lundi 26 novembre 2012

Les Restos du Coeur rejettent l'aide bénévole d'une jeune femme voilée



Une jeune mère de famille voilée, Nora Ait Bella, désireuse de s'engager bénévolement au sein de l'antenne des Restos du Coeur de Toulouse, s'est vue purement et simplement refoulée à cause de son voile.

L’esprit d’entraide et de solidarité envers son prochain ne peut-il donc réchauffer tous les cœurs et rayonner même sous un voile, sans qu’il ne soit aussitôt découragé et réprimé par une discrimination implacable qui nie une liberté individuelle fondamentale et frappe même là où on ne l’attend pas : l’engagement bénévole dans l'emblématique association des Restos du Cœur ?
Faudra-t-il désormais que les femmes voilées montrent patte blanche en se dévoilant pour être autorisées à se dévouer auprès des plus démunis, sous peine d’être considérées comme le maillon faible, ou pire suspect, à exclure d’office de la grande chaîne de la générosité initiée par Coluche en 1985 ?
Cet ostracisme dogmatique, guidé non pas par la bienveillance et l'abnégation gravées dans le marbre de la charte éthique des Restos du Cœur, mais par une islamophobie qui pervertit les plus belles résolutions, a frappé une jeune mère de famille de 38 ans, Nora Ait Bella, dans sa cité rose de Toulouse.
N’écoutant que sa fibre militante, cette mère de cinq enfants, qui réside près du quartier des Pradettes, à l’ouest de la ville, désirait ardemment se rendre utile à l’approche de l’hiver, forte d’une première expérience au sein du Secours populaire où elle avait œuvré bénévolement pendant plusieurs mois, en triant et distribuant des vêtements pour les plus pauvres.
C’est tout naturellement que Nora Ait Bella, le cœur sur la main, a appelé, le 19 novembre, l’antenne locale des Restos du Cœur, située 63  rue du Négogusse, afin de proposer ses services gracieusement.
Se rendant sur place, la Toulousaine réalise que la femme avec laquelle elle avait conversé n’avait pas compris sa démarche, cette dernière étant convaincue qu’elle venait récupérer des colis alimentaires pour sa consommation personnelle. Mauvaise compréhension, ou plutôt poids des préjugés, la suite laisserait plutôt penser que le prisme des perceptions négatives au sujet de l’islam l’a emporté sur la clairvoyance…
Après avoir frappé à la porte et expliqué clairement les raisons de sa venue à la femme qui l’accueille sur le palier, Nora Ait Bella essaie d’entrer pour renouveler sa proposition d’aide bénévole, mais c’était sans compter l’opposition de son interlocutrice qui, à la vue de son voile, lui a fait barrage, lançant : « Avec votre foulard, ça va pas le faire ! », ajoutant : « De toute façon, je ne suis pas la responsable », et de lui  désigner un homme comme étant le responsable des Restos du Cœur.
Pour la énième fois, Nora Ait Bella insiste sur son envie de s’impliquer au sein de l’association, notamment en aidant à distribuer les colis d’approvisionnement. Mais la réponse cinglante du responsable l’a renvoyée sans détour à son apparence extérieure, jugée incompatible avec son élan de générosité. Un altruisme spontané pourtant rare de nos jours, mais dont manifestement notre société se passe volontiers quand il s'agit de celui qui anime les femmes voilées.
Se retranchant derrière des consignes dictées par le siège parisien, le courageux homme, philanthrope mais pas trop, n’a pas dérogé à la règle sectaire, indiquant juste à Nora Ait Bella qu’elle pouvait contacter le bureau régional des Restos du Cœur à Lalande, dans la Haute-Garonne.
Blessée et humiliée, Nora Ait Bella n’a rien laissé paraître de ses émotions, rétorquant qu’il était hors de question qu’elle retire son voile pour démontrer sa bonté d'âme, en d’autres termes qu’elle renie un engagement intime pour avoir le droit de s’engager au service de la misère humaine.
Cruellement dépitée, la jeune femme a décidé de dénoncer cette discrimination injuste dans un mail adressé au siège social des Restos du Cœur, dont la fraternité à géométrie variable, certes terriblement dans l'air du temps, ferait certainement se retourner Coluche dans sa tombe...

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