vendredi 21 octobre 2011

Direction centrale du Renseignement intérieur :DCRI


Bernard Squarcini




La Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) est le service de renseignements du ministère de l'Intérieur français, au sein de la Direction générale de la Police nationale, né de la fusion de la Direction de la surveillance du territoire (DST) et de laDirection centrale des Renseignements généraux (RG)3,4. Ce service est opérationnel depuis le 1er juillet 20085.

Selon le communiqué du ministère de l'Intérieur, « la DCRI se veut un “FBI à la française” en matière de renseignement6 ».
 le directeur de la DCRI affirme que la France est aujourd'hui l'ennemi n°2 d'Al-Qaida, après les États-Unis, et considère AQMI comme la principale menace pour la France40.

Historique[modifier]

La fusion fut annoncée le 13 septembre 2007 par la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie7. Les textes fondateurs de la DCRI ont été adoptés le 7 avril 2008, la fusion entre les RG et la DST étant effective le mardi 1er juillet 2008.
Bernard Squarcini, directeur de la Direction de la surveillance du territoire (DST) en 2008, est nommé à la tête de cette organisation. Il est à l'origine assisté de deux directeurs centraux adjoints, René Bailly, ancien fonctionnaire des RG, et Patrick Calvar, ancien fonctionnaire de la DST. René Bailly quitte ensuite la DCRI au mois de juin 2009 pour prendre la tête de la nouvelle Direction du renseignement de la Préfecture de police de Paris (DRPP)8, Patrick Calvar devant, quant à lui, être remplacé à son poste au début de l'année 2010 par Frédéric Veaux, jusqu'à présent sous-directeur à la Direction centrale de la police judiciaire9.
En 2008, la DCRI a débuté son existence publique et médiatique avec l'« affaire de Tarnac ».
En décembre 2008, le siège de la DCRI fait l'objet d'un projet d'attentat orchestré par un islamiste de la région parisienne10.

Organisation[modifier]

Son siège est situé dans l'immeuble des services de renseignement, ultrasécurisé, inauguré en mai 2007, au 84, rue de Villiers, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine)11.
En 2009, elle était composée de 3 306 fonctionnaires, soit la totalité des effectifs de la DST et une petite majorité de ceux de la Direction centrale des Renseignements généraux (RG), dont près de 2 500 policiers dits actifs et habilités Secret défense et 164 commissaires de police. Ces policiers et commissaires habilités sont implantés au siège de la direction (1 616 fonctionnaires à la centrale de Levallois-Perret) et par zone dans chaque département (1 390 fonctionnaires en province)2.
Le 15 janvier 2009, la DCRI se voyait notifier, au titre de la RGPP, une déflation quadriennale de 400 personnels, soit 12 % de ses effectifs, de manière à atteindre 2 922 équivalents temps plein travaillé au 31 décembre 201112.
La DCRI compte un état-major et huit sous-directions13,14.
La France sera découpée en 7 zones de renseignements avec Paris et 6 directions régionales appelées DZRI (Directions de zonages de renseignement intérieur)
  • Paris
  • Lille
  • Rennes
  • Metz
  • Bordeaux
  • Marseille
  • Lyon
La DCRI dispose d'un groupe d'intervention propre le GAO (Groupe d’Appui Opérationnel) composée de 18 opérateurs, qui sont aussi des enquêteurs, pour procéder aux interpellations et aux effractions des portes.

Direction[modifier]

  • chef du personnel : Jean-Yves Guillard
  • sous-direction de l'analyse, de la prospective et des faits de société : Pierre Montastier
  • sous-direction de la recherche : Jean-Pierre Gilly
  • sous-direction des ressources et des méthodes : Denis Tromeur

Les structures et le fonctionnement de la DCRI sont couverts par le « Secret Défense ». Les services de la DCRI relèvent du seul directeur central à l'exclusion de tout autre subordination territoriale (ex : les Directions départementales du renseignement intérieur — DDRI — ne relèvent pas des préfets de départements).
La sous-direction des « Courses et jeux » de la DCRG (environ 120 hommes, plus une cinquantaine de correspondants en province) a été transférée à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) sous la forme d'un Service central des courses et des jeux (SCCJ). Quant à la Préfecture de police de Paris, elle conserve ses propres agents des RG mais le service se voit rebaptisé Direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) (682 hommes)22.
Les effectifs ex-RG non rattachés à la DCRI, encore trop peu nombreux (la DCRI étant au contraire en sureffectif notable à sa création), sont rattachés à la SDIG (Sous direction de l'information générale) de la DCSP (Direction centrale de la sécurité publique) et à ses implantations départementales, qui regrouperait 680 policiers (sur 950 prévus) — dont 80 au niveau de l'administration centrale — et 450 administratifs chargés du milieu ouvert jusqu'ici à la charge des DDRG (Directions départementales des RG). Pour atteindre en partie les niveaux d'effectifs requis en SDIG, les fonctionnaires des BIVP (Brigades d'information de voie publique) des grandes agglomérations pourraient rejoindre ses rangs, 62 d'entre eux étant déjà partants, tandis que des postes disparaîtront au contraire à la DCRI sans doute au fil des départs en retraite, le nombre de commissaires devant par exemple se limiter à 152, et 400 postes devant disparaître d'ici à 2011, puisque 2922 équivalents temps plein travaillé sont prévus pour la DCRI au 31 décembre 2011.
La DCRI serait dotée d'un fichier nommé Cristina (Centralisation du renseignement intérieur pour la sécurité du territoire et des intérêts nationaux), classé « secret défense », qui, outre des données personnelles sur les personnes fichées, engloberait leurs proches et leurs relations. En vertu de dispositions de la loi informatique et libertés concernant les fichiers de sécurité nationale, il n'est pas soumis au contrôle de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL). Il est né le 1er juillet 2008 de la fusion d'une partie du fichier des Renseignements généraux, et de celui de la DST23.

Missions[modifier]

Les missions de la DCRI sont inspirées de celles anciennement confiées à la DST et aux RG :
  • La lutte contre le terrorisme islamiste est assignée comme une priorité absolue
  • prévention et lutte contre les ingérences et les menaces étrangères (contre-espionnage),
  • prévention et lutte contre le terrorisme et de tout acte « visant à porter atteinte à l'autorité de l'État, au secret de la défense nationale ou au patrimoine économique du pays »,
  • surveillance des communications et lutte contre le cybercrime,
  • surveillance des mouvements, groupes ou organisations subversifs violents et des phénomènes de société précurseurs de menaces5,6.
  • lutte contre la prolifération des armes nucléaires, bactériologiques, chimiques, et balistiques.
  • politique publique et d'intelligence économique
  • surveillance des entreprises françaises privées et publiques (technologiquement et industriellement sensible)
  • surveillance de l'islam radical et de la communauté salafiste française
  • surveillance des mouvements d'ultra gauche et autonome anarchiste
Pour remonter les traces de communications entre les membres d'un réseau, la DCRI possède depuis mai 2007, à Levallois, une mini-plate-forme qui permet de récupérer auprès des opérateurs de téléphonie la liste de tous les appels entrant et sortant sur l'ensemble des lignes d'un abonné, de se faire communiquer ses documents d'inscription avec son adresse et ses coordonnées bancaires. Ses agents peuvent aussi exiger de connaître tous les sites Internet ou adresses de forum sur lesquels un terroriste présumé a pu se connecter. Qu'il s'agisse d'un appel sur mobile, d'un courriel ou d'un simple texto, les «grandes oreilles» de la République peuvent ainsi savoir à tout moment qui a contacté qui, où et quand.

Recrutement[modifier]

Triés sur le volet, tous sont appelés à être habilités au secret-défense après que leur vie privée a été passée au crible par un redoutable service interne de sécurité. «Tous, même les plus irréprochables, ont fait l'objet d'une minutieuse enquête de personnalité pour traquer la moindre vulnérabilité, confie-t-on à la Direction générale de la police nationale.
À l'exception de l'analyse des mouvements sociaux, les missions de la DCRI sont considérées comme relevant du « Secret Défense ».

Activités[modifier]

2009[modifier]

Le 19 octobre 2009, la DCRI procède à l'arrestation de deux membres d'ETA à Carnac24.
En octobre 2009, Adlène Hicheur est gardé à vue à la DCRI25.
En novembre 2009, la DCRI semble très active sur le dossier iranien, en particulier en ce qui concerne l'extradition de Majid Kakavand aux États-Unis, la libération de Clotilde Reiss, les mouvements de l'ambassadeur iranien en France, Seyed Mehdi Miraboutalebi, la centrale de Tricastin et les intérêts de Total en Iran26.
Dans l'affaire de Tarnac, en novembre 2009, la défense indique des incohérences dans les rapports de la DCRI27.
En décembre 2009, Patrick Calvar, Directeur adjoint opérationnel et numéro deux de la DCRI, a été nommé directeur du renseignement de la DGSEMichel Guérin est pressenti pour le remplacer, mais ce sera Frédéric Veaux15,28.

2010[modifier]

En mai, 12 islamistes sont interpellés.[réf. nécessaire]
A l'été 2010, cherchant la source d’un article du Monde sur l’affaire Bettencourt, la DCRI a enquêté sur les relevés téléphoniques du conseiller pénal de Michèle Alliot-Marie, ministre de la justice, David Sénat, sans saisir de juge, ni la CNCIS29.
Le 25 août 2010, Franck Gellet quitte la DCRI pour le poste de secrétaire général de la présidence française du G20 et du G830.
Début octobre, des interpellations ont lieu dans le milieu islamiste31.
En octobre 2010, Eric Bellemin-Comte, adjoint au sous-directeur de la protection économique, communique sur la vulnérabilité informatique32 et Serge Guillen, le patron de la sous-direction de l’information générale (SDIG), service complémentaire de la DCRI né de la réorganisation du renseignement, démissionne33.
Pendant les manifestations d'octobre 2010, Bernard Thibault indique avoir reçu un appel de la DCRI qui lui indiquait à 10h du matin le chiffre de manifestants que la préfecture de police annoncerait dans l'après-midi, donc arbitraire34.
Le budget 2011 n'est pas connu car intégré à celui de la police nationale, qui augmente de 12 % par rapport à l'année précédente. Il était de 41 millions d'euros en 200835.
En novembre 2010, la DCRI interpelle deux personnes qui pourraient être impliquées dans un attentat commis en février 2009 au Caire36 et quatre hommes soupçonnés de préparer des attentats en France37.
Le 21 novembre 2010, la DCRI est moquée par l'équipe de l'émission Action Discrète pour ses supposées intrusions dans les rédactions des journaux français38.
Le 24 novembre 2010, Le Canard enchaîné accuse la DCRI d'espionner sans autorisation des ordinateurs privés. La DCRI n'a pas souhaité s'exprimer, afin de « ne pas alimenter de polémique »39.

2011[modifier]

Après la mort d'Oussama ben Laden, le directeur de la DCRI affirme que la France est aujourd'hui l'ennemi n°2 d'Al-Qaida, après les États-Unis, et considère AQMI comme la principale menace pour la France40.
Début 2011, la DCRI, saisie par le parquet de Paris,lance une enquête préliminaire sur «l'affaire Renault» qui a licencié 3 de ses cadres en les accusant d'espionnage industriel au profit d'une filière internationale organisée, sur son projet de voiture électrique. Une lettre anonyme serait à la base des accusations portées par le constructeur. La DCRI procède à des perquisitions et des interrogatoires41.

Controverse[modifier]

En 2010, à l'occasion de l'affaire Woerth-Bettencourt, la DCRI est accusée d'espionner des journalistes pour identifier leurs sources42 et Le Canard enchaîné, par la voix de son rédacteur en chef Claude Angeli, affirme que Nicolas Sarkozy supervise personnellement la cellule chargée de ces activités clandestines43.
Cette même année, la DCRI a également officiellement enquêté sur les rumeurs visant le couple Sarkozy sur demande du directeur de la Police Nationale « afin d'essayer de déterminer si les rumeurs visant le couple présidentiel ne cachaient pas une éventuelle tentative de déstabilisation »44,45.
En 2011, la DCRI est mise en cause dans l'Affaire Dominique Strauss-KahnJean-Jacques Urvoas, secrétaire national chargé de la sécurité au PS, a écrit à Bernard Squarcini pour savoir si, comme l'affirmait le journal Le Monde46, un service de la DCRI enquêtait sur « la vie privée de certaines personnalités politiques susceptibles de présenter un jour un danger électoral », ce qui a été immédiatement démenti par le Ministère de l'Intérieur47. Le 3 juillet, le député socialiste de l'EureFrançois Loncle, accuse la DCRI via son directeur de connexions politiques avec le groupe Accor et le directeur du Sofitel48. Le lendemain, Bernard Squarcini déclare n'avoir jamais été en relation avec le directeur du Sofitel ni avec aucun responsable du groupe Accor, et dément toute intervention de ses services dans l'affaire DSK. Il menace également de poursuites judiciaires toute personne qui mettrait en cause la DCRI dans cette affaire49.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire