lundi 14 mars 2011

Carthage au Canada


Plus de 50.000 manifestent à Montréal contre les compressions budgétaires



Plus de 50.000 personnes, venues des quatre coins du Québec, ont manifesté ce samedi à Montréal contre la nouvelle série de compressions budgétaires prévues dans le budget provincial qui sera déposé jeudi prochain par le gouvernement libéral de Jean Charest. 

Des délégations de travailleurs de la santé, d’enseignants, de fonctionnaires, et de syndicats industriels tels les métallos, accompagnées de nombreux contingents d’étudiants, ont défilé de la Place du Canada jusqu’au bureau du premier ministre Charest sur l’avenue McGill College pour exprimer leur vive colère face aux mesures anti-sociales du gouvernement Charest.


Richard Dufour
Lundi 14 Mars 2011

Les étudiants ont manifesté en grand nombre
Les étudiants ont manifesté en grand nombre
La manifestation a été évaluée à plus de 50.000
Mais l’objectif principal des organisateurs de la manifestation, l’Alliance sociale dominée par les centrales syndicales, est d’étouffer cette opposition. L’Alliance accepte le cadre fixé par le gouvernement, à savoir que la réduction du déficit budgétaire doit être une priorité sociale. Elle ne fait que plaider timidement pour que ce soit fait de manière plus progressive. 
C’est ce message de capitulation qu’a adressé aux manifestants Michel Arsenault, le président de la FTQ (Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec), lorsqu’il a déclaré du haut de l’estrade principale : « C’est très dangereux de vouloir atteindre l’équilibre budgétaire maintenant ». Qu’il ait ensuite ajouté, pour la forme, « On veut maintenir et améliorer nos bénéfices sociaux », ne change rien à la position essentielle de l’Alliance : acceptation de l’équilibre budgétaire, et par conséquent, de la réduction drastique des services publics. 
Pas un des nombreux chefs syndicaux qui se sont succédé sur l’estrade n’a dit un mot sur les coupes budgétaires draconiennes imposées dans les années 90 par des gouvernements du PQ (Parti québécois), ni sur le fait que le PQ critique aujourd’hui le gouvernement Charest de la droite pour sa lenteur à mettre la hache dans les dépenses sociales. Ce n’est pas étonnant car la bureaucratie syndicale s’efforce depuis des décennies à subordonner politiquement les travailleurs à ce parti de la grande entreprise qu’est le PQ. 
La classe dirigeante est consciente du fait que son programme de compressions budgétaires massives va provoquer une résistance de la classe ouvrière dans un contexte où sa direction traditionnelle, le mouvement syndical, devient discréditée par sa participation aux attaques contre les programmes sociaux, les salaires décents et les emplois de qualité. 
Si l’appareil syndical s’avère incapable de continuer à étouffer l’opposition des travailleurs, la classe dirigeante sera prête à recourir aux forces répressives de l’État pour imposer son programme de réaction sociale. 
Les préparatifs en ce sens vont bon train, comme en témoigne le vaste dispositif policier déployé pour la manifestation de samedi, y compris police montée et hélicoptère de surveillance. Avant le début de la marche, dix personnes – six hommes et quatre femmes âgés d’une vingtaine d’années – ont été arrêtées par les agents du SPVM (Service de police de la ville de Montréal). 
La police montée fermant la marche
Dans son message à la foule rassemblée devant les bureaux du premier ministre, le porte-parole de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), Gabriel Nadeau-Dubois, a vivement dénoncé ces « arrestations arbitraires ».  S’adressant par la suite à un journaliste, il a expliqué : « Ce n’est pas parce que tu es jeune, que tu portes des vêtements noirs et que tu as des idéaux comme ceux de l’anticapitalisme qu’on devrait t’arrêter arbitrairement ». 
Des membres du Parti de l’égalité socialiste (PES) sont intervenus à la manifestation de samedi et ont diffusé des centaines de copies d’une déclaration intitulée : « Les travailleurs doivent lancer une lutte politique contre les libéraux et le PQ ». 
« En s’opposant aux compressions de Charest », peut-on lire dans la déclaration du PES, « les travailleurs du Québec ne défient pas les politiques d’un gouvernement en particulier, mais la stratégie de classe de toute la bourgeoisie. Au Canada et de par le monde, la grande entreprise est déterminée à faire payer les travailleurs pour la crise du capitalisme en détruisant ce qui reste de l’État-Providence et en criminalisant les travailleurs qui veulent se défendre. » 
La déclaration a élaboré la perspective nécessaire pour s’opposer à cette offensive anti-ouvrière. « Les travailleurs et les jeunes du Québec doivent rompre la camisole de force politique imposée par la bureaucratie syndicale en développant de nouvelles organisations de lutte indépendantes de son contrôle. Ils doivent lutter pour un mouvement politique indépendant de la classe ouvrière, qui mette de l’avant un programme socialiste visant à résoudre la crise économique aux dépens de la grande entreprise et à développer une lutte commune avec les travailleurs partout au Canada, ainsi qu’aux États-Unis et autour du monde. » 

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