Ils ont d’abord été dirigés par un grand cerveau malade, puis par une petite cervelle névropathe ; c’est sans doute pourquoi, dans leur grande sagesse, après des décennies de migraines, les Tunisiens ont choisi de désigner à la tête du pays un neurologue.
L’élection du Docteur indigné Marzouki est une revanche sur ses confrères qui en 1987 avaient déclaré Bourguiba sénile et le satrape digne de lui succéder.
Le personnage est à l’image de ses lunettes : immenses et carrées. Posture élancée, look pressé, col ouvert sans cravate. Le Président Moncef fils de Mohamed El Bédoui Marzouki est un authentiquement bédouin têtu et sans concession ; noblesse qu’il n’a jamais cherché à travestir. En arabe comme en français il parle tranchant avec force et conviction. Auditeur des souffrances et des humiliations, lui-même victime de la terreur, il sera audible et probablement suivi largement par le peuple tunisien. Les pouvoirs de sa fonction ont été sérieusement amputés, mais il portera haut la voix de la Tunisie, pays connu désormais du monde entier comme le symbole de la colère.
Son arrivée au palais de Carthage ne sera pas sans écho ni conséquence car c’est la première fois –après Mandela - qu’un militant actif des droits de l’homme est élu à la tête d’une nation. En terre arabe, c’est du jamais vu, c’est révolutionnaire ! Auparavant, nul cauchemar semblable n’avait hanté les dix mille et une nuits des autocrates de la Ligue arabe ! Comment sera-t-il reçu dans cette assemblée ? Qui osera lui donner l’accolade ? Qui osera ne pas la lui donner ?
Le nouveau Président est inclassable, il n’est pas du sérail, pas fils de, il est l’obligé de personne. A leurs yeux il cumule les tares : de gauche, droits-de-l’hommiste, savant, écrivain, orateur, monogame, et surtout, musulman-arabe-tunisien dans l’ordre et le désordre.
Si les inégalités et les bakchichs reculent en Tunisie, si la peine de mort est abolie, si la femme reste l’égale de l’homme, si l’exécutif, le législatif et le judiciaire deviennent indépendants, si la démocratie de l’alternance s’impose, alors le monde arabo islamique connaîtra une formidable renaissance. Marzouki et ses anciens compagnons de prison ont un an pour réussir la désincarcération des Tunisiens et leur insertion dans un modèle de gouvernance au parfum de pain et de jasmin.
Les premiers gestes du Président seront épiés car lourds de symboles.
Déjà, alors qu’il n’est pas encore intronisé, il vient de faire preuve d’audace (peut-être suicidaire) en refusant de recevoir une délégation du lobbying juif américain. Ceci augure de l’indépendance et de la liberté que chaque Tunisien attend.
On dit que le pouvoir transforme l’homme, mais il est peu probable qu’à 67 ans le militant entame une carrière de parvenu.
Chacun spécule à sa manière sur l’avenir des relations carthago-élyséennes. Elles nous réserveront des surprises ! C’est une certitude.
A une seule lettre près, l’anagramme de Marzouki le rapproche de son homologue français. Mais il s’agit d’un « S » : majuscule, tortueux, serpentin sans trait d’union. L’accroche sera difficile, la poignée de main molle. Le Président français ira-t-il à Carthage après avoir fait étape à Canossa ?
Une rumeur circule au Bistro de la Muette.
La cellule loisir du Château planche sur les vacances présidentielles hivernales. L’affaire n’est pas simple. Le yacht de l’ami désintéressé est au carénage, le Maroc est squatté par le retraité du FMI, l’Algérie est cinquantenaire, la Libye inconfortable, Assouan est assiégé, Petra emmuré, le Golfe est dangereusement persique, il n’y a bien Israël mais…
Plus éloignées du champ de bataille annoncé, il y a l’Italie pluvieuse, Malte l’ennuyeuse, la Grèce dégage…Reste la perfide Turquie qui propose un laissez-passer incognito pour quinze jours tout compris à Finike. C’est une gentille station balnéaire près d’Antalya. Mais un attaché que la généreuse hospitalité ottomane intriguait a découvert que c’est là que se déroula la fameuse bataille de Sawari !
Finalement, après dix huit réunions fébriles trois options ont été retenues : Disney, Brégançon et La Lanterne.
Le Président, s’est emporté : il veut passer Noël à Tabarka !
L’élection du Docteur indigné Marzouki est une revanche sur ses confrères qui en 1987 avaient déclaré Bourguiba sénile et le satrape digne de lui succéder.
Le personnage est à l’image de ses lunettes : immenses et carrées. Posture élancée, look pressé, col ouvert sans cravate. Le Président Moncef fils de Mohamed El Bédoui Marzouki est un authentiquement bédouin têtu et sans concession ; noblesse qu’il n’a jamais cherché à travestir. En arabe comme en français il parle tranchant avec force et conviction. Auditeur des souffrances et des humiliations, lui-même victime de la terreur, il sera audible et probablement suivi largement par le peuple tunisien. Les pouvoirs de sa fonction ont été sérieusement amputés, mais il portera haut la voix de la Tunisie, pays connu désormais du monde entier comme le symbole de la colère.
Son arrivée au palais de Carthage ne sera pas sans écho ni conséquence car c’est la première fois –après Mandela - qu’un militant actif des droits de l’homme est élu à la tête d’une nation. En terre arabe, c’est du jamais vu, c’est révolutionnaire ! Auparavant, nul cauchemar semblable n’avait hanté les dix mille et une nuits des autocrates de la Ligue arabe ! Comment sera-t-il reçu dans cette assemblée ? Qui osera lui donner l’accolade ? Qui osera ne pas la lui donner ?
Le nouveau Président est inclassable, il n’est pas du sérail, pas fils de, il est l’obligé de personne. A leurs yeux il cumule les tares : de gauche, droits-de-l’hommiste, savant, écrivain, orateur, monogame, et surtout, musulman-arabe-tunisien dans l’ordre et le désordre.
Si les inégalités et les bakchichs reculent en Tunisie, si la peine de mort est abolie, si la femme reste l’égale de l’homme, si l’exécutif, le législatif et le judiciaire deviennent indépendants, si la démocratie de l’alternance s’impose, alors le monde arabo islamique connaîtra une formidable renaissance. Marzouki et ses anciens compagnons de prison ont un an pour réussir la désincarcération des Tunisiens et leur insertion dans un modèle de gouvernance au parfum de pain et de jasmin.
Les premiers gestes du Président seront épiés car lourds de symboles.
Déjà, alors qu’il n’est pas encore intronisé, il vient de faire preuve d’audace (peut-être suicidaire) en refusant de recevoir une délégation du lobbying juif américain. Ceci augure de l’indépendance et de la liberté que chaque Tunisien attend.
On dit que le pouvoir transforme l’homme, mais il est peu probable qu’à 67 ans le militant entame une carrière de parvenu.
Chacun spécule à sa manière sur l’avenir des relations carthago-élyséennes. Elles nous réserveront des surprises ! C’est une certitude.
A une seule lettre près, l’anagramme de Marzouki le rapproche de son homologue français. Mais il s’agit d’un « S » : majuscule, tortueux, serpentin sans trait d’union. L’accroche sera difficile, la poignée de main molle. Le Président français ira-t-il à Carthage après avoir fait étape à Canossa ?
Une rumeur circule au Bistro de la Muette.
La cellule loisir du Château planche sur les vacances présidentielles hivernales. L’affaire n’est pas simple. Le yacht de l’ami désintéressé est au carénage, le Maroc est squatté par le retraité du FMI, l’Algérie est cinquantenaire, la Libye inconfortable, Assouan est assiégé, Petra emmuré, le Golfe est dangereusement persique, il n’y a bien Israël mais…
Plus éloignées du champ de bataille annoncé, il y a l’Italie pluvieuse, Malte l’ennuyeuse, la Grèce dégage…Reste la perfide Turquie qui propose un laissez-passer incognito pour quinze jours tout compris à Finike. C’est une gentille station balnéaire près d’Antalya. Mais un attaché que la généreuse hospitalité ottomane intriguait a découvert que c’est là que se déroula la fameuse bataille de Sawari !
Finalement, après dix huit réunions fébriles trois options ont été retenues : Disney, Brégançon et La Lanterne.
Le Président, s’est emporté : il veut passer Noël à Tabarka !
Hedi Belhassine
Ancien haut fonctionnaire français
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