vendredi 25 novembre 2011

Les Portugais en grève générale contre l'austérité


Mis à jour le 24.11.11 à 21h49
Les salariés portugais ont observé jeudi une grève générale, la première depuis un an, pour protester contre la cure d'austérité imposée par le gouvernement en échange d'une aide financière de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI).

Les avions sont restés au sol, les trains à quai et les services publics ont tourné au ralenti dans le pays de 11 millions d'habitants, où le chômage affecte 12,4% de la population active, un taux sans précédent depuis les années 1980.

Le budget 2012 élaboré par le gouvernement de centre-droit de Pedro Passos Coelho, arrivé au pouvoir en juin, prévoit de nombreuses mesures profondément impopulaires en échange d'une aide de 78 milliards d'euros.

Les syndicats ont parlé d'une participation "massive", mais le gouvernement a parlé de 10,5% de grévistes parmi les fonctionnaires.

Les chiffres gouvernementaux sont "une manipulation claire", a dit Joao Proenca, à la tête du syndicat UGT. Manuel Carvalho, du syndicat CGTP, n'a pas donné de chiffres de participation mais a affirmé qu'elle était "sans aucun doute plus forte que l'an dernier".

Il y a un an jour pour jour, trois des onze millions d'habitants avaient participé à la grève, selon la CGTP.

Des milliers de personnes, principalement des jeunes, ont manifesté à Lisbonne et des heurts ont éclaté devant le Parlement entre quelques manifestants et la police.

Tous les vols internationaux au départ ou à l'arrivée de Lisbonne et de Porto ont été annulés pendant la grève, a indiqué l'autorité aéroportuaire ANA sur son site internet. Un service minimum a été maintenu sur les liaisons vers Madère et les Açores.
Reuters
LISBONNE (AFP) - Contre les coupes salariales et la précarité provoquées par la cure d'austérité imposée au Portugal, des milliers de personnes en colère sont descendues jeudi après-midi dans les rues de Lisbonne, à l'appel des syndicats et des mouvements d'"indignés".
"Le gouvernement est en train de détruire le pays", s'écrie Anabela en empoignant le drapeau rouge de la CGTP, une des confédérations syndicales ayant appelé à la grève générale qui a quasiment paralysé le Portugal jeudi.
"On perd notre pouvoir d'achat, personne n'achète et personne ne vend rien... on va couler !", s'exclame cette femme de 45 ans, employée du Métro de Lisbonne, qui dit avoir perdu plus de 20% de son salaire en conséquence des plans d'austérité successifs adoptés au Portugal depuis l'an dernier.
"Ni moins de salaire, ni plus d'horaire", "l'offensive est brutale, la grève est générale !", scandaient les grévistes en se dirigeant vers le Parlement alors que des centaines de tracts pleuvaient du haut d'un immeuble.
"Nous avons des salaires en retard depuis janvier et les patrons veulent profiter de la crise pour nous enlever nos droits", explique Orlando Miguel, un docker de 37 ans venu du nord du pays.
S'époumonnant dans un mégaphone, Carlos Gomes dénonce l'intention du gouvernement de "mettre à la rue quelque 12.000 enseignants". "En 32 ans dans l'éducation nationale, je n'ai jamais vu des coupes de cette ampleur", dit ce professeur de dessin.
La CGTP, confédération proche du Parti communiste portugais, a organisé plus d'une trentaine de manifestations et rassemblements à travers tous le pays. Aucun n'incident n'avait été signalé en fin de journée.
A Lisbonne, les syndicalistes ont obtenu le soutien des mouvements de travailleurs précaires et de jeunes "indignés", qui ont mobilisé quelques centaines de personnes pour grossir les rangs de la manifestation.
Stagiaire en situation précaire dans une ONG, Paula Gil a été la seule à faire grève parmi ses collègues. "La perte des droits sociaux me fait plus peur que faire grève", déclare à l'AFP la jeune femme de 27 ans, dont le mouvement "génération aux abois" avait rassemblé une centaine de milliers de personnes lors d'une manifestation à Lisbonne en mars dernier.
Selon Tiago Gillot, membre de l'association Précaires inflexibles, "beaucoup de précaires ont dit qu'ils ne feraient pas fait grève à cause des pressions et du chantage de leurs employeurs, mais qu'ils étaient solidaires du mouvement".
Lycéen de 17 ans, Frederico Ferreira brandit une pancarte où l'on peut lire "l'aide est une fraude, l'accord c'est plus de pauvreté", en référence au prêt de 78 milliards d'euros que le Portugal a obtenu en mai de l'UE et du FMI en échange d'un vaste programme de rigueur et de réformes.
"La crise et la dette, ce n'est pas le peuple qui les a provoquées, ce n'est pas à nous de les payer", affirme-t-il en queue de cortège.
Mais dans les rues adjacentes, de nombreux lisboètes vaquaient à leurs occupations tandis qu'un automobiliste lançait aux manifestants : "allez plutôt travailler !"
© 2011 AFP


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