lundi 6 avril 2015

L’aube du XXIème siècle. Plus d’armements. Plus de guerres. La spirale de la terreur et de la mort se poursuit. (1ère partie)

Il est primordial de dresser un bilan des guerres qui affligent plusieurs régions dans le monde afin de développer une conscience profonde d’indignation et de réprobation devant cette situation intolérable qui perdure et qui s’avère la poursuite d’un siècle marqué par plus de 200 guerres. Après le démantèlement de l’URSS, le siècle nouveau nous promettait de pouvoir profiter des dividendes de la paix. Hélas! Les guerres se sont multipliées en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie centrale. Depuis le début du millénaire on compte jusqu’à ce jour 55 guerres, conflits armés, opérations militaires ou révoltes, cette période ayant été désignée par l’ONU comme un temps fort pour le développement avec les Objectifs du Millénaire (wikipedia.org).
L’Afghanistan est affligé par la guerre depuis 2001, l’Irak a été durement frappé par la guerre depuis 2003, Les armes continuent de faire des victimes par milliers dans ce pays. La Syrie est à feu et à sang depuis 2011. 215 000 morts et 15 millions de personnes déplacées jusqu’à maintenant. L’Afghanistan est toujours en état de siège ayant été sous occupation par les forces de la Coalition depuis 2001. Des conflits destructeurs et meurtriers affectent plusieurs pays africains : Le Nigéria avec les exactions de Boko Haram et de l’armée nigériane, les guerres de la Côte d’Ivoire et du Mali, les massacres perpétrés en Centrafrique, l’intervention massive dite «humanitaire» contre la Libye  menée par l’OTAN en 2011, la guerre qui sévit au Sud-Soudan depuis plusieurs années et des combats qui se produisent régulièrement en République démocratique du Congo (RDC). Sans oublier la guerre du Sri Lanka, la guerre contre les Palestiniens de la Bande de Gaza livrée par Israël en 2014, la guerre du Donbass et la guerre mondiale contre le terrorisme conduite par les États-Unis et leurs partenaires de l’OTAN dans tous les pays du Globe. Des guerres parfois désignées comme des guerres civiles par l’Occident. Des conflits armés plutôt «programmés» qui permettent aux industries de la mort des grandes puissances de rouler à plein régime. Le prix payé par les peuples : Des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés. Des pays dévastés. Comment pouvons-nous supporter plus longtemps cette situation générée par l’élite de l’économie capitaliste mondiale sans conscience, avec les mains tachées de sang et coupable de génocides, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité? Les événements entourant ces conflits d’une grande ampleur sont rapportés dans la presse internationale de façon banale et sans émotion. Ils sont presque devenus des faits divers. Ils sont aussi vite oubliés et restent vagues dans la mémoire collective.
Nous proposons, dans cet essai, de dresser, dans une première partie, un bilan succinct de ces guerres qui affligent l’humanité et présenter, dans une seconde partie, un aperçu de celles qui continuent de faire des ravages, soit celles de l’Irak, de la Syrie, de la Libye et de Gaza.
I. La militarisation planétaire s’intensifie
Durant la deuxième partie du XXème siècle nous avons assisté à une course mondiale aux armements dans le contexte d’une confrontation Est-Ouest symbolisé par le rideau de fer. Avec le démantèlement de l’URSS tous les espoirs étaient permis de voir l’avènement d’un climat de paix avec des dépenses militaires à la baisse.  Celles-ci marquèrent une légère pause puis continuèrent d’augmenter de façon constante. Depuis le début du XXIème le processus de militarisation de la planète s’est intensifié. La course aux armements ne s’est jamais arrêtée. Bien au contraire, plusieurs guerres sont venues alimenter les industries de guerre des grandes puissances. On a su trouver les justificatifs pour lui donner un nouvel élan. Et ce fut l’hécatombe dans plusieurs pays.
Aujourd’hui, nous sommes entrés dans une ère de grandes tensions entre les puissances occidentales et la Russie. Nous pouvons donc nous attendre à ce que les dépenses militaires augmentent de façon substantielle au cours des prochaines années. Avec les stocks d’armements nucléaires et classiques l’humanité se retrouve dans une situation de grande insécurité. La seule réalité de la présence militaire active des Étatsuniens dans près de 160 pays est propre à empêcher l’établissement de la paix par la justice sociale et la solidarité entre les peuples.
Il faut dire la vérité. Les États-Unis d’Amérique, ne représentant qu’un peu plus de 4% de la population mondiale, sont les principaux responsables de l’état lamentable dans lequel se retrouvent la planète et l’humanité. Leurs interventions à l’étranger visent à protéger leurs propres intérêts et ce au détriment de l’environnement et de la vie de tous les peuples. Leur convoitise n’a pas de limites. Ils ont pour objectif premier une mainmise absolue sur les ressources stratégiques, minières, énergétiques et hydriques. C’est l’impérialisme poussé à l’extrême. Tout est orchestré pour exercer un contrôle sur la gouvernance mondiale en menaçant de sanctions les pays qui leur résistent comme c’est le cas de l’Iran, de la Russie, du Venezuela ou de la Corée du Nord. Le syndrome de l’ennemi et le principe de la « Permanent War » se trouvent au cœur de leur politique étrangère. La liste des États et des organisations considérés comme terroristes ou en opposition à leur empire par le Département d’État et celle qui les soutiennent est très longue (wikipedia.org).
Nous  présentons, ici, les stocks mondiaux d’armements et proposons un examen des dépenses militaires mondiales comptabilisées en 2013 et 2014 par le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).
Des dépenses militaires mondiales en hausse constante depuis 2000 – Elles atteignent un sommet en 2013
Selon le SIPRI, entre 2000 et 2013, les dépenses militaires mondiales sont passées de 1 119 à 1 747 milliards de dollars US.  Celles de l’Amérique du Nord (USA et Canada) ont grimpé de 410 à 659 milliards de dollars, celles de l’Europe de 358 à 410,  celles du Moyen-Orient de 80,8 à 150 milliards et celles de l’Asie-Océanie ont doublé passant de 202 à 407 milliards de dollars (sipri.org) (figure 1).
Figure 1. Les dépenses militaires mondiales entre 1998 et 2010
 
On a pu aussi constater que ces dépenses semblent diminuer légèrement dans les pays occidentaux alors qu’elles sont à la hausse dans le reste du monde (sipri.org).
En 2014, un rapport réalisé par IHS Jane’s faisant l’examen des budgets de 77 pays représentant 97% des dépenses militaires mondiales notait que ces dépenses allaient repartir à la hausse en 2014 pour atteindre le total de 1 547 milliards de dollars, une faible progression de 0,6 % sur un an, mais la première depuis 2009. Selon ce rapport, « la Russie, l’Asie et le Moyen-Orient seront le moteur de la croissance attendue cette année et de la reprise prévue à partir de 2016», écrit Paul Burton, directeur chez IHS Janes’s pour l’aéronautique, la défense et la sécurité. La Russie veut augmenter ses dépenses militaires de 44 % sur les trois prochaines années. Le plan adopté par le Parlement a déjà doté la Russie du troisième plus gros budget de défense en 2013, avec 68 milliards de dollars, devant le Royaume-Uni et le Japon. Le budget militaire chinois était de 139 milliards de dollars en 2013, d’après IHS, le deuxième en importance derrière les États-Unis. D’après les projections des consultants, en 2015 la Chine dépensera plus pour sa défense que le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ensemble ». Le ton optimiste de ces mots reflète l’idéologie de cette institution. Il est préférable de considérer avec plus d’attention les données du SIPRI, une organisation beaucoup plus crédible sur ce plan.
« L’Asie est d’ailleurs la seule région à avoir augmenté continuellement ses dépenses militaires depuis la crise de 2009. La région Asie-Pacifique sans la Chine dépassera l’Europe occidentale en 2015, avec des augmentations notables attendues en Australie, en Inde, et en Corée du Sud, prévoit l’étude. Au Moyen-Orient, les dépenses militaires ont accéléré rapidement depuis 2011…» (lapresse.ca).
Figure 2. Les dix pays avec les plus fortes dépenses militaires en 2013
 

Source :http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_countries_by_military_expenditures#/media/File:Top_ten_military_expenditures_in_$_in_2013.jpg.jpeg
Les stocks nucléaires mondiaux  (figure 3)
Selon les données analysées par Robert S Hans et M. Kristensen en 2006, « malgré les incertitudes, nous savons que le total mondial des armes nucléaires entreposées est considérablement inférieur à ce qu’il était pendant le pic de la Guerre Froide en 1986 avec 70 000 têtes nucléaires. Par le biais de toute une série d’accords sur le contrôle des armes et des décisions unilatérales, les états possédant des armes nucléaires ont réduit le stock mondial à son niveau le plus bas en 45 ans. Au cours de la même période, le nombre d’états puissances nucléaires est passé de 3 à 9 ».
« Nous estimons que 9 états possèdent environ 27 000 têtes nucléaires intactes, dont 97% font partie des stocks des États-Unis et de la Russie (figure 3). Environ 12 500 de ces têtes nucléaires sont considérées comme étant opérationnelles, le reste étant en réserve ou en attente d’être démantelée parce que plus opérationnelles. Nous sommes à même de faire nos évaluations en surveillant tous les développements sur les armes nucléaires, en étudiant les tendances à long terme et en traquant la mise en application des traités de contrôle des armes » (mondialisation.ca).
Figure 3. Stock d’armes nucléaires en 2009
Sources des données : Nuclear Threat Initiative (NTI), Federation of American Scientists (FAS), Natural Resources Defense Council (NRDC), Educational Foundation for Nuclear Science (EFNS), Bulletin for the Atomic Scientists, Nuclear Notebook, The Bulletin, 6042 South Kimbark, Chicago; SIPRI.
Les armes nucléaires, toujours plus puissantes
En dépit des réductions annoncées des armes nucléaires, le SIPRI souligne que, leur puissance ne cessant d’augmenter, elles demeurent une menace importante.
Aujourd’hui, huit pays (États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan et Israël) possèdent plus de 20 500 têtes nucléaires. « Plus de 5 000 sont déployées et prêtes à l’emploi, dont 2 000 sont maintenues dans un état de haute alerte opérationnelle », note le SIPRI.
Un marché d’armements florissant (figure 4)
De telles dépenses se traduisent par une production florissante dans les principaux pays producteurs et exportateurs, les États-Unis, la Russie, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France. Sur le marché de l’armement, les pays émergents prennent de plus en plus le relais de l’Occident selon le SIPRI.
Figure 4. L’armement dans le monde
Pour l’année 2010, les dépenses militaires globales ont certes marqué le pas, avec une croissance de 1,3 %, atteignant 1 112 milliards d’euros : la plus faible croissance depuis 2001. Mais cette tendance s’explique par la réduction des dépenses des pays riches, et surtout des Européens, forcés de se serrer la ceinture en période d’austérité budgétaire. Une réduction compensée par les pays du Sud, et les grands émergents en tête : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud.
Centre névralgique de ce Sud qui s’arme, l’Asie a massivement importé l’année dernière. Des investissements qui sont liés au complexe équilibre régional. « La course aux armements à laquelle se livrent l’Inde et le Pakistan dure depuis plusieurs années, et participe de cette militarisation de l’Asie », témoigne Fabio Liberti, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).
Le montant des ventes d’armes et services à caractère militaire par les plus grandes firmes productrices — le Top 100 du SIPRI —, s’est élevé à 395 milliards de dollars en 2012, selon les nouvelles données sur la production mondiale d’armement.
«Ce chiffre record a été alimenté par une demande sans précédent des économies émergentes pour des avions militaires et la hausse des tensions régionales au Moyen-Orient et (dans la zone) Asie Pacifique», explique Ben Moores, de IHS Janes (24heures.ch).
En 2014, L’Arabie saoudite a fait des acquisitions pour une valeur de 64,4 milliards de dollars. Ce pays a dépassé l’Inde pour devenir en 2014 le premier importateur mondial d’équipements militaires. Le volume de ce marché a atteint un niveau record, nourri par les tensions au Moyen-Orient et en Asie.
Les ventes d’armes des entreprises américaines affectées par le « retrait » de l’armée américaine d’Irak
Les ventes des 42 producteurs d’armements basés aux États-Unis ont représenté 58 % du total des ventes des entreprises du Top 100, et celles des 30 entreprises basées en Europe occidentale, 28 %. Bien que l’ensemble de ces entreprises totalisent toujours près de 87 % du total des ventes, la baisse des ventes dans ces régions traditionnellement productrices d’armements fait écho à la baisse des dépenses militaires, clairement amorcée en 2011. Plus particulièrement, le retrait des forces américaines d’Irak fin 2011 a eu un effet significatif sur un certain nombre d’entreprises.
La plus forte baisse, en pourcentage, des ventes d’armes du Top 100 en 2012 — soit 60 % en termes réels — revient à KBR, qui a fourni un soutien logistique aux forces américaines en Irak. Les ventes des entreprises fournissant des véhicules blindés aux forces américaines en Irak et en Afghanistan, dont Navistar et AM General, ont également baissé.
« L’industrie d’armement américaine a quelque peu reculé depuis les sommets atteints avant la loi sur le contrôle budgétaire (Budget Control Act), lorsque les États-Unis étaient encore engagés dans deux guerres. Cependant, elle continue de jouir de ventes et de profits à des niveaux historiquement très élevés », affirme Dr Perlo-Freeman  (sipri.org).
Concernant les entreprises exportatrices, le trio de tête est constitué de groupes américains (Boeing, Lockheed Martin et Raytheon), le constructeur européen Airbus occupant la 4e place (24heures.ch).
Les constats sont faits. La course mondiale aux armements se poursuit de plus belle. La crise économique ne s’est pas vraiment sentir dans le domaine de la sécurité des intérêts occidentaux. Nous le savons bien, les industries de guerre sont à la base de l’existence des grandes puissances, membres ou non de l’OTAN. Pour maintenir leur production il importe de générer les tensions tant à l’échelle mondiale qu’au niveau régional. Il s’agit d’un élément extrêmement important dans l’agenda des stratèges des États-Unis et de l’OTAN. En somme, la montée des tensions ou de la méfiance entre les blocs mondiaux ainsi que la multiplication des conflits armés sont la garantie d’une production soutenue des industries de la mort.
II.Les guerres du XXIème siècle (figure 5)
Selon l’état du monde 2015, «seule une minorité (des guerres du XXIème siècle) peuvent être décrites comme des conflits interétatiques. Les autres mettent aux prises un État, souvent déliquescent, et une ou plusieurs rébellions, avec pour enjeu le contrôle du pouvoir, du territoire ou des ressources naturelles. Les divisions ethniques et religieuses alimentent ces nouveaux conflits. Mais ils s’enracinent surtout dans les conséquences de la mondialisation, qui enrichit les plus riches et appauvrit les plus pauvres. Dans la plupart des cas, les guerres du XXIe siècle procèdent de la décomposition institutionnelle et sociale, tout en s’inscrivant dans le cadre des rivalités entre les grandes puissances, anciennes ou nouvelles(franceculture.fr).
Figure 5. Les guerres en 2014
Le continent africain est toujours en guerre – Une trentaine de pays affectés
Les guerres, les révoltes, les interventions militaires de l’Occident comme celle de la France en Côte d’Ivoire, au Mali et en Libye, ont frappé tout particulièrement le continent africain. Elles sont nombreuses et affectent un immense territoire correspondant environ à la moitié de la superficie du continent. La Côte d’Ivoire, havre de paix traditionnel en Afrique de l’Ouest, a été lourdement affecté en 2010-2011. Les conflits éclatent, se poursuivent un moment, prennent un moment de répit et se poursuivent
La Corne de l’Afrique
La Corne de l’Afrique a continué de vivre dans un climat de terreur et, tout particulièrement en Somalie ou les Shebab poursuivent leur occupation d’une portion du territoire national. Une guerre qui sévit depuis 1991. Là encore, au large des côtes somaliennes et dans le Golfe d’Aden on assiste aux deux opérations Atalanta et Ocean Shield contre la piraterie conduites sous l’égide de l’UE et de l’OTAN à partir de 2008 et de 2009. Sans oublier l’intervention militaire de l’Éthiopie dans le nord de la Somalie entre 2006 et 2009 et l’intervention militaire du Kenya au sud à partir de 2011.
Le Magheb
Le Magheb n’a pas été épargné avec la révolution salafiste djiadiste dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest à partir de 2002. La république du Mali correspondant, au nord, à des zones saharienne et sahélienne est un territoire, appelé l’Azawad, par les groupes séparatistes Touaregs  dont ils ont proclamée l’indépendance en 2012.
Le Darfour et le Sud-Soudan
Les grands déplacements de populations et les nombreux camps de réfugiés fuyant la guerre ont marqué la guerre civile au Darfour à partir de 2002.
Le cœur de l’Afrique marqué par des exactions et des massacres sans nom
Plus au cœur du continent, nous avons la première guerre civile en Centreafrique entre 2004 et 2007 ponctuée de massacres interconfessionnels, des combats fréquents en RDC avec la guerre du Kivu de 2004 à 2009, la guerre civile tchadienne entre 2005 et 2010, la guerre djibouto-érythréenne en 2008, la rébellion islamiste au Nigeria à partir de 2009, les révolutions en Tunisie et en Égypte en 2010 et 2011, l’intervention de l’OTAN en Libye en 2011,  le conflit inter-soudanais à partir de 2011, Le conflit inter-soudanaise depuis 2011, l’intervention militaire de la France au Mali en 2012, la guerre civile en Centrafrique à partir de 2012, la guerre civile en Libye à partir de 2013 ((wikipedia.org).
Les guerres du XXIème siècle dans les Amériques, en Asie et en Europe
Dans les Amériques le Mexique est le théâtre depuis 2006 d’une lutte contre les narcotraficants  qui aurait fait, jusqu’à maintenant un total de 121 000 morts (http://www.proceso.com.mx/?p=348816). Il s’agit d’une guerre qui se livre dans le plus grand silence, car ceux qui se risquent à couvrir les événements payent souvent de leur vie pour les propos qu’ils rapportent. Un soulèvement s’est produit en Haiti en 2003 et 2004. Il importe de ne pas passer oublier le génocide silencieux perpétré en Colombie depuis plus de 30 ans avec des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés.
Dans le continent euro-asiatique, on dénombre un total de 27 conflits armés, insurrections, interventions et invasions militaires. L’Afghanistan a été envahi et occupé à partir de 2001 jusqu’en 2014 par une coalition de 40 pays sous le commandement de l’OTAN et des États-Unis. Une guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts. Depuis le retrait dit officiel des troupes de la Coalition des attentats sont perpétrés régulièrement et, en particulier, contre les étrangers. Le Moyen-Orient continue d’être un champ de bataille en Syrie, en Irak et en Palestine. Une véritable hécatombe s’abat sur cette région depuis trop longtemps. Israel a livré trois guerres contre les Palestiniens de Gaza, l’une en 2008-2009 (Opération Plomb durci), une seconde en 2012 et la troisième en 2014 faisant des milliers de victimes. Le Yémen est dans un état d’instabilité chronique depuis 2001. En Irak, depuis 2003, c’est un état de guerre permanente même si les troupes étatsuniennes se sont retirées en 2011. La guerre se poursuit contre l’EI. Le Liban n’est pas épargné dans ce contexte avec cet affrontement avec Israël en 2006, l’intervention de l’armée libanaise contre le mouvement islamiste armé Fatah al-Islam (Nahr el-Bared) en 2007 et  la confrontation armée entre le Hezbollah et les partisans sunnites et druzes du gouvernement de Fouad Siniora en 2008. On doit mentionner l’insurrection albanaise en Macédoine en 2001, celle qui s’est produite dans la vallée du Pankissi en 2002-2003, la guerre russo-géorgienne en 2008 et celle du Donbass depuis 2014.
Plus à l’Est, le Pakistan est associé de près à la guerre qui sévit chez son voisin. La répression sanglante qui s’abat sur le Waziristan, appelée aussi la guerre du Nord, avec les attaques répétées des drones armés des États-Unis ont fait des milliers de morts. (mondialisation.ca). Selon la New America Foundation de Washington on estime à 350 le nombre de frappes effectuées par des drones depuis 2004 au Pakistan. La majorité d’entre elles ont eu lieu sous le mandat de Barack Obama, qui les a intensifiées. Le bilan se situerait selon ce centre de réflexion entre 1963 et 3293 morts, dont 261 à 305 civils (lexpress.fr).
En Thaïlande, depuis 2004, un conflit oppose le gouvernement et une population d’origine malaise qui vivent dans les provinces de Narathiwat, Pattani, Satun, Songkhla et Yala situées près de la frontière malaisienne, c’est-à-dire l’essentiel des 5% de musulmans que compte le pays (wikipedia.org).
Des guerres meurtrières qui perdurent
L’Irak est guerre depuis une trentaine d’années. La Syrie est à feu à sang depuis 2011, la Libye a subi les bombardements des forces de l’OTAN en 2011 et la Bande de Gaza a été affligée par une autre agression d’Israël en 2014. Le bilan des victimes de ces guerres : Des milliers de morts, des millions de personnes déplacées et des pays complètement détruits. L’examen de ces guerres fera l’objet de la seconde partie de cet essai.
Conclusion
Depuis le début du siècle ce sont principalement les membres de l’OTAN qui ont semé la terreur et la mort sur cette planète. Ils l’ont fait directement ou par procuration. Le bras militaire de l’Occident exécute une veille permanente aux intérêts des pays membres et n’hésite pas à intervenir, avec les armes, pour les sauvegarder et ce peu importe les conséquences sur les établissements humains et sur les peuples affectés. Des pays détruits, des milliers de morts et des sociétés désintégrées. Pour justifier aux yeux de l’opinion publique ses interventions l’OTAN procède de la manière suivante : Cette approche ou ce modèle opérationnel qui sera désormais suivi pour évincer du pouvoir tout leader ou tout régime politique infidèle semble se définir ainsi: Infiltration dans les réseaux sociaux de messages faisant appel au renversement du pouvoir en place et déstabilisation des institutions nationales; accusations de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité logées contre le Président du pays et son régime devant être évincé du pouvoir; constitution à l’étranger d’un gouvernement provisoire rendu légitime par une reconnaissance formelle de la part des gouvernements occidentaux; résolution soumise et approuvée par le Conseil de sécurité de l’ONU autorisant le recours à la force armée contre le régime en place dans le but de « sauver » des vies humaines; création d’une zone d’exclusion aérienne (moyen utilisé dans la guerre contre la Libye), demandes répétées au Président ou au Premier ministre de quitter illico le pouvoir, demandes accompagnées par des menaces de sanctions; adoption de sanctions économiques et politiques; interventions armées aériennes et terrestres; reconnaissance de la victoire obtenue par les combattants maintenant perçus par l’Occident comme étant des héros et même des « révolutionnaires ».
Comment pouvons-nous ne pas rester indifférents devant ce panorama qui afflige l’humanité toute entière? Comment ne pas s’interroger sur les causes à l’origine de ces guerres et de ces révoltes sanglantes et tenter une réponse? Dans cet essai, nous n’avons pas fait état du décompte des victimes, car cela devient une simple statistique. Il s’agit de la mort de centaines de milliers de personnes dont la vie est sacrifiée pour la sauvegarde des intérêts des forces impérialistes. Rien n’a changé depuis la fin de la guerre froide. Les mêmes acteurs continuent leur œuvre de destruction dans un contexte dans lequel ils s’assurent de contrôler les trois composantes suivantes : Les organisations politico-économiques mondiales, les forces de sécurité et les gouvernements nationaux. Il s’agit d’un « projet » redoutable qui trouve ses racines dans la logique de la formation et du maintien des empires. Neutraliser le développement de ce « projet » est l’objectif de la société civile organisée qui cherche à redéfinir les fondements de l’économie mondiale et à transformer le mode actuel de gouvernance. Il ne faut pas l’oublier. Un certain nombre de pays ont entrepris un travail de résistance et, tout spécialement, les membres de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique – Traité de commerce des Peuples (ALBA – TCP) qui regroupe Antigua-et-Barbuda, la Bolivie, Cuba, la Dominique, l’Équateur, la Grenade, le Nicaragua, Sainte-Lucie, Saint-Christophe-et-Niévès, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et le Venezuela. À ces pays membres s’ajoutent des observateurs tels que l’Iran, Haïti, la Russie, le Suriname et l’Uruguay.
Figure 6. Les membres de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique – Traité de commerce des Peuples (ALBA – TCP)
Nous terminons en reprenant in extenso la Déclaration de l’Assemblée des mouvements sociaux du Forum social mondial 2015 qui s’est tenu à Tunis du 24 au 28 mars dernier (https://www.ensemble-fdg.org/content/declaration-de-lassemblee-des-mouvements-sociaux-forum-social-mondial-2015-tunis-2732015):
« Les peuples du monde entier subissent aujourd’hui l’aggravation d’une crise profonde du capitalisme dans laquelle les sociétés privées transnationales, les banques, les conglomérats médiatiques, les institutions financières internationales cherchent à accroître leurs profits au prix d’une politique interventionniste et néo-colonialiste, avec la complicité des gouvernements libéraux ».
« Guerres, occupations militaires, traités néo-libéraux de libre-échange (Transatlantique, transpacifique, ALECA, UE-MERCOSUR, APE, MERCOSUR-Israël et différents traités bilatéraux) et politiques d’austérité se voient traduits en paquets économiques qui privatisent les biens communs et les services publics, baissent les salaires, violent les droits, augmentent le chômage, la précarité et la surcharge des femmes dans le travail de soins et détruisent la nature ».
« Ces politiques néolibérales affectent lourdement à la fois les pays du Sud et les pays du Nord, augmentent les migrations, les déplacements forcés, les délogements, l’endettement et les inégalités sociales. Elles renforcent le conservatisme et le contrôle sur le corps et la vie des femmes. Elles nous imposent « l’économie verte » comme fausse solution à la crise environnementale et alimentaire, ce qui non seulement aggrave le problème, mais débouche sur la marchandisation, la privatisation et la financiarisation de la vie et de la nature ».
« Nous affirmons que les peuples ne sont pas responsables de cette crise et ne doivent pas en payer le prix, et qu’il n’y a pas d’issue possible au sein du système capitaliste. Ici, à Tunis, nous réaffirmons notre engagement pour la construction d’une stratégie commune de lutte contre le capitalisme. C’est pour ça que, nous, les mouvements sociaux luttons :
Contre les transnationales et le système financier (FMI, BM et OMC), principaux agents du système capitaliste, qui privatisent la vie, les services publics et les biens communs comme l’eau, l’air, la terre, les semences, les ressources minérales, promeuvent les guerres, violent les droits humains et pillent les ressources. Les transnationales reproduisent des pratiques extractivistes nuisibles à la vie, accaparent nos terres et développent des semences et aliments transgéniques qui privent les peuples de leur droit à l’alimentation et détruisent la biodiversité ».
« Nous luttons pour l’annulation de la dette illégitime et odieuse qui est aujourd’hui un instrument global de domination, de répression et d´asphyxie économique et financière des peuples. Nous refusons les accords de libre-échange que nous imposent les États et les transnationales et nous affirmons qu’il est possible de construire une mondialisation d’un autre type, par les peuples et pour les peuples, fondée sur la solidarité et sur la liberté de circulation pour tous les êtres humains ».
Nous soutenons l’appel à la journée d’action internationale contre les traités de libre échange prévue le 18 avril 2015.
« Pour la justice climatique et la souveraineté alimentaire parce que nous savons que le réchauffement global est le résultat du système capitaliste de production, distribution et consommation. Les transnationales, les institutions financières internationales et les gouvernements qui sont à leur service ne veulent pas réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Nous dénonçons « l’économie verte », et refusons les fausses solutions à la crise climatique comme les agro-carburants, les organismes génétiquement modifiés, la géo-ingénierie et les mécanismes de marché de carbone, comme le REDD (Réduction des Émissions liées à la Déforestation et à la Dégradation), qui font miroiter aux populations appauvries des progrès, tout en privatisant et transformant en marchandises les forêts et territoires où ces populations ont vécu pendant des millénaires ».
« Nous défendons la souveraineté alimentaire et l’agriculture paysanne qui sont les solutions réelles à la crise alimentaire et climatique, ce qui signifie aussi l’accès à la terre pour celles et ceux qui la travaillent ».
« Nous appelons à une grande mobilisation sur le climat au mois de décembre 2015 à Paris en marge de la COP21. Faisons de 2015 l’année des mobilisations des mouvements sociaux partout dans le monde pour la justice climatique ».
« Contre la violence envers les femmes qui est exercée régulièrement dans les territoires occupés militairement, mais aussi contre la violence dont souffrent les femmes quand elles sont criminalisées parce qu’elles participent activement aux luttes sociales. Nous luttons contre la violence domestique et sexuelle qui est exercée sur les femmes quand elles sont considérées comme des objets ou marchandises, quand leur souveraineté sur leur corps et leur spiritualité ne sont pas reconnues. Nous luttons contre la traite des femmes, des filles et garçons ».
« Nous défendons la diversité sexuelle, le droit à l’autodétermination du genre, et nous luttons contre l’homophobie et les violences sexistes ».
« Nous appelons à soutenir les actions de la 4e marche mondiale des femmes entre mars et octobre 2015 ».
« Pour la paix et contre la guerre, le colonialisme, les occupations et la militarisation de nos territoires. Nous dénonçons le faux discours de défense des droits humains et des combats aux intégrismes, qui sont souvent utilisés pour justifier les interventions militaires. Nous défendons le droit à la souveraineté et à l’auto-détermination des peuples. Nous dénonçons l’installation des bases militaires étrangères pour fomenter des conflits, contrôler et piller les ressources naturelles et promouvoir des dictatures en divers endroits du monde ».
« Nous exigeons des réparations pour tous les peuples du monde victimes du colonialisme ».
« Pour la démocratisation des médias de masse et la construction de médias alternatifs, qui sont fondamentales pour faire renverser la logique capitaliste ».
« Pour la résistance et la solidarité : Nous luttons pour la liberté de nous organiser dans des syndicats, des mouvements sociaux, des associations et toutes autres formes de résistance pacifique ».
« Nous dénonçons l´intensification de la répression contre les peuples rebelles, les arrestations, emprisonnements et assassinats des activistes, des étudiants et des journalistes. Ainsi que la criminalisation de nos luttes ».
« Inspirés par l’histoire de nos luttes et par la force rénovatrice des peuples dans les rues, l’Assemblée des mouvements sociaux appelle toutes et tous à développer des actions de mobilisation coordonnées au niveau mondial dans une semaine globale de luttes contre le capitalisme du 17 au 25 octobre 2015 ».
« Mouvements sociaux du monde entier, avançons vers une unité globale pour défaire le système capitaliste ! »
« Renforçons notre solidarité avec les peuples du monde qui luttent au quotidien contre l’impérialisme, le colonialisme, l´exploitation, le patriarcat, le racisme et l’injustice, en Tunisie, en Palestine, au Kurdistan, en Syrie, en Irak, en Lybie, en Grèce, en Espagne, au Burkina Faso, au Mali, au Congo (RDC), en Centre Afrique, au Sahara occidental… »
Vive la lutte de tous les peuples !
Les peuples unis ne seront jamais vaincus !
 Jules Dufour

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