Astrubal de Nawaat
Docteur en Droit public, photographe, cinéaste amateur et développeur de logiciels multiplateformes. Engagé contre toute forme de censure et milite pour un internet libre, ouvert et accessible à tous. Avocat inscrit au Barreau de Tunis. Ayant enseigné en France durant une quinzaine d'années, notamment le droit constitutionnel et le droit des nouvelles technologies de l'information. Blogueur tunisien [Astrubal’s Blog], actif sur internet depuis 1992. Co-administrateur de www.nawaat.org. Signe particulier : Se fâche dès que l'on porte atteinte à ses libertés fondamentales, comme à celles de tous ses semblables de quelque pays qu'ils soient.Voir toutes les contributions de Astrubal de Nawaat
Antoine Sfeïr, probablement l’un des personnages les plus méprisés par les démocrates Tunisiens… Et pour cause, il est celui qui feint d’ignorer les Weathermen, les Brigades Rouges, l’E.T.A, Action Directe ou la Bande à Baader. En revanche, en matière de «djihadisme», d’al-Qaida et de terrorisme islamiste, il est capable de déblatérer sans fin pour expliquer que contrairement aux peuples européens et anglo-saxons qui se doivent de lutter contre le terrorisme sans pour autant sacrifier la démocratie ; les indigènes du sud de la méditerranée, eux, pour se prémunir contre le terrorisme, il leur faut impérativement des dictateurs à la Ben Ali & Co.
A la limite, qu’il déblatère de la sorte, pourquoi pas ? Après tout, il est en droit d’émettre ses opinions, aussi sottes et vénales soient-elles. Et il appartient également à ses pairs et à ses contradicteurs d’émettre leurs opinions, y compris pour démontrer à quel point le cas Sfeïr est pathétique. Et c’est ce qu’en effet l’excellent journaliste Réné Naba était en droit de faire -notamment sur Nawaat.org- évoquant le cas des deux Antoines (Antoine Basbous et Antoine Sfeïr).
Non content de s’être fait qualifié, entre autres et à juste titre, de thuriféraire, Antoine Sfeïr a non seulement engagé des poursuites judiciaires à l’encontre de R. Naba, mais a également cherché à bloquer le blogue de Nawaat via son hébergeur parce qu’ayant refusé de retirer l’article de Monsieur Naba. Plutôt que d’opter pour l’exercice de son droit de réponse, il a préféré la menace et l’attaque judiciaire pour museler une appréciation solidement argumentée.
Aujourd’hui, j’ai souhaité revenir sur cette histoire pour, à la fois, manifester toute ma sympathie à R. Naba pour son courage et l’indépendance de sa plume et pour persister et signer, sous ma propre responsabilité judiciaire, « OUI, ANTOINE SFEIR EST NON SEULEMENT UN THURIFÉRAIRE, MAIS EGALEMENT UN AUTHENTIQUE MERCENAIRE DE LA PLUME » !
En effet, plus qu’un thuriféraire et à défaut d’avoir le sens de l’éthique journalistique à la Walt Mossberg, il a été un véritable mercenaire de la plume, payé en tant que tel sur le dos du contribuable tunisien.
Durant des années, alors que Ben Ali et son clan élargi vampirisaient la Tunisie, jusqu’à ses trésors archéologiques les plus précieux, alors que le dictateur tunisien torturait, harcelait et muselait les Tunisiens, Antoine Sfeïr le mercenaire magnifiait de sa plume ce despote en se faisant rétribuer par l’entremise de divers artifices bien connus de la profession : publireportages, subventions déguisées des Cahiers de l’Orient par le biais d’achat d’innombrables copies à 18€ l’unité, etc. Plus le thuriféraire excellait dans les flagorneries, d’autant l’argent coulait à flot ; telle à l’occasion de la sortie de son «livre» «Tunisie, terre de paradoxe» (Paris, l’Archipel, 2006)
Rien que ce que j’ai pu comptabiliser à ce jour, le thuriféraire a empoché près de 500 millions de nos millimes sur près d’une décennie, ventilés comme suit :
- le 06 novembre 2001 | 25 000 USD |
- le 18 novembre 2002 | 25 000 USD |
- le 28 novembre 2003 | 30 000 € |
- le 30 janvier 2004 | 20 000 € |
- le 23 novembre 2004 | 30 000 € |
- le 28 juillet 2006 | 30 000 € |
- le 10 septembre 2009 | 60 000 € |
- le 02 octobre 2009 | 60 000 € |
Soit un total de 230 000 € et 50 000 USD. Des montants qui ont sûrement fait le bonheur de son percepteur des impôts. Quoique…
«Le proverbe nous conseille de ne pas s’en prendre au gardien de la vigne, mais plutôt de chercher à manger le raisin» conseillait Antoine Sfeir dans un des ses éditos parlant de la Tunisie (1). Du raisin Tunisien, il en aura dégusté avec, de surcroît, de quoi faire couler du Château Petrus à flot sur le dos du contribuable tunisien.
Authentique mercenaire de la plume, il était payé par Ben Ali pour expliquer à ceux qui voulaient bien l’entendre que «[…] Ben Ali est crédible, et son bilan est positif sur les plan social, économique et politique» (2). Pour étayer ses propos, le thuriféraire s’appuyait sur toute une littérature de chiffres propagandistes fournie par les services du même despote. Despote qui avait pris pour habitude de se faire élire avec des scores frauduleux ahurissants : 99,27% des voix en 1989 ; 99,91% en 1994 ; 99,45% en 1999 ; 94,49% en 2004. Il revenait ensuite à Antoine Sfeir d’avoir le culot d’expliquer aux francophones «Pourquoi les Tunisiens votent-ils Ben Ali» (2).
Ailleurs et à chaque occasion, A. Sfeïr se contorsionne sans cesse pour éviter de répondre pourquoi le journaliste français C. Boltanski fut poignardé par les sbires de Ben Ali, pourquoi l’ancien S. G de Reporters Sans Frontières n’a même pas été autorisé à quitter son avion à peine arrivé à Tunis, pourquoi Mohamed Abbou s’est cousu les lèvres depuis sa prison, pourquoi l’infatigable Ali Ben Salem, le doyen octogénaire des militants tunisiens des droits de l’Homme était sans cesse agressé physiquement… enfin, pourquoi les Trabelsis sont devenus les milliardaires et véritables maîtres du pays ?
Qu’à l’attention des francophones, Antoine Sfeïr soit devenu le thuriféraire et le plumitif attitré de Ben Ali, ce fut son choix. Mais qu’il ait le minimum de pudeur aujourd’hui pour assumer la critique de ses actes. Quant à moi, je ne me limiterai pas à ces critiques. Avec des confrères avocats, nous sommes en train d’étudier les moyens juridiques afin de monter un dossier contre monsieur Sfeïr en vue de la restitution des sommes perçues par ce mercenaire sur l’argent du contribuable.
Enfin, un dernier mot à l’attention d’Antoine Sfeïr : « non monsieur, vous ne vous êtes pas “lourdement trompé à propos de Ben Ali” comme vous l’avez déclaré après la chute du dictateur. Vous avez délibérément choisi d’ignorer durant toutes ces années les souffrances des estropiés, des torturé, des muselés, des spoliés, mais aussi des morts sous la torture, bref choisi d’ignorer les souffrances de tous ces Tunisiens qui n’aspiraient qu’à vivre libres dans un pays qui respecte et protège leurs dignités. Contre eux, vous avez choisi Ben Ali pour des raisons bassement matérielles et non moins indignes. C’est pour cela qu’aujourd’hui ces Tunisiens vous méprisent tant. Et c’est pour cela aussi qu’il n’y a pas que des Tunisiens qui vous méprisent !»
1.- Cf. A. Sfeïr : «Manger le raisin» in Les cahiers de l’Orient n°97-2010, p.5
2.- Cf. A. Sfeïr : «Pourquoi les Tunisiens votent-ils Ben Ali ?» p.19 in Les cahiers de l’Orient n°97-2010, p. 19-30
2.- Cf. A. Sfeïr : «Pourquoi les Tunisiens votent-ils Ben Ali ?» p.19 in Les cahiers de l’Orient n°97-2010, p. 19-30
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