécurité de la Patrie (Homeland Security). L’intitulé de cette administration est si choquant qu’on le traduit dans le monde entier par « Sécurité intérieure », ce qui est faux. Puis, l’État fédéral s’est doté d’un ensemble de polices politiques qui, selon une vaste étude du Washington Post en 2010, employait à l’époque au moins 850 000 nouveaux fonctionnaires pour espionner 315 millions d’habitants [5].
La grande innovation institutionnelle de cette période, c’est la relecture de la séparation des pouvoirs. Jusqu’alors, on considérait, à la suite de Montesquieu, que celle-ci permettait de maintenir un équilibre entre l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire indispensable au bon fonctionnement et à la préservation de la démocratie. Les États-Unis pouvaient s’enorgueillir d’être le seul État au monde à la mettre strictement en pratique. Désormais, au contraire, la séparation des pouvoirs signifie que le Législatif et le Judiciaire n’ont plus la possibilité de contrôler l’Exécutif. C’est d’ailleurs en vertu de cette nouvelle interprétation que le Congrès n’a pas été autorisé à débattre des conditions du coup d’État du 11-Septembre.
Contrairement à ce que j’écrivais en 2002, les États ouest-européens ont résisté à cette évolution. Ce n’est qu’il y a un an et demi que la France a cédé et adopté le principe de l’état d’urgence permanent, à l’occasion de l’assassinat des rédacteurs de Charlie-Hebdo. Cette transformation intérieure va de pair avec un changement radical de politique extérieure.

Depuis le 11-Septembre, l’État fédéral hors la Constitution a pillé le Moyen-Orient élargi

Dans les jours qui suivirent, George W. Bush —à nouveau président des États-Unis depuis le 11 septembre au soir— déclara à la presse : « Cette croisade, cette guerre au terrorisme, prendra du temps » [6]. Même s’il devait présenter ses excuses pour s’être exprimé ainsi, le choix des mots présidentiel indiquait clairement que l’ennemi se réclamait de l’islam et que cette guerre serait longue.
Effectivement, pour la première fois de leur histoire, les États-Unis sont en guerre ininterrompue depuis 15 ans. Ils ont défini leur Stratégie contre la terrorisme [7] que l’Union européenne n’a pas tardé à recopier [8].
Si les administrations états-uniennes successives ont présenté cette guerre comme une course-poursuite d’Afghanistan en Irak, d’Irak en Afrique, au Pakistan et aux Philippines, puis en Libye et en Syrie, l’ancien Suprême commandeur de l’Otan, le général Wesley Clark a, au contraire, confirmé l’existence d’un plan à long terme. Le 11-Septembre, les auteurs du coup d’État ont décidé de changer tous les gouvernements amis du « Moyen-Orient élargi » et de faire la guerre aux sept gouvernements qui leur résistaient dans cette région. Cet ordre a été acté par le président Bush, quatre jours plus tard, lors d’une réunion à Camp David. Force est de constater que ce programme a été mis en œuvre et n’est pas terminé.
Ces changements de régime amis par des révolution colorées et ces guerres contre les régimes qui leur résistaient n’avaient pas pour but de conquérir ces pays au sens impérial classique —Washington contrôlait déjà ses alliés—, mais de les piller. Dans cette région du monde, particulièrement au Levant, l’exploitation de ces pays se heurtait non seulement à la résistance des populations, mais à la présence absolument partout de ruines de civilisations antiques. Il ne serait donc pas possible de piller sans « casser des œufs ».
Selon le président Bush, les attentats du 11-Septembre auraient été perpétrés par al-Qaïda, ce qui justifiait mieux l’attaque de l’Afghanistan que la rupture des négociations pétrolières avec les Talibans, en juillet 2001. La théorie de Bush fut développée par son secrétaire d’État, le général Colin Powell, qui promis de déposer un rapport à ce sujet devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Non seulement les États-Unis n’ont pas trouvé le temps pour rédiger ce rapport au cours des 15 dernières années, mais le 4 juin dernier, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, affirmait que son homologue états-unien lui avait demandé de ne pas frapper ses alliés d’al-Qaïda en Syrie ; une déclaration ahurissante qui ne fut pas démentie.
Dans un premier temps, l’État fédéral hors Constitution a poursuivi son plan en mentant effrontément au reste du monde. Après avoir promis un rapport sur le rôle de l’Afghanistan dans le 11-Septembre, le même Powell mentit phrase après phrase lors d’un discours d’une heure un quart au Conseil de sécurité visant à lier le gouvernement irakien aux attentats et à l’accuser de vouloir les continuer avec des armes de destruction massive [9].
L’État fédéral tua en quelques jours la majorité de l’armée irakienne, pilla les sept principaux musées et brûla la Bibliothèque nationale [10]. Il installa au pouvoir l’Autorité provisoire de la Coalition, qui n’était pas un organe de la Coalition des États contre le président Hussein, mais une société privée, détenue à majorité par Kissinger Associates, sur le modèle de la sinistre Compagnie des Indes [11]. Durant un an, cette compagnie pilla tout ce qui pouvait l’être. En définitive, elle remit le pouvoir à un gouvernement irakien fantoche, non sans lui avoir fait signer qu’il ne demanderait jamais de réparations et qu’il ne contesterait pas pour un siècle les lois commerciales léonines rédigées par l’Autorité provisoire.
En 15 ans, les États-Unis ont sacrifié plus de 10 000 de leurs concitoyens, tandis que leur guerre a fait plus de deux millions de morts au « Moyen-Orient élargi » [12]. Pour venir à bout de ceux qu’ils désignent comme leurs ennemis, ils ont dépensé plus de 3 500 milliards de dollars [13]. Et ils annoncent que le massacre et la gabegie vont continuer.
Étrangement, ces milliers de milliards de dollars n’ont pas affaibli économiquement les États-Unis. Il s’agissait d’un investissement qui leur a permis de piller une région entière du monde ; de voler pour des sommes encore bien supérieures.
À la différence de la rhétorique du 11-Septembre, celle de la guerre au terrorisme est logique. Mais elle s’appuie sur quantité de mensonges présentés comme des faits avérés. Par exemple, on explique la filiation entre Daesh et al-Qaïda par la personnalité d’Abou Moussab al-Zarkaoui, auquel le général Powell avait consacré une bonne partie de son discours au Conseil de sécurité, en février 2003. Pourtant le même Powell a admis avoir effrontément menti lors de ce discours et il est impossible de vérifier le moindre élément de la biographie de Zarkaoui selon la CIA.
Si nous admettons qu’al-Qaïda est la continuation de la Légion arabe de Ben Laden, intégrée en tant que troupe supplétive dans l’Otan durant les guerres de Yougoslavie [14] et de Libye, nous devons également admettre qu’al-Qaïda en Irak, devenu État islamique en Irak, puis Daesh en est la continuation.
Le pillage et la destruction du patrimoine historique étant illégaux en droit international, l’État fédéral hors la Constitution a d’abord sous-traité ses basses oeuvres à des armées privées comme Blackwater [15]. Mais sa responsabilité était encore trop visible [16]. Aussi les a-t-il sous-traitées, à son nouveau bras armé, les jihadistes. Désormais le pillage du pétrole —consommé en Occident— est imputable à ces extrémistes et la destruction du patrimoine à leur fanatisme religieux.
Pour comprendre la collaboration de l’Otan et des jihadistes, nous devons nous demander ce que serait l’influence des États-Unis aujourd’hui s’il n’y avait pas les jihadistes. Le monde serait devenu multipolaire et Washington aurait fermé la plupart de ses bases militaires dans le monde. Les États-Unis seraient redevenus une puissance parmi d’autres.
Cette collaboration de l’Otan et des jihadistes choque de nombreux hauts responsables états-uniens comme le général Carter Ham, commandant de l’AfriCom, qui refusa en 2011 de travailler avec al-Qaïda et dut renoncer à commander l’attaque de la Libye ; ou le général Michael T. Flynn, directeur de la Defense Intelligence Agency, qui refusa de cautionner la création de Daesh et fut contraint à la démission [17]. Elle est devenue le vrai sujet de la campagne électorale présidentielle : d’un côté Hillary Clinton, membre de The Family, la secte des chefs d’état-major [18], de l’autre Donald Trump, conseillé par Michael T. Flynn et 88 officiers supérieurs [19].
De même que durant la Guerre froide, Washington contrôlait ses alliés européens via « Les armées secrètes de l’Otan », le Gladio [20], de même il contrôle aujourd’hui le Moyen-Orient élargi, le Caucase, la vallée de Ferghana et jusqu’au Xinjiang avec le « Gladio B » [21].
15 ans après, les conséquences du coup d’État du 11-Septembre ne viennent aucunement des musulmans, ni du Peuple états-unien, mais de ceux qui l’ont perpétré et de leurs alliés. Ce sont eux qui ont banalisé la torture, généralisé les exécutions extra-judiciaires n’importe où dans le monde, affaibli les Nations unies, tué plus de deux millions de personnes, pillé et détruit l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et la Syrie.
[1Against All Enemies, Inside America’s War on Terror, Richard Clarke, Free Press, 2004, Voir le premier chapitre, « Evacuate the White House ». Version française : Contre tous les ennemis : Au cœur de la guerre américaine contre le terrorisme, Albin Michel, 2004.
[2A Pretext for War, James Bamford, Anchor Books, 2004, voir le chapitre 4 « Site R ».
[3Coup d’État : A Practical Handbook, Edward Luttwak, Allen Lane, 1968. Version française : Coup d’État, mode d’emploi, Odile Jacob, 1996. Luttwak constituait avec Richard Perle, Peter Wilson et Paul Wolfowitz les « Quatre mousquetaires » de Dean Acheson.
[4L’Effroyable imposture, Thierry Meyssan, Carnot, 2002. Réédition avecLe Pentagate, Demi-Lune.
[5Top Secret America : The Rise of the New American Security State, Dana Priest & William M. Arkin, Little, Brown and Company, 2011.
[6] « A Fight vs. Evil, Bush and Cabinet Tell U.S. », Kenneth R. Bazinet,Daily News, September 17th, 2001.
[7National Strategy for Combating Terrorism, The White House, February 2003.
[8Une Europe sûre dans un monde meilleur - Stratégie européenne de sécurité, Javier Solana, Conseil européen, 12 décembre 2003.
[9] « Discours de M. Powell au Conseil de sécurité de l’ONU » (7 parties), par Colin L. Powell, Réseau Voltaire, 11 février 2003.
[10] « Discours du directeur général de l’Unesco », Koïchiro Matsuura, 6 juin 2003, Réseau Voltaire, 6 juin 2003.
[11The Coalition Provisional Authority (CPA) : Origin, Characteristics, and Institutional Authorities, Congressional Research Service, L. Elaine Halchin, April 29, 2004.
[12Body Count, Casualty Figures after 10 Years of the “War on Terror”, Physicians for Social Responsibility (PSR), March 2015.
[13The Three Trillion Dollar War, Joseph Stiglitz & Linda Bilmes, W. W. Norton, 2008. Version française : Une guerre à 3000 milliards de dollars, Fayard, 2008.
[14Wie der Dschihad nach Europa Kam, Jürgen Elsässer, NP Verlag, 2005. Version française : Comment le Djihad est arrivé en Europe, Xenia, 2006.
[15Blackwater : The Rise of the World’s Most Powerful Mercenary Army, Jeremy Scahill, Avalon Publishing Group/Nation Books, 2007. Version française : Blackwater : L’ascension de l’armée privée la plus puissante du monde, Actes Sud, 2008.
[16The Powers of War and Peace : The Constitution and Foreign Affairs after 9 11, War by Other Means : An Insider’s Account of the War on Terror, John Yoo, University Of Chicago Press, Atlantic Monthly Press, 2006.
[17DIA Declassified Report on ISIS, August 12, 2012.
[18The Family : The Secret Fundamentalism at the Heart of American Power, Jeff Sharlet, Harper, 2008.
[19] “Open Letter From Military Leaders Supporting Donald Trump”,Voltaire Network, 9 September 2016.
[20Nato’s Secret Armies : Operation Gladio and Terrorism in Western Europe, Daniele Ganser, Frank Cass, 2004. Version française : Les Armées Secrètes de l’OTAN : Réseaux Stay Behind, Opération Gladio et Terrorisme en Europe, Éditions Demi-Lune, 2007.
[21Classified Woman, The Sibel Edmonds Story : A Memoir, Sibel D. Edmonds, SE 2012.
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