lundi 26 janvier 2015

Karim Skik : Voilà pourquoi je n'ai pas pu accepter le poste de ministre


Par Karim Skik


Chèr(e)s ami(e)s,

Je tiens d’abord à vous remercier toutes et tous pour vos félicitations et vos belles paroles de confiance et de soutien. C’est pour moi un immense honneur que d’avoir été nommé à ce poste de Ministre des TIC et de l’économie numérique. Je prends cela comme une reconnaissance et je ne peux ressentir qu’une très grande fierté.

Cependant, moi, je viens du secteur privé et j’ai des sociétés qui opèrent dans le domaine des TIC. J’ai des contrats en cours avec l’Administration tunisienne, et notamment La Poste Tunisienne, qui dépend directement de « « mon » ministère. J’ai aussi une startup, que je considère comme très prometteuse, dans le commerce électronique. Il est probable que c’est même pour cela que mon parcours a intéressé M. le chef du gouvernement. Mais puis-je me permettre d’être Ministre de tutelle et gagner de l’argent de la Poste Tunisienne ? Puis-je me permettre d’être ministre de l’économie numérique et avoir une startup dans le commerce électronique ?

Et même si les solutions légales de désengagement existent (démission…etc.), même si je suis certain de mon système de valeurs qui ne me permettra jamais d’utiliser mon poste à des fins personnelles, je reste convaincu que ces solutions ne convaincront pas l’opinion publique et ne contribueront qu’à fragiliser le gouvernement en le rendant vulnérable. Il est évident que ce poste de ministre représente pour moi un aboutissement sur le plan personnel. Mais l’intérêt de notre pays et la solidité du premier gouvernement de la deuxième république passent, sans l’’ombre d’un doute, bien avant.

C’est pour cette raison que j’ai décidé de sacrifier mes ambitions personnelles. J’ai pu en discuter longuement avec M. le Chef du gouvernement, Si Habib Essid- un homme de très grande valeur, à qui je souhaite sincèrement tout le succès qu’il mérite. Il a bien voulu accepter mes arguments et ma décision de renoncer au portefeuille qu’il m’a fait l’honneur de me confier. Une décision difficile pour moi, pour les miens et pour toutes celles et ceux –très nombreux, et j’en suis particulièrement fier - qui ont cru en moi et estimé que je pouvais être utile à mon pays, à cette étape cruciale de notre révolution. Je leur présente toutes mes excuses de ne pouvoir répondre à leurs attentes : ma conviction profonde est que c’est mieux ainsi.

Ce ne sera peut-être que partie remise ? J’avais, de toutes les manières, dans mes plans de clore ma carrière entrepreneuriale dans quelque temps: je pourrai peut- être ouvrir alors un autre volet dans ma vie…

Avec toute ma considération.

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