La crise économique et financière mondiale n’a pas débuté avec la crise des subprimes en 2007, mais avec le début de la récession aux Etats-Unis, en avril 2001. Cependant les Etats-Unis ont été sauvés par la guerre globale au terrorisme qui a permis de relancer leur économie, quelques années au moins. Dès lors comment ne pas constater que les attentats du 11-Septembre, loin de blesser les USA au coeur, ont au contraire été leur planche de salut. Giulietto Chiesa, membre du Bureau exécutif du World Political Forum, poursuit son analyse dans la seconde partie sa conférence « Guerre et mensonge ». | |
8 mars 2010
| | L’opposition à la guerre (nucléaire) infinie Je ne suis pas quelqu’un qui cherche à vendre de l’espoir. Qui vend de l’espoir dans un moment pareil n’est qu’un bonimenteur. D’espoir, nous n’en avons qu’un seul, celui de nous organiser pour empêcher que cette guerre se poursuive. C’est très difficile, d’autant plus que nous avons peu de temps à notre disposition. La guerre contre l’Irak est encore fumante. D’autres guerres suivront et ce seront des guerres asymétriques. Parmi elles, il y en aura de grandes et de mineures. Après l’Irak, ce sera le tour de l’Iran. Les plans de Washington l’exigent parce que l’Amérique doit éliminer tous les adversaires intermédiaires. Tous, avant d’affronter Monsieur Bush ne plaisante pas lorsqu’il parle des responsables de l’ « Axe du Mal ». Il les a déjà désignés, énumérés, pris dans son collimateur. Il s’agit à présent de trouver le moyen et les prétextes pour les liquider, puisqu’il est évident que la véritable raison pour laquelle on le fera sera inavouable. La nouvelle doctrine nucléaire de l’Amérique confirme tout cela, déclarant ouvertement que les bombes atomiques seront utilisées comme des armes conventionnelles. On nous l’a dit au mois de mars 2002. Les seules conditions posées à leur utilisation seront des évaluations d’intérêt politique, certainement pas des critères militaires. Même à l’encontre des pays qui ne la possèdent pas, la voie de l’utilisation de l’arme atomique est libre. Pourtant, la possibilité d’arrêter cette guerre existe. En Italie, un mouvement important de la population n’en voulait pas. En Italie toujours, 93 % des députés, y compris ceux du centre-gauche, ont voté en faveur de la guerre en Afghanistan, mais tout ce que je vois et que je ressens en parcourant ce pays, c’est qu’une grande partie de la population ne veut pas de cette guerre. Nous pouvons donc en conclure que le Parlement italien ne représente en aucun cas la moitié — une moitié abondante — de l’Italie réelle. Il y a un grand vide de représentation démocratique. C’est de là qu’il faut repartir afin de nous organiser pour l’avenir. Nous devons demander, par exemple, à tous les futurs candidats de toutes les futures élections, à tous les niveaux institutionnels — du Conseil de quartier au Parlement italien, jusqu’au Parlement européen — de nous dire avant le vote ce qu’ils ont l’intention de faire s’ils sont élus, quels engagements ils ont l’intention de prendre envers nous. Et puisque la guerre continuera et se multipliera, nous devrons leur demander de signer un pacte avec nous. Plus jamais en faveur de la guerre. Ceux qui n’accepteront pas de signer ce pacte, nous devrons les considérer comme des adversaires politiques — quels que soient les partis ou les coalitions auxquels ils appartiennent —. Et ils devront le signer publiquement car nous devrons combattre tous ceux qui se déclareront en faveur de la guerre, avec toutes les forces dont nous disposerons, et avec la plus grande intransigeance, dans le respect des règles de la démocratie. Enfin, à l’inverse, nous devrons appuyer tous ceux qui prendront l’engagement de ne pas soutenir la guerre. Je crois que le thème de la guerre et de la paix est fondamental et que c’est à partir de là qu’il faut commencer à organiser notre défense. Voilà la première tâche qui s’impose à nous. La fin du désarmement : le rôle de Protagoniste, Deuxième protagoniste, La base du Kirghizistan servira essentiellement à mettre en place le brouillage électronique de Dire que ça avait commencé comme la grande guerre contre le terrorisme. Il en résulte une géographie politique de l’Asie centrale complètement bouleversée. Poutine a avalé la couleuvre et, en ce sens, il s’est montré sage. Il ne pousse aucun cri car il sait que c’est inutile. Mais il ne faut pas interpréter le silence russe comme une approbation. Il y a des grondements profonds et menaçants, les entendre n’est qu’une question de temps. En décembre 2001, Poutine a lancé le submersible Guépard, le sous-marin nucléaire le plus technologique jamais conçu par la recherche militaire russe, c’est-à-dire soviétique. Les sources états-uniennes elles-mêmes ont écrit qu’il s’agissait là d’une première. Ce qui signifie que ce sous-marin nucléaire, armé d’au moins 120 missiles à tête multiple, devient une arme stratégique extrêmement dangereuse. Depuis la fin de l’Union soviétique, c’est la première fois que L’abandon des continents pauvres En ce qui concerne les autres partenaires du monde, je ne crois pas qu’ils aient la moindre importance en ce moment. La partie se joue dans les termes que viens d’indiquer. L’Afrique tout entière compte un milliard d’habitants, avec 23 guerres en cours. Tout au plus y aura-t-il une augmentation des débarquements de migrants sur nos plages. Je crois que la super-société globale qui est en train de se former n’a que faire des régions marginales. Le reste du monde vivra à l’écart. Nous, nous sommes des consommateurs d’énergie vitale et ces millions, ou plutôt ces milliards de gens qui nous disputerons l’énergie seront non seulement inutiles mais aussi nuisibles pour la société du futur. Une telle main-d’oeuvre ne sera pas nécessaire et, en tant que consommateurs, ils seront trop pauvres pour présenter de l’intérêt. Ce grand « reste du monde » sera abandonné à son destin et si les 300 millions d’Etats-uniens (plus exactement 10 % des 300 millions d’Etats-uniens) et les 800 autres millions de « riches » qui peuplent cette planète (ceux qui mangent les miettes parce que les vrais riches, avec leurs familles, ne sont qu’une soixantaine de millions) veulent continuer de consommer ce qu’ils consomment actuellement, le reste du monde devra se résigner à consommer beaucoup moins, c’est-à-dire à végéter ou à mourir. Beaucoup devront mourir, et ils meurent déjà. D’après les données des Nations Unies, on avait décidé de réduire de 20 %, d’ici à 2015, les millions de gens qui souffrent de la faim. Mais six ans ont passé depuis le début de ce programme et le nombre de personnes mortes de faim augmente. Aujourd’hui, plus de huit cents millions d’êtres humains mangent peu et mal. Le reste du monde a été mis hors de combat dans cette perspective, dans ce dessein. Le 11-Septembre et la crise économique en Amérique Cette affaire du 11-Septembre a donc tout l’air d’avoir été une grande opération politique. Les dirigeants états-uniens se préparaient au grand affrontement, mais un peu plus tard. Il y a eu un imprévu. Et l’imprévu, c’est que l’Amérique s’est arrêtée. Pendant vingt ans, on nous a raconté que le modèle états-unien était le meilleur, que la locomotive US dominait le monde et qu’il n’y avait rien d’autre à faire que d’imiter « l’Amérique » ; le plus beau, c’est qu’on continue, malgré tout, à nous le répéter. Mais il y a eu un accident, l’Amérique s’est arrêtée. On nous a fait savoir en novembre 2001 que les Etats-Unis était entrée officiellement dans une phase de récession et novembre, comme on le sait, vient après septembre. Mais tandis qu’on nous annonçait cette belle nouvelle, on nous a aussi dit qu’eux (ceux qui commandent) le savaient depuis avril 2001, et avril, comme on le sait, vient avant septembre. Lorsque j’ai lu cette nouvelle, j’ai songé : parbleu, huit mois pour donner au monde entier l’information la plus importante des vingt dernières années ! Puis, je me suis demandé : ces huit messieurs qui se sont réunis à Gênes pour le sommet du G8, en juin 2001, ils savaient que l’Amérique était arrêtée ou ils ne le savaient pas ? S’ils le savaient, ils nous ont raconté un tas de bobards. Ils se sont réunis en sachant que les Etats-Unis étaient en crise et ils ne nous l’ont pas dit. Si, en revanche, ils l’ignoraient, cela veut dire que ces huit messieurs appartenant au directoire du monde ne possèdent pas les informations essentielles sur la situation mondiale. Mais alors, qui a ces informations ? Si nous ajoutons à cela que durant ces mois fatals, d’avril à novembre, on a assisté à l’effondrement de l’une des plus grandes multinationales de l’énergie, Enron Corporation, que faut-il en penser ? 40 000 personnes jetées sur le pavé d’un seul coup ; une entreprise ruinée ; deux mille milliards de dollars envolés, dérobés par un groupe dont le chef s’appelait Kenneth Lay : ami intime de George Bush, il avait aussi financé une grande partie des campagnes électorales de Bush, de Dick Cheney et de Donald Rumsfeld. Tout cela ne vous paraît pas bizarre ? Il y a trop de coïncidences pour penser que le 11-Septembre soit arrivé par hasard. Derrière cet événement, il y a une grande opération. Finie l’époque du grand ennemi russe, l’Union soviétique a disparu depuis dix ans et la mondialisation s’est arrêtée. Qui l’a arrêtée ? Y a-t-il un coupable ? Ce ne peut pas avoir été Oussama Ben Laden, lui est arrivé après. Cela veut donc dire que l’Amérique s’est arrêtée toute seule. Ils s’étaient persuadés — et ils en avaient persuadé le monde entier — que leur mondialisation aurait continué telle quelle pour l’éternité. L’histoire était finie et il ne devait plus y avoir de crises cycliques. Mais tout à coup, la machine états-unienne s’est arrêtée ; c’est-à-dire, à ce qu’il semble, que l’histoire est revenue à la vie. Et tout finit par se payer. Alors voilà qu’un élément de diversion est devenu extraordinairement opportun. Oussama Ben Laden a été le deus ex machina qui a permis de détourner l’attention de la planète, de la distraire du désastre et, dans le même temps, d’allumer un moteur qui remplace celui qui s’était cassé. Il fallait créer un grand ennemi et cet ennemi intermédiaire s’est appelé Islam. Intermédiaire et transitoire. On s’en servira tant qu’il s’avèrera utile. Le véritable ennemi, je l’ai décrit plus haut et il ne me reste plus qu’à revenir d’où je suis parti : le système d’information fonctionne pour nous fournir une version des faits qui ne correspond pas le moins du monde à la vérité des choses. Il nous interdit donc de comprendre ce qui se passe, nous et tous les millions d’individus, d’hommes et de femmes qui s’émeuvent et souffrent devant les écrans de télévision.
© Copyright Timéli éditions (Suisse). Ce texte est issu d’une conférence qui s’est tenue au cercle Agorà de Pise le 21 mars 2002 ; il a été revu et mis à jour en août 2003. Traduit et adapté de l’italien par Delphine Chevallier, Florence. [1] Ce texte a été prononcé en 2002. |
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