vendredi 1 juillet 2011

Six mois avec sursis pour "le coup de gueule" de l'agresseur de Sarkozy



 - Publié le 01/07/2011 à 18:41
Six mois avec sursis pour "le coup de gueule" de l'agresseur de Sarkozy
"En vous en prenant au président de la République, c'est un tabou qui a été brisé, celui de l'intégrité physique de celui qui est la clé de voûte des institutions", avait lancé le procureur, ajoutant : "La base de la démocratie, c'est le respect et l'absence de violence physique, c'est un enjeu démocratique que vous avez mis en péril".
"C'était plutôt un coup de gueule qu'un poing dans la gueule, les gens qui me connaissent savent que je ne suis pas violent" : Hermann Fuster, qui a brutalement agrippé par la veste Nicolas Sarkozy jeudi, a été condamné à six mois de prison avec sursis vendredi, quittant libre le tribunal d'Agen.
Celui-ci est allé moins loin que les neuf mois de prison dont six avec sursis réclamés par le procureur de la République, Pascal Prache.
"En vous en prenant au président de la République, c'est un tabou qui a été brisé, celui de l'intégrité physique de celui qui est la clé de voûte des institutions", avait lancé le procureur, ajoutant : "La base de la démocratie, c'est le respect et l'absence de violence physique, c'est un enjeu démocratique que vous avez mis en péril".
M. Fuster, 32 ans, était jugé en comparution immédiate après avoir passé vingt-quatre heures en garde à vue, pour "violences sur personne dépositaire de l'autorité publique", risquant trois ans de prison. M. Sarkozy n'a pas porté plainte.
Le prévenu, employé au Conservatoire de musique et de danse d'Agen, et dont le casier judiciaire est vierge, est apparu habillé de noir, avec des motifs de style gothique sur son tee-shirt, les cheveux ramenés en un long catogan.
S'exprimant d'une voix claire, il a reconnu avoir agrippé la veste du président lors d'un bain de foule à Brax (Lot-et-Garonne), mais a expliqué n'avoir déséquilibré celui-ci que parce que les agents de sécurité le tiraient en arrière pendant qu'il tenait le vêtement.
Son but, a-t-il expliqué, était "de rencontrer Nicolas Sarkozy pour essayer de lui glisser deux ou trois mots de ras-le-bol". Il s'est dit "désolé que cela en soit arrivé là".
Pourtant, le jeune homme, qui avait consulté dans la nuit le site des "Indignés", a envoyé quatre SMS à son ex-épouse la veille et le jour des faits, comme "Demain Sarko il se prend mon poing dans la gueule", ou "Sarko est à Brax, j'y vais et il va se manger un truc, mon poing, un pavé".
A l'audience, il a mit ces propos sur le compte de "l'humour", et assuré qu'il "formulait tout ça dans son imagination".
M. Fuster, divorcé sans enfant, et titulaire d'un BEP d'électronique, avait fumé du cannabis la veille de l'agression, et consomme régulièrement des somnifères. Il est suivi psychologiquement, après deux tentatives de suicide en 2003 et 2010, tentant successivement de se taillader les veines et de se pendre.
L'expertise psychiatrique a indiqué qu'il ne présentait pas de pathologie mais devait être hospitalisé pour le sevrer de ses dépendances, au cannabis et aux médicaments. L'expert l'a décrit plus comme "un esprit fumeux" que comme "une pasionaria qui lutte pour ses idées".
Outre une mise à l'épreuve de trois ans, il a été condamné à se soigner en milieu hospitalier, ainsi qu'à un stage de citoyenneté de deux jours.
Son avocat, Me Laurent Bruneau, avait dénoncé "un procès politique", et suggéré que le président Sarkozy avait "oublié que le Lot-et-Garonne est une terre de révolte", donnant des exemples remontant au début de la guerre de Cent ans au 14e siècle.
M. Fuster "en avait marre de voir les riches toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres, il fait partie de ceux qui s'indignent", avait lancé l'avocat, et notamment "du coût de l'intervention en Libye parce que les gens comme lui ne gagnent que 1.190 euros par mois".
La plaidoirie a été applaudie par de nombreux spectateurs qui ont été évacués par le président, Ludovic Pilling.
Visage fermé malgré sa libération, M. Fuster s'est engouffré dans une voiture, accompagné de sa mère qui avait assisté aux débats.

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