jeudi 28 juillet 2011

Comment commencer une année à Montpellier ?



Le quartier de l'Ecusson, Montpellier - Photo B.M.
Par où commencer ? De quel côté faut-il aller pour raconter une ville de plus de 250 000 habitants. J'ai eu beau tourner et retourner l'Ecusson et les quartiers qui ont émergé en ses coins, rien ne parût évident.
A la façon des guides touristiques, on aurait pu louer le charme des ruelles du centre. Escarpées et si étroites qu'on peut (presque) toucher les numéros pairs et impairs en tendant les bras. Et donner l'adresse de quelques tables où l'on se nourrit bien ou d'un troquet joyeux et bondé où l'apéro est meilleur qu'ailleurs.
Oui, on pourrait commencer à vanter ces lieux de la vie nocturne. Ce serait oublier que les riverains ont parfois sommeil. Difficile cohabitation et vaste problème. Quoiqu'au milieu de l'été, ils bénéficient de quelque répit. La plupart des 70 000 étudiants que compte la ville sont en vadrouille, rentrés chez eux ou repartis définitivement vers un ailleurs. Ils reviendront (ou non) à la rentrée universitaire. On aurait pu commencer par eux, d'ailleurs. Mais en cette fin de mois de juillet, la ville ne montre qu'une partie de son visage. Les étudiants sont remplacés par les touristes. Il paraît qu'ils sont plus sages et ont moins tendance à boire jusqu'à pas d'heure. "Il n'y a rien de plus fatigué qu'un touriste", racontait, ravi, un habitant de longue date du centre de Montpellier rencontré pour les besoins de ce blog.

Place de la Comédie, Montpellier. Photo B.M.
En un demi-siècle, la population  de la ville a plus que doublé, damant le pion à Nîmes qui avait toujours eu l'ascendant sur sa voisine. Elle s'est enrichie d'étudiants et de bien d'autres, ravis d'avoir trouvé une place au soleil dans une commune dynamique. Montpellier "la surdouée" martelait la réclame. Mais cette croissance phénoménale s'accompagne de questions, d'inquiétudes, voire de regrets. On aurait pu commencer par là, au risque de passer pour des pisse-froid.
Si on en vient à discuter de la croissance et du rayonnement de la ville, le nom de Georges Frêche déboule avec une rapidité confondante, pour encenser ou dénigrer ce fort en gueule, maire de la ville de 1977 à 2004. Ou plutôt on vante ce qu'il a fait tout en sachant ce qu'il était. "Il était ce qu'il était, mais il avait une vision pour la ville." C'est une phrase dont j'ai entendu beaucoup de variantes en préparant ce blog. Frêche a passé l'arme à gauche l'an passé, quelques mois après une dernière campagne lors de laquelle la rupture avec le Parti socialiste a été consommée. Evidemment, on aurait pu commencer par lui, mais c'était trop attendu.
On aurait pu lancer l'aventure de ce blog en suivant celle d'un nouveau venu, fraîchement descendu d'un TGV pour un nouveau boulot, un peu de soleil ou, plus rare, pour renouer avec de vieilles origines. A l'inverse, on aurait pu écouter un Montpellierain qui habitait la ville avant que Georges Frêche n'ait gagné la première de toutes ses batailles électorales. Voire parler de ceux qui sont là depuis des générations, des barons de Caravètes, comme on appelle les membres de cette confrérie qui regroupe quelques centaines de ceux qui sont nés ici d'un parent né ici. On aurait pu, mais ce sera pour un peu plus tard.

Le quartier Antigone, Montpellier. Photo B.M.
On aurait pu aller au Jardin des Plantes qui jouxte l'ancienne faculté de médecine, une des plus anciennes. On aurait pu aller voir les universités de l'ère moderne, les quartiers résidentiels, sensibles, ou ceux tout juste sortis de terre. On aurait pu aller voir la maire, la mer toute proche, l'opéra, la cathédrale, les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, les grands hommes du XXe siècle, les Roms, les commerçants. On aurait pu commencer cette aventure en parlant de l'(in)sécurité, de la police municipale, du nom des rues, des fontaines de la place de la Comédie, d'Antigone, des lignes de tramway actuelles et futures, des enseignants, des entrepreneurs, des artistes, ad lib.
On parlera de tout cela et de tous ceux-là. C'est un luxe, on a le temps. On a un an.

http://montpellier.blog.lemonde.fr/2011/07/26/comment-commencer-une-annee-a-montpellier/

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