vendredi 20 avril 2012

L’école de mort de l’OTAN




À Monsanto, au Portugal, l’OTAN s’est doté d’un centre d’étude pour l’autoévaluation et la formulation de propositions visant à améliorer son efficacité militaire. Placé sous l’autorité du Commandement allié Transformation mis en place en 2003, il permet de s’assurer que l’Organisation Atlantique auparavant destinée à faire face à la « menace soviétique », est dorénavant bien adaptée à sa nouvelles tâche : le soutien aux conquêtes néo-coloniales de l’ère de la « guerre au terrorisme ».
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Contrairement aux apparences, l’OTAN aussi apprend. «  Elle tire toujours des leçons de ses opérations, et c’est ce que nous sommes déjà en train de faire avec la Libye  », explique l’amiral étasunien James Stavridis, commandant suprême de l’Alliance en Europe.
À cette fin l’OTAN dispose d’un centre adéquat, le Joint Analysis & Lessons Learned Centre (JALLC) : une sorte d’école, dans laquelle on enseigne les « leçons apprises ». Ainsi l’OTAN apprend à toujours mieux faire la guerre. Au début de celle contre la Libye, en mars 2011, le JALLC envoya une équipe d’analystes suivre les opérations auprès du centre allié de commandement à Naples. Les « leçons apprises » sont exposées dans un rapport réservé, présenté en février dernier, dont le New York Times a maintenant obtenu une copie.
Que doivent apprendre les alliés, surtout ceux européens ? Que la guerre contre la Libye n’a pas été l’opération modèle qu’on pensait, mais a mis en évidence de graves lacunes. Avant tout, le fait que les alliés européens et le Canada ont dû compter de façon excessive sur les États-Unis. Même avec l’aide étasunienne, l’OTAN ne disposait que de 40 % des avions pour la guerre électronique, qui auraient été nécessaires pour cette opération. Et ce sont les États-Unis qui ont fourni aux alliés la quasi totalité des munitions les plus avancées à guidage de précision : 7 700 bombes et missiles utilisés dans l’attaque contre la Libye (dont une grande partie probablement fournie par la base étasunienne de Camp Darby, à Pise).
Il faut se dépêcher de combler ces lacunes. « Le président Obama a déjà demandé au Pentagone de préparer des options militaires préliminaires en Syrie ». Toutefois, « une opération militaire contre la Syrie constituerait un plus gros défi par rapport à celle qui a renversé le pouvoir de Kadhafi ». La Syrie dispose en effet de forces armées et systèmes de défense aérienne plus efficients, plus difficiles à détruire par les attaques aériennes. De plus, l’opposition syrienne est plus désarticulée et dispersée que celle de Libye pendant la guerre, « rendant plus difficiles les efforts des alliés OTAN pour se coordonner avec les rebelles ». En conséquence, pour attaquer la Syrie, les alliés européens et le Canada devraient « s’appuyer lourdement sur les capacités des USA ».
En prévision de cette guerre et d’autres (dans le collimateur il y a aussi l’Iran), les alliés et le Canada sont donc en train d’accélérer les cadences pour potentialiser leurs propres capacités militaires. C’est dans ce cadre que s’insère l’accord, conclu en février dernier, de créer à Sigonella (Sicile) le système AGS (Alliance Ground Surveillance) qui, assorti des drones Global Hawk installés dans cette base, fournira à l’OTAN un cadre détaillé des territoires à attaquer, permettant aussi de frapper des véhicules en mouvement. Immédiatement après, en mars, les ministres européens de la défense se sont mis d’accord sur un « plan ambitieux » qui comble une autre lacune : l’insuffisance des avions pour l’approvisionnement en vol des chasseurs bombardiers qui, dans la guerre en Libye, ont été mis à disposition en grande partie par les États-Unis.
Bravo, vous avez compris la leçon - disent les enseignants du JALLC - mais vous devez vous impliquer davantage : « L’achat d’avions et appareils électroniques coûteux peut nécessiter des années pour être réalisé ». Voilà la leçon apprise par la guerre en Libye. Les élèves qui ont réussi l’examen passent dans la guerre suivante.
RÉSEAU VOLTAIRE | ROME (ITALIE) 

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