vendredi 24 février 2012

La guerre monétaire, une guerre mondiale



Léon Camus
mercredi 22 février 2012
L’agenda de la guerre, comme disent les Américains, est avant tout établi par la guerre économique – « celle qui fait rage et qui ne dit pas nom » avait dit feu Mitterrand – et plus encore la guerre monétaire qui suit ou accompagne comme son ombre la faillite structurelle globale. Un système en faillite parce qu’intrinsèquement pervers, basé sur le mensonge et la dette. Autant dire sur l’usure et la création de richesses virtuelles, c’est-à-dire inexistantes ailleurs que dans les jeux d’écritures informatiques, lesquelles génèrent à chaque seconde de prodigieux flux d’argent imaginaire… celui-ci se convertissant pourtant à l’arrivée en puissance bien réelle entre les mains de ceux qui le possèdent ! Une réalité “virtuelle“, celle de la « Matrice » systémique : 40 mille mds de $ telle est la masse de l’économie réelle, 700 mille mds $, vingt fois plus, tels sont les fonds circulant chaque année dans la tuyauterie télématique des places financières !





Dans la matrice systémique nous baignons dans le liquide amniotique du mensonge

Depuis 1971 et l’abandon de la convertibilité « or » du Dollar, avec la déréglementation galopante et les taux de changes flottants, les États-Unis ont bénéficié d’un système monétaire taillé sur mesure pour leur unique profit. Dispositif qui, s’il n’était pas celui d’un État soutenu par le consensus d’élites converties au fétichisme libéral, serait celui d’une organisation criminelle et mafieuse.

Aujourd’hui, les É-U reconvertis en faux monnayeurs, inondent la planète de $ dont la seule valeur est celle du papier ayant servi à les imprimer. Leurs établissements financiers avec la bénédiction du Département du Trésor ont corrompu les dirigeants des pays, notamment ceux d’un Vieux Continent tiers-mondisé, afin qu’ils endettent leurs pays, donnant en gage les biens nationaux dont ils ont l’administration et le devoir de conservation… tel est le piège tendu par Goldman Sachs et où est tombée la Grèce !

L’Agence centrale d’espionnage et de guerre subversive, autrement appelée CIA, a pour sa part produit de la monnaie « parallèle » – de vrais faux dollars – pour servir ses desseins dans les soubassements de l’économie criminelle : stupéfiants, armes, corruption active… Quant à l’État fédéral américain proprement dit, il a fait imprimer ab libitum des bons du Trésor qu’il se rachète à lui-même…. La liste est longue des 
méfaits et des forfaits perpétrés par le pays le plus obscène… et le plus prude de la planète hors ses alliés wahhabites du Qatar et d’Arabie saoudite ! Ou ses agents djihadistes et salafistes d’Al Qaïda qui, de l’Afghanistan à la Syrie en passant par la Bosnie, le Kossovo, l’Irak, le Liban, le Soudan, la Libye et ailleurs, ont servi avec un zèle tout religieux les noirs desseins de l’Amérique glauque des bas-fonds de Brooklyn sur le grand échiquier de la « domination mondiale ».


Faut-il encore parler des falsifications des statistiques économiques qui font des É-U, ce parangon de vertus démocratiques, l’émule de l’ex Union soviétique où toutes les données publiées étaient carrément fausses ? Ainsi le Pib américain serait de 35% inférieur aux chiffres officiels. D’ailleurs les Chinois, dans leurs estimations et prévisions, utilisent un Pib américain amputé de moitié ! Ce qui en gros ferait que la dette des É-U atteindrait 200% du Pib réel, c’est-à-dire revu à la baisse. Idem pour les établissements financiers et bancaires dont les bilans sont le plus souvent falsifiés par cinq compagnies de certification parties prenantes du “système“ : on l’a bien vu en 2008 avec l’effondrement, lors de la crise des “crédits hypothécaires à risque“ [subprimes], des deux sociétés de crédit les mieux cotées du marché, Freddie Mac et Fannie Mae, ainsi que la Banque Lehman Brothers. Mais auparavant l’Affaire Enron avait déjà amplement démontré le trucage d’évaluations de complaisance.


Ajoutons qu’aux É-U depuis mars 1988, le « Working Group on Financial Market » oriente, pour ne pas dire « manipule » la bourse suivant les indications de la Réserve fédérale… un consortium de banques privées, qui tente (et y parvient… là est le paradoxe et le comble, mais le roi n’est-il pas nu ?) à se faire passer pour une association à « buts non lucratifs ». Manipulation également des cours de l’or, de l’argent et des métaux précieux officialisée en 1999 par le “Washington Agreement on Gold”. Accord prévoyant que 19 banques centrales, principalement européennes dont la Suisse, mettent chaque année à la vente d’importantes quantités d’or (400 T en 2009) afin d’encadrer le cours de ce métal… Pareillement, les cours des Matières Premières industrielles ou agricoles sont extensivement refaçonnées grâce à des produits dérivés ad hoc et autres outils spéculatifs.

Toutes manipulations ayant un objectif facilement repérable : donner le change et l’apparence vu de loin, pour les non initiés, à la solidité d’un édifice financier et monétaire dominé par les É-U et sa monnaie, le Dieu Dollar. Mais tout cela n’est évidemment qu’un village Potemkine fait de carton de pâte badigeonné de trompe-l’œil à la détrempe, décors dont l’écroulement prévisible risque bien de tous nous entraîner dans sa chute finale. Si ce n’est déjà fait !

Guerre monétaire
En novembre 2008, à l’occasion du G20, la Chine populaire se faisant le porte-parole des Pays émergents (Brésil, République sud-africaine, Inde…) a pris position contre l’actuel système, demandant qu’à la référence Dollar soit désormais substituée un panier de Matières Premières (Or, Ag, Pétrole, etc. ) comme étalon de la valeur fiduciaire. Au début de l’année 2011, les réserves chinoises atteignaient 2847 mds de $ ce qui donne la mesure et le poids des recommandations émises par Pékin. Mais le projet chinois n’est pas le seul et aide d’ailleurs à mieux comprendre la bataille de l’or, beaucoup d’État, et non des moindres préconisant de revenir d’une façon ou d’une autre à l’étalon or ou à des systèmes mixtes associant au métal des bouquets de monnaies…
La Chine a ainsi pu contrebattre la politique de la Réserve fédérale et des banques centrales cosignataires du « Washington Agreement on Gold » en achetant chaque année « dix fois » la quantité d’or mise sur le marché par les banques occidentales, interdisant simultanément toute exportation d’or et d’argent tout en en autorisant les sociétés chinoises à se placer le cas échéant en défaut de paiement sur les produits dérivés afférents aux Matières Premières dont il apparaît qu’ils sont institutionnellement instrumentés à l’instigation du Trésor américain.


On comprends au tracé de ce tableau assez consternant de la situation fiduciaire mondiale, que les États, américain, anglais, européen par le biais de la BCE, et tous par le truchement de l’Otan, se mobilisent et organisent des guerres pour maintenir le monopole d’accès et de commerce sur les richesses de ce monde… Encore que le pouvoir financier ne soit certainement pas l’ultima ratio du système, celle-ci relavant in fine de la guerre sociobiologique dont l’argent et sa puissance ne sont que l’un des moyens ou que l’une des expressions.

En tout cas, la guerre de Libye aura permis de faire main-basse sur les réserves d’or de la Jamahiriya libyenne, tout comme la guerre de 2003 aura permis de piller la banque centrale irakienne dont les réserves en $ ont été évacuées par une noria d’avions cargos. Les dettes publiques soigneusement organisées avec la complicité de classes politiques compradores, cyniques et démagogiques au-delà de toutes limites, auront de leur côté permis de pomper les biens patrimoniaux, les ressources et les réserves de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne mais aussi de la France mise à l’encan.

Aujourd’hui les « camps » sont bien dessinés : les États-Unis, Israël, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, la Turquie et la ligue arabe forment une « coalition d’intérêts » à peu près soudés face à l’Iran, allié à la Syrie et au Liban, soutenu autant que faire se peut par la Chine et la Russie. Les positions de l’Irak, du Pakistan et de l’Inde sont condamnées à davantage d’oscillations en raison d’intrications d’intérêts de plus en plus denses et complexes… quoiqu’il en soit les peuples qui les composent ont conservé des tropisme plus ou moins indélébiles, l’Inde avec la Russie, le Pakistan avec la Chine. À défaut de guerre ouverte, la guerre des matières premières, la manipulations de leurs cours, la dictature de plus en plus insupportable du $ change peu à peu les équilibres… Cela n’est pas en faveur de l’Occident en crise, quels que soient ses talents en matière d’ingénierie financière car les guerres peuvent se gagner et en même temps sonner le glas final de la puissance.

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