mercredi 23 mars 2011

AUX SOURCES DU CHAOS MONDIAL ACTUEL


      
 1ère Partie :Du Système de la Réserve fédérale au camp de concentration de Gaza

       2ème partie: I - Aux sources du sionisme : De Moïse à Netanyahou
       3ème partie: II - L'invention des notions de «peuple élu» et de «terre promise»
" La chose la plus difficile au monde est de suivre à la trace n'importe quelle idée jusqu'à sa source. " (Edward Mandell HOUSE)


2ème Partie : 
Aux sources du sionisme : De Moïse à Netanyahou

- 1 - La Bible et l'invention de l'histoire d'Israël , 5 mars 2010
- 2 - L'invention du "peuple élu"

3ème Partie : Ultime remontée du courant : De l'East India Company à l'empire des Rothschild …et retour au camp de concentration de Gaza.

Après avoir montré dans quelles circonstances une poignée de banquiers a assuré la gestation et a permis la mise en service, dans la nuit du 23 au 24 décembre 1913, de la machine à fabriquer de l'argent à partir de rien et comment cet ingénieux mécanisme a conduit les financiers de la City, de Wall Street, puis finalement de tous les autres, à une domination mondiale écrasante, comme nous l'expérimentons à nos dépens dans tous les pays du monde,

Je vais tenter, en plusieurs étapes, de remonter le fleuve du temps, afin de parvenir au plus près des sources d'une idéologie colonialiste née officiellement à la fin du XIXe siècle - le sionisme - mais dont les racines plongent dans la mémoire des peuples du bassin de la Méditerranée depuis le début des temps historiques.

Nihil sine ratione, rien n'est sans raison. Je voudrais montrer comment ce principe énoncé par Leibniz et repris par Heidegger, s'applique aujourd'hui au Moyen Orient et comment et pourquoi des évènements politiques et religieux qui se perdent pour beaucoup dans la nuit des temps, influencent et même déterminent non seulement la politique israélienne et la tragédie palestinienne, mais sont le cœur de la politique mondiale. En effet, les gouvernements occidentaux ignorants de l'histoire des religions et ne tenant pas compte des couches sédimentaires déposées dans les esprits au cours des siècles par les préceptes religieux, négligent leur l'influence sur les mentalités des nations. Ils s'imaginent qu'Israël est un Etat qui fonctionne comme tous les autres Etats rationnels de la planète, à une petite différence près - il est à la fois récent et monstrueusement armé.

Certes, il s'agit, en apparence, d'un Etat moderne, et même qualifié de "seule démocratie du Moyen Orient" . Mais l'intérieur des têtes des habitants est resté celui des Judéens du temps des rois Ezéchias et Josias huit siècles avant notre ère, lesquels fantasmaient déjà sur les royaumes mythiques de David et de Salomon.

Les fantômes sont increvables. Et aujourd'hui, ils frétillent de plus belle à l'intérieur des crânes. Ils ont même si bien pris le commandement des cervelles qu'ils dirigent en maîtres la politique du nouvel Etat qui s'est propulsé en Palestine. De la Babylone de Nabuchodonosor à l'Iran d'Amadinehjad il n'existe, pour ces tyrans-là, qu'une insignifiante virgule de temps, un simple clin d'œil de l'éternité. C'est pourquoi il est si important d'essayer de remonter au plus près de la naissance des mythes afin de tenter de suivre leur trajectoire et de comprendre par quels chemins tortueux la Palestine originelle est devenue aujourd'hui un gigantesque Archipel du Goulag.

Certes, il est parfois dangereux de bousculer les lieux communs théologiques les plus solidement agrippés aux neurones des croyants et qui font l'objet d'un consensus universel depuis deux millénaires. Mais, en écho à l'humour grinçant de Rémy de Gourmont - "le pire, quand on cherche la vérité, c'est qu'on la trouve" - trois guides importants et enfin fiables permettent aujourd'hui d'entreprendre l'escalade de Himalaya de mythes et de légendes accumulés au cours des siècles, avec un espoir raisonnable d'arriver au sommet.

Il s'agit des archéologues Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman qui, dans leurs ouvrages La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, 2001 ,Ed. Bayard 2002 et Les rois sacrés de la Bible, Ed.Bayard 2006 ont mis en évidence la réalité politico-sociale des peuples de la région . S'y ajoute la récente analyse capitale de l'historien italien Mario Liverani. Dans un gros volume de plus de 600 pages, La Bible et l'invention de l'histoire, 2003, trad. Ed. Bayard 2008, il confirme et complète les découvertes des archéologues américains, mais surtout il propose une passionnante interprétation de la manière dont le gigantesque roman qui s'appelle l'Ancien Testament a été élaboré et rédigé durant cinq siècles.

- 1 - Existe-t-il une pathologie nationale ?
- 2 - Les fondations mythiques de l'imaginaire religieux juif
- 3 - Les archéologues au travail
- 4 - Quelques célèbres inventions bibliques : Abraham, et Moïse, Josué etc.
- 5 - Les rois légendaires David et Salomon
- 6 - Une " histoire normale " et une " histoire rêvée "

1 - Existe-t-il une pathologie nationale ?

"Les fous, les visionnaires, les hallucinés, les névrosés et les aliénés ont, de tout temps, joué un grand rôle dans l'histoire de l'humanité (...), ce sont précisément les traits pathologiques de leur caractère, l'asymétrie de leur développement, le renforcement anormal de certains désirs, l'abandon sans réserves ni discernement à un but unique qui leur donnent la force d'entraîner les autres à leur suite et de vaincre la résistance du monde. (…) les grandes oeuvres coïncident si souvent avec des anomalies psychiques que l'on est tenté de croire qu'elles en sont inséparables". (Sigmund Freud, Le Président Wilson)

Est-il abusif d'appliquer ce commentaire de Freud en introduction de son analyse de la personnalité de Woodrow Wilson à la psychologie collective d'une nation?

"La France est une personne" disait Jules Michelet, ce qui est une manière gracieuse et imagée de dire qu'il existe une âme et un esprit des peuples par lesquels une nation affirme son unité et son identité, fruits à la fois de sa géographie et de son histoire, de son art, de sa culture, des grands hommes qu'elle a produits, des mythes et des histoires qu'elle se raconte, du développement des sciences et de mille autres facteurs grands et petits qui ont cimenté son destin au cours des siècles.

Dans son introduction à son Analyse spectrale de l'Europe, le grand connaisseur de l'esprit des peuples qu'était Hermann de Keyserling écrivait: "Le caractère national par lui-même ne garantit à aucune nation une valeur quelconque. On ne peut pardonner à qui exalte un peuple aux dépens des autres, à qui prétend qu'un peuple est supérieur au sens absolu, tandis que les autres seraient inférieurs."

Or, "l'abandon sans réserves" d'un groupe humain durant des siècles à l'obsession taraudante devenue le "but unique" de son destin, de reconquérir, après une parenthèse de 1900 ans environ, une des terres les plus anciennement habitées et politiquement organisées de la planète - la ville de Jéricho date de 8 000 ans avant Jésus-Christ - semble répondre d'une manière aveuglante à la pathologie psychique que décrivait Sigmund Freud à propos Président Woodrow Wilson.

Quand et comment est née chez le groupe humain appelé aujourd'hui "peuple juif " l'obsédante "idée fixe" qu'il serait un peuple "élu" par un dieu notarial et gros propriétaire terrien, qui lui aurait fait cadeau d'une province particulière et, qu'en conséquence, les hommes de ce groupe seraient légitimés, hier comme aujourd'hui, de se débarrasser par les moyens allant des plus pervers aux plus brutaux, des habitants autochtones? Comment ce peuple a-t-il eu "la force d'entraîner les autres", à partir du début du XXe siècle , dans cette hallucination collective, au point de "vaincre la résistance du monde" qui regarde sans voir, avec des yeux de poisson mort, les massacres de masse ou les crimes au goutte à goutte qui sont perpétrés sous ses yeux au nom de cette "idée fixe".

Un exemple éclairant de la névrose commune à ce groupe humain vient encore d'être fourni par l'ouvrage de Jacques Attali: Les Juifs, le monde et l'argent. Cette pathologie est si bien devenue le mode de pensée habituel de ses membres que ce pilier de la presse et des télévisions françaises, premier dirigeant de BERD (La Banque européenne pour la reconstruction et le développement créée en 1991) - fonction de laquelle il a été remercié à la suite de dépenses somptuaires et d'un train de vie pharaonique aux frais de l'institution - , ex_conseiller personnel et très influent, d'un ancien Président de la République française, ce banquier et notable français écrit innocemment dans son ouvrage sous-titré : Histoire économique du peuple juif : "Peuple élu, ses richesses n'ont de sens que si elles contribuent à la richesse de tous les autres. (…) Toute richesse doit être partagée avec le reste du monde" .

Je ne m'attarde pas ici au contenu de ce qui est dit - et qui mériterait un long développement hors de mon sujet actuel - mais à sa formulation. Car cette seule phrase est un condensé de l'aliénation collective dont sont atteints un grand nombre des membres de ce groupe humain. En effet, les expressions "peuple élu" et "tous les autres" - c'est-à-dire les non-élus, qui constituons "le reste du monde" c'est-à-dire 99,999% l'humanité, ce qui est, tout de même un joli "reste" - ces expressions, dis-je, viennent tout naturellement sous sa plume. Il n'éprouve pas le moindre scrupule de diviser l'humanité en deux catégories assujetties à des éthiques différentes et auxquelles ne s'appliquent ni les mêmes règles financières, ni, par extension, les mêmes règles politiques et morales. Il n'est nullement gêné de proclamer à plusieurs reprises que le principe fondamental qui unit les juifs entre eux - la "solidarité communautaire" - exclut qu'on s'enrichisse aux dépens d'un autre juif.

De même que l'intégrité du corps humain doit être respectée entre juifs et que c'est sur le "reste du monde" qu'on prélève les organes destinés à soigner les maladies du "peuple élu", de même le prêt à intérêt sera interdit entre les membres de cette communauté. En conséquence, c'est logiquement aux dépens de "tous les autres", du "reste du monde", que le "peuple élu" construit sa fortune et soigne ses malades. Car, ajoute-t-il dans une interview donnée à propos de cet ouvrage : "Pour un juif, la pauvreté est intolérable. Pour un chrétien, c'est la richesse qui l'est".

Jacques Attali
Et voilà pourquoi il ne faut pas s'étonner de ce que, depuis l'arrivée récente et massive de la nouvelle population d'immigrants qui règne aujourd'hui sur la Palestine historique, celle-ci soit devenue pour les autochtones, un gigantesque système concentrationnaire dans lequel des représentants de la population des "élus" se donnent le droit d'enfermer derrière des murs, d'exploiter, de voler, d'emprisonner et de martyriser l'autre "monde", le monde inférieur composé par la population des indigènes dont la présence sur les lieux se compte en millénaires.

Le Général de Gaulle ne s'y était pas trompé qui, dans une conférence de presse en date du 27 novembre 1967, avait prévu les désastres en chaîne que la décision de l'ONU de 1947 allait immanquablement provoquer : "L'établissement d'un État d'Israël, soulevait, à l'époque, un certain nombre d'appréhensions. On pouvait se demander (…) si l'implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu de peuples arabes qui lui étaient foncièrement hostiles, n'allait pas entraîner d'innombrables, d'interminables conflits. Certains même redoutaient que les juifs, jusqu'alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, c'est à dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, n'en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis dix-neuf siècles : l'an prochain à Jérusalem."

Le mépris de l'"élu" Jacques Attali pour "le reste du monde" représenté, en l'espèce, par les Palestiniens, mais qui s'étend en réalité aux 99,999% des habitants de la planète, est allé jusqu'à considérer, dimanche 10 janvier sur France 2 au cours de l'émission religieuse du matin, que le rapport Goldstone établi par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU était un "scandale" et que "le droit international autorisait Israël à se défendre". Cette déclaration est à ranger dans la catégorie "humour juif".

2 - Les fondations mythiques de l'imaginaire religieux juif

Après des efforts acharnés de la philologie moderne et des progrès de l'archéologie biblique, les exégètes modernes sont arrivés à séparer à peu près le vrai du mythe.
En effet, les croyants de cette religion raisonnent sur Moïse, David , Salomon, Josué, comme si les descriptions des expéditions guerrières de ces personnages cités dans la Bible étaient à prendre au pied de la lettre et représentaient le fruit d'articles de journalistes "embedded" dans leurs guerre. N'ayant aucune notion de chronologie historique, ils oublient - ou n'ont jamais su - que les récits concernant ces hommes ont flotté durant des siècles dans les brumes des traditions orales. Que saurait-on des croisades, par exemple, si ces expéditions ne nous avaient été transmises que par ouï-dire depuis près d'un millénaire? Quand on voit qu'il est impossible, soixante-dix ans après les faits, de savoir ce qui s'est réellement passé tant sur les champs de bataille européens que dans les camps de concentration durant la seconde guerre mondiale, alors que nous disposons de millions de documents dans toutes les langues de la terre, on comprend mieux le peu de crédit historique qu'il est légitime d'accorder à des évènements survenus dans une société qui ne connaissait pas l'écriture et qui ont cheminé durant mille ans dans les souterrains de mémoires anonymes.

Ainsi, Jacques Attali n'échappe pas à cette naïveté lorsqu'il parle du type d'économie régnant du temps des Juges et des Rois ou de l'économie des Israélites au moment de la sortie d'Egypte uniquement à partir des renseignements fournis par les textes bibliques, parce que cela ne fait aucun doute dans son esprit qu'une "sortie d'Egypte" a bien eu lieu et qu'une économie organisée "du temps des Juges" a existé. C'est pourquoi cet ouvrage sous-titré Histoire économique du peuple juif est à l'histoire et à l'économie ce qu'Alice au pays des merveilles est à une étude scientifique des mœurs des chats et des lapins.

3 - Les archéologues au travail

Durant des siècles, et même jusqu'aux années 1980, les textes bibliques ont été considérés comme le récit historique du passé du "peuple élu" et des armées d'archéologues, tels des termites, ont creusé tous les lieux cités dans les textes, et exploré mètre après mètre le désert du Sinaï, surtout depuis la création de l'actuel Etat d'Israël, afin de mettre en évidence la vérité historique des récits bibliques et de justifier le "retour des juifs" sur "leur" terre. Mais rien n'est venu récompenser les efforts des terrassiers, qui n'en continuent pas moins de transformer, en ce moment, le sous-sol de la grande mosquée Al Aqsa de Jérusalem en gruyère, dans l'espoir de trouver les mythiques fondations du Temple au risque de provoquer des dommages irréparables à cet antique lieu de culte musulman.

A la suite des recherches des archéologues les plus récentes d' Israël Finkelstein et de Neil Asher Silberman ce fut un tsunami, une tabula rasa. Pas la moindre trace de grandeur mythique du temps des patriarches ou des rois n'émerge de leurs recherches.

Du coup, les archéologues se sont résolus à utiliser la méthode inverse. Ils essaient de reconstituer le passé à partir des observations archéologiques et de tous les documents à leur disposition, mais en les soumettant à une rigoureuse et impartiale critique. La vérité historique n'est pas la vérité biblique . Loin de prendre au pied de la lettre les récits bibliques, les "nouveaux historiens" comparent les découvertes archéologiques réalisées en Palestine aux documents issus des fouilles en Egypte et en Mésopotamie en passant outre au prétendu "particularisme" du récit biblique . Ils purent ainsi mettre en évidence les innombrables similitudes sociologiques qui existaient entre l'Israël ancien et les grands pays limitrophes. C'est ainsi que le récit biblique est truffé d'emprunts aux civilisations voisines.

4 - Quelques célèbres inventions bibliques : Abraham, et Moïse, Josué etc.

Le Pentateuque (les cinq livres de Moïse), appelé Torah dans le judaïsme (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutérome), fut le plus gravement ébranlé. Les Prophètes (Josué, Juges, Samuel, Rois, Chroniques, Esdras et Néhémie) subirent également un rude décapage.
Rouleau de la Thorah
Seuls les textes plus récents contenus dans les Livres prophétiques (Isaïe , Jérémie, Ezéchiel, Daniel) , les Psaumes, les Proverbes, le sublime poème érotique appelé Cantique des cantiques - qui a résisté durant des siècles aux indigestes commentaires métaphorico-théologiques - ainsi que les préceptes moraux de l'Ecclésiaste sortent à peu près indemnes de cette rude cure de vérité historique.

Les grands mythes comme la Création ou le Déluge sont admis depuis des dizaines d'années. Les Patriarches et les péripéties de l'Exode sont d'autant plus délicats à démythifier que c'est dans la Torah - le livre le plus vénéré du judaïsme - que figure le fameux concept d'élection. Une proportion importante d'israélites l'interprètent comme l'expression d'une supériorité qui légitime un impérialisme culturel et politique ainsi qu'un ethnocentrisme raciste.

Abraham

On situe l'existence d'Abraham au XVIIIe siècle avant notre ère. Né à Ur il se serait rendu à Haran en Turquie du Sud, jusqu'au jour où "Dieu" lui aurait ordonné de se rendre à Canaan en Palestine et sa tombe se trouverait, selon la Genèse, à Hébron, en Palestine occupée. La bible indique avec précision les détails de ce voyage, elle mentionne les villes et bourgades traversées, les caravanes de chameaux rencontrés. Un vrai reportage journalistique. Or, l'archéologie dévoile qu'à l'époque citée, la plupart des villes et bourgades énumérées n'existaient pas encore et que dans la région, le dromadaire n'a été domestiqué qu'au VIIe siècle av. Jésus-Christ. "L'archéologie prouve de façon indubitable qu'aucun mouvement subit et massif de population ne s'est produit à cette époque" , écrivent les archéologues Finkelstein et Silberman.


Représentation d'Abraham et de ses moutons avançant en direction de la Palestine (gravure de Gustave Doré)
En conclusion, pas de patriarche fondateur politique de la nation, donc pas d'Isaac en chair et en os, pas de descendance, pas de douze tribus d'Israël. En revanche le récit symbolique est fondateur d'un important progrès religieux : à partir du - VII siècle, date de la rédaction des textes, un animal est substitué aux sacrifices humains, notamment des enfants premiers-nés, couramment pratiqués à l'époque supposée d' Abraham.
Sacrifice d'Isaac
Moïse
Les plus anciennes légendes sur Moïse datent du XVe siècle avant notre ère. Les scribes tardifs ont compilé des légendes mésopotamiennes. Il s'agit d'une reprise à peine modifiée de la légende du roi mésopotamien Sargon 1er qui fonda le royaume d'Akkad et fut retrouvé à sa naissance abandonné dans un panier flottant sur l'Euphrate. Le récit mésopotamien est vieux de 24 siècles avant notre ère, soit dix siècles avant l'apparition des légendes sur Moïse. Si un nourrisson avait été placé dans un panier d'osier sur le Nil, avant d'être croqué par les crocodiles qui grouillaient dans le fleuve, le berceau et son nouveau-né censé avoir été découvert par une princesse égyptienne, auraient coulé, car il n'y a pas en Egypte de bitume qui aurait permis de calfater un panier en osier.

Moïse sauvé des eaux (gravure de Gustave Doré)
Il n'existe pas non plus la moindre trace de ce que 600 000 familles israélites, ou même un groupe moins important, aient été maintenus en esclavage dans le royaume égyptien, ni évidemment de leur fuite, ce qui n'aurait pas été un événement mineur et passé inaperçu, alors que tous les pharaons veillaient à ce que les évènements notables de leur règne fussent consignés par les scribes. "Nous n'avons pas la moindre trace, pas un seul mot, mentionnant la présence d'Israélites en Égypte : pas une seule inscription monumentale sur les murs des temples, pas une seule inscription funéraire, pas un seul papyrus. L'absence d'Israël est totale - que ce soit comme ennemi potentiel de l'Égypte, comme ami, ou comme peuple asservi." (La bible dévoilée)

D'ailleurs la fuite pédestre de 600 000 familles d'esclaves hors d'Egypte sous la conduite de leur chef - soit plus d'un million de personnes - ce chiffre représente presque le double de l'armée rouge commandée par le Maréchal Boudienny face aux nazis en 1941 ou les deux tiers de la population de l'Egypte de l'époque. Ce gigantesque déplacement de population est évidemment inconnu de l'histoire de l'Egypte ancienne. Et pourtant l'Egypte du temps de Ramsès II - date à laquelle cet événement est censé s'être produit - était dotée d'une administration puissamment organisée et des armées de scribes méticuleux notaient tout ce qui se passait dans le royaume: on possède d'ailleurs la trace écrite de ce que deux esclaves qui s'étaient enfuis furent activement recherchés …

Il est naturellement inutile de réfuter les miracles de la mer qui s'ouvre, les "plaies d'Egypte" qui frappèrent le royaume, etc. En revanche la pérégrination d'une telle horde de déguenillés - sur le trajet de laquelle, comme dans le cas d'Abraham, la Bible n'est pas avare de précisions - le déplacement d'une telle foule errante durant quarante ans, dis-je, n'aurait pas manqué de laisser d'innombrables traces. Or, de nombreuses campagnes de fouilles, anciennes et récentes à la recherche du moindre vestige dans le Sinaï sont restées vaines. Le désert a été fouillé et ratissé dans tous ses recoins. Rien. Pas le moindre tesson, pas le moindre squelette corroborant le récit biblique ou signalant le séjour d'un groupe humain.

Josué
De même, les nombreuses archives égyptiennes ne relèvent aucune trace d'une conquête de la province de Canaan qui dépendait de leur souveraineté - qui plus est, à la suite d'un rezzou effectué par des esclaves fugitifs. Le Pharaon le plus distrait se serait probablement aperçu qu'il venait de perdre une province de son empire et ne serait pas resté les bras croisés devant un pareil désastre. De plus, si un Josué, à la tête d'une bande de pillards avait existé, il n'aurait pas pu faire écrouler les murailles de la ville de Jéricho, dont les 10 000 habitants vivaient paisiblement depuis huit millénaires dans une ville sans murailles à l'époque où il est censé avoir sévi. Des traces de fortifications plus récentes n'ont pas eu besoin du secours d'anges joueurs de trompettes pour s'écrouler. Seule la vétusté et le manque d'entretien en sont la cause.
Jéricho

Les rapports des mythes à la chronologie sont élastiques. L'abbé Barthémy raconte en 1792, dans un livre délicieux - Voyage du jeune Anacharsis en Grèce - la découverte de l'Hellade par un jeune étudiant, ses monuments, son histoire, ses légendes et fait comprendre avec la légèreté ironique des auteurs de l'époque, les relations élastiques que les traditions populaires entretiennent avec le temps et l'histoire: "Dans ce temps-là vivait un homme qui s'appelait Enée ; il était bâtard, dévot et poltron. (…) Son histoire commence la nuit de la prise de Troie. Il sortit de la ville, perdit sa femme en chemin, s'embarqua, eut une galanterie avec Didon, reine de Carthage, qui vivait quatre siècles après lui… ".

Mais pour notre bonheur, les amours de Didon et Enée nous ont valu le magnifique opéra d'Henry Purcell.

5 - Les rois légendaires David et Salomon

Quant aux rois David et Salomon dont le règne se situerait autour du Xè siècle avant notre ère, leur portrait parfois peu flatteur dans le récit biblique accréditait l'idée qu'il était véridique. "La foi des savants dans le texte reposait surtout sur sa richesse foisonnante de détails . (...) Le souverain David ne nous est pas dépeint à l'image d'un royal demi-dieu égyptien ou assyrien, distant, parfait, au-dessus de l'humanité ordinaire. David nous est, au contraire, présenté comme un impulsif, un passionné, souffrant de faiblesses criantes que le texte ne tente nullement à dissimuler. Il profite de l'exécution de ses rivaux, il s'empare de l'épouse d'un autre homme dont il organise la mise à mort..." (Les rois sacrés de la Bible, p.115)

Le mythe de David censé avoir coupé la tête du géant Goliath (gravure de Gustave Doré)
Cependant, malgré les efforts titanesques de l'actuel Etat, qui creuse partout où il espère trouver une trace du passé mythique d'Israël pour tenter de donner une crédibilité historique aux récits bibliques, il est avéré que ces deux rois, sont largement légendaires. Ils ont, certes, existé, mais plutôt comme chefs de bande ou chefs de villages, car "à l'évidence, la Jérusalem du Xe siècle était un petit village de montagne qui dominait un arrière-pays à l'habitat dispersé" (Ibid.p.118) écrivent nos archéologues. D'ailleurs la totalité de l'Israël de l'époque (environ 1000 ans avant notre ère) ne comptait que quelques milliers de fermiers et d'éleveurs .

Quant au somptueux temple du roi Salomon , voir Le culte du veau d'or et la mondialisation,

"les fouilles entreprises à Jérusalem n'ont apporté aucune preuve de la grandeur de la cité à l'époque de David et de Salomon". Les auteurs insistent et enfoncent le clou: "Les fouilles entreprises à Jérusalem, autour et sur la colline du Temple, au cours du XIX° siècle et au début du XX° siècle, n'ont pas permis d'identifier ne serait-ce qu'une trace du Temple de Salomon et de son Palais", écrivent nos deux archéologues.

L'auteur de La Bible dévoilée conclut que "l'image que l'on se fait de Jérusalem à l'époque de David, et davantage encore sous le règne de son fils, Salomon, relève, depuis des siècles, du mythe et de l'imaginaire romanesque. "(p.208) "Il s'agit de la peinture d'un passé idéalisé, d'une sorte d'âge d'or nimbé de gloire." (p.201)

Le supposé Temple de Salomon
A partir du moment où il est établi que les tablettes de pierre ramenée par le Moïse imaginaire sont une copie d'un épisode semblable emprunté à un dieu babylonien et où les dix commandements sont une reprise du Code babylonien d'Hammourabi, le Pentateuque ou Torah ainsi que les Livres des Rois deviennent des chapitres d'une vaste épopée imaginaire racontant sur le mode héroïque l'histoire rêvée d'une petite peuplade sans histoire glorieuse, coincée entre deux fastueux empires - l'Egypte des Pharaons et les empires assyro-babyloniens - il n'existe, évidemment pas la moindre ombre de raison de lire ces textes autrement que d'un point de vue symbolique. "L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiple ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit", écrivait le Mahatma Gandhi.

Le Vatican , directement branché sur l'au-delà, comme chacun sait, a reconnu en 2002 que les règles morales prétendument attribuées à Moïse n'ont pas été dictées par Dieu et le professeur Yaïr Zakovitch, spécialiste de littérature biblique à l'université hébraïque de Jérusalem explique que "même la sortie Égypte, sous la conduite de Moïse, ne doit plus être envisagée sous l'angle historique, mais comme une fiction littéraire constitutive d'une idéologie politique et religieuse..."

Les fouilles archéologiques sont cruelles car la vérité est cruelle: rien de la grandeur mythique d'Israël n'est confirmé. Il faudra donc finir par accepter qu'Abraham, Moïse, Josué, Samuel, les Juges sont des personnages mythiques: mythiques également la sortie d'Egypte, la conquête de Canaan et la chute de Jéricho, mythique le fastueux royaume unifié du roi David , mythiques les splendeurs du palais du roi Salomon, l'homme aux 700 épouses et aux 300 concubines ... "L'objectif des auteurs est d'exprimer des aspirations théologiques et non de brosser d'authentiques portraits historiques" écrivent les auteurs de La Bible dévoilée, p.225

Les Hébreux n'ont pas eu besoin d'envahir la région à partir de l'Egypte ou d'ailleurs, puisque, depuis la nuit des temps, ils composaient l'une des petites tributs semi nomades en voie de sédentarisation, parmi des dizaines d'autres, qui se déplaçaient dans la région, comme le prouve le type d'habitat rudimentaire disposé en ovale, copié sur les campements des tribus nomades et dont on a retrouvé la trace. La ville de Jérusalem, dix siècles avant notre ère, n'était pas l'épicentre du judaïsme et la capitale d'un éclatant royaume uni, mais une modeste bourgade dans un "Royaume de Juda" pauvre et très peu peuplé, jaloux des prospères provinces du nord - la Galilée et la Samarie. L'ensemble n'a composé l'Israël ancien que tardivement - environ deux siècles après l'époque supposée des roitelets David et Salomon.

Ces deux petites principautés, sans lien organique entre elles, ressemblaient aux nombreux autres petits royaumes palestiniens qui s'étaient constitués à l'époque, à Tyr, à Damas, à Karkémish ou à Gaza et dont la population totale ne dépassait pas quelques milliers d'habitants. Ce n'est que plus d'un demi millénaire plus tard, et à la suite d'innombrables guerres dont le récit biblique a conservé la trace en les gonflant exagérément, que le rôle de la ville de Jérusalem est devenu important.

Comment et pourquoi un petit peuple de pasteurs, semblable aux innombrables tribus dont la principale activité était pastorale, s'est-il placé à l'écart des autres peuples de la région? La seule différence fournie par l'archéologie semble, a priori, dérisoire : on n'a trouvé aucun ossement de porc sur les sites qui auraient été occupés par des groupes Hébreux!

Les origines des phobies alimentaires sont imprévisibles et impossibles à déterminer. Tout le monde connaît aujourd'hui les prescriptions culinaires qui permettent de consommer une viande de porc saine. Mais à l'époque, les maladies provoquées par une cuisson insuffisante de la viande de cet animal, notamment dans les régions humides, terrifiaient les populations. Les Romains construisaient de gigantesques volières dans lesquels ils élevaient des loirs dont on sait qu'ils ne se nourrissent que de fruits et dont la viande était considérée par Lucullus comme un des mets les plus raffinés. Qui aujourd'hui accepterait de manger ces petites bêtes à longue queue faussement assimilées à des rats? Petite cause, grands effets.

Le monothéisme est lui aussi une invention tardive. Toutes ces petites cités avaient leur propre roi et honoraient leur propre dieu. Chez les Israélites, comme chez les autres peuples, il était associé à d'autres divinités. Le peuple hésitait à oublier les idoles qui avaient rendu de bons et loyaux services dans le passé, comme le prouvent les innombrables restes archéologiques et statuettes découverts auprès des villages antiques et près des points élevés - de même que les médailles et autres amulettes subsistent dans le christianisme.

Lorsque, après le règne de Salomon, au -IXè siècle, les tribus du nord se séparèrent de celles du sud pour créer le royaume d'Israël avec Sichem pour capitale alors que celles du sud avec Jérusalem pour capitale devenaient le royaume de Juda , il se créa une tradition Jahviste et une autre élohiste, "la pluralité des noms étant la trace de ce qu'il existait une pluralité des dieux" et que "Yahvé et Elohim (pluriel de Eloh, esprit ou souffle) étaient deux dieux différents, adorés par deux peuples différents", écrivent certains exégètes.


6 - Une " histoire normale " et une " histoire rêvée "

Malgré leur immense intérêt scientifique, les ouvrages d' Israël Finkelstein et de Neil Asher Silberman sont parfois déroutants et laissent une impression de malaise. En raison de l'appartenance de ces archéologues à la communauté juive, ils n'ont pas toujours le détachement intérieur qui leur aurait permis d'établir une claire distinction entre "l'histoire normale" de cette région et "l'histoire rêvée" de ses habitants.

En effet, les auteurs sont si respectueux des écrits et si imbibés des récits présentés depuis deux millénaires et demi comme historiques qu'ils les énoncent avec une sorte de vénération palpable, en parallèle à leurs découvertes drastiques sur le terrain. Les chapitres s'ouvrent d'ailleurs sur de longues descriptions de ces légendes, si bien qu'il faut une lecture patiente pour enfin arriver à l'énoncé de la réalité historique … laquelle contredit le début du chapitre, mais la synthèse n'est pas toujours clairement opérée. On les sent gênés d'être contraints, par leur conscience professionnelle de scientifiques, d'avoir à démontrer la fausseté factuelle de récits bibliques dans la mesure où ils font partie de leur identité psychique.

De plus, ces auteurs se contentent de constater des faits et n'expliquent ni quand, ni comment, ni dans quelles circonstances est né le récit mythique. Ils ne cherchent pas non plus à analyser le sens symbolique sous-jacent à ces "pieux mensonges" , ne serait-ce qu'en les situant dans le continuum politico-social de l'époque: "Suggérer que les évènements bibliques les plus célèbres ne se sont pas déroulés exactement comme les rapporte la Bible, ne prive nullement l'ancien Israël de son histoire ", écrivent-ils .

Voilà une bien étrange affirmation et un exemple frappant de la tentative des auteurs de préserver "la chèvre et le chou", si je puis dire. En effet, le fait d'avoir cru et de continuer à croire faussement à un certain récit des événements ne légitime nullement ce dernier. Un récit historique faux prive évidemment l'ancien et le nouvel Israël de son histoire au sens de l'historiographie moderne et surtout, il prive l'actuelle politique de l'Etat d'Israël de son principal argument.

Brusquement, l'histoire et le mythe, la vérité scientifique et le récit imaginaire deviedraient une soupe unique légitimée par la durée. Or, la durée ne transforme pas un récit imaginaire, inventé dans des circonstances qui feront l'objet du prochain texte, en vérité historique. Le faux reste faux et aucune hasbara ne viendra à bout de cette évidence.

Des générations de Grecs ont considéré que l'Iliade et l'Odyssée racontaient la véritable histoire des cités du Péloponnèse et des générations de juifs et de chrétiens ont lu la Bible comme LE livre de l'histoire de l'humanité et ont compté les années qui nous séparent de la création du monde par le dieu biblique.

De même, l'humanité a également cru pendant des millénaires que le soleil tournait autour de la terre. Elle a aujourd'hui accepté de changer le contenu de sa tête et il n'y a pas de raison que seuls les occupants récents de la terre palestinienne soient légitimés à remplir leur cerveau de mythes et de légendes destinés à justifier leur colonisation d'une terre ainsi que les innombrables exactions et les crimes qu'ils commettent jour après jour sur la population autochtone au nom de falsifications de la réalité historique.

La croyance au surnaturel, aux miracles et à la magie étant la chose au monde la plus universellement partagée, "quand la tradition populaire ne sait rien, elle continue de parler toujours ; elle prend alors des ombres pour des géants, des mots pour des hommes ", écrivait déjà Ernest Renan à la fin du XIXe siècle, dans la préface à son Histoire du peuple d'Israël .
Or le fait que la Bible ait, durant un temps si long, "façonné le visage de la société occidentale" ne justifie en rien qu'elle continue à prendre "des ombres pour des géants " et des mythes religieux pour des faits historiques.

En conclusion de cette première partie, un autre jugement d'Ernest Renan me semble prémonitoire: "Une nation qui a une terre à conquérir ou à défendre est toujours plus cruelle que la tribu qui n'est pas encore attachée au sol et c'est ainsi que parfois des gens excellents pendant qu'ils vivaient en famille deviennent très méchants dès qu'ils forment un peuple." (E. Renan, Ibid, t.1, p.235)

5 mars 2010

A suivre: II - Comment furent inventés le "peuple élu" et la "terre promise"



Bibliographie

Mario Liverani, La Bible et l'invention de l'histoire, 2003, trad. Ed. Bayard 2008

Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman,La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, 2001 ,trad. Ed. Bayard 2002

Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, Les rois sacrés de la Bible, trad.Ed.Bayard 2006
Ernest Renan, Histoire du peuple d'Israël, 5 tomes, Calmann-Lévy 1887

Jacques Attali: Les Juifs, le monde et l'argent, Histoire économique du peuple juif. Fayard, 2002

Hermann von Keyserling , Analyse spectrale de l'Europe, Editions Stock 1947

Abbé Barthelemy, Voyage du jeune Anacharsis en Grèce.

S. Freud, W.C. Bullit, President T.W.Wilson, portrait psychologique , Payot 2005

Lien de l'article: http://www.dieguez-philosophe.com/mariali
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La "Terre promise": "De nombreux versets du Deutéronome, de la Genèse, de l'Exode, des Nombres, du livre de Josué décrivent un territoire qu'un notaire divin aurait "promis" à un groupe de fuyards-fantômes, conduits par un guide spirituel imaginaire, qui a confié l'achèvement de sa mission à un chef de guerre fictif, lequel a réussi l'exploit de faire s'écrouler les murailles d'une ville qui n' en avait pas à l'époque supposée des évènements..."
" La chose la plus difficile au monde est de suivre à la trace n'importe quelle idée jusqu'à sa source. " (Edward Mandell HOUSE )


II - L'invention des notions de "peuple élu" et de "terre promise": Aux sources du sionisme



- 1 - Un regard sur l'actualité
- 2 - Histoire réelle et Histoire mythique
- 3 - Quelques jalons historiques
- 4 - Le roi Josias impose le monothéisme dans le Royaume de Juda
- 5 - La rédaction du Deutéronome
- 6 - Le virus morbide de "peuple élu"
- 7 - Qu'est-ce que la "Terre promise"?
- 8 - La mort de Josias et la destruction du Temple
- 9 - Conclusion


*
1 - Un regard sur l'actualité


Tout le monde se souvient de la mise en scène réalisée par un obscur sous-ministre du petit Etat d'Israël lors d'une convocation de l'ambassadeur turc et du scénario complaisamment détaillé en hébreu à l'intention de la presse convoquée pour la circonstance: un vaste et confortable fauteuil haut sur pattes au centre de la pièce dans lequel s'étalait complaisamment le petit fonctionnaire au veston débraillé et un étroit siège bas dans un coin, près de la porte, réservé au représentant du grand pays qu'est la Turquie.


Cette saynète n'est pas uniquement la manifestation de la grossièreté accidentelle d'un individu particulier, elle est la représentation, en tous points réaliste, du théâtre mental et symbolique qui se joue dans les cervelles, non seulement des dirigeants, mais des 94% des habitants qui approuvent la politique de ce microscopique Etat. L'inconscient biblique théâtralisé a brusquement débarqué sur le devant de la scène politique. D'après ce scénario, le "peuple élu" s'épanouit confortablement au centre de l'univers, tandis que le "reste du monde" est relégué en vrac dans les banlieues de la planète.



Le sous-Ministe israélien Danny Ayalon et l'Ambassadeur de la Turquie, son Excellence Ahmet Oguz Celikkol


Jamais un Etat n'avait à ce point révélé au grand jour les phantasmes qui grouillent dans les neurones de ses dirigeants. Mais si l'ambassadeur d'un Etat de quatre-vingts millions d'habitants, riche d'une culture millénaire, d'une industrie prospère et d'un prestige international de plus en plus mérité est traité avec un tel mépris par un fonctionnaire subalterne d'un étaticule né de la dernière pluie, il est facile d'imaginer les sentiments qu'éprouve le "peuple élu" pour les "arabes" qui les entourent et qui, à leurs yeux, polluent leur "terre promise " par leur seule présence sur les lieux.


Caricature non signée parue dans un journal turc (source Al-Manar)


D'ailleurs David Ben Gourion justifiait le nettoyage ethnique des Palestiniens dès juin 1938 dans une déclaration à l'agence juive, donc avant même la création officielle de l' Etat: " Je suis pour le transfert forcé. Je ne vois rien là d'immoral." (cité par Ilan Pappé, Le nettoyage ethnique de la Palestine)


Une fois obtenu le principe de la création d'un Etat, le même Ben Gourion, considéré par certains comme un "homme de paix" digne d'être honoré par l'attribution d'un lieu public à Paris, avait prévu à la fois l'objectif et les moyens de parvenir à l'éradication de la gangrène que constitue, aux yeux des colonisateurs, la présence de la population palestinienne: "A la suite de l'établissement de l'Etat et après la mise sur pied d'une grande armée, nous abolirons la partition et nous nous étendrons sur l'ensemble de la Palestine. L'acceptation de la partition ne nous engage nullement à renoncer à la Cisjordanie. On ne demande pas à quelqu'un de renoncer à son rêve. Nous accepterons un Etat dans les frontières fixées aujourd'hui - mais les frontières des aspirations sionistes ne dépendent que des Juifs et aucun facteur externe ne pourra les limiter."
Le "reste du monde", qui n'a jamais rien compris à la psychologie des sionistes et à leur rêve, n'est pas mieux traité, aujourd'hui, que l'ambassadeur de Turquie. Celui-ci n'est pas le seul, en effet, à avoir enduré l'arrogance pathologique des dirigeants sionistes. Le ministre des affaires étrangères français a accepté sans broncher de passer sous les fourches caudines de l'interdiction qui lui a été vertement signifiée d'entrer dans le bagne de Gaza et il a obtempéré piteusement. De même, le souverain pontife romain, représentant pourtant d'un milliard de chrétiens et oublieux de la parabole du bon Samaritain, a rasé le mur au sens propre et a avalé sa mitre lors de son pèlerinage récent autour des emmurés. Il s'est plié humblement à tous les oukazes de l'Etat hébreu. De même encore, moult commissaires et députés de l'évanescente et lâche Union européenne n'osent piper mot et obéissent, l'échine basse, aux interdits qui leur sont opposés.


Le pape Benoît XVI rase le mur israélien, Discours devant le mur à Bethléem, le 14 mai 2009


La mansuétude du microscopique Moloch dressé sur ses ergots et le jabot gonflé d'une morgue effrontée, est allée, après un premier refus hautain, jusqu'à permettre à la pâle représentante de la politique étrangère d'une Europe dont l'esprit de soumission n'a plus de limites, de jeter un coup d'œil sur les bagnards dont les citoyens européens financent les infrastructures sur un territoire que le "peuple élu " s'empresse immédiatement de transformer en tas de gravats dans un jeu de massacre à répétition, et sans que personne ne se lève pour crier avec colère " ça suffit! " et oblige le prédateur à payer pour ses destructions.


Aux dernières nouvelles, le secrétaire général de l'ONU, après avoir essuyé, lui aussi, un premier refus impérieux, a été finalement "autorisé", on ne sait à la suite de quelles pressions, à fouler le sol du bagne de Gaza. Mais une fois arrivé à l'aéroport, aucun membre du gouvernement hébreu n'était présent pour l'accueillir. "Je suis humilié", a gémi M. Ban Ki Moon.


Une question se pose: quelles peuvent bien être les racines psychobiologiques de l'incommensurable arrogance des membres d'un petit Etat qui vient de débarquer sur la scène internationale mais qui donne des ordres à tous les autres Etats de la planète, formule des oukazes, présente des exigences, menace qui lui plaît, détruit quand ça lui chante, tue, ravage, insulte les ministres anglais qu'il compare à des chiens, le tout dans une sorte de silence pétrifié des puissances politiques de la planète transformées en statues de sel?


De plus, d'où vient la totale et inhumaine insensibilité du bourreau qu'il est devenu à l'égard des souffrances endurées par ses victimes ?


- Le territoire, les rats et les hommes
- L'axe de l'apocalypse se rue à l'assaut du camp de concentration de Gaza.


Or, des recherches récentes en éthologie viennent de démontrer que la capacité d'empathie n'est pas le propre de l'homme (voir le Monde du 27 février 2010). Il est prouvé que les grands singes, les éléphants et d'autres mammifères sont sensibles à la souffrance d'autres animaux, même s'ils ne font pas partie de leur groupe. Les Israéliens qui approuvent à une majorité écrasante les actions criminelles de leur armée sont-ils moins aptes que des éléphants et des singes d'éprouver de l'empathie pour les souffrances qu'ils infligent à des civils désarmés, à des enfants et même à des nourrissons sous prétexte qu'ils ne font pas partie de leur tribu? Pire que la jungle, l'Etat d'Israël?






























Barbarie israélienne Empathie animale


"Si Israël ne s'est jamais lancé dans un génocide de l'ampleur de l'Holocauste, le nettoyage ethnique que cette nation inflige aux Palestiniens équivaut, moralement, à une version lente et en mode mineur des camps de la mort. J'ai du mal à comprendre comment un peuple pour lequel il a été si difficile de se relever des horreurs de l'Holocauste peut ensuite infliger à d'autres ce qu'on lui a fait " écrit le grand romancier sud-africain André Brink dans ses mémoires, intitulées Mes bifurcations (Actes Sud, Arles, 2010)


Mais il ne suffit pas de s'indigner, de décrire et même, comme le fait le grand romancier André Brink ci-dessus, d'établir des rapports judicieux avec des évènements comparables déjà survenus dans l'histoire du monde. Le comportement politique du sous-ministre humiliant un ambassadeur est une caricature de l'ensemble de la politique d'un Etat incapable de s'insérer dans la politique mondiale, d'un Etat qui tue de sang-froid, se spécialise dans une épuration ethnique aussi féroce qu'hypocrite, détruit ses voisins et va même jusqu'à pointer ses têtes nucléaires sur les Etats européens qui sont pourtant d'une servilité exemplaire à son égard. "La septième chaine israélienne a diffusé un entretien exceptionnel avec le professeur Martin Van-Crevel, spécialiste mondial de référence des guerres de basse intensité. Le professeur émérite de l'Université hébraïque de Jérusalem y a développé publiquement les propos qu'il tient depuis une dizaine d'années dans les cénacles fermés des académies militaires israéliennes et états-uniennes. "


Et que dit ce M. Crevel : "Dans le cas où les Européens s'opposeraient à une déportation [des Palestiniens], Tel-Aviv n'aura d'autre choix pour survivre que de détruire des capitales européennes sous le feu atomique, étant entendu que les Européens ne pourront pas riposter sans tuer leurs amis Palestiniens."


Il tient ce discours depuis 1998 (voir La Transformation de la guerre, Editions du Rocher, 1998) et non seulement cet individu n'a toujours pas été interné dans un asile d'aliénés, mais il se répand en conférences et en émissions de télévision sans que personne trouve à redire à ses déclarations. Il s'agit d'un homme qui se définit lui-même comme un "chien enragé ", sauf que les chiens enragés ne courent pas en liberté dans la nature. Ils sont euthanasiés.


Le Professeur Martin Van-Crevel
Qu'un fantasme militaire aussi absurde que criminel puisse bourdonner dans la cervelle d'un homme qui n'est pas un quidam de base et qui exerce une fonction de "conseil" dans la hiérarchie militaire, démontre le dérèglement mental qui a atteint aujourd'hui des échelons importants de cet Etat.


C'est afin de comprendre les origines psycho-religieuses de l'arrogance pathologique et de l'impunité dont jouit cet Etat auquel il est permis de traiter de chiffon de papier soixante sept résolutions de l'ONU condamnant sa politique de colonisation et de persécution des Palestiniens, qu'il est important de remonter à l'origine de sa séparation psychologique d'avec "le reste du monde".


Voir: Ils ont crucifié Marianne... Les nouveaux exploits de Tartuffe en Palestine


Jai donc essayé de remonter le plus loin possible dans le temps, afin de tenter de découvrir dans quelles circonstances une tribu modeste, devenue progressivement une petite nation enserrée entre deux puissants empires - l'empire égyptien d'un côté et l'empire assyrien, puis babylonien, de l'autre - s'est construit un arrière-monde mythique qui en fait une sorte de météorite chu d'une autre galaxie et impossible à intégrer dans le jeu diplomatique de la civilisation actuelle. Cet Etat se permet de ne respecter aucune règle de la morale internationale la plus élémentaire et n'obéit même pas aux réflexes de l'éthique animale récemment mise en lumière par les éthologues.


J'observerai ultérieurement comment cet arrière-monde auquel il a accroché son "rêve" s'est si bien durci dans les cervelles durant les 1900 ans d'absence de ce groupe humain de la scène politique mondiale, qu'il a façonné au fil des siècles un homo israelus psychiquement pré-conditionné par un imaginaire allogène au fonctionnement normal des Etats modernes. Il s'est rué sur le Moyen Orient comme un "chien enragé" , reconnaît-il, lorsqu'il a été autorisé à reprendre pied en Palestine. Aujourd'hui, il n'hésite plus à menacer le monde entier - à commencer par ses frileux alliés - d'un arsenal nucléaire entassé en toute illégalité mais, suprême dérision, avec l'aide hypocrite des nations qu'il menace aujourd'hui de vitrifier.
*
Avant d'en arriver à la description des circonstances qui ont présidé à la rédaction du Deutéronome, le texte fondateur de la mythologie juive, je rappellerai quelques jalons de l'histoire "normale" de la région durant les cinq siècles qui s'étendent entre le -Xe et le -Ve siècles. En effet, c'est dans un contexte politico-social précis, qu'il est essentiel de connaître, que fut élaboré le grand roman théologico-politique que constituent les écrits bibliques. Or, le Deutéronome, réputé fondateur du monothéisme, fut le premier des textes rédigés, même s'il figurera plus tard en cinquième position dans le Pentateuque ou Torah . C'est dans ce " Livre " que furent introduits dès l'origine les thèmes de "peuple élu" et de "terre promise" qui détermineront de manière définitive les relations politico-psychiques de ce peuple avec ses voisins et avec "le reste du monde". Les "Biblia - les Livres - constituant un ensemble aujourd'hui appelé "Ancien Testament", sont un patchwork de parties hétérogènes rédigées à des époques différentes par des scripteurs différents et réunies dans un ordre grossièrement chronologique afin de leur donner à l'ensemble un semblant de cohérence. Mais ces textes sont à l'histoire de cette population ce que la légende arthurienne est à l'histoire de la France.


2 - Histoire réelle et histoire mythique


Qui sont les rédacteurs de la fiction biblique appelée Ancien Testament, dans quel but, quand et dans quel contexte cette fiction a-t-elle vu le jour?


L'historien italien Mario Liverani, dont j'ai déjà parlé dans mon précédent texte, apporte à ces questions les réponses les plus logiques, les mieux argumentées et les plus crédibles qui peuvent être présentées dans l'état actuel de la science historique. Son ouvrage capital bouleverse l'historiographie biblique qui en était plus ou moins restée à Ernest Renan et à sa volumineuse Histoire du peuple d'Israël en cinq volumes parue en 1887.


Il ne s'agit évidemment pas, tant dans l'ouvrage de Liverani que dans le présent article, de jeter négligemment aux poubelles de l'histoire les récits non historiques de l'Ancien Testament et de n'y voir qu'un tissu de mensonges. Les récits bibliques sont une loupe qui permet, non seulement de lire, mais de comprendre le présent. Littéralement parlant, il s'agit, en effet, d'affabulations pour certaines des péripéties relatées, de grossissements volontaires à des fins politiques ou religieuses d'un petit évènement réel pour d'autres et enfin, de mythes pour les plus intéressants.


Voir: Aux sources du sionisme : La Bible et l'invention de l'histoire d'Israël


Le mythe n'est pas dans l'histoire. Il est l'histoire, car il crée l'histoire. Il est hors du temps ordinaire car il est le temps universel et il dévoile une vérité universelle. Le récit n'est que le support matériel de circonstance destiné à véhiculer cette vérité. C'est pourquoi le mythe ne recherche pas la vraisemblance. Peut-on voler le feu du soleil ? La réponse est évidente. C'est pourquoi Prométhée n'est pas un vrai voleur d'un vrai feu, Icare n'avait pas de vraies ailes de cire qui auraient fondu parce qu'il s'est imprudemment approché du soleil, Sisyphe n'a pas passé sa vie à soulever un vrai rocher et une femme nommée Sara, vieille épouse d'un homme appelé "Père de la multitude" - Abraham - n'a pas enfanté à l'âge canonique de cent ans.


Les évènements miraculeux ne sont pas des matériaux historiques. C'est pourquoi le mythe des deux enfants d'Abraham parle de tout autre chose que de la parturition miraculeuse d'une vieille épouse légitime et d'une jeune servante . Abraham est une métaphore du Créateur-géniteur. Il est donc le père de tous les peuples - notamment des peuples de la région. Mais attention, les "fils", donc les peuples, ne sont pas égaux, dit le mythe: l'un est le fils de la femme légitime, tandis que l'autre est né d'une union ancillaire.


Contrairement aux codes antiques les plus respectés, qui donnent automatiquement la préséance à l'aîné, c'est le cadet, Isaac, qui deviendra le fils préféré, puis le successeur du père, donc le nouveau maître des lieux. Ismaël, issu d'une servante, sera, dit le mythe, son domestique et devra lui obéir. Comme dans la saynète de sous-ministre et de l'ambassadeur, Isaac officiera "en-haut" et Ismaël sera relégué "en-bas".


On voit que la mise en scène décrite en introduction vient du plus profond de l'inconscient religieux des israélites.


Sarah amenant Agar à Abraham, Mathias Stomer, ère moitié 17e siècle, Musée Condé à Chantilly


Le mythe d'Abraham contient donc en germe la politique actuelle au Moyen Orient. Il donne son sens rétroactif à l'arrogance originelle des Israéliens qui se posent en descendants du fils de la femme légitime, donc en maîtres, face aux Palestiniens en particulier et à tous les Arabes en général, considérés par eux comme étant les descendants du fils d'une domestique et donc destinés à servir le peuple légitime.


De plus, le mythe se vante de ce que le "peuple élu" n'est jamais un arbre si desséché qu'il ne parviendrait plus à reverdir. Les deux vieux époux centenaires sont toujours assez gaillards pour s'adonner aux plaisirs de la chair et rien ne leur est impossible. Même un pied dans la tombe, le peuple miraculeux continuera à enfanter.


En revanche, les récits concernant David et Salomon ne sont pas des mythes, mais de faux récits historiques relatant des récits d'exploits outrageusement gonflés à partir de légendes transmises oralement, embellies, romancées et destinées à offrir à une nation en train de se créer un glorieux passé auquel se référer.


3 - Quelques jalons historiques


J'ai montré, dans le précédent texte à quel point la subjectivité des archéologues Israël Finkelstein et Neil Asher Silbermann était omniprésente dans le compte-rendu de leurs travaux. Mario Liverani est beaucoup plus rationnel et rigoureux que les deux archéologues américains et son extraordinaire érudition en fait un modèle de rigueur, pour l'instant non dépassé, dans son approche laïque, rationaliste et critique du récit biblique d'un point de vue strictement historique.


Il rejoint dans une première partie, par des voies différentes, les conclusions opérées sur le terrain par les archéologues de La Bible dévoilée, mais il le fait en historien qui s'attache à décrire ce qu'il appelle "l'histoire normale" des populations qui ont vécu sur le territoire cananéen en la situant dans l'histoire globale de la région, dont elle est évidemment tributaire et sans se contenter d'une paraphrase des textes bibliques qu'il ne cite que pour montrer le passage de "l'histoire normale" à "l'histoire rêvée". Ce seul fait constitue une immense originalité par rapport aux innombrables histoires d'Israël en circulation. De plus, dans une seconde partie de son gros ouvrage, il analyse les conditions et les objectifs de "l'histoire inventée". Il rend le récit signifiant et décode les motivations des fausses constructions historiques.


Le tableau de la région qui se dessine à partir des nouvelles études bibliques présente, à l'origine, des cités-Etats prospères dans les plaines de Samarie au nord et de villages pauvres et peu peuplés dans le sud plus montagneux. Il s'agit d'entités sociales très modestes unies par des liens de parenté et des accords de voisinage au sujet de l'utilisation des zones de pacage des troupeaux, comme il est confirmé par les vestiges archéologiques.


Vers le - IX siècle, un véritable Royaume d'Israël se crée dans la prospère province de Samarie autour de la dynastie de Omrides, tandis que Royaume de Juda, continue à ne regrouper, au sud, que des tribus récemment sédentarisées. Il demeure au stade archaïque d'une grosse chefferie avec des roitelets locaux, d'ailleurs vassaux du royaume de Samarie. La "capitale" de Juda, Jérusalem, n'est qu'un village à peine plus important que les villages voisins, avec des habitations disséminées.


Mais en - 722 la riche province du nord est ravagée par l'incursion des armées assyriennes conduites par le roi Sargon II. La Samarie vaincue est complètement vidée de ses habitants originels et ne se remettra jamais de ce désastre. Cette invasion signe l'acte de décès d'un Royaume d'Israël indépendant.



Sargon II


Les Assyriens avaient trouvé une méthode radicale d'éviter la renaissance de mouvements nationalistes : ils déportaient en bloc tous les habitants des contrées conquises et les remplaçaient manu militari par le transfert de populations originaires d'une autre province soumise. C'est ainsi que la capitale Samarie fut repeuplée par des Babyloniens tandis que l'élite du royaume omride ainsi qu'une grande partie de la population du royaume du Nord furent conduits à Babylone. Ce fut la première captivité à Babylone d'une partie du peuple hébreu. La haine des scribes de Juda pour tout ce qui touchait au Royaume d'Israël a occulté ce premier désastre. Seule comptera la deuxième captivité , parce qu'elle concernera les habitants de Juda.


L'empire assyrien n'avait pas l'intention de créer un désert économique dans les provinces conquises, si bien que les déportations croisées se faisaient par groupes familiaux et même par villages entiers. Mario Liverani cite des documents assyriens qui révèlent à quel point l'empire assyrien était méticuleusement et puissamment organisé: "Des gens des quatre parties du monde, de langue étrangère et de dialectes incompréhensibles, habitants des montagnes et des plaines, (…) je les transportai, sur l'ordre d'Assour, mon Seigneur, et par la puissance de mon sceptre. Je les fis devenir une seule langue et je les installai là. Comme scribes et surveillants, je leur assignai des Assyriens, capables de leur enseigner la crainte de Dieu et du roi." (Liverani, p. 206)


C'est ainsi que les furent créés les Samaritains, vomis par les textes bibliques, même lorsqu'ils adoptèrent la religion jahviste, mais dont les Evangiles louent la charité et la générosité.


" Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba dans les mains des brigands, qui le dépouillèrent, le rouèrent de coups et s'en allèrent, le laissant à demi-mort. Un Sacrificateur, qui fortuitement descendait par le même chemin, ayant vu cet homme, passa outre. Un Lévite, qui arriva aussi dans ce lieu, l'ayant vu, passa outre. Mais un Samaritain, qui voyageait, étant venu là, fut ému de compassion lorsqu'il le vit. Il s'approcha et banda ses plaies... puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie, et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux deniers, les donna à l'hôte (c'est-à-dire au gérant de l'auberge) et dit: aie soin de lui et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour. " (Luc 30-36)


Les malheurs du Royaume d'Israël profitèrent au Royaume de Juda. Celui-ci connut alors un important boom démographique, grâce à l'immigration des fuyards du nord qui refusaient la déportation à Babylone ou l'assimilation. Mais en même temps, une collaboration économique s'établit entre Juda et l'empire assyrien. Elle bouleversa une structure sociale archaïque qui avait peu changé depuis les temps rustiques de David et de Salomon. Un Etat centralisé commença de naître. L'accroissement de la population permit le développement de l'artisanat et la richesse de Jérusalem s'accrut spectaculairement.


Un temple de dimensions modestes, dont on pense qu'il fut construit, non pas par Salomon, mais par le roi Joas (-IXe siècle), petit-fils de la reine omride Jezabel - dont Racine a si bien transcrit les tourments - fut rénové et agrandi. Mais les fouilles archéologiques n'ont trouvé aucune trace de ce premier temple, même si quelques vestiges de trois lieux de sacrifices qui pourraient dater de cette époque, ont été découverts. Comme Jérusalem était devenue un centre relativement important sous les rois Ezéchias (-716 à -687) et surtout Josias (-640 à -609), il est admis qu'un temple existait à cette époque et que ces deux rois l'ont considérablement agrandi, enrichi et embelli.


Alors que depuis le - IXe siècle Jahvé était déjà considéré comme le dieu "national" des Hébreux du sud tout en partageant, officiellement, cette fonction avec les autres dieux locaux, notamment Baal ou Ashera, le roi de Juda, Ezéchias tenta d'opérer une première centralisation religieuse autour de son culte. En même temps se diffusaient dans les campagnes, "par capillarité", écrit Mario Liverani, divers cultes de la fertilité "que la religion Jahviste officielle ne saurait avoir écartés sans courir le risque d'être totalement marginalisée" (p.171).


Sur le plan politique, ce roi prit la tête d'une révolte ouverte contre les Assyriens. S'alliant aux roitelets voisins et à l'Egypte, il constitua une ligue anti-assyrienne. Mais l'Assyrie réagit violemment et écrasa tous les conjurés. Le roi de Juda, Ezéchias, n'échappa à la catastrophe de la destruction de sa capitale qu'en acceptant, dans un premier temps, le versement d'un important tribut à l'empire assyrien.


"Quant à Ezéchias de Juda qui ne s'était pas soumis à mon joug, j'assiégeais 46 de ses villes fortifiées et entourées de murs, et les petites villes des environs, sans nombre, au moyen de l'assaut sur des ponts et de l'attaque par des machines de guerre, au moyen des combats de fantassins, au moyen de brèches, de sapes, de bouleversements, et je les conquis... je l'enfermai lui-même (Ezéchias) comme un oiseau en cage dans Jérusalem sa résidence. J'élevai des bastions contre lui, et à quiconque sortait de ses portes je fis payer son méfait. Les villes que j'avais dépouillées, je les détachai de son territoire et je les donnai à Mitinti, roi d'Ashdod, à Padi, roi d'Acaron, à Sil Bel, roi de Gaza et ainsi je diminuai son territoire... Quant à lui, Ezéchias, la splendeur de ma majesté le renversa et il fit livrer à ma suite les Urbi et les soldats d'élite que pour défendre sa résidence à Jérusalem il avait introduit et pris comme troupes auxiliaires, en même temps que 30 talents d'or, 800 talents d'argent... et pour livrer son tribut et me rendre hommage il envoya ses messagers. " (Cylindre de Taylor, document assyrien)


Sennacherib


Ce qui, dans les écrits bibliques devient:


"En la quatorzième année du roi Ezéchias, Sennachérib, roi d'Assyrie, monta contre toutes les villes fortes de Juda et s'en empara. Alors Ezéchias, roi de Juda, envoya ce message au roi d'Assyrie, à Lakish : "J'ai mal agi ! Détourne de moi tes coups. Je me plierai à ce que tu m'imposeras." Le roi d'Assyrie exigea d'Ezéchias, roi de Juda, 300 talents d'argent et 30 talents d'or, et Ezéchias livra tout l'argent qui se trouvait dans le Temple de Yahvé et dans les trésors du palais royal. C'est alors qu'Ezéchias fit sauter le revêtement des battants et des montants des portes du sanctuaire de Yahvé, que le roi de Juda, avait plaqués de feuilles d'or, et le livra au roi d'Assyrie." (2R 18, 13-16)


La description qui sera faite d'un mythique temple de Salomon et des placages de feuilles d'or sur les murs, doit beaucoup au souvenir des embellissements rutilants effectués par Ezéchias et à la nostalgie de leur perte.


En fin de compte, la campagne assyrienne triomphalement commencée se termina de manière inattendue par la déroute de l'armée de Sennacherib. Des révoltes sporadiques éclataient ça et là dans les provinces conquises d'un empire devenu immense et difficile à protéger partout à la fois, si bien que les troupes se trouvaient disséminées en des endroits éloignés les uns des autres.


Carte de l'empire assyrien à l'époque du roi Ezéchias


Mais l'historien grec Hérodote d'Halicarnasse (-Ve siècle) donne une explication plus surprenante de la soudaine défaite des Assyriens : une invasion de leur camp par des rats qui rongeaient, dit-il, tous les équipements de cuir, sans parler de la peste qu'ils propageaient. Ce fléau, tout en ravageant les rangs de l'armée, terrifiait des troupes superstitieuses qui l'attribuaient à la colère de leur dieu. La superstition était identique chez les Judéens, mais comme la situation tournait en leur faveur, il ne pouvait s'agir que d'une intervention bienveillante de leur dieu. Les troupes égyptiennes alliées des Judéens l'attribuaient, elles, à la puissance de leur propre divinité.


Dans le récit biblique, cet épisode devient:


"Cette même nuit, l'Ange de Yahvé sortit et frappa dans le camp assyrien 185.000 hommes. Le matin, au réveil, ce n'étaient plus que des cadavres. 36 Sennachérib roi d'Assyrie leva le camp et partit. Il s'en retourna et resta à Ninive. 37 Un jour qu'il était prosterné dans le temple de Nisrok, son dieu, ses fils Adrammélek et Saréçer le frappèrent avec l'épée et se sauvèrent au pays d'Ararat. Asarhaddon, son fils, devint roi à sa place. " (2R 19, 35-37)


A Ezéchias succéda le long règne de 45 ans de son fils, Manassé, durant lequel le Royaume de Juda fut le siège d'une contre-réforme réforme religieuse qui avait vu revenir les dieux multiples. D'autre part, Manassé avait accepté une politique de soumission totale à l'Assyrie et il avait tourné le dos, dans tous les domaines, à la politique de son père. C'est durant cette période que le prophète Isaïe sera mis à mort.


Après un court intermède d'un roi Amon, rapidement assassiné, le trône de Juda revint à un roi de 8 ans, né en -640 . Dès qu'il fut en âge de régner par lui-même, Josias revint avec vigueur à la politique religieuse d'Ezéchias .


4 - Le roi Josias impose le monothéisme dans le royaume de Juda


Le règne de ce roi, une fois passé le temps de régence, constitue le tournant décisif dans l'instauration du monothéisme nationaliste hébreu et le point de départ de la rédaction des textes bibliques. Ces textes connurent des versions différentes, car leur écriture s'échelonnera sur plusieurs dizaines d'années. On sait que les rédactions en furent plusieurs fois modifiées au gré des développements politiques, mais on ne possède aucune trace des diverses versions.


En effet, les conséquences de la chute du Royaume de Samarie et les importants développements économiques et sociaux qui se produisirent dans le Royaume de Juda s'accompagnèrent d'un radical changement d'attitude de la hiérarchie religieuse du temple de Jérusalem. Le déclin de l'empire assyrien laissera les mains libres à Josias pour procéder à une puissante centralisation des pouvoirs dans tous les domaines. C'est ainsi qu'il imposera avec une poigne de fer de profondes religieuses, tant dans son royaume de Juda qu'en Samarie, le déclin de l'Assyrie lui ayant permis de prendre le contrôle de cette province.


Josias et les lévites de son entourage qualifièrent d'impies les nombreux cultes particuliers qui continuaient d'être pratiqués tant au nord qu'au sud. Les sanctuaires périphériques furent détruits et le dieu Elohim des Samaritains disparaîtra au profit de Jahvé. Josias "ordonna […] de retirer du sanctuaire de Jahvé tous les objets de culte qui avaient été faits pour Baal, pour Asheraet pour toute l'armée du ciel […]. Il supprima les faux prêtres que les rois de Juda avaient installés et qui sacrifiaient […] à Baal, au soleil, à la lune, aux constellations et à toute l'armée du ciel. […] Il démolit la demeure des prostituées sacrées, qui était dans le temple de Jahvé"


Un monothéisme rigoureux et intransigeant devint progressivement la norme. Ce fut la grande réforme jahviste de Josias centrée sur un seul lieu de culte légitime : le temple de Jérusalem. La reprise en mains religieuse et politique fut favorisée par un affaiblissement de l'empire assyrien en butte, de son côté, à des attaques des Mèdes et des Scythes. D'ailleurs sa capitale, Ninive, sera prise en -612.


La restauration amorcée par le grand-père de Josias, Ezéchias, fut poursuivie et amplifiée. Elle s'est accompagnée de l'élaboration d'une orthodoxie tatillonne, fourmillante de rites cultuels imposés non seulement aux habitants de Juda, mais également à tous les israélites qui étaient demeurés dans le nord sous la férule assyrienne.


Certains biblistes parlent à ce propos de "naissance du monothéisme" et de la "civilisation judéo-chrétienne". Ce sont des affirmations aussi audacieuses qu'erronées comme le révèle la plus ancienne tradition égyptienne figurant dans Le Livre des morts.


L'idée d'un monothéisme universel existait deux millénaires avant que les prêtres-lévites du temps de Josias la théorisent et la rapetissent au profit d'une seule tribu. "Tu es l'unique, le Dieu des tout premiers commencements du temps, l'héritier de l'immortalité, par toi seul engendré, tu t'es toi-même donné naissance ; tu as créé la terre et a fait l'homme" est-il écrit dans Le Livre des Morts égyptien dont les manuscrits furent trouvés dans les tombes de pharaons ayant vécu 2600 av. J.-C, soit 2000 ans avant la réforme de Josias.

" Tourne vers moi ta face Soleil levant
qui éclaire nos deux royaumes de ta beauté.
Toi, la lumière des hommes,
Tu chasses les ténèbres de l'Egypte
Tu as la même apparence que : " ton père Rê "
qui se lève chaque matin au ciel.
Tes rayons pénètrent jusqu'au fond des cavernes obscures
et aucun endroit n'est privé de ta splendeur
Tu entends les paroles et langages de tous pays,
car tu as ... des millions d'oreilles !
Ton oeil est plus brillant que les étoiles du ciel
Ta vue est meilleure que celle du soleil.
Même ce que prononce celui qui se cache dans la caverne
parvient jusqu'à tes oreilles,
et si l'on fait quelque chose de caché,
ton oeil le verra néanmoins,
fils aîné du Dieu Maître de l' Univers … ".


Dés que l'écriture fut décryptée, les premiers égyptologues - Erik Hornung Eugène Grébaut, ou Auguste Mariette - admirent que "les multiples dieux égyptiens ne sont qu'une des manifestations possibles de l'Unique, du Suprême". En 1885 l'allemand Carl Lepsius écrira dans le premier volume de son oeuvre intitulée La religion et la mythologie des anciens Egyptiens : "J'exprime la conviction que dès les premiers temps, les Egyptiens adoraient le Dieu unique, anonyme, incompréhensible, Eternel dans sa plus haute pureté..."


Ainsi, Atoum, Rê, Ptah, Amon, Aton, Neith, Isis et Osiris ne sont que les représentants locaux et temporaires du Grand Dieu Eternel qui régit l'Univers avec ses trois principes : amour, justice et vérité.


Une forme de monothéisme existait également dans l'empire assyrien: selon un mode de fonctionnement religieux très proche de celui de la religion égyptienne, les dénominations particulières des divinités n'étaient que des aspects ou des fonctions du même dieu Mardouk:



"Urash est Mardouk de la plantation
Lugalidda est Mardouk de l'abîme
Ninurta est Mardouk du sommet
Zabada est Mardouk de la guerre
Enlil est Mardouk de la seigneurerie et de la consultation
Nabu est Mardouk de la comptabilité
Sin est Mardouk qui illumine la nuit
Shamash est Mardouk de la justice
Adad est Mardouk de la pluie
Tishpak est Mardouk des troupes
Shuqamuna est Mardouk qui contient."
(Cité par Liverani, p.281)
Le christianisme retrouvera ce mécanisme avec, par exemple, l'apparition d'innombrables Vierges Marie locales, mais chaque fois sous les formes et des vêtements spécifiques: on aura ainsi la Vierge de Lourdes, celle de la Salette, de Fatima, de Czestochowa, de Medjugorge, etc, pour n'évoquer que les plus célèbres en Occident, soit plus d'une cinquantaine d'avatars dans le monde entier. Mais toutes ces Vierges Marie sont réputées n'être qu'une seule et même mère de Jésus-Christ.


5 - La rédaction du Deutéronome


Le Deutéronome, cinquième Livre actuel de la Thora , mais rédigé en premier, prenait pour modèle les codes de vassalité assyriens : Jahvé sera le maître d'Israël comme Mardouk représenté par l'empereur était le maître de l'empire assyrien.


Du point de vue de la politique intérieure et du prestige de la Judée de l'époque, Josias fut son seul grand roi. C'était un homme politique avisé. Il avait compris que théologie et politique sont les deux faces d'un même pouvoir et qu'un gouvernement fort exige une unité psychique sans faille, qui peut se résumer par le triptyque : un seul Dieu, Jahvé, un seul sanctuaire, celui du Temple de Jérusalem, un seul pouvoir centralisé autour celui du roi. "Gouverner, c'est régner sur les imaginations", dira Necker. Cette phrase aurait pu être la devise de Josias.


Tous les pouvoirs forts suivirent d'ailleurs cette même politique d'unité nationale qui va de pair avec l'unité des imaginaires religieux. Les rois espagnols expulsèrent de leur royaume les juifs, même convertis au catholicisme, et les protestants et Louis XIV imposa une stricte orthodoxie religieuse en révoquant l'édit de Nantes qui accordait le droit de culte aux protestants et revint sur sa politique de tolérance des débuts de son règne à l'égard des juifs.


Les lévites du Temple s'attachèrent à cimenter les énergies et les imaginaires; et pour cela, de conserve avec le pouvoir du roi, ils conçurent et commencèrent à rédiger une grande saga destinée à donner naissance à un nationalisme susceptible de résister victorieusement à un empire assyrien déclinant. Il fallait galvaniser le peuple en lui offrant des modèles héroïques susceptibles de susciter une émulation dans la population. Les "aventures" de Moïse, de David, de Salomon, de Josué furent scénarisées comme des peplums hollywoodiens avant la lettre et contiennent le même pourcentage de vérité historique.


En même temps l'union mentale du peuple fut subsumée par l'introduction dans les récits de la notion de "peuple élu". Un grand objectif nationaliste lui fut présenté: la conquête d'une "terre promise". Il faut garder présent à l'esprit que les premiers livres du Deutéronome constituent une littérature de résistance rédigée dans un objectif politique immédiat, celui de mobiliser et d'unifier les énergies de la nation.


Il faut reconnaître également que les lévites du Temple étaient déjà pourvus d'un solide sens de la communication, dont on verra que leurs successeurs feront merveille au XXe siècle. Un stratagème digne de l'ampoule de saint Janvier à Naples dont le sang coagulé se liquéfie à date fixe ou de la nourriture avalée par la statue de Bel des Assyriens dont parlera le prophète Daniel, fut mis au point. Au cours de travaux dans les souterrains du Temple, "on" découvrit un livre "oublié de tous" qui était censé contenir une version ancienne d'un "Livre de la Loi" et qui serait une version originelle du Deutéronome.


A une époque où l'écriture était peu pratiquée en Palestine et les "textes écrits" aussi rares qu'une pépite d'or dans le désert de Gobi, cette "découverte" présente toutes les caractéristiques d'une ruse destinée à donner une réalité quasi miraculeuse et une confirmation divine à ladite "découverte".


"On voit d'emblée l'expédient, écrit Mario Liverani: retrouver un manuscrit " antique " pour conférer tout le poids de la tradition antique et son autorité à ce qui devait être une réforme novatrice. Mais il est surtout important de constater la coïncidence temporelle de cette réforme avec le déclin de l'autorité impériale assyrienne. Bref, Josias saisit l'opportunité de remplacer une dépendance et une fidélité promises au seigneur terrestre, l'empereur, par une dépendance et une fidélité au seigneur divin, Jahvé . " (Liverani, p. 238)


Dans le Deutéronome, l'épisode est ainsi rapporté:


"Le grand prêtre Hilqiyyahu dit au secrétaire Shaphân : "J'ai trouvé le livre de la Loi dans le Temple de Yahvé." Et Hilqiyyahu donna le livre à Shaphân, qui le lut. Le secrétaire Shaphân vint chez le roi et lui rapporta ceci : "Tes serviteurs, dit-il, ont fondu l'argent qui se trouvait dans le Temple et l'ont remis aux maîtres d'oeuvres attachés au Temple de Yahvé. Puis le secrétaire Shaphân annonça au roi : "Le prêtre Hilqiyyahu m'a donné un livre" et Shaphân le lut devant le roi." (2R 22 , 8-10)


La profonde réforme religieuse de Josias donna naissance à une religion qui se prêtait à une interprétation férocement nationaliste. Car, à partir de récits, de légendes, de mythes - y compris de mythes appartenant aux peuples voisins comme celui de la découverte du nourrisson Moïse sur le Nil - à partir de débris d'anciennes coutumes, de chants, de poèmes transmis oralement de génération en génération depuis des siècles ou de quelques récits fragmentaires, les lévites du Temple recréèrent une histoire nationale héroïque et glorieuse entièrement inventée, comme le révèlent les recherches archéologiques récentes.


Voir: Aux sources du sionisme : La Bible et l'invention de l'histoire d'Israël


Ils y intégrèrent la prise en compte des préoccupations politiques et territoriales provoquées par les conflits contemporaines avec les empires ou les tribus voisins et notamment la nécessité de conquérir les territoires limitrophes . C'est pourquoi figure dans le texte, sous forme d'injonctions du Dieu, toute la masse des ambitions et des frustrations du royaume de Juda de l'époque face à ses voisins et rivaux immédiats dont il lorgnait les terres et face aux deux puissants empires dont il se sentait menacé : l'Egypte d'un côté et l'Assyrie, de l'autre.
Les petits royaumes de la région du temps de Josias ( Source Wikipedia)
L'objectif politique n'était pas aisé à atteindre. Afin de galvaniser les énergies, des incitations aux crimes et aux génocides des populations voisines sont exprimées dans le Deutéronome de la manière la plus crue et la plus réaliste . Comme toujours en pareil cas, c'est aux sentiments les plus racistes et les plus xénophobes que le pouvoir politique et son bras séculier font appel.


C'est pourquoi le Jahvé créé par les prêtres Judéens est évidemment le reflet du psychisme des lévites du temps de Josias et du roi lui-même. Ce Jahvé-là est leur image au miroir. En auteurs d'un roman national, ils ont dessiné en creux leur propre silhouette et en ont fait la bouche d'ombre de leur propre mentalité. Mais ils n'auraient pas pu l'imposer si elle n'avait pas correspondu à la mentalité du peuple.


Car le Deutéronome est non seulement un code religieux implacable, il est également une manière de code civil. Il prescrit l'observance des fêtes nationales (la Pâque, les Tabernacles), il interdit les "mariages mixtes" et impose la protection des faibles et des indigents, mais uniquement à condition qu'ils fissent partie de la communauté.


Et que font dire les lévites du Temple à ce Jahvé-là dans le Deutéronome?


"Lorsque Jahvé ton Dieu, aura supprimé les nations chez lesquelles tu vas pour les déposséder devant toi, quand tu vas pour les déposséder devant toi, quand tu les auras dépossédées et que tu habiteras dans leur pays… " [Dt 12, 29]


Et voilà décrite la situation du peuple palestinien dépossédé par des colons venus d'ailleurs. Mais il ne suffit pas de voler les autres peuples, Jahvé prescrit de les humilier, avant de les exterminer:


"Sache aujourd'hui que l'Éternel, ton Dieu, marchera lui-même devant toi comme un feu dévorant, c'est lui qui les détruira, qui les humiliera devant toi; et tu les chasseras, tu les feras périr promptement, comme l'Éternel te l'a dit." (Dt IX , 3).


Les 80 millions d'Egyptiens et les Jordaniens devenus des quasi vassaux du petit Israël qui dirige leur politique extérieure, en savent quelque chose. Jahvé est le Dieu de la guerre d'un petit Etat qui cherche désespérément à étendre son territoire .


"Mais dans les villes de ces peuples dont l'Éternel, ton Dieu, te donne le pays pour héritage, tu ne laisseras rien vivre de ce qui a souffle de vie. Car tu devras les vouer à l'anathème, les Hittites, les Amoréens, les Cananéens, les Périzzites, les Hivvites, et les Jébusiens, selon ce que t'a commandé Jahvé ton Dieu, te l'a ordonné…. " [Dt 20,16-18]
"Jahvé me dit : Vois, j'ai commencé de livrer Sihon et son pays à ta merci. [...] Sihon sortit à notre rencontre lui et tout son peuple pour le combat. Jahvé, notre Dieu, nous le livra, et nous le battîmes, lui et ses fils, et tout son peuple. Nous nous emparâmes alors de toutes ses villes, et nous vouâmes chaque ville à l'anathème, hommes, femmes et enfants, nous n'avons pas laissé de survivant. C'est seulement le bétail que nous prîmes pour nous en butin." [Dt, 2, 31- 36]
" Og Roi du Bachân sortit à notre rencontre, avec tout son peuple, pour nous combattre à Edréi. Jahvé me dit: ne le crains pas, car je l'ai livré entre tes mains, ainsi que tout son peuple. ; nous le battîmes au point de ne laisser aucun survivant . Nous nous emparâmes de toutes ses villes .(…) Nous les vouâmes à l'anathème. (…) Mais tout le bétail et les dépouilles des villes, nous les prîmes pour nous en butin." [Dt, 3, 1-8 ]


Comme on le voit, Jahvé est un Dieu pousse-au-crime à l'égard des peuples voisins. Il possède, en outre, un œil de pilleur de ruines et de maquignon et n'oublie jamais de mettre la main sur le bétail .


" Lorsque l'Eternel, ton Dieu, t'aura fait entrer dans le pays dont tu vas prendre possession, et qu'il chassera devant toi beaucoup de nations, les Héthiens, les Guirgasiens, les Amoréens, les Cananéens,les Phéréziens, les Héviens et les Jébusiens, sept nations plus nombreuses et plus puissantes que toi; lorsque l'Eternel, ton dieu, te les aura livrées et que tu les auras battues, tu les voueras à l'anathème, tu ne traiteras point d'alliance avec elles, et tu ne leur feras point grâce. Tu ne contracteras point de mariage avec ces peuples, tu ne donneras point tes filles à leurs fils, et tu ne prendras pas leurs filles pour tes fils; car ils détourneraient de moi tes fils, qui serviraient d'autres dieux, et la colère de l'Eternel s'enflammerait contre vous: il te détruirait promptement. " [Dt, 7, 1-5]


Par l'intermédiaire de ses hécatonchires disséminés dans les pays occidentaux, Israël a efficacement poussé l'Amérique à détruire l'Irak. L'orgueilleuse Babylone delenda est deux millénaires après la déportation des Judéens. Ninive n'est plus qu'un tas de ruines. Seule la Perse résiste encore malgré les efforts déployés par les innombrables petites mains qui oeuvrent dans les chancelleries occidentales. La vengeance est un plat qui se mange froid. Après une parenthèse de deux millénaires, l'Israël d'aujourd'hui prend sa revanche sur les vainqueurs du roi Josias.


Car Jahvé est un tyran cruel. Il n'éprouve pas une ombre de pitié pour les vaincus et préconise l'extermination des prisonniers.


"Tu voueras à l'anathème tous les peuples que l'Eternel, ton Dieu, va te livrer, tu ne jetteras pas sur eux un regard de pitié [...] L'Eternel, ton Dieu, enverra même les frelons contre eux, jusqu'à la destruction de ceux qui échapperont et qui se cacheront devant toi. [...] L'Eternel, ton Dieu, te les livrera; et il les mettra complètement en déroute, jusqu'à ce qu'elles soient détruites." [Dt, 7, 16, 20-25]


Un Jahvé génocidaire est censé donner les conseils les plus pervers : surtout ne pas "achever" immédiatement les vaincus et en bloc, mais les exterminer doucettement, hypocritement, par petits paquets. On voit que la directive biblique est aujourd'hui consciencieusement appliquée à Gaza. L'Israël actuel s'est employé à "créer une grande panique" d'entrée de jeu, en procédant à un bombardement massif producteur d'un grand massacre. Puis il a bouclé hermétiquement le plus gigantesque ghetto jamais créé sur la planète et a condamné les survivants à une misère physique et psychique destinées à les anéantir à petit feu. Les nombreux produits chimiques mortifères déposés dans le sol lors des explosions d'armes prohibées par les lois internationales, mais employées sans vergogne par cet Etat, accélèreront le délabrement physique des habitants. Pour faire bonne mesure, l'Etat disciple des conseils des lévites enverra ses frelons bibliques sous la forme de drones vrombissants et meurtriers.


" Et même le seigneur ton Dieu leur enverra le frelon jusqu'à la disparition de ceux qui resteraient et se cacheraient devant toi. Ne tremble pas devant eux, car il est au milieu de toi, le seigneur ton Dieu, un Dieu grand et terrible. Le seigneur ton Dieu chassera ces nations devant toi peu à peu : tu ne pourras pas les achever aussitôt, car autrement les animaux sauvages deviendraient trop nombreux contre toi. Pourtant le Seigneur ton Dieu te livrera ces nations et jettera sur elles une grande panique jusqu'à ce qu'elles soient exterminées. Il livrera leurs rois entre tes mains, tu feras disparaître leur nom de sous le ciel ; aucun ne tiendra devant toi, jusqu'à ce que tu les aies exterminés. " [Dt 7,20-25]


Même le rêve de domination mondiale est théorisé :


"Écoute, Israël! Tu vas aujourd'hui passer le Jourdain, pour te rendre maître de nations plus grandes et plus puissantes que toi [...] d'un peuple grand et de haute taille, les enfants d'Anak [...] Sache aujourd'hui que l'Eternel, ton Dieu, marchera lui-même devant toi comme un feu dévorant; c'est lui qui les détruira, qui les humiliera devant toi; et tu les chasseras, tu les feras périr promptement, comme l'Eternel te l'a dit." [Dt 9, 1-4]


Le Deutéronome n'est pas le seul "Livre" qui contienne ce genre d'incitations aux meurtres et aux pillages. Des encouragements au génocide ainsi que d'innombrables anathèmes, préludes à des exterminations pullulent dans les textes rédigés ultérieurement par d'autres lévites, mais toujours dans le même esprit. Le Lévitique, les Nombres, Josué ou Les Rois sont remplis d'exhortations du même style.


Les ravages provoqués dans les psychismes durant des siècles par des commandements haineux à l'égard des "non-élus" et attribués à un Dieu colérique, vindicatif, injuste et cruel aboutiront l'épisode humainement troublant d'un groupe de rabbins sautillant joyeusement en se tenant la main au spectacle de l'armée de leur Etat faisant frire les enfants de Gaza avec des bombes au phosphore blanc. Des familles entières pique-niquaient joyeusement sur les collines en contemplant le spectacle de Gaza en flammes. Les fours crématoires portatifs - et tout-en-un - constituent un indéniable progrès technologique.


Rabbins faisant la ronde en regardant brûler Gaza


D'ailleurs, le Jérusalem Post rapporte que l'ancien Grand Rabbin Sépharade Mordechai Eliyahu a décrété "qu'il n'y avait absolument aucune interdiction morale contre le massacre indiscriminé de civils lors d'une offensive massive militaire potentielle à Gaza ayant pour but d'arrêter les lancements de roquettes" Ce rabbin préconisait déjà en 2007 d'envoyer " un tapis de bombes sur Gaza ". (The Jerusalem Post 30/05/07 ) Son gouvernement l'a si bien entendu qu'il s'est livré à Gaza, entre le 27 décembre 2008 et le 16 janvier 2009, au massacre digne des descriptions figurant dans le Deutéronome. Ce rabbin ou un autre sont peut-être en train rédiger un nouveau chapitre relatant ce bel exploit du "peuple élu".


Le rapprochement entre les recommandations de la Bible et les actuelles incitations au génocide des habitants de Gaza et de la Palestine occupée tout entière est d'autant plus pertinent que le Jerusalem Post a rapporté que ce rabbin avait adressé, au premier ministre d'alors, Ehud Olmert, une missive dans ce sens. Pour ce faire, il s'est précisément fondé sur l'autorité des textes bibliques. La lettre avait été publiée dans un journal hebdomadaire distribué dans toutes les synagogues d'Israël. L'article déclarait qu' "Eliyahu avait écrit que selon l'éthique juive de guerre, une ville entière est tenue collectivement responsable pour la conduite immorale d'individus. A Gaza, l'ensemble de la populace est responsable parce qu'elle ne fait rien pour arrêter le tir de roquettes Quassams."


Le fils d'Eliyahu, Schmuel Shapira, lui-même Grand Rabbin de Safad, avait surenchéri sur les déclarations de son père et déclaré que "s'ils n'arrêtent pas après que nous en aurons tué 100, alors nous devons en tuer un millier". Il a ajouté "et s'ils n'arrêtent pas, nous devons en tuer 100 000, même un million. Tout ce qu'il faut pour qu'ils arrêtent".


Victimes offertes au Moloch israélien


Naturellement, il ne vient pas à l'esprit de ces rabbins dont le psychisme est demeuré celui des lévites du temps de Josias, que lui-même, son fils, et l'Etat d'Israël tout entier sont tout simplement des voleurs et des intrus, que leurs rapines sont un butin de guerre illicite aux yeux du droit international actuel et que leur "éthique" n'est que la manifestation d'un barbarie primitive. Mais ces individus-là ont bloqué leur imaginaire au VIIe siècle avant notre ère et sont imperméables aux règles juridiques et morales actuelles. C'est devant des réactions comme celles-là qu'on s'aperçoit que l'humanité a tout de même accompli quelques progrès moraux en deux mille ans - pas toujours dans les faits, mais au moins dans les principes.


Le journal Le Temps rapporte qu'une française installée depuis 2001 dans les territoires volés aux Palestiniens déclarait sans complexes au journaliste du quotidien helvétique: "Ce qui compte dans notre milieu, ce n'est pas ce que disent Benyamin Netanyahou et Barack Obama, mais ce que Dieu ordonne de faire pour préserver notre caractère juif. Le reste, ce n'est pas notre problème."


Mais pourquoi ces rabbins père et fils n'actualiseraient-ils pas le Deutéronome? Je propose même mon aide bénévole pour présenter de manière "biblique" les récents massacres de Gaza. Rien de plus facile:


"Jahvé me dit: 'Vois, j'ai livré Gaza et son pays à ta merci. Tu ne traiteras pas d'alliance avec Gaza, tu ne lui feras pas grâce. Tu regarderas la ville souffrir, saigner et mourir et tu te réjouiras, car ses habitants ne sont pas fidèles à ma loi. Sache qu'aujourd'hui, Jahvé, ton Dieu marche devant toi. Pour un juif tué, tu en tueras cent mille. Le roi de Gaza avait fait envoyer quelques projectiles sur nos villes. Jahvé notre Dieu arma notre bras de colère et nous le livra, lui et tout son peuple. Nous nous emparâmes de toutes ses villes, et nous vouâmes chaque ville à l'anathème, hommes, femmes et enfants. Nous avons laissé des survivants afin qu'ils témoignent de la grandeur de Jahvé notre Dieu, qu'ils expient leur crime et qu'agonisent dans les ruines . Nous n'avons pas pris de dépouilles dans les villes de la province Gaza, car Jahvé nous avait déjà permis de tout voler. La massue de Jahvé réduira le reste de Gaza en poussière."


C'est, en effet, un jeu d'enfant d'attribuer ses propres turpitudes au Dieu de sa tribu.


On comprend mieux, à partir de cet arrière-monde biblique, pourquoi la soldatesque israélienne se livre sans états d'âme, aux pires exactions et aux pillages des domiciles des populations autochtones dans les territoires qu'elle occupe. Dans son Histoire du peuple d'Israël, Ernest Renan écrit, à propos du nationalisme barbare inventé par les écrits du Deutéronome : "Israël n'est pas le seul peuple pour qui l'adoption d'un dieu protecteur ait été une déchéance. (…)Jahvé n'est pas juste ; il est d'une partialité révoltante pour Israël, d'une dureté affreuse pour les autres peuples. Il aime Israël et hait le reste du monde. Il tue, il ment, il trompe, il vole pour le plus grand bien d'Israël. Et pourquoi, vraiment, serait-ce ce dieu particulier qui aurait fait le ciel et la terre?" (t. 1, p.175)


Cependant, du point de vue de la politique générale du Royaume de Juda, la réforme de Josias fut une réussite éclatante. Ce petit territoire ne sera plus jamais aussi prospère économiquement et aussi unifié mentalement qu'il le fut à cette époque. Le désastre ne se fera sentir qu'au fil des siècles, lorsque le groupe humain qui vénère ce Dieu-là sera incapable de s'assimiler à tous les Etats dans lesquels le conduira son errance. Car les notions de "peuple élu" et de "terre promise" introduites dans des textes et interprétées au sens le plus littéral, le plus matériel et le plus grossier, créèrent entre ce peuple et le reste de l'humanité une barrière psychique aussi hermétique que la ceinture de Van Hallen autour de la terre.


6 - Le virus morbide de " peuple élu "


Le mythe les plus puissant du judaïsme est, en effet, celui de "peuple élu" de son dieu, c'est cette élection qui fait le juif, c'est par rapport à ce mythe qu'il se définit face aux autres peuples .


"Si Jahvé s'est attaché à vous et vous a choisis, ce n'est pas que vous soyez le plus nombreux de tous les peuples: car vous êtes le moins nombreux d'entre tous les peuples. Mais c'est par amour pour vous et pour garder le serment juré à vos pères ". (Dt 7,7-8)


Cependant, cette élection n'est pas gratuite, elle repose sur des devoirs et des obligations rituelles, mais surtout sur des promesses de prospérité pour les "élus" et de menaces pour les nations qui s'opposeraient au chouchou du dieu. Il s'agit donc d'un donnant-donnant matériel qui s'apparente à une transaction commerciale.


" Je ferai de toi une grande nation, et Je te bénirai et rendrai ton nom grand ; et tu seras une source de bénédictions pour les peuples. Je bénirai ceux qui te bénissent et maudirai ceux qui te maudissent ; et par toi, toutes les familles de la Terre seront bénies". (Genèse 12,2)


Or, tous les peuples sont "élus" par leur dieu: les Egyptiens se vivaient comme élus par le dieu Râ, les Romains par Jupiter, les Grecs par Gaia, les Germains par Wotan, les Assyriens par Mardouk, les musulmans se vivront élus par Allah et les chrétiens par le Dieu de la Croix. Mais l'originalité de l' "élection" que se sont inventée les Hébreux vient de ce qu'elle est matérialisée par un territoire et par des récompenses concrètes que leur dieu aurait réservés à eux seuls. Un rejet violent, absolu et quasi animal de tout étranger au groupe en est le corollaire. Elle pose les bases d'un nationalisme sectaire et de son corollaire, la xénophobie et le racisme.


Car le Jahvé du premier Deutéronome se présente comme un Dieu cruel et raciste qui n'offre à ses adorateurs que des perspectives de rapines et de guerre. C'est dans ce contexte psychologique qu'il faut situer la phrase d'Attali dans son interview : "Pour un juif, la pauvreté est insupportable ". Dans cet univers, la pauvreté est vécue comme le signe de la malédiction divine.


Voir : Du Système de la Réserve fédérale au camp de concentration de Gaza - Le rôle d'une éminence grise: le Colonel House


Il est impossible de savoir comment est né un sentiment aussi puissant de rejet de l'étranger au groupe. A partir des péripéties de l'histoire antique, telle qu'évoquée ci-dessus dans ses grandes lignes, on peut imaginer qu'un petit groupe humain coincé entre deux empires conquérants et rivaux, mais ambitieux et énergique, soumis à des vagues périodiques d'invasions tantôt de l'un, tantôt de l'autre, en rivalité aiguë avec sa propre province du Nord, a éprouvé un besoin d'autant plus puissant de se serrer les coudes, qu'il s'agissait pour lui d'une question de survie nationale. Car le simple énoncé d'une histoire qui répond aux règles de l'historiographie moderne prouve qu'un véritable Etat hébreu n'a existé de manière significative dans l'histoire mondiale qu'entre les règnes d'Ezéchias et de Josias, c'est-à-dire durant à peine un siècle.


C'est précisément après la mort de ce seul roi judéen qui laissa une trace dans l'historiographie de la région, puis durant les cinquante ans de captivité à Babylone et les années qui suivirent, que furent rédigés les récits bibliques principaux. Mais il faudra attendre le retour de captivité pour que soient réintroduites dans les textes des notions de morale universelle. "La fin de l'indépendance politique, la destruction du Temple, la déportation dans des lieux étrangers ont mis un terme … à une participation ensemble de la communauté au culte officiel. (…) C'est ainsi que se créèrent les conditions pour l'avènement d'une religion personnelle, intérieure, moins liée aux cérémonies publiques, mais fondée au contraire sur des valeurs éthiques." (Liverani, p.283)


Ainsi les rabbins orthodoxes Naturei Karta proclament haut et fort que, de même que dans toutes les religions de la terre, "l'alliance" avec Dieu n'est que spirituelle quitte à passer outre aux passages qui n'ont rien de "spirituel".


"Écoute, Israël, l'Éternel, notre Dieu, l'Éternel est UN. Béni soit à jamais le nom de Son règne glorieux.Tu aimeras l'Éternel ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tous tes moyens. Que les commandements que je te prescris aujourd'hui soient gravés dans ton cœur " (Dt, 6,4)


Animés d'un esprit véritablement généreux et sensibles à l'injustice dont sont victimes les Palestiniens, ces rabbins sont toujours au premier rang lors des nombreuses manifestations auxquelles ils participent inlassablement aux côtés des défenseurs des droits des Palestiniens. Ils proclament haut et fort que "tout au long de leur histoire, les sionistes ont eu recours à l´intimidation, à la guerre, au nettoyage ethnique et à un terrorisme soutenu par l´Etat pour réaliser leurs objectifs. Voilà ce qu´est, a été et continue d´être l´agenda criminel de ce mouvement sioniste. Mais au-delà de ces crimes épouvantables, ils osent prétendre que ces actions infâmes sont faites au nom de la sainteté, au nom du Tout-Puissant, au nom du Judaïsme et des Juifs! "


Manifestation des rabbins de Naturei Karta


Aux âmes spirituelles, tout est spirituel, quitte à trouver des interprétations allégoriques aux récits ou aux exhortations les plus cruels. Les courageux rabbins de Naturei Karta en sont un exemple vivant. Cependant, c'est le texte pris dans son acception la plus littérale et la plus vulgaire qui fut retenu par la totalité des hébreux antiques. Les rabbins père et fils cités ci-dessus, les 94% d'Israéliens qui ont soutenu le massacre de Gaza et fêté leurs soldats assassins, la grande majorité de la diaspora juive et des dirigeants comme Liberman, Barak, Livni, Netanyahou ou le général Ashkenazi n'ont pas d'états d'âme moraux. Il suffit de les regarder. Ce sont des laïcs, mais pour ces têtes politiques, les prescriptions bibliques sont une arme supplémentaire sur laquelle ils s'appuient afin de justifier leur politique d'expansion coloniale.


Une brochette représentative de dirigeants sionistes actuels: Ehud Barak, Avigdor Liberman, Tzippi Livni, Benjamin Netanyahou, le Général Askhenazi


"Une photo c'est une griffe … contre l'oubli, l'impunité, l'injustice et l'ingratitude." Chahid Slimani


7 - Qu'est-ce que la " Terre promise " ?


De nombreux versets du Deutéronome, de la Genèse, de l'Exode, des Nombres, du livre de Josué décrivent les limites d'un territoire qu'un notaire divin aurait "promis" à un groupe de fuyards-fantômes, conduits par un guide spirituel imaginaire, qui a confié l'achèvement de sa mission à un chef de guerre fictif, lequel a réussi l'exploit de faire s'écrouler les murailles d'une ville qui n' en avait pas à l'époque supposée des évènements.


Voir: Aux sources du sionisme : La Bible et l'invention de l'histoire d'Israël


Nous sommes donc bien dans le même cas de figure que dans le récit des aventures d'Enée auquel la légende prête une expérience galante avec une reine qui vécut quatre cents ans après lui. Tous les peuples se racontent des histoires sous la forme d'un roman fondateur. Des légendes d'Enée existaient avant Virgile, des légendes sur Moïse ou David existaient avant que les prêtres de Josias, utilisant les méthodes romanesques classiques de dilatation de telle partie de la légende ou d'omission de péripéties inopportunes, produisissent un récit cohérent et adapté au but nationaliste recherché.


L'existence d'une "promesse" d'un Dieu notarial est présente dès les premiers versets dans la rédaction du premier livre par les scribes de Josias. On en trouve la trace à trois reprises dans le Deutéronome . Dès le premier chapitre, il est dit:


"Tournez-vous, et partez, allez à la montagne des Amorrhéens et chez tous leurs voisins, dans la plaine, dans la montagne, et dans le pays plat, et dans le midi, et sur le littoral de la mer, au pays des Cananéens et au Liban, jusqu'au grand fleuve, le fleuve Euphrate." (Dt 1,7)


Et un peu plus loin :


" Vous avez atteint la montagne des Amorrhéens que Jahvé notre Dieu nous donne. Vois, Jahvé ton Dieu a livré ce pays à ta merci ; monte, prends-en possession, selon ce que t'a dit Jahvé , le Dieu de tes pères. " ( Dt 1, 20-21)


On voit qu'à l'origine, la surface de ce fameux territoire couvrait quasiment le monde connu de l'époque dans son ensemble, l'Egypte mise à part: il s'agit, globalement du territoire déjà occupé par les Judéens de Josias, augmenté d'un important prolongement jusqu'en Mésopotamie avec l'Euphrate pour frontière, le territoire des Pharaons leur paraissant visiblement d'autant plus inaccessible, même en imagination, qu'il était protégé par la frontière naturelle de la mer Rouge.


Victimes de vagues d'invasion successives venant principalement des empereurs assyriens, puis Babyloniens, Sargon II puis Sennacherib , les Judéens rêvaient de vengeance et s'imaginant à leur tour des envahisseurs, ils firent proférer à leur Dieu le message qu'ils souhaitaient entendre et qu'ils auraient voulu mettre en action.


Dans le verset 11,24 du Deutéronome, le message est géographiquement plus ambigu , mais psychologiquement plus clair:


"Tout lieu que foulera la plante de votre pied sera à vous : votre limite sera depuis le désert et le Liban, depuis le fleuve, le fleuve Euphrate, jusqu'à la mer d'occident s'étendra votre territoire ". (11,24)


Si la fameuse "terre promise" s'étend à "tout lieu que foulera la plante de vos pieds", cela signifie bien que Jahvé offre la surface totale de terre à son "peuple élu ", pour peu qu'il s'y établisse et les lieux énumérés ne sont là que pour matérialiser le désir et concrétiser la connaissance de la mappemonde.


Les scribes postérieurs qui rédigèrent, après l'exil à Babylone, les chapitres suivants de la Torah ainsi que les prophéties d'Ezéchiel, sont beaucoup plus diserts. Mais l'accumulation des précisions géographiques, si elle révèle une connaissance plus fine de la topologie des lieux, rétrécit l'espace réservé au "peuple élu" alors que le Deutéronome l'avait laissé ouvert à l'infini avec son "tout lieu que foulera la plante de vos pieds". Visiblement, les Hébreux avaient réévalué leurs ambitions à la baisse ou peut-être avaient-ils pris conscience de manière plus réaliste des limites de leurs forces. Néanmoins, la surface qu'ils s'attribuent en rêve représente toujours entre vingt à cinquante fois, selon les versions, celle du petit territoire sur lequel ils ont toujours été confinés.


Comme les "Livres" sont depuis lors rangés selon la chronologie supposée du déroulement des évènements et non selon la chronologie réelle de leur rédaction, ce sont les récits plus récents qui décrivent les frontières avec la plus grande minutie . Cette minutie même imprime dans les cerveaux l'impression qu'il s'agit d'un territoire réel bien délimité. En même temps, la précision agit d'une manière hypnotique et finit par imposer la sorte d'évidence que ce peuple possèderait un destin exceptionnel qui ne pourrait se manifester que dans un seul endroit bien précis de la planète et nulle part ailleurs.


" L'Éternel parla à Moïse, et dit: Donne cet ordre aux enfants d'Israël, et dis-leur : Quand vous serez entrés dans le pays de Canaan, ce pays deviendra votre héritage, le pays de Canaan, dont voici les limites. Le côté du midi commencera au désert de Tsin près d'Édom. Ainsi, votre limite méridionale partira de l'extrémité de la mer Salée, vers l'orient ; elle tournera au sud de la montée d'Akrabbim, passera par Tsin, et s'étendra jusqu'au midi de Kadès Barnéa ; elle continuera par Hatsar Addar, et passera vers Atsmon ; depuis Atsmon, elle tournera jusqu'au torrent d'Égypte, pour aboutir à la mer. Votre limite occidentale sera la grande mer : ce sera votre limite à l'occident. Voici quelle sera votre limite septentrionale : à partir de la grande mer, vous la tracerez jusqu'à la montagne de Hor ; depuis la montagne de Hor, vous la ferez passer par Hamath, et arriver à Tsedad ; elle continuera par Ziphron, pour aboutir à Hatsar Énan : ce sera votre limite au septentrion. Vous tracerez votre limite orientale de Hatsar Énan à Schepham ; elle descendra de Schepham vers Ribla, à l'orient d'Aïn ; elle descendra, et s'étendra le long de la mer de Kinnéreth, à l'orient ; elle descendra encore vers le Jourdain, pour aboutir à la mer Salée. Tel sera votre pays avec ses limites tout autour. " (Nombres, 34,1-12)


Comme on le voit, Jahvé est un fin cartographe!


Grand Israël, représentation de 1695


C'est pourquoi un Etat qui se dit laïc comme l'actuel Etat d'Israël et qui obéit au rituel superficiel des démocraties reste en réalité une crypto-théocratie imprégnée de la certitude indéracinable que la terre qu'il conquiert les armes à la main lui a été prescrite en héritage et que la Bible est son acte de propriété. Par conséquent, le 22 mars 2010, l'actuel chef du gouvernement israélien, M. Benjamin Netanyahou, a pu affirmer à Washington que "le peuple juif construisait déjà Jérusalem il y a trois mille ans et il continue à le faire aujourd'hui".


C'est ce roman théologico-politique qui est censé donner à l'Etat d'Israël moderne la justification morale de son droit à s'installer sur la terre palestinienne. En fait de démocratie, il faudrait plutôt parler d'ethnocratie religieuse puisque cet Etat pratique une impitoyable discrimination à l'encontre de la population autochtone.


8 - La mort de Josias et la destruction Temple


Le règne de Josias se termina tragiquement : il fut tué à Megiddo en -609 par l'armée égyptienne commandée par le pharaon Nechao auquel il voulait couper le passage à travers la Palestine. Son ancien allié venait de changer de camp et courait au secours des Assyriens menacés par les Babyloniens, l'empire montant.


Outre qu'elle signe momentanément la fin de la réforme religieuse de Josias, sa mort est interprétée comme un châtiment par les tenants des cultes locaux qu'il avait détruits. Mais le secours du Pharaon Nechao sera insuffisant et Babylone vaincra à la fois l'Assyrie et l'Egypte.


Le petit successeur de Josias, devenu vassal du nouvel empire, se croira assez puissant pour se révolter contre son suzerain. Mais après un rapide siège de Jérusalem par Nabuchodonosor, la ville se rendra. Le roi, sa famille, les hauts fonctionnaires et tous les artisans, notamment ceux qui étaient spécialisés dans la métallurgie et le travail des métaux, dont le nouvel empire avait un urgent besoin afin de renforcer son armée, furent transportés à Babylone. Ce fut la seconde déportation d'Hébreux hors de leur territoire, mais la seule à laquelle les textes bibliques accordent de l'importance, puisque la première concernait le royaume honni du Nord.


Le Temple fut mis à sac et son trésor prit également le chemin de Babylone. Le royaume de Juda devint alors la province perse de Yehoud selon la terminologie araméenne et les Judéens devinrent les Yehoudim, les Juifs.


Babylone ne fut pas une prison cruelle pour les exilés. Ils y devinrent puissants et prospères. Une cinquantaine d'années plus tard, la Babylonie fut conquise par la Perse (l'Iran actuel) et Cyrus, l'empereur perse, magnanime, autorisa une partie des Hébreux à retourner dans l'ancien royaume de Juda pour bâtir un deuxième Temple. Mais la tutelle des Perses demeurait. Les Judéens ne furent plus jamais indépendants. A la soumission aux Perses succéda la tutelle des Grecs puis celle des Romains qui aboutit à la destruction totale de Jérusalem, ainsi que du temple.


D'ailleurs, l'actuel Etat d'Israël aurait dû, en toute logique, prendre le nom de Juda, puisqu'il se prétend le successeur des roitelets du Sud, David et Salomon, alors que le Royaume d'Israël, dans la province du Nord, avait définitivement disparu de l'histoire au VIIIe siècle avant notre ère, au moment de la première déportation à Babylone et hormis la période de la dynastie omride au -IXe siècle, il n'a laissé aucune trace dans la mémoire des peuples.


9 - Conclusion


Les résistances que rencontre la démythologisation du récit biblique viennent d'horizons multiples, et pas seulement des juifs, car les chrétiens se sentent étroitement reliés, eux aussi, aux mythes bibliques. Pour les Israéliens actuels cette révolution culturelle est inimaginable, puisqu'elle ébranlerait tout l'édifice idéologique sur lequel repose le succès ou l'échec de l'entreprise coloniale qui se déroule actuellement en Palestine. Mais elle est également vigoureusement refusée par la quasi-totalité des juifs du monde entier pour des raisons personnelles. En effet, cette reconnaissance constituerait pour un grand nombre d'entre eux une véritable castration psychique.


Comment accepteraient-ils de gaité de cœur de cesser d'être "uniques" , aussi bien dans la grandeur que dans les malheurs? C'est la raison pour laquelle ils manifestent une hostilité tenace à la reconnaissance de tout génocide non juif et rejettent comme un blasphème l'idée que d'autres souffrances seraient comparables aux leurs. Ils sont d'ailleurs quasiment parvenus à imposer au monde entier leur vision mythologique du l'histoire, y compris de l'histoire contemporaine, puisque des règles drastiques édictées par de nombreux Etats, interdisent aux historiens d'effectuer librement leur travail.


Comment admettraient-ils de ne plus se vivre comme les membres d'un "peuple élu", exceptionnel, unique possesseur par décret divin d'un lopin de terre dont le statut est quasi miraculeux? Il leur faudrait pour cela quitter le piédestal sur lequel ils ont dressé leur moi mental privé et collectif et accepter de redescendre de la moyenne région de l'air dans laquelle ils se sont psychiquement domiciliés pour retrouver, sur la terre ferme, la communauté humaine universelle.


Or c'est dès la prime enfance qu'un racisme agressif à l'égard des non-juifs, stigmatisés sous le sobriquet de "goys", est inculqué aux enfants. L'épisode du petit sous-ministre israélien se plaçant "en haut" et reléguant l'ambassadeur de Turquie, "en bas" prouve que cette révolution copernicienne n'est pas près de s'accomplir.


Exemple d'éducation israélienne


Le sionisme n'est pas né par génération spontanée. Il est le fruit direct des recommandations raciales du Deutéronome. C'est dans la Torah que les sionistes de l'Israël actuel puisent leur inspiration et la justification de leur comportement. C'est pourquoi il est si important de connaître les textes originels , ainsi que l'histoire de leur venue au monde.



A suivre : III - Du Talmud à Théodore Herlz


30 mars 2010



Bibliographie
Mario Liverani, La Bible et l'invention de l'histoire, 2003, trad. Ed. Bayard 2008


Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman,La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, 2001 ,trad. Ed. Bayard 2002


Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, Les rois sacrés de la Bible, trad.Ed.Bayard 2006


Ernest Renan, Histoire du peuple d'Israël, 5 tomes, Calmann-Lévy 1887


Douglas Reed , La Controverse de Sion


Jacques Attali: Les Juifs, le monde et l'argent, Histoire économique du peuple juif. Fayard, 2002


Lien de l'article: http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/mariali/chaos/inventions/invention.html


Aux sources du sionismeIII - Israël, du mythe à l'histoireAline de Diéguez
Lundi 29 mars 2010
"L'organisation sociale des hommes ressemble beaucoup à celle des rats qui, eux aussi, sont, à l'intérieur de la tribu fermée, des êtres sociables et paisibles mais se comportent en véritables démons envers des congénères n'appartenant pas à leur propre communauté."
Konrad Lorenz , L'agression, une histoire naturelle du mal
1 -Il était une fois un ciel vide et une terre toute petite… 
Afin d'essayer de comprendre les racines religieuses et anthropologiques du drame de la Palestine et le chaos que cette tragédie provoque dans la politique internationale, je suis remontée le plus haut possible dans l'étude de la naissance des mythes qui structurent aujourd'hui encore les actions et la mentalité d'Israël.
Il ne s'agit nullement d'une étude théologique du contenu du judaïsme. Je n'ai pris en considération que les éléments du dogme qui se traduisent aujourd'hui encore par des conséquences politiques sur le terrain - à savoir les notions de "terre promiseet de "peuple élu". Ces deux faveurs du dieu national ont scandé l'arrière-monde mythologique du judaïsme antique. Elles sont le pivot autour duquel tourne tout l'édifice des récits bibliques et talmudiques, lesquels ne font qu'illustrer les péripéties liées à la réalisation de ces deux "promesses" du Dieu Jahvé. Concentrées à l'origine dans les cinq Livres du Pentateuque - ou Thora dans la terminologie juive - et notamment dans le Deutéronome, le plus ancien des récits bibliques, ces deux notions sont la pierre d'angle sur laquelle repose tout l'édifice psychologique du judaïsme politiquedont le sionisme contemporain est l'héritier direct. C'est pourquoi il est absurde de prétendre que le sionisme n'est qu'une idéologie politique sans rapport avec la Bible.
Certes, tous les peuples se donnent une origine para-mythologique et se réfèrent à une histoire légendaire originelle plus ou moins riche, plus ou moins originale, mais toujours fondatrice de leur existence et de leur identité; car l'unificateur mythique est le créateur et le gardien de l'identité des groupes humains. L'empire romain s'était inventé l'histoire de Romus et de Rémulus nourris par une louve afin d'autojustifier son installation sur les collines du mont Palatin par une manière d'intervention divine. La civilisation grecque est née de la légende homérique qui a mythologisé la guerre de Troie. L'empereur du Japon est réputé être le "fils du soleil". Le "messianisme" révolutionnaire d'une France "patrie des droits de l'homme" a remplacé celui des rois, dont le "sang bleu" d'origine christique en faisait "la fille aînée de l'Eglise" depuis le baptême de Clovis. Mais toutes ces mythologies nationales demeurent abstraites, non belliqueuses ou exclusivistes et ne débordent pas sur le territoire des voisins.
En revanche, les Etats-Unis, peuplés, à l'origine de leur existence en tant qu'Etat par des protestants calvinistes dont l'esprit était modelé par l'Ancien Testament, se sont proclamés la "nouvelle Jérusalem" ou le "nouveau Canaan". Ils se vivent, à l'instar des Israéliens, comme un nouveau "peuple élu" laboratoire d'un futur mirobolant. Leur nouveau Moïse -Thomas Jefferson, auteur de la Déclaration d'indépendance des États-Unis - affirmait que cette nation était "the world's best hope". Bien que se proclamant athée, mais en réalité franc-maçon déiste, Jefferson partageait la mythologie biblique de ses contemporains et voyait dans le nouvel Etat un fanal pour les autres peuples.
En conséquence, l'Etat né sur les terres indiennes s'est donné pour devise: "Per aspera ad astra". Il s'est immédiatement employé à exterminer systématiquement les habitants autochtones qui vivaient sur ces terres depuis la nuit des temps. Derrière l'étendard du "Manifest Destiny" et de la mission évangélique de porteurs des valeurs d'un "Bien" et d'un "Mal" censés universels, mais définis par leurs soins, les nouveaux missionnaires se sont approprié les terres et les richesses, et continuent aujourd'hui leur "mission civilisatrice" sous le prétexte de délivrer le monde de l'oppression des tyrans et tout en se proclamant les messagers du Progrès et de Démocratie. C'est ainsi que leur avant-dernier président, G.W. Bush, n'avait pas hésité à affirmer urbi et orbi: "Nous sommes exceptionnellement bons. Nous sommes le peuple élu."
L'installation des colons originaires d'Europe et notamment d'Angleterre sur les terres du Nouveau Monde et celle des colons juifs en Palestine présentent donc un parallélisme saisissant. Elle explique l'alliance psychologique étroite et profonde entre une Amérique baignant dans une religiosité vétéro-testamentaire - qu'elle soit dirigée par un Clinton, un Bush ou un Obama - et l'Etat sioniste actuel. Elle ne peut donc se réduire à la seule influence, certes très importante, des généreuses contributions financières destinées à influencer ou à corrompre les décideurs politiques ou économiques et offertes par les groupes de pression de l'AIPAC ou de la loge maçonnique B'nai Brith réservée aux membres qui peuvent attester de leur appartenance au judaïsme.
2 - Le dieu de la tribu 
J'ai poursuivi mon exploration du fleuve du temps et j'ai suivi à la trace l'histoire stupéfiante de la tribu qui, depuis la nuit des temps s'est éprouvé si différente du reste de l'humanité qui l'environnait qu'elle s'est sculpté progressivement, laborieusement au fil des péripéties politiques auxquelles elle a été mêlée, la statue du dieu spécifique auquel elle a prêté les mêmes sentiments de répulsion et de haine à l'égard des autres humains que ceux qu'elle éprouvait elle-même. Puis, elle a ordonné à la statue: "Et maintenant marche devant nous…."
Code destiné à règlementer la multitude de rites à observer si l'on veut maintenir les bonnes dispositions du Dieu envers la communauté, le Deutéronome est aussi et avant tout un texte politique, adapté aux circonstances politiques de l'époque.
Ezéchias et son petit-fils Josias étaient de grands rois et de fins politiques et ils savaient d'instinct qu'il est beaucoup plus efficace pour tout pouvoir de faire passer ses lois par le détour d'un Dieu unique et que la pluralité des dieux de l'époque présentait un grave inconvénient pour le pouvoir. C'est pourquoi le premier texte rédigé de la Thora - le Deutéronome -pullule de commandements concrets concernant à la fois l'exécration des autres dieux et la gestion quotidienne d'une cité : le statut des dettes entre les particuliers, la répartition des terres, la manière dont il convient de se partager le butin conquis sur les voisins, le statut des esclaves ou celui des femmes enlevées lors des rezzous en dehors des frontières. Mais il s'agit également d'un code civil qui fait interdire par la voix du Dieu les vices qui rendraient impossible la vie policée d'une cité - le meurtre, le vol, l'adultère, l'irrespect à l'égard des parents - ainsi que toutes les formes de débauche individuelle - la paresse, la luxure, la goinfrerie, etc. Cependant il était prévu que ces vices auraient toute licence de s'exprimer à l'égard des étrangers qu'on avait le droit de massacrer et de voler; il était également permis de faire des femmes enlevées lors des campagnes militaires des maîtresses ou des esclaves.
"Lorsque Jahvé, ton Dieu, t'aura fait entrer dans le pays dont tu vas prendre possession, et qu'il aura chassé devant toi beaucoup de nations, les Héthéens, les Gergéséens, les Amorrhéens, les Chananéens, les Phéréséens, les Hévéens et les Jébuséens, sept nations plus nombreuses et plus puissantes que toi, et que Yahweh, ton Dieu, te les aura livrées et que tu les auras battues, tu les voueras à l' anathème, tu ne concluras pas d'alliance avec elles et tu ne leur feras point de grâce."(Dt 7, 1-3)
"Jahvé, ton Dieu, enverra même sur eux les frelons, jusqu'à ce que soient détruits ceux qui auront pu échapper et se cacher devant toi. Tu ne t'effrayeras point à cause d'eux; car Jahvé, ton Dieu, est au milieu de toi, Dieu grand et terrible! Jahvé, ton Dieu, chassera peu à peu ces nations devant toi; tu ne pourras pas les exterminer promptement, de peur que les bêtes sauvages ne se multiplient contre toi." (Dt 20-23)
Petit commentaire de ces versets:
"Le pays dont tu vas prendre possession... " : traduite en langage "historique", cette phrase du Deutéronome nous apprend que les Hébreux israélites étaient des envahisseurs en voie de sédentarisation qui se cherchaient un territoire afin de se fixer .
"Il [le dieu] aura chassé devant toi beaucoup de nations": attribuer au dieu ses désirs et ses actions est un procédé psychologique classique utilisé par tous les auteurs de textes théologiques. La phrase révèle par ailleurs que le territoire choisi était déjà habité par de nombreuses "nations" qui s'y étaient fixées antérieurement. En application de l'immémorial "syndrome du coucou" qui consiste pour un intrus à s'installer dans le nid d'autrui, tout en s'auto-innocentant de toute mauvaise intention, les nouveaux-venus réussirent à s'approprier les lieux. Une pratique drastique de "purification ethnique" s'ensuivit au détriment des habitants autochtones. Ce premier brigandage victorieux devient une action divine et préfigure la politique des sionistes du XXe siècle.
"Tu ne leur feras point de grâce" : les habitants de Gaza et les prisonniers dans les geôles israéliennes peuvent certifier que ce commandement est aujourd'hui scrupuleusement respecté.
On voit à quel point rien n'a changé et à quel point les principes du Deutéronome originel sont rigoureusement mis en pratique aujourd'hui tant en Cisjordanie qu'à Gaza, notamment celui, vicieux et hypocrite, qui conseille l'extermination en douce et par petits paquets: "Tu ne pourras pas les exterminer promptement, de peur que les bêtes sauvages ne se multiplient contre toi "(Dt 20,23) . Surtout ne pas réveiller les dormeurs de la "communauté internationale" et autres rédacteurs de rapports Goldstone, ces "bêtes sauvages" qui ont le mauvais goût de n'avoir pas apprécié la beauté du feu d'artifice des bombes au phosphore blanc illuminant le ciel de Gaza.

Feu d'artifice au phosphore blanc sur Gaza en janvier 2009
3 - Du polythéisme à l'hénothéisme, une déité mixte 
La religion hébraïque originelle n'était nullement une religion universelle. Le polythéisme était la règle et Jahvé, un dieu parmi d'autres, a cohabité pendant des siècles avec ses collègues, y compris à l'intérieur du petit Royaume de Juda et chaque divinité était honorée en un lieu particulier, principalement sur des hauteurs. A l'époque toutes les tribus possédaient leur dieu protecteur. Les Moabites avaient Camos - orthographié parfois Kemosh - les Tyriens avaientMelqarth, Hadad était la divinité de Bagdad et Jahvé, successeur du Jéhovah célébré dans le royaume du nord, devint le protecteur militaire de la tribu des Béni-Israël. Son culte fut localisé à Jérusalem où il supplanta les autres divinités particulières.
Du polythéisme primitif, cette religion a conservé le dieu local. Elle a progressivement suivi le mouvement d'évolution qui fut celui de tous les autres dieux vers le monothéisme, mais un monothéisme particulier puisque, dans le Deutéronome, il est demeuré racial et déclaré dieu unique du royaume de Juda par Ezéchias, puis par Josias. Il n'est devenu un Créateur cosmique - donc, en principe, universel - que dans les Livres rédigés ultérieurement, après l'exil en Babylonie, comme nous le verrons plus loin.
On aboutit alors à la bizarrerie théologique, donc anthropologique, d'un groupe humain qui se déclare protégé par un dieu particulier, mais néanmoins cosmique, lequel ignorerait superbement les autres peuples et aurait créé le ciel et la terre uniquement en vue d'en assurer la jouissance à ses seuls adorateurs hébreux. Cet hénothéisme (heno=un) est un stade intermédiaire entre le polythéisme et le monothéisme. Le monde existe pour Israël et le reste de la planète doit lui être subordonné.
Les autres dieux nationaux de l'époque avaient probablement la même mentalité que Jahvé. Comme lui, ils n'avaient en vue que le bien de la nation dont ils assuraient la prospérité. Mais la vitalité des théologiens yahvistes, la psychologie de ce groupe humain et le talent littéraire des auteurs du récit ont su garder ce dieu-là en vie alors que tous les dieux rivaux ont disparu avec la défaite politique des villes et des royaumes qu'ils n'avaient pas su protéger. En effet, il était admis que la défaite d'une ville tantôt signait l'acte de décès de son dieu, tantôt était considérée comme le signe de la volonté du dieu de punir son peuple .
La description des frontières de la "Terre Promise" correspond d'ailleurs aux limites des terres connues par les Judéens du -VIIe siècle. Dans leur esprit, c'était donc la terre entière que Jahvé leur aurait "promise". Voilà bien la preuve absolue de sa puissance exceptionnelle par rapport aux autres divinités. Mais ce désir est surtout un puissant révélateur de la psychologie de la population qui s'est crue - et qui continue de se croire - la bénéficiaire de ce cadeau.
4 - Les fondements religieux du comportement de l'Etat d'Israël établi en Palestine 
La légitimation psychologique et anthropologique dont se réclame Israël afin de s'auto-inocenter de ses exactions et de justifier aux yeux du monde entier son installation à la force du poignet et à la pointe des missiles en incitant par tous les moyens des immigrants juifs de venir peupler la Palestine est religieuse.
Son dieu particulier, Jahvé, aurait donné cette terre à leur tribu et cet acte de donation oral serait tombé dans l'oreille d'un chef nommé Moïse. Un contrat aurait d'abord été consigné sur un morceau de granit, qui s'est révélé moins durable que la pierre de basalte noir du code d'Hammurabi. Mais par un nouveau miracle du dieu, l'acte d'acquisition a pu être reconstitué après moult siècles par une sorte de scribe-notaire aussi informé de la tractation que s'il avait assisté à l'évènement. Tout le monde peut en prendre connaissance, puisque la "session immobiliaire" reproduite dans son intégralité est scénarisée dans les textes sacrés de cette tribu.
C'est sur le fondement de ce scénario que les représentants officiels de l'actuel Etat d'Israël clament sur tous les tons que "La terre a été donnée par Dieu aux juifs", et que, par conséquent, il ne peut y avoir de compromis avec les Palestiniens, qui sont priés de déguerpir. [1]
Même si la plupart des dirigeants de cet Etat ne sont pas des religieux pratiquants, tous sans exception se réclament des deux axiomes religieux qui structurent le "retour du peuple élu" sur sa "terre promise".
C'est sur cette fiction théologique digne d'Alice au pays des merveilles que repose la certitude des sionistes d'aujourd'hui que la terre de Palestine leur a été donnée par leur dieu. C'est au nom de ce roman fantastique que les émigrants venus de tous les continents chassent les habitants autochtones de leur patrie et cherchent à faire coïncider le pays de leurs rêves religieux avec le pays réel. Ce genre d'Etat porte un nom : c'est une théocratie raciale ou communautariste.
A partir de 1945, s'y est ajoutée une instrumentalisation officielle des souffrances subies en Europe durant la IIe guerre mondiale: "Pendant deux générations, notre politique étrangère a fait de l'Holocauste son principal instrument. La mauvaise conscience du monde déterminait son attitude à l'égard d'Israël. (…) Toute critique des actions de notre gouvernement était automatiquement qualifiée d'antisémitisme et réduite au silence ", écrit un connaisseur juif de la politique de cet Etat. [2]
Les conséquences politiques immédiates de la réfutation historico-archéologique de la folle prétention des nouveaux immigrants seraient évidemment considérables. Pour utiliser une métaphore biblique. Samson ébranlant les colonnes du temple imaginaire ferait voler le rêve sioniste en éclat et réduirait l'édifice théologico-médiatique tout entier à l'état de ruine.
C'est pourquoi les Israéliens de l'intérieur et les juifs de la diaspora refusent les analyses d'exégèse biblique et les découvertes archéologiques scientifiques avec autant de virulence que l'Eglise des XVe et XVIe siècle les découvertes de Copernic et de Galilée.
5 - Où l'on voit Samson essayer d'ébranler les colonnes du temple 
Décrypter les métaphores relatées dans le texte biblique tel qu'il nous est parvenu, afin d'accéder à la réalité historique originelle que le récit a triturée, mâchouillée et métamorphosée pour les besoins de la mobilisation psycho-théologique du groupe, tel est le travail de fourmi auxquels se consacrent les Argonautes de la vérité. Mais il leur faut, pour cela, quitter les brillances et les fausses évidences des représentations offertes sur le devant de la scène du théâtre mental sur lequel s'agitent les marionnettes, et pénétrer dans les coulisses et les sous-sols des motivations conscientes et inconscientes des scripteurs talentueux de la fiction, afin de démêler les ficelles qui mettent en branle le gigantesque mécanisme qui mouline la pseudo "vérité" et qui crée, depuis deux millénaires et demi, l'illusion qu'il s'agit d'un texte historique .
L'exemple d'Abraham et de son périple est particulièrement révélateur de la manière dont ont procédé les rédacteurs des livres bibliques.
Des tribus d' Hébreux nomades ont certes pérégriné dans cette région durant la préhistoire et les débuts des temps historiques. Mais le nom générique d'"Hébreux" - les Ibrim , "ceux de l'autre côté", "ceux qui ont passé le fleuve[Euphrate]" - s'appliquait à l'origine à de nombreuses peuplades : Ammon, Edom, Moab, Ismaël, Jébuséens, Madianites, etc. pour ne citer que celles qui se trouveront évoquées beaucoup plus tard dans les textes bibliques. Ainsi, des dizaines de tribus hébreux plus ou moins nomades erraient, commerçaient, trafiquaient, guerroyaient, établissaient et rompaient des alliances entre elles dans la région allant de la Syrie à la Phénécie - la région côtière exceptée, les nomades n'aimaient pas la mer en laquelle ils voyaient un manque, un vide de la création. On en trouve une trace jusque dans l'Apocalypse (21,1) . Dans un monde parfait, la mer aura disparu: "Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'était plus."
Toutes ces peuplades parlaient des dialectes proches les uns des autres et se comprenaient parfaitement. En revanche, les Kenaanis ou Chananéens, beaucoup plus influencés par la civilisation et les moeurs des Egyptiens, étaient haïs par les groupes hébreux, bien qu'ils parlassent un idiome semblable au leur.
Ces tribus nomades se rattachaient au mythe d'un même père fondateur. Ab-Orham, devenu Ab-ram, "le haut Père", ouAbraham, "le Père de beaucoup de peuples", était une sorte de patriarche éponyme mythique, d'origine assyrienne, commun à tous les nomades de la région. Lorsque le récit de la Genèse trouvera sa rédaction définitive, les scribes du temps de l'exil babylonien des Judéens au -VIe siècle jetteront toutes leurs forces dans l'entreprise qui consistait à donner au petit groupe de la tribu des Béni-Israël un statut suréminent par rapport à tous les groupes concurrents. C'est ainsi qu'Isaac - nom éponyme et symbole des Béni-Israël - sera le fruit miraculeux de deux vieillards légendaires soudain reverdis. En revanche, ces mêmes scribes affecteront aux groupes tribaux voisins et rivaux les pires turpitudes et des origines subalternes ou méprisables telles la légende d'Agar et de son fils Ismaël (Gen.16, 17) - nom éponyme des Ismaélites - ou l'histoire des autres "fils" d'Abraham - c'est-dire des tribus qui se réclament de sa descendance - avec une nouvelle femme, Qetoura, si insignifiante que les auteurs se sont contentés de donner un nom (Gen.25) sans aucun autre renseignement sur sa personne. Il faut y voir un procédé classique destiné à montrer que les autres peuplades de la région alliées ou rivales des Beni-Israël, ne méritent pas qu'on s'attarde à leur généalogie ou à leur descendance. Sans oublier les nations nées de la fornication incestueuse de Loth et de ses filles (Gen. 19) .
Lorsqu'elles choisirent de se sédentariser, ces tribus se taillèrent le territoire qui correspondait à leur puissance et à leurs alliances. La province convoitée par les Béni-Israël était déjà peuplée; il a donc fallu conquérir le territoire et expulser les premiers occupants. Il faut évidemment oublier la légende de Josué et ses trompettes miraculeuses. Les envahisseurs israélites guerroyèrent alors victorieusement contre les Amorrhéens, les Moabites, puis les Cananéens déjà installés dans cette région . Traduit ultérieurement en langage biblique, cet épisode est devenu, comme je l'ai cité ci-dessus (n° 2):Lorsque Jahvé, ton Dieu, t'aura fait entrer dans le pays dont tu vas prendre possession, et qu'il aura chassé devant toi beaucoup de nations... " (Dt 7, 1) C'est donc le généralissime en chef divin qui s'est chargé du travail, nous dit le texte.
S'étant divisés en deux branches rivales, les Israélites établis au sud, dans la région de ce qui deviendra le "Royaume de Juda" et qui aura Jérusalem pour capitale, ne représentaient qu'une toute petite partie de l'actuelle Palestine. C'est là que fut conçu le dieu protecteur qui n'aimait qu'Israël, un dieu qui ne pensait qu'à sa nation bien-aimée, un dieu "d'une partialité révoltante pour Israël", d'une "dureté affreuse pour les autres peuples", comme l'écrira Ernest Renan.
Les moeurs rustiques et cruelles de l'époque transparaissent sous la teinture théologique de la notion de "désobéissance aux commandements du dieu" puisque dans Ezéchiel (20, 25-26) il est fait état de sacrifices d'enfants commandés par un dieu-Moloch sadique qui châtiait "son" peuple en le forçant à se punir lui-même: "C'est pourquoi je leur ai donné des lois qui leur étaient funestes et des commandements qui ne pouvaient les faire vivre. Je les ai souillés par leurs offrandes quand ils sacrifiaient tous leurs premiers-nés, pour les frapper de stupeur afin qu'ils reconnaissent que je suis l'Eternel».
Quant au Royaume du Nord - l'Israël originel - il a disparu de l'Histoire avec la fin de la Maison des Omrides au VIIIe siècle avant notre ère. Sa florissante capitale, Samarie, fut détruite par le puissant empire assyrien en -722. Le petit Royaume de Juda, autour de la cité-Etat de Jérusalem a connu un certain éclat pendant une courte période au septième siècle avant notre ère. Il survécut en paix pendant cent vingt ans en se reconnaissant vassal des Assyriens, c'est-à- dire en acceptant de payer un tribut annuel. Mais le brassage des populations en Samarie et en Judée au fil des tribulations politiques de la région et des invasions par les grands empires voisins, ainsi que la présence immémoriale d'autres ethnies sur les lieux rendent les prétentions théologiques et génétiques des actuels immigrants venus du monde entier et fondées sur lesfictions bibliques, politiquement farfelues et historiquement infondées.
Seules la nullité politique et la pauvreté culturelle de l'indéboulonnable homme à la petite moustache grise qui "préside" aux destinées de la Cisjordanie, son ignorance de l'histoire des peuples, des religions et des mentalités théologiques, ainsi que sa reptation obséquieuse devant Israël, les USA et les Européens qui le maintiennent au pouvoir à bout de bras et à coups de millions de dollars, bien que son mandat ait expiré depuis longtemps, lui ont fait reconnaître humblement "le droit du peuple juif sur la terre d'Israël" devant l'AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), lors de l'interrogatoire de conformité cachère sous forme de questions/réponses que trente hauts responsables du lobby sioniste américain lui ont fait subir le 10 juin 2010.

Abbas reconnaît " le droit du peuple juif sur la terre d'Israël "
La collaboration est un puits sans fond.
Le grand Jean de La Fontaine avait percé Mahmoud Abbas à jour dans sa fable Le Loup et le Chien . Lorsque le loup, alléché par les rondeurs, fruits des agapes du molosse qui a croisé son chemin, et envieux de la prospérité du dogue "aussi puissant que beau", lui demande, candidement
- Que me faudra-t-il faire ?
- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire:
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons:
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse.
Le Président auto-proclamé de "l'Autorité" palestinienne accepte que sa milice "donne la chasse" aux résistants en coordination avec l'occupant et il est allé promener aux USA son embonpoint de mangeur de reliefs de poulets, d'os de pigeons et son cou pelé par la corde de la servitude et les caresses de ses maîtres.
6 - Religion et morale 
Une religion ne détermine nullement le niveau moral d'une société, c'est au contraire le niveau moral du groupe qui prédétermine et dicte les formes que prend sa religion.
L'illusion du "peuple élu" n'est d'ailleurs pas propre au judaïsme; on la trouve même dans les croyances de tribus archaïques de Nouvelle-Zélande. On en comprend aisément les motivations psychologiques. En effet, la puissance de conviction qu'exerce une idée ou une croyance ne réside nullement dans le fait qu'elle relaterait des évènements qui seraient réellement arrivés. Elle est crue vraie et s'impose grâce à la force de séduction qu'elle exerce sur les esprits et aux avantages que le groupe en escompte. Comment ne pas accepter avec enthousiasme de faire partie d'une tribu si exceptionnelle qu'un dieu aurait fait de vous ses chouchous et vous aurait fait un gigantesque cadeau foncier ici et maintenant? Un cadeau immédiat, parfaitement palpable et autrement alléchant qu'une félicité potentielle dans un au-delà virtuel conditionné par la disparition de votre propre carcasse. Et peu importent les incohérences du récit s'il fait de vous un heureux propriétaire terrien.
Le mythe est auto-actif. Il EST celui qui EST pour reprendre la déclaration attribuée à Jahvé - "Je suis celui qui est" ( Exode 3,14). Véritable axiome, sa réalité est tout entière contenue dans son affirmation. Le récit censé le démontrer n'a nul besoin de vraisemblance ou de cohérence. Il n'est là que pour théâtraliser l'axiome fondateur et en explorer toutes les facettes. Car le mythe est un théâtre. C'est ce théâtre psychique qui fait sens dans les esprits et entraîne la conviction par l'intermédiaire de son scénario.
Ainsi, au sujet d'un événement aussi capital pour le christianisme que l'est la croyance à la vie éternelle, et donc à la résurrection des corps, l'apôtre Paul dans sa Lettre aux Corinthiens (15,14-15) affirme bien que la croyance précède le fait et en fournit le code d'interprétation : "S'il n'y a point de résurrection des mortsChrist non plus n'est pas ressuscité. Et si Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine." Le postulat de la résurrection de tous les morts est donc premier et conditionne les déductions théologiques en chaîne, interprétées à la lumière du mythe: l'affirmation de la résurrection du Christ à partir de la constatation que le cadavre n'est plus dans son tombeau; puis arrivent les prédicateurs chargés de diffuser la "bonne nouvelle" et enfin se répand la foi des fidèles.
Le mythe n'a pas non plus besoin de logique. Le récit emporte dans son flot les contradictions, les incohérences, les innombrables absurdités et les cruautés grossières qui pullulent dans le récit biblique. Ce n'est pas le lieu de les énumérer toutes ici, je n'en retiens que deux. Au sujet d'un point fondamental - la "rencontre" de "Moïse" avec Jahvé au cours de laquelle le dieu est censé avoir dicté la loi - on peut trouver à quelques lignes d'intervalle deux affirmations qui se contredisent. Il n'est pas équivalent de "dialoguer" face à face, donc en égaux, ou d'apercevoir furtivement une forme de dos, ou encore de se sentir à l'ombre d'une gigantesque "main divine".
"Jahvé parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami." (Exode, 32,10)
" Tu ne peux voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre ! Voici un endroit près de moi ; tu te tiendras debout sur le rocher. Et quand passera ma gloire, je te mettrai dans le creux du rocher et je te couvrirai de ma main jusqu'à ce que je sois passé. Puis je retirerai ma main et tu me verras de dos ; mais ma face, on ne peut la voir. " (Exode, 33 , 20-23)
Pour s'imposer, le mythe doit s'incarner. Encore fallait-il concevoir un chef et un scénario susceptibles de soutenir tout un arsenal de rites, d'obligations, d'interdits, de cérémonies, de dogmes qui forment l'essence des religions primitives.
Toutes les grandes évolutions religieuses se sont faites sous la houlette d'une personnalité éminente, dont les origines seraient surnaturelles et dont la vie serait parsemée de miracles. Mais un héros central ne donne toute sa mesure que porté par une fiction suffisamment convaincante et envoûtante, destinée à rassembler tout le groupe sous sa bannière. D'où l'invention d'un passé glorieux auquel se référer, des gonflements d'évènements minuscules, moult manifestations de la volonté de votre Dieu domestique en votre faveur, d'exhortations à l'obéissance, de condamnations méprisantes des autres dieux, d'exécrations des autres peuples: rien de tel pour souder les énergies de la communauté et stimuler les enthousiasmes.
Un premier effort de structurer la théologie israélite autour de ce qui est communément appelé la "loi mosaïque" a été entrepris du temps du roi Josias au - VIIe siècle.
Voir : - L'invention du "peuple élu" et de la "Terre Promise", 30 mars 2010
C'est d'ailleurs entre le -VIIe siècle et le -Vème siècle avant notre ère que sont nés sur la terre entière tous les grands mouvements spirituels ou religieux qui, aujourd'hui encore, nourrissent la foi et l'espérance de leurs disciples, chacun d'eux étant le miroir et réflecteur de la société dont il était issu. L'Inde eut le prince Gautama vénéré comme Bouddha - l'Eveillé; la Chine connut avec Confucius son éducateur moral et avec Lao Tseu une voie, un chemin, un Tao vers la sagesse;Zoroastre, que Nietzsche appellera Zarathoustra, fut le précurseur d'un monothéisme moral qui influença le christianisme,Socrate et son disciple Platon furent les éducateurs à la fois moraux et intellectuels de la Grèce.
C'est dans cet environnement religieux mondial que naquit la religion dite "mosaïque" et que fut rédigée la première version du récit doublement fictif d'une épopée symbolique qui, dans un texte appelé Deutéronome - la deuxième loi - raconte des évènements censés s'être déroulés environ un millénaire et demi avant d'être couchés par écrit avec la précision journalistique exemplaire d'un témoin visuel en dépit du fabuleux décalage dans le temps. La Première loi était censée, elle, avoir été dictée directement à Moïse lui-même par le Dieu personnel de cette tribu sur un fragment de montagne au cours des nombreuses rencontres de dos ou face à face. Des vestiges de cette Première loi auraient été miraculeusement retrouvés dans les souterrains par les lévites lorsque le roi Josias a procédé à l'embellissement du Temple de Jérusalem commencé par son grand père Ezéchias.
Voir : - L'invention du "peuple élu" et de la "Terre Promise", 30 mars 2010
Si un rouleau de parchemin ou de cuir avait bien été découvert du temps de Josias, comme certains historiens le sous-entendent, il ne pouvait s'agir que de l'énumération d'un corpus législatif très bref, conçu et rédigé à l'époque d'Ezéchias et non de Moïse, bien qu'il soit aujourd'hui appelé "loi de Moïse". Comme toutes les législations antiques - la loi des douze tables publiée à Rome sur douze tables d'airain entre -450 et -451 et qui a régi la vie des Romains jusqu'au premier siècle ou la loi de Moïse qui aurait été conçue du temps d'Ezéchias, le premier roi législateur et réformateur religieux du Royaume de Juda - ces codes législatifs se sont inspirées du Code d'Hammourabi rédigé deux mille ans avant notre ère. De nombreux articles de la loi de Moïse et de la loi de Babylone concordent, d'autres ont été adaptés aux conditions sociales de la société judéenne.
     
Stèle de basalte noir érigée par le roi Hammurabi de Babylone dans les dernières années de sa vie,
au XVIII è siècle av. J.-C.
7 - Où l'on comprend que la "bibliothèque de Babel" de Jorge Luis Borges situe Israël dans le cosmos 
Une nouvelle du grand auteur argentin Jorge Luis Borgès invite le lecteur à le suivre dans une promenade à l'intérieur d'une bibliothèque tellement fantastique qu'elle contient la totalité des livres que l'esprit humain peut produire en combinant les vingt-cinq lettres de l’alphabet. Dans ses rayonnages se trouve consigné "tout ce qu'il est possible d'exprimer, dans toutes les langues." Tout et son contrairele capharnaüm des connaissances et des erreurs humaines: "l'histoire minutieuse de l'avenir, les autobiographies des archanges, le catalogue fidèle de la Bibliothèque, des milliers et des milliers de catalogues mensongers, la démonstration de la fausseté de ces catalogues, la démonstration de la fausseté du catalogue véritable, l'évangile gnostique de Basilide, le commentaire de cet évangile, le commentaire du commentaire de cet évangile, le fait véridique de ta mort, la traduction de chaque livre en toutes les langues, les interpolations de chaque livre dans tous les livres."
Ce monument fabuleux symbolise la totalité de l'univers sensible et les vains efforts des hommes afin de trouver un sens à leur vie et au monde. Ses rayonnages en forme d'hexagones régulièrement disposés autour d'un puits central "figurent l'infini", mais un infini trompeur, grâce à une "glace qui double fidèlement les apparences". Des "puits sphériques appelés lampes assurent l'éclairage". Or "ces globes émettent une lumière insuffisante" quoique "incessante": les humains, suggère le grand Argentin, sont des fourmis tenaces, mais la loupiote cérébrale insuffisante dont ils disposent confirme que leurs "connaissances" sont un leurre multiplié à l'infini par des miroirs et tous ces pseudo savoirs n'aboutissent, en réalité, qu'à un gigantesque désordre.
Les usagers de cet univers-bibliothèque "interminable" croient que l'ensemble aurait la forme d'une sphère, symbole de la perfection, car "ce livre cyclique, c'est Dieu". La "perfection" est sa qualité intrinsèque mais, comme le prétendra Anselme dans sa démonstration de l'existence de la divinité, la perfection de Dieu s'accompagne de son existence: si Dieu est parfait, alors il existe car l'existence est le corollaire nécessaire de la perfection. CQFD.
Plongés dans une semi obscurité, les locataires de ce labyrinthe interprètent les tableaux qui se présentent à leur regard de la même manière que les prisonniers de la caverne de Platon, dont la nouvelle de Borgès est visiblement une petite soeur métaphorique. "Pour les idéalistes, les salles hexagonales sont une forme nécessaire de l'espace absolu. (...) Quant aux mystiques, ils prétendent que l'extase leur révèle une chambre circulaire avec un grand livre également circulaire à dos continu, qui fait le tour complet des murs ; mais leur témoignage est suspect, leurs paroles obscures." Borgès ne croit pas que l'extase soit le meilleur chemin de la connaissance. Mais de leurs côté, les humains ordinaires ne jouissent que de "lumières insuffisantes" et sont condamnées à l'imperfection, à la confusion et à la finitude. Pour échapper à cet état misérable, ils inventent avec frénésie des paradis délectables dans lesquels coulent des fleuves de lait et de miel et des enfers sadiques remplis de flammes et de tortures.
Le mythe biblique de la tour de Babel détruite par un Dieu colérique et jaloux qui aurait condamné les humains à la "confusion des langues" parce qu'ils se seraient avisés de s'organiser sans lui, court en filigrane dans la nouvelle de Borgès.
Cependant l'attrait du mystère des confins de l'univers, qui seraient le lieu de résidence de Dieu, taraude les hommes et fait naître en eux un désir incoercible de s'échapper des hexagones mentaux dans lesquels ils sont cantonnés ou attachés à un banc, à l'instar des prisonniers de la caverne de Platon. Tels de nouveaux Icare, ils rêvent d'atteindre d'un bond la circonférence de la sphère et de participer à la félicité divine. Aussi tentent-ils par tous les moyens de quitter "l'élégante provision d'étagères, de tomes énigmatiques, d'infatigables escaliers" afin de s'approcher de la lumière du soleil de la vérité.
Par les allusions bibliques nombreuses dont elle est parsemée comme d'autant de petits cailloux blancs, la nouvelle de Borgès ouvre à une lecture métaphorique du destin du "peuple élu". Après avoir bétonné le petit hexagone psychique dans lequel il s'est enfermé à triple tour, ce peuple l'a transformé en une casemate militaire hérissée d'interdits et de menaces à l'encontre des hexagones habités par d'autres rêveurs d'absolu, par d'autres créateurs d'univers oniriques. Il en a soigneusement bouché les meurtrières, puis il a condamné la porte et tous se sont tous mis à crier en choeur, avec une fureur dont leurs écrits portent la trace, qu'eux seuls ont capturé l'absolu, qu'ils sont un peuple si exceptionnel qu'eux seuls ont réussi à bondir jusqu'à la circonférence de la sphère. Ils affirment qu'ils ont donc emprisonné la perfection divine et l'ont si puissament arrimée à leur petit hexagone mental qu'ils sont parvenus à en devenir les possesseurs exclusifs. Toute la lumière du monde est désormais la possession privée des habitants d'un unique petit hexagone mental et le reste de l'univers est condamné à tâtonner dans les ténèbres.
Ces privilégiés ont pris soin de consigner minutieusement cet évènement dans les kilomètres de rayonnages dont ils ont tapissé les murs de leur hexagone depuis plus de deux millénaires. Ils y célèbrent le bonheur d'être à la fois les chouchous et les propriétaires exclusif de la divinité. D'un même élan, ils ont légalisé l'adéquation entre l'étendue du pays mental qu'ils souhaitaient s'attribuer et celui que foulaient leurs pieds: voilà, proclamèrent-ils à tue-tête, c'est là notre "terre promise", l'absolu nous l'a donnée en nue propriété. La preuve? Un de nos ancêtres s'est entretenu avec Dieu, de dos ou de face, l'affaire est en suspens, mais son témoignage est néanmoins irréfutable puisqu'il est consigné en toutes lettres dans nos livres, lisez donc.
Puis ils affirmèrent que le l'absolu, qu'ils avaient attaché avec de lourdes chaînes d'or confectionnées grâce aux bénéfices de leur esprit industrieux, leur avait ordonné de faire un grand ménage et de bouter hors de leur vue les intrus qui auraient eu l'audace de prétendre qu'ils sont chez eux depuis des temps immémoriaux. Nous sommes dans notre droit, c'est écrit dans nos livres clament-ils en choeur: "Jahvé, ton Dieu, chassera peu à peu ces nations devant toi...".
C'est pourquoi, aujourd'hui encore, le cerveau de l'actuel Premier Ministre d'Israël, M. Benjamin Netanyahou, embrumé de vapeurs bibliques, le conduit à identifier les Iraniens aux Amalécites et à vouloir répéter compulsionnellement l'antique guerre des Hébreux contre les tribus rivales. Les armées de Jahvé sont sur le pied de guerre et ses représentants sur la terre fanfaronnent qu'il est deux minutes avant minuit et le début d'un holocauste nucléaire.
Le véritable adversaire des Palestiniens, c'est le Jahvé qui a été enfermé dans l'hexagone cérébral des Judéens et qui demeure, aujourd'hui encore, tapi dans le cerveau reptilien archaïque des Israéliens sionistes.
8 - Où l'on suit de hardis explorateurs se lançant à l'assaut du mythe 
Je me suis donc attachée à suivre pas à pas les différentes étapes de la rédaction des livres de la bibliothèque mythique dans lesquels les Judéens se vantent d'avoir scrupuleusement consigné les péripéties de leur rencontre avec l'absolu divin en essayant de préciser, chaque fois que c'était possible, à quelle date ces vénérables grimoires avaient été rédigés et à quel moment s'étaient produits les quelques rares événements vraisemblables évoqués et présentés comme "réellement historiques", alors qu'il s'agit de la transposition, sur le mode héroïque et grandiloquent, d'événements minuscules dont l'histoire réelle n'a pas gardé la moindre mémoire. Malgré toute leur empathie pour le judaïsme les auteurs de La Bible dévoilée - Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman - concluaient que "l'image que l'on se fait de Jérusalem à l'époque de David, et davantage encore sous le règne de son fils, Salomon, relève, depuis des siècles, du mythe et de l'imaginaire romanesque. "(p.208) "Il s'agit de la peinture d'un passé idéalisé, d'une sorte d'âge d'or nimbé de gloire." (p.201)
Voir : La Bible et l'invention de l'histoire d'Israël, 5 mars 2010
Il faut donc lire la Bible comme on lit l'Iliade et l'Odyssée. Presque tout y est inventé. "Toutes les impressionnantes constructions attribuées par le passé à Salomon furent en fait réalisées postérieurement par le Royaume d'Israël" écritShlomo Sand dans un ouvrage récent , Comment le peuple juif fut inventé, p. 235)
Le véritable miracle réalisé par ce petit peuple, c'est que, le christianime ayant grandi et prospéré sur ce terreau imaginaire et que l'islam ayant également repris quelques-uns de ses mythes, le plomb de la fiction biblique s'est transmué durant deux millénaires dans l'Occident chrétien et dans l'Orient musulman, en or de la vérité historique. Certes, depuis un siècle, les exégètes n'acceptaient plus comme "parole d'évangile", si je puis dire, le récit biblique en bloc et en relevaient les incohérences, les contradictions, les similitudes avec les légendes des empires voisins.
Plus personne ne croit, comme l'écrivait encore Bossuet en 1689, dans son Discours sur l'histoire universelle, que le monde a été créé en l'an 4000 avant notre ère, mais deux siècles plus tard, en 1887, Ernest Renan considérait encore, dans sa volumineuse Histoire du peuple d'Israël, que les épisodes relatés dans les Rois, les Chroniques ou les Juges seraient "historiques" au sens de l'historiographie moderne. Il a fallu attendre la fin du XXe siècle et le début du XXIe, à partir des travaux d'historiens, de linguistes, d'archéologues comme Finkelstein et Silberman, mais aussi grâce aux minutieuses analyses à la fois historiques et exégétiques - beaucoup moins célèbres, mais très importantes - du bibliste italien Mario Liverani dans son ouvrage Oltre la Bibbia, Storia antica di Israele de 2002publié en 2006 par les éditions Bayard sous le titre La Bible et l'Invention de l'histoire, pour que l'histoire redevienne l'histoire et la légende la légende et pour que la réalité scientifique finisse par s'imposer... dans les cercles érudits seulement pour l'instant. Plus récemment, l'ouvrage de Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, paru chez Fayard en 2008, qui a connu un succès considérable dans le monde et déchaîné les passions en Israël, a confirmé et prolongé sur le plan politique, les analyses des prédécesseurs.
Admettre que le monde a cru dur comme fer à des légendes exige une révolution copernicienne des mentalités que peu d'individus sont prêts à accepter et surtout pas les habitants du nouvel Etat surgi en Palestine et pour lesquels la fiction biblique est le fond de commerce messianique à partir duquel ils s'auto-justifient d'être là où ils sont. L'habitude de transformer un récit imaginaire en vérité historique se pousuit sous nos yeux. De 1947 à une époque récente, les gouvernements sionistes successifs ont réussi à imposer une image idyllique du nouvel Etat et à enfouir dans les caves des archives les crimes monstrueux sur lesquels Israël s'est édifié.
Car elles sont nombreuses les organisations terroristes sionistes qui ont sévi en Palestine avant la création officielle de l'État d'Israël ou depuis cette création. Il y eut d'abord le Ha-Shomer (la Garde) , la première organisation paramilitaire clandestine, avant la première guerre mondiale et qui devint la Haganah (la Défense) entre les deux guerres. Créée en 1920, cette armée clandestine comptait à l'origine 15 000 membres mais finit par former une armée de 160 000 combattants parfaitement équipés. A partir de 1941, elle comptait une "compagnie de choc", le Palmach, de 6 000 unités prêtes à tout. Cette organisation militaire sioniste n'hésitait pas à s'attaquer même aux Juifs antisionistes - c'est elle qui a assassiné en 1924 le poète et journaliste juif De Haan.
Puis il y eut l'Irgoun forte de 5 000 hommes spécialisés dans les attentats à la bombe contre les forces britanniques et les Arabes de 1935 à 1939. Elle redevint active en 1944 et le Likoud en est l'héritier. Il y eut également le Lehi (ou groupe Stern) . Dissidence de l'Irgoun cette organisation a multiplié, elle aussi, les attentats, les exécutions sommaires et les extorsions de fonds. Yitzhak Shamir, chef du Lehi, a fait assassiner Lord Moyne grand ami de Churchill, ambassadeur d'Égypte et envoyé spécial de Churchill en Palestine. Aujourd'hui est toujours active en Israël l'organisation terroriste sioniste mista'arebim et des membres du Mossad déguisés en diplomates opèrent dans quasiment tous les pays importants du monde.
Parmi les victimes les plus connues des organisations terroristes juives, citons l'assassinat en 1948, du comte Folke Bernadotte, envoyé spécial de l'ONUet de son assistant français le Colonel Serrot, abattus dans leur voiture prise en embuscade à Jérusalem par une équipe de quatre tueurs; toujours en 1948, le Vicomte De Tapia, Consul d’Espagne à Jérusalem, est tué dans un attentat de la Haganah contre l’Hôtel Sémiramis de Jérusalem (dont le propriétaire était un Arabe) en compagnie de vingt autres civils; en 2010, le dirigeant du Hamas Mahmoud Al-Mabhouh est étouffé par un oreiller à Dubaï. Il semble que depuis les jours heureux où les terroristes juifs faisaient sauter comme à la parade des trains, des hôtels, des autobus, des pipe-line, des camions, des camps militaires anglais, les tueurs du Mossad aient quelque peu perdu la main, car il s'y sont mis à vingt-sept pour réussir l'exploit d'éliminer un seul homme... et se sont fait repérer. Le talent se perd!
Mais d'innombrables personnalités moins connues sur la scène internationale, notamment des Palestiniens par centaines, ont été assassinés par ces groupes terroristes. Mme Tzippi Livni fut membre d'un de ces commandos agissant à l'étranger, dans la grande tradition des organisations terroristes juives. "Nous avons montré au monde que nous sommes prêts à devenir fous, » jubilait-elle après les massacres commis durant l'agression contre Gaza en janvier 2009 oubliant queNemesis, la déesse de la vengeance, celle qui punit l'hubris des fous, a déjà commencé à faire tourner la roue de la fortune qu'elle tient à la main.

Némésis statue en marbre du IIe siècle, Villa Getty
Déportations, empoisonnements, utilisation d'armes biologiques, de gaz invalidants, assassinats individuels ou de masse, la liste des "opérations" de ces puissantes organisations terroristes qui ont sévi en Palestine depuis 1920 aurait révélé que derrière la façade d'un "Etat Potemkine" démocratique grouillaient les pires corruptions et s'entassaient des piles de cadavres, si les historiens avaient pu travailler librement. Pendant que les tueurs s'activaient à chasser les habitants originels et à raser les villages, "le monde" regardait ailleurs. On comprend pourquoi le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son gouvernement ont senti le danger et ont décidé de porter de 50 à 70 ans le temps de maintien du statut confidentiel des archives de l'État. Israël voit clairement que la révélation publique de ses crimes passés serait dévastatrice pour son image. "Si les gens savaient ce que nous avons fait, ils nous pourchasseraient dans les rues, et ils nous lyncheraient" a pu écrire le rabbin anti-sioniste WEISSMANDL dans son ouvrage Sefer Min Hametzar.
Rien de nouveau sous le soleil. La fiction qui a permis de scénariser la religion juive dans l'antiquité est utilisée aujourd'hui pour blanchir la politique sioniste et réécrire l'histoire. Comme des millions de documents sont archivés tant en Israël que dans de nombreux pays du monde, il s'agit d'empêcher par tous les moyens, y compris par le vote de lois liberticides, que les historiens puissent les consulter librement et rétablissent une vérité dérangeante. De plus, il faut laisser au roman fantastique le temps de pervertir les esprits et aux petites mains qui opèrent dans l'ombre celui de détruire les pièces les plus compromettantes.
J'ai essayé de mettre en évidence l'influence que les évènements politiques qui se sont déroulés à l'intérieur et à l'extérieur de cette tribu dans l'antiquité ont exercée sur la formulation des récits bibliques. Réciproquement, il était important de montrer comment des récits théologiques mythiques ont structuré en retour la psychologie des Judéens de l'antiquité, et comment ils continuent d'influencer l'action politique de l'Etat actuel - dans les jeux de miroir à l'infini qu'évoque la nouvelle de Borges. Baignant dans les brumes théologiques de leur fiction biblique, des immigrants venus des quatre coins du monde rêvent d'imposer à la planète entière le droit pour eux seuls de remonter le cours du temps, d'incarner leurs fantasmes et d'anéantir deux mille ans d'histoire des peuples du monde.
9 - Où l'on découvre comment le mythe crée un corps collectif et le pérennise 
Une grande partie de la difficulté réside dans la définition du mot "historique". Qu'est-ce qui est "historique" dans une religion? A partir du moment où le mythe crée l'histoire, parce que l'histoire véritable est celle qui se déroule dans les têtes, le mythe est une forme de l'histoire. La religion politique commence lorsque les croyants prétendent extraire le mythe de leur cervelle, habiller de chair et d'os les personnages qui gazouillent dans leur cervelle et les faire marcher sur la terre, l'arme à la main.
Les recherches archéologiques et historiographiques les plus récentes ont établi que les grands héros du récit deutéronomique censés constituer les fondements d'une "histoire authentique du peuple hébreu" - Abraham, Moïse, Josué - sont des personnages mythiques construits à partir d'un caléidoscope de légendes empruntées aux grands empires voisins, Egyptiens ou Assyriens. Repeints aux couleurs locales et adaptés aux mentalités tribales du moment, ils n'ont jamais eu davantage d'existence historique concrète que Zeus, Hermès ou Athéna.
Voir : La Bible et l'invention de l'histoire d'Israël, 5 mars 2010
Mais à partir du moment où le mythe crée l'identité du groupe, parce qu'il s'est enkysté dans les psychismes d'une manière indéracinable, non seulement il est constitutif de la personnalité privée de chaque croyant, mais il crée un corps collectif si puissant que même des membres qui n'adhèrent plus aux rites et aux prescriptions de cette religion continuent à se réclamer de leur "judéité". Israël est un seul corps et chaque unité est une parcelle de ce corps. Cette notion sera reprise par la doctrine chrétienne. L'Eglise est le Corpus Domini et chaque membre de l'Eglise est une parcelle du corps de Dieu.
Aucune preuve historique ne convaincra les Israéliens qu'ils vénèrent des héros symboliques et que leur arrière-monde psychique repose sur un roman. Les juifs continueront à commémorer la fuite de leurs ancêtres hors d'Egypte et à croire que la mer Rouge s'est ouverte afin de faciliter leur passage, car cette mythologie est une rationalisation nécessaire et une justification politique de leur destin passé et de leur histoire présente. "Si Jahvé ne nous a pas donné cette terre, nous sommes des brigands" proclament les plus lucides.
Cette fiction nationale héroïque était destinée, à l'origine, à galvaniser les énergies et à permettre l'apparition d'un sentiment national qui fait de la tribu un seul et même corps psychique homogène, donc efficace et innocent. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle cette mythologie a été inventée. Rien n'a changé et le comportement tribal instinctif est au fondement du soutien quasi unanime des habitants d'Israël à la politique de leur gouvernement, y compris à ses exactions les plus repoussantes, comme le monde entier a pu en être le témoin au moment du bombardement du camp de concentration de Gaza en décembre 2008, de l'invasion du Liban en juillet 2006 ou du massacre de volontaires de la paix sur le Mavi Marmara le 31 mai 2010, pour ne citer que les plus récents, qui ont enfin débarqué dans l'actualité mondiale.

Des étudiants d'université manifestent leur soutien à l’armée pendant les attaques contre Gaza en décembre 2008
Un bel exemple de solidarité tribale est donné par l'épisode du caporal Shalit, fait prisonnier au cours d'une embuscade tendue par les résistants de Gaza alors que celui-ci n'a pas été capturé alors qu'il baguenaudait bucoliquement dans la nature, un bouquet de fleurs à la main, mais pendant qu'il participait, sur un char, à une de ces opérations illégales de l'armée israélienne dont on sait combien elles sont toujours meurtrières pour les civils palestiniens. Depuis lors une mobilisation en vue de récupérer cet unique et obscur représentant d'une troupe qui n'hésite pas, par ailleurs, à tuer sans sommation des civils des deux sexes et même des enfants, d'une population dont ils cherchent à s'approprier les terres, donne lieu à des manifestations multiples et variées tant à l'intérieur des frontières de l'Etat que dans la diaspora mondiale.
En quoi ce caporal est-il plus précieux que les milliers de résistants palestiniens qui croupissent dans les geôles israéliennes, parmi lesquels un grand nombre de femmes, d'adolescents et même d'enfants pour que des politiciens européens et même des chefs d'Etat se mobilisent en sa faveur? C'est qu'il est un membre de la tribu. Bien qu'il ne soit qu'un obscur individu anonyme, un prisonnier de guerre sans valeur particulière, certainement beaucoup mieux traité que les milliers de Palestiens raflés dans leurs villages, comme on en voit chaque jour des images, puisqu'il représente une monnaie d'échange précieuse, le monde entier retentit de lamentations sur son sort. Le corps collectif de la société israélienne se sent amputé par la détention de cette unique unité. Ce corps psychique tribal souffre et saigne. Seule la récupération de ce prisonnier de guerre permettrait au "corps collectif" de cicatriser sa blessure. Mais ce "corps collectif" si sensible à la détresse d'un unique individu adulte, parce qu'il est juif, trouve tout naturel que des centaines d'enfants soient détenus et soumis à des tortures sexuelles dans ses geôles, parce qu'ils sont palestiniens et que des hommes et des femmes soient maltraités d'une manière sadique.
En effet, qui, dans cette tribu si merveilleusement soudée et solidaire de tous ses membres aurait l'idée saugrenue de s'indigner de ce que certains d'entre eux soient spécialisés dans la rafle de gamins de dix ans dans leurs écoles? Gifles, coups de pied, coups de poing, coups de crosse de fusil ou de bâton sont le traitement courant. Mais des tortures plus sévères sont réservés aux récalcitrants: suspendus par les bras jusqu'à provoquer des luxations des épaules ou attachés pendant des heures dans des positions inconfortables, les yeux bandés. Il s'agit de dissuader cette graine de "terroristes" de jeter méchamment des pierres sur les gentils soldats israéliens - comme ceux de la photo ci-dessous - qui rasent les maisons de leurs parents, cherchent à leur extorquer des renseignement sur leurs proches, matraquent et tuent impunément. Chez quelques-un(e)s de ces tortionnaires mâles et femelles, un début d'humanité commence à pointer le bout de son nez et des aveux écrits ou filmés expriment des remords tardifs . Mais ils n'ont pour l'instant aucune influence sur mentalité générale de la société israélienne et sont même considérés comme "anti patriotiques".

Enfant palestinien raflé dans son école
J.-H. Rosny aîné avait anticipé la situation de Shalit dans son roman d'aventures La Guerre du feu. Les Wah avaient atteint, écrit-il, un stade d'évolution supérieur à celui des tribus environnantes. Des hordes plus violentes et plus énergiques les avaient peu à peu repoussés dans des territoires de plus en plus hostiles, mais, en dépit de leur faiblesse numérique - ou peut-être à cause d'elle, précisément - les Wah "risquaient tout pour délivrer un des leurs pris, cerné ou tombé dans un piège. Cette solidarité (...) qui jadis avait immensément accru leur puissance, les conduisait parfois à de sinistres aventures."
La "libération du caporal Shalit" n'était-elle pas l'un des principaux objectifs avancés afin de justifier la "sinistre aventure"du bombardement du ghetto de Gaza et ses 1 500 morts?
La solidarité tribale est allégorisée par la fiction biblique présentée dans le Livre d'Esther particulièrement vénéré par les juifs, bien que le nom de Jahvé n'y soit jamais citéUne jeune orpheline qui a caché son origine ethnique est devenue reine de Perse grâce une beauté exceptionnelle. Au péril de sa propre vie et en compagnie de son cousin Mardochée, elle aurait réussi à déjouer un complot et à sauver tous les juifs de Babylone qu'un méchant premier ministre perse voulait exterminer sans raison.
Aucun des événements relatés dans ce récit n'est historique, bien qu'il situe l'action durant la déportation d'une partie des Judéens à Babylone après la déroute militaire de Megiddo et la mort du roi Josias en -598. Rédigée probablement par le scribe Esdras, cette fiction raconte la délivrance in extremis de la "communauté" d'un massacre imaginaire. Elle continue depuis près de vingt-cinq siècles d'être joyeusement commémorée chaque année dans une fête dont le nom, Pourim, est une simple reprise des Pûrim babyloniennes qui fêtaient le retour du printemps. C'est la grande fête de la solidarité communautaire, à la fois carnaval pour les enfants et joyeuses extravagances et transgressions pour les adultes, par laquelle la "communauté" fête symboliquement la puissance de son "corps collectif" et savoure la volupté d'une vengeance par procuration, puisqu'ayant "échappé" à un massacre potentiel, les juifs ont été autorisés, dans la fiction biblique du Livre d'Esther, à exterminer réellement tous ceux qu'ils considéraient comme leurs ennemis.
Les rabbins qui proclament aujourd'hui qu'il est "licite de tuer les bébés et les enfants" des "ennemis d'Israël" car, disent-ils, "il est clair qu'ils nous porteront préjudice lorsqu'ils auront grandi" se situent dans la continuité directe du Livre d'Esther et de son massacre préventif, ce qui prouve que sur un "corps collectif" en béton armé le passage des siècles ne produit pas la moindre érosion. [3]
10 - Où l'on assiste à la chute du mythe dans la politique. Il était une fois Israël ... 
Dans son ouvrage "Mon père était un combattant de la liberté, l'histoire de Gaza telle qu'on ne vous l'a jamais racontée", l'écrivain palestinien Ramzy Baroud raconte une expédition punitive de la troupe israélienne dans un camp palestinien de la bande de Gaza: "Les soldats avaient pour habitude de demander à celui qui avait été désigné pour un tabassage: "Tu écris avec quelle main?" et lui cassaient ce bras-là d'un coup de batte, puis ils cassaient l'autre bras et ensuite les jambes."[4]
J'ai longuement décrit, dans de nombreux textes de mes Chroniques de la Palestine occupée, la barbarie de l'Etat d'apartheid israélien. Il faudrait un volume plus épais que la Bible pour collationner les innombrables formes que prend la sauvagerie d'une soldatesque omniprésente jour et nuit aussi bien en Cisjordanie occupée qu'aux frontières du goulag de Gaza dont elle contrôle en réalité chaque centimètre carré.
Voir, entre autres, - Le territoire, les rats et les hommes
On ne peut que constater, une fois de plus, la remarquable homogénéité psychique de la quasi-totalité du "peuple élu". Elle se manifeste par des applaudissements enthousiastes aux exactions de son armée contre des civils.
Ainsi, le 5 juin 2010, le gouvernement a décidé de décorer de la médaille d'honneur le membre de l'unité du commando marin qui s'est révélé l'assassin le plus efficace au cours de l'abordage en haute mer de la flottille internationale de la Liberté par des commandos-pirates armés jusqu'aux dents. A lui tout seul il a, en effet, réussi l'exploit de tuer à bout portant , d'une balle dans la nuque ou entre les yeux, six des neuf victimes officielles parmi les volontaires pacifistes désarmés qui voguaient sur le cargo turc Mavi Marmara en direction du camp de concentration de Gaza. [5]

Le Mavi Marmara, navire amiral de la "Flottille de la Liberté", attaqué par les commandos de marine israéliens (PHOTO: MENAHEM KAHAN, AFP)
Enfermés dans le bunker d'un tribalisme bétonné par un dieu qui lui aussi "tue, ment, trompe et vole pour le plus grand bien d'Israël", comme l'écrivait Renan, et bien qu'ils se proclament officiellement les habitants d'un Etat laïc, les Israéliens manifestent un soutien sans faille aux crimes contre des civils - enfants et nourrissons compris - ainsi qu'aux lois qu'un sadisme législatif particulièrement ingénieux et d'une imagination raciste confondante parviennent à concocter.
Les tueurs du Mavi Marmara ont été accueillis en héros par des vivats et des rodéos de véhicules klaxonnant dans les rues des grandes villes.

Scènes de liesse à Tel-Aviv pour fêter le retour des tueurs des volontaires de la paix
Je dis bien habitants et non citoyens, car cet Etat présente une autre particularité mondiale, celle de hiérarchiser, en fonction de leur appartenance religieuse, les occupants du territoire qu'il a investi. Nul "citoyen universel" n'y existe. Au sommet de la pyramide sociale trônent les "Juifs", ornés de la majuscule qui leur accorde le bénéfice de la nationalité raciale et qui les distingue des juifs, sans la majuscule révérentielle, utilisée lorsqu'il est question des adeptes de la religion fondée sur les textes de la Thora. Une soixantaine d'autres "nationalités", et notamment la masse des indigènes, habitants autochtones et authentiques possesseurs de la terre palestinienne regroupés sous le vocable d'"Arabes", barbotent dans un marécage législatif filandreux et confus, subtilement hiérarchisé dans lequel les "Russes" ont un peu plus de droits que les "Arabes", mais nettement moins que les "Juifs".
Les contacts sociaux ou politiques entre les différents groupes raciaux sont quasi inexistants à l'intérieur même des frontières de cet Etat. [6]
L'apartheid ne régit donc pas seulement les rapports entre l'occupant et les occupés, il est également omniprésent dans la vie quotidienne à l'intérieur des frontières officielles de l'Etat. Il se manifeste même entre les "Juifs" cachères et les ceux qui le sont moins, c'est-à-dire entre les immigrants originaires des régions talmudiques d'Europe centrale, d'Ukraine, de Russie et du Caucase - les Askhenazes - et ceux qui proviennent d'Afrique du nord et des autres pays musulmans du Moyen Orient - les Séfarades - contaminés, semble-t-il, par la pollution arabe. [7]
Il s'épanouit dans des règlements administratifs sadiques qui témoignent d'une inventivité et d'une fertilité qui suscitent une stupeur admirative par le degré de malfaisance qu'ils sont capables de produire à l'égard des "non-Juifs". [8] Mais, ô ironie de l'histoire et retour du boomerang, une nouvelle forme d'apartheid est en train de naître à l'intérieur même du groupe des "Juifs" de la première catégorie. Les juifs orthodoxes hyper religieux, ignorants comme des carpes dans tous les ordres utiles à la vie en société - et auxquels Ben Gourion avait accordé le privilège de vivre sans travailler afin de consacrer leur vie à l'étude la Thora et du Talmud - refusent tout contact physique avec le reste de la société, y compris avec les autres juifs, impies à leurs yeux, et exigent des écoles spéciales pour leurs nombreux enfants. La libération de toute obligation militaire, une démographie galopante - chaque famille comptant huit à dix enfants - ainsi que l'attrait d'une vie oisive semblable à celle des lévites judéens du temps de Josias, ont assuré la prospérité et augmenté l'arrogance de cette partie de la population juive d'Israël qui compte déjà 600 000 membres, soit près d'un quart de la population ethniquement "pure".

Manifestation de colons ultra-orthodoxes
S'y ajoute la catégorie des "colons", les pires prédateurs. Une masse de 475 000 individus originaires du monde entier, jeunes et vigoureux, fanatisés par l'idéologie sioniste, dépourvus de tout sens moral inné et armés jusqu'aux dents, harcèle jour et nuit les Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem, détruit leurs maigres cultures, incendie des maisons, coupe ou brûle de merveilleux oliviers centenaires, vole sans vergogne tout ce qui est à sa portée - une vidéo montre la manoeuvre qui semble bien rôdée de quatre chenapans juifs de la colonie voisine en train de subtiliser un mouton lors du transit d'un maigre troupeau conduit par un berger palestinien. Un membre caché des groupes de solidaires qui essaient de protéger les Palestiniens a pu filmer la scène. [9]
Bien que les 144 colonies qui les hébergent soient toutes illégales et construites sur des terres volées, non seulement leurs exactions ne sont jamais sanctionnées, mais ils sont armés et officiellement protégés par l'armée, dont ils sont devenus l'une des composantes les plus actives. On peut les identifier aux fameux "frelons" évoqués ci-dessus par le texte duDeutéronome. Chargés implicitement par une administration complaisante de dégoûter les Palestiniens de continuer de vivre sur la terre de leurs aïeux, ils s'acquittent de leur mission avec zèle.



Soldats originaires des colonies de Cisjordanie en prière
Ainsi, comme les fameux trains sur les panneaux de la SNCF, un apartheid peut en cacher un autre. Victime de la mentalité ségrégationniste de ses habitants, l'Etat d'Israël se trouve confronté à des apartheids internes en forme de poupées russes.
Plus surprenant encore, des sites juifs parmi les plus officiels en arrivent à justifier la judéité par la génétique [10] et, ironie de l'histoire, à se réclamer eux-mêmes d'un racisme biologique. Des publicités invitant les amateurs à se livrer à une recherche de "gènes juifs" fleurissent sur internet. [11]
Quant à l'Etat d'Israël lui-même, il s'agite frénétiquement sur la scène internationale afin d'obtenir la reconnaissance de sa légitimité comme "Etat juif" sur un fondement "biblico-génético-matrilinéaire".
Quel paradoxe de voir les représentants d'un Etat qui justifie l'appropriation de la Palestine par le matraquage médiatique mondial d'un rappel des persécutions racistes dont ses membres ont été victimes en Europe, en arriver à se réclamer, avec une innocence stupéfiante, d'un tribalisme génétique et à s'auto-justifier à partir de la biologie. Quelle ironie de l'histoire de voir une population dont les ancêtres ont été victimes en Espagne et au Portugal, durant les XVè et XVIe siècles, de la fameuse politique de la limpieza de sangre, la "pureté de sang", qui bannissait de toutes les fonctions politiques et administratives même les convertis au christianisme soupçonnés d'une ascendance juive, se réclamer à leur tour de ce principe contre les "goys" et les "arabes"!
Mais au moment où la politique d'un Etat est dictée par ses chromosomes, on quitte l'histoire universelle des humains pour choir dans une variante du comportement animal. Si le tribalisme biologique est le déterminant majeur de la politique d'un Etat, ne devient-il pas légitime d'étudier la politique israélienne à la lumière des observations éthologiques de Konrad Lorenz dans son Histoire naturelle du mal et de la comparer au comportement démoniaque des rats envers des congénères n'appartenant pas à leur propre espèce?
11 - Une question de psychophysiologie 
Car toujours revient la même question lancinante: pourquoi les Juifs aujourd'hui, les Judéens hier, considèrent-ils comme physiquement et psychiquement indispensable à leur équilibre corporel et mental de s'isoler des humains qui ne font pas partie de leur ethnie et donc à édicter des lois tribales qui leur font rejeter aussi violemment que les rats, les humains qui ne partagent ni leur patrimoine génétique, ni leur arrière-monde psychique? Israël est aujourd'hui le seul endroit sur la planète entière dans lequel un racisme officiel et revendiqué s'épanouit et se développe au vu et au su de tous, et au mépris de toutes les lois internationales. "Les personnes qui souhaitent obtenir la nationalité israélienne devront prêter allégeance à Israël comme « Etat juif et démocratique » et plus seulement à l’Etat d’Israël, comme c’est le cas aujourd’hui", Vous voulez la nationalité ? Déclarez qu’Israël est un Etat juif, rapporte le site de l'ambassade de France en Israël. [12]
Ainsi, il y a quelques années, un colon juif originaire de France qui venait de débarquer dans la patrie de son coeur a cru bon de fêter son "retour" en poignardant de sang-froid un chauffeur de taxi arabe après une course. Lorsque la police l'a interrogé: "Je n'ai rien ressenti (...) C'était comme abattre un animal", avait déclaré aux enquêteurs israéliens Julien Soufir, 25 ans, qui a reconnu s'être rendu à Jérusalem pour trouver un chauffeur de taxi palestinien dans l'intention "de tuer un Arabe parce qu'il était arabe". [13]
Le Monde du 14 août 2010 rapporte dans une toute petite bulle qu'un colon de Cisjordanie de 29 ans, auteur de quatre assassinats de Palestiniens avec un poignard et de sept autres agressions anti-arabes a été condamné par un tribunal israélien à une peine vraiment trop féroce: 15 jours d'assignation à résidence dans sa propre maison, soit 1jour, 8heures, 36 minutes et 21secondes par Palestinien poignardé à mort. Le monde entier a partagé avec la "communauté juive" le soulagement de voir que jeudi 12 août 2010, M. Haïm Pearlman a retrouvé une totale liberté d'action. [14]
Le 16 mars 2010, au cours de violents affrontements à Jérusalem-Est, le photographe Ammar Awad de l'agence américaine Reuters, a saisi une scène particulièrement révélatrice de la mentalité et du "courage" de l'armée auto-proclamée "la plus morale du monde".
Arrêter des enfants et des adolescents, les soumettre à des tortures sexuelles, les utiliser comme boucliers humains lors des répressions des manifestations ou des opérations de guerre sont des comportement habituels et solidement ancrés dans les pratiques de cette milice. Mais cette fois, les célèbres FID (Forces israéliennes de Défense) ont eu une idée géniale: comme la vie d'un seul juif est, comme on doit le savoir, plus précieuse que des milliers de vies de représentants d'autres nations - voir le verdict Haïm Pearlman - et que celle d'un arabe ne vaut même pas qu'on use sa salive à en parler, aucune précaution n'est surperflue afin d'assurer la sécurité des inestimables forces anti-émeutes, pourtant équipées de gigantesques boucliers, armées et casquées comme une troupe de Martiens et accompagnées de lourds véhicules militaires.
Eurêka, pourquoi ne pas kidnapper une toute petite fille sur le chemin de l'école avec son petit cartable sur le dos et se cacher derrière ce bouclier protecteur? Une petite fille palestinienne, c'est de la graine de terroriste, il n'y a donc pas à la ménager car, comme l'écrivent les éminents rabbins auteurs de la Thora du roi dans des extraits publiés par Haaretz "attaquer des non-juifs" peut "freiner leurs inclinations malignes"! Ce serait donc pour son bien et au nom de la morale que les FID s'abritent derrière une petite écolière. On comprend enfin pourquoi l'armée israélienne se proclame "la plus morale du monde"! Elle tue les Palestiniens pour leur bien.
Seuls des esprits mal intentionnés pourraient juger qu'il s'agit d'une obscénité morale et que les FID sont des lâches. [15] Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin et ne pas utiliser des berceaux remplis de nourrissons? Il y a tant de marmaille palestinienne grouillante "d'inclinations malignes" !

Courageux petit bouclier humain (© Photo Ammar Awad/Reuters)
Je n'évoque que pour mémoire la guerre sauvage menée contre la prison de Gaza. Il n'a pas fallu moins de cinq cents pages à un co-religionnaire, le juge sud-africain Goldstone, pour collationner les innombrables crimes de guerre commis par l'Etat sioniste durant trois semaines, mais approuvés quasi unanimement par la population qui non seulement n'a éprouvé - et n'éprouve toujours pas - la moindre pitié, la moindre honte ou le moindre remords, mais s'est montrée, au contraire contrariée et furieuse devant l'arrêt du carnage avant qu'il soit complet.
Voir : L'axe de l'apocalypse se rue à l'assaut du camp de concentration de Gaza,
Toutes les guerres charrient leurs cortèges de massacres, mais les guerres à la fois coloniales et religieuses sont les plus cruelles car lorsque la colonisation se fait au nom d'un dieu, la barbarie n'est freinée par aucune loi humaine et par aucune inhibition. L'issue ne peut en être que l'extermination de l'ennemi, car les prédateurs messianiques prétendent qu'ils obéissent à "une autre loi", qu'à celle des institutions internationales qui encadrent la politique mondiale et tentent de canaliser le comportement des hommes de troupe sur le terrain.
Qu'est-ce que cette "autre loi" dont se réclame Israël ? Où et comment a-t-elle été élaborée, comment s'est-elle durcie dans les cervelles et dans les cœurs jusqu'à aboutir à l'espèce de soupe idéologique aujourd'hui appelée sionisme et composée d'un brouet messianico-colonialiste cuisiné à partir d'une interprétation littérale du Deutéronome dans lequel barbotent librement préceptes bibliques, rapines, violences, tortures et toutes les formes de sadisme dont sont capables les hommes quand ils considèrent que tout leur est permis sur la terre et qu'ils obéissent aux commandements d'un Dieu?
A la poubelle, la Déclaration universelle des Droits de l'Homme de l'Assemblée générale des Nations Unies de 1948; ignoré le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de l'Assemblée Générale de 1977; méprisé le Droit international humanitaire (DIH) ainsi que le Droit international des droits de l'homme (DIDH). Quant à la Quatrième Convention de Genève qui protège les civils en temps de guerre, l'agresseur la tient pour un chiffon de papier et, dérision suprême, se considère en état de légitime défense et en impute les obligations aux victimes. Son ambassadeur en France les avait en son temps dédaigneusement qualifiées de "rituelles".
Sûr de son impunité, Israël fanfaronne et ne lit même plus les 67 résolutions de l'Assemblée générale des Nations Unies qui le condamnent expressément.
Voir : Ils ont crucifié Marianne... Les nouveaux exploits de Tartuffe en Palestine
Cet Etat ne signe ni le Traité de non- prolifération des armes nucléaires, ni celui d'interdiction de leurs essais, tout en s'agitant frénétiquement et en faisant agir les innombrables groupes de pression qu'il possède sur la planète entière afin de faire condamner une arme potentielle qui serait construite dans un avenir indéterminé par une puissance rivale de la région.
12 - Où l'on observe le "peuple élu" confronté à l'insurrection morale des peuples du monde 
Quant au traité sur le droit de la mer, le monde entier a pu voir le cas qu'il en a fait durant la nuit du 31 mai 2010 lorsqu'il a envoyé ses commandos de marine investir les navires de la "Flottille de la Liberté" dans les eaux internationales et assassiner de sang-froid une dizaine de pacifistes désarmés. Laisser des blessés se vider de leur sang jusqu'à ce que mort s'ensuive ou rouer de coups de pied un blessé agonisant avant de l'achever de quatre balles dans la tête, voilà le genre d'exploit pratiqué par les commandos de cet Etat et que révèlent quelques vidéos qui ont échappé à la razzia des escadrons de la mort qui se sont livrés, de nuit et en haute mer,à un acte de piraterie, sur la flottille de volontaires humanitaires voguant vers la prison de Gaza.
Non seulement ils étaient munis d'une liste de passagers à tuer, mais ils ont de surcroît procédé à un cambriolage en règle. Tels de vulgaires pirates de la mer, la troupe israélienne a dépouillé systématiquement tous les parlementaires et les volontaires internationaux, y compris ceux qui gisaient dans leur sang, le crâne explosé. Les agresseurs ont fait main basse sur leurs bagages, leurs effets personnels et jusqu'aux chaussettes qu'ils avaient aux pieds, comme en témoigne l'écrivain suédois Henning Mankell présent sur le navire grec Sophia[16]

Henning Mankell lors d'une conférence de presse à Berlin après sa participation à la flottille d'aide à Gaza
et son expulsion d'Israël. (Reuters/Tobias Schwarz)
Camescopes, appareils photos, ordinateurs et même cartes de crédit, argent liquide, bijoux, passeports tout a été volé. En bons voyous, certains soldats ont utilisé des cartes de crédit volées pour leur usage personnel, achats d'i-pod et d'autres babioles électroniques. [17] A côté du comportement de l'armée israélienne, les pirates somaliens font figure de gentils adeptes des principes de Baden-Powell.
L'histoire est facétieuse. Un des lobbyistes les plus actifs dans la défense d'Israël et du sionisme sur la planète entière avait prononcé, la veille, avec des trémolos dans la voix, un hymne à la gloire d'une armée dans laquelle il avait voulu entrer en son jeune âge. "Je n'ai jamais vu une armée aussi démocratique, qui se pose autant de questions morales. Il y a quelque chose d'inhabituellement vital dans la démocratie israélienne."
M. Béhachel Lévy est décidément un grand humoriste.
Mais malgré la censure tacite des journaux et des télévisions, la complicité des grandes agences de presse comme AFP, Reuters ou Associated Presse et malgré les efforts des innombrables petites mains qui officient dans les médias occidentaux et se contentent de relayer la version israélienne, la vérité se fraie son chemin. [18]
Au moins avec Israël le monde n'a jamais de surprise: le pire est toujours sûr. Ainsi, après le massacre opéré par les troupes d'assaut sur le Mavi Marmara, cet Etat a accepté, à la suite des pressions internationales, pourtant d'une grande modération, de nommer une "Commission d'enquête" dont le résultat est connu d'avance, puisqu'il est contenu dans son énoncé. En effet, la pseudo "enquête" doit, précise le texte officiel, "préserver la liberté d'action de nos soldats" et "prouver que nos actions étaient de caractère défensif et donc justifiées". CQFD.
Le Père Ubu aurait adoré ce genre d'"enquête".
Mais aucun ridicule, aucun mensonge ne découragent l'armée innombrable des membres potentiels de cet Etat dispersés sur la planète entière. Comme ils occupent des places stratégiques dans les médias de tous les pays du monde leur force de frappe est immense et avec une énergie que ne freine aucun scrupule et ne décourage aucun mensonge, ils s'évertuent à peindre en rose l'Etat bien-aimé, leur véritable patrie. "Des matinées entières, ils s'étaient immobilisés devant ce portrait, s'émerveillant de sa beauté…"
Ils savaient au fond de leur cœur que cet Etat était devenu "monstrueux et repoussant", "en proie à une corruption particulière, pire que celle de la mort", que, de semaine en semaine, de mois en mois, d'année en année, sa figure devenait "bestiale, flasque, immonde", mais ils refusaient de l'admettre. Ils cachaient "son masque de turpitude et de laideur" sous des draperies de mensonges de velours rouge, essayant d'imposer un "universel respect" pour "la seule démocratie au Moyen-Orient", la "lumière parmi les nations", la "nation au-dessus de toutes les nations" qui, grâce à son ingéniosité, avait fait "refleurir le désert".
Mais pendant que les aèdes du sionisme chantaient leur extase, derrière son mur hérissé de bombes et de missiles nucléaires, "un visage hideux dans le clair-obscur grimaçait sur la toile". "La corruption et l'ignominie" donnaient à cet Etat "le visage d'un satyre". (Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray)
Une fois encore, un grand écrivain se révèle un prophète. On voit comme Oscar Wilde a su décrire l'évolution de l'Etat d'Israël et son passage du mythe à la réalité.

La sous-lieutenante israélienne Eden Abargil : "L'armée, la meilleure période de ma vie"
Il semble que la pression internationale ait fini par avoir raison de l'arrogance de l'Etat hébreu. Celui-ci a été contraint d'accepter que quatre membres - dont un Turc et un Israélien - désignés par l'ONU enquêtent sur les exactions des commandos juifs. Mais sachant que le Président est un Néo-zélandais, l'ancien premier ministre Geoffrey Palmer très favorable par principe à Israël, et que le vice-Président, le Colombien Alvaro Uribe, ancien Président de la République, est un sioniste déclaré, il faudra beaucoup de mordant au représentant turc pour s'imposer face au bloc de ses trois collègues afin de donner une chance à la vérité. Quant au Premier Ministre, M. Benjamin Netanyahu, il proclame haut et fort au nom de l'Etat d'Israël, qu'il est "fier du courage exceptionnel des soldats".
Car la liste des forfaits de cet Etat ne s'arrête pas à ses crimes sur la flottille de la Liberté: il poursuit la construction d'un mur d'apartheid malgré la condamnation de la Cour Internationale de Justice. L'extension des colonies bat son plein au grand jour ou hypocritement. Selon son appréciation des rapports de forces et en vue de conquérir de nouveaux territoires, il bombarde ses voisins libanais, syriens, gazaouis, irakiens. Jour après jour et par petits paquets, il assassine des Palestiniens en Cisjordanie, à Gaza ou au Liban sans compter l'action de commados de tueurs "éliminant", comme ils disent, des personnalités gênantes.
Le comble de la barbarie mécanisée est atteint avec l'installation du système électronique Spot and Shoot (Repère et Tire) . Devant des écrans "des femmes soldats, situées loin de là dans une salle d’opération, ont la responsabilité de cibler et d’actionner les tirs des mitrailleuses télécommandées installées sur des tours de guet tous les quelques mètres le long de la grille électronique qui encercle Gaza." [19]

Spot and Shoot: Une tueuse en action
Des militaires femmes sont préférées pour ce genre d'assassinat électronique afin d'économiser les mâles, utilisés de préférence dans les confrontations musclées ou sanglantes. Quand ces femelles-tueuses, qui éprouvent visiblement une véritable jouissance à humilier des hommes arabes, retournent à une vie civile normale après les deux années durant lesquelles elles se sont livrées à des assassinats télécommandés ou à torturer des prisonniers, quelle est leur psychologie? Mlle Eden Abargil - dont le prénom constitue une véritable dérision - a donné une réponse à cette question: « Je hais les Arabes et je leur souhaite le pire. Je serais heureuse de tous les tuer, même de me livrer à une véritable boucherie». (Eden Abergil sur Facebook). [20] Abou Ghraib bis repetita.
Si cette activité-là est normale, alors pourquoi s'étonner et s'indigner du comportement des gardiens des camps de concentration nazis? Quelle est la mentalité d'un pays dans lequel tous ses membres - les hommes pendant trois ans et les femmes pendant deux ans - ont été, au moment charnière de leur existence où ils entrent dans la vie adulte, des tueurs et des meurtriers potentiels entraînés dès la petite enfance au maniement des armes? Et cela depuis soixante-trois ans, c'est-à-dire depuis trois générations. Bourreaux et bourrelles, est-ce là la nouvelle mission du "peuple élu"?

Formation des tueurs de demain: des colons juifs entraînent leurs enfants au maniement des armes
Il semble que le gouvernement israélien soit particulièrement prévoyant dans la formation de ses tortionnaires. Comme chacun sait, plus l'éducation est précoce, plus le "professionnel" est performant. C'est pourquoi l'armée "morale" fait appel à des volontaires lycéens afin de les entraîner dès l'adolescence à harceler les familles palestiniennes et à considérer comme une fête le fait d'écraser au bulldozer leurs maisons. Après les maisons, les humains? Le conducteur de l'engin qui a écrabouillé sans état d'âme l'héroïque Rachel Corrie a déjà montré la voie.
C'est ainsi qu'on voit des gamins de quinze ans intégrés dans la "garde civile israélienne" rigoler à vandaliser les biens, à détruire et à souiller les photos de famille, les meubles et le linge. Même les nazis, qui servent habituellement de référence de la barbarie moderne, n'étaient jamais allés si bas dans la corruption morale des enfants et n'avaient pas directement utilisé les mouvements de "Jeunesse hitlérienne" dans la persécution des juifs. On devine que tous les Abergil mâles et femelles n'attendent que l'occasion pour assouvir la "haine" qu'ils ont aspirée depuis l'enfance et pour se livrer à la "véritable boucherie" à laquelle rêve cette jeune personne, qui n'est certainement pas un cas isolé.

Des jeunes lycéens volontaires de la police israélienne fouillent dans les biens d’une famille d’al-Arakib
et se vautrent dans ses meubles (photos Ata Abu Madyam of Arab Negev News)
Dans son ouvrage Vaincre Hitler : Pour un judaïsme plus humaniste et universaliste (Fayard 2008) Avraham Burg, ancien Président de l'Agence Juive et ancien Président de la Knesset, devenu français en 2007, analysant la mentalité des Israéliens révèle à quel point ils sont devenus racistes. Les inscriptions "Mort aux Arabes", "Arabes=Nazis" sont devenues banales. "Sommes-nous totalement happés par cette effroyable ressemblance avec nos bourreaux?", écrit-il. Tous ces exemples montrent combien Hanna Arendt avait raison de parler de la "banalité du mal".
Burg critique violemment l'instrumentalisation par Israël du génocide nazi et imagine les mécanismes destinés à sortir Hitler et le nazisme de la tête des Israéliens. Or, vaincre Hitler, c'est, certes, vaincre la référence constante au nazisme et surmonter enfin la complaisance morbide à la faveur de laquelle les Israéliens se posent en victimes professionnelles, y compris lorsqu'ils agressent et tuent des Palestiniens ou des Libanais par centaines. Mais Vaincre Hitler, c'est aussi en finir avec la célébration morbide de l'holocauste et les pèlerinages compulsionnels à Auschwitz. Et surtout, Vaincre Hitler, c'est refuser l'idée que la mémoire d'un massacre puisse légitimer la conduite actuelle de la politique et la mentalité de la société israélienne.
Car Vaincre Hitler, c'est avant tout vaincre la fascination pour Hitler et tuer le bourreau qui habite aujourd'hui de nombreux Israéliens et qui se donne impunément libre cours. Vaincre Hitler, c'est réveiller la conscience des poupées-tueuses qui officient paisiblement devant leur écran aseptisé et déclenchent un missile assassin d'un clic négligent.Vaincre Hitler, c'est tenter de guérir de la paranoïa d'une grande partie de la population et de ses dirigeants qui se traduit par une surestimation pathologique de soi-même subsumée dans la notion d'élection divine. La conséquence en est la méfiance et le mépris pour le reste des humains dont la Thora et le Talmud sont remplis et qui sont aujourd'hui concrétisés dans d'innombrables lois racistes. Guérir de la paranoïa, c'est cesser de rejeter en permanence sur ses victimes la responsabilité de ses propres crimes. Car c'est toujours pour "se défendre" qu'Israël tue, blesse, torture, vole des terres, détruit des maisons, dévaste les vergers, ravage et brûle des récoltes, attaque ses voisins et envoie des bombes de tout calibre et de toutes natures, y compris des bombes à fléchettes interdites par le droit international, au milieu de zones résidentielles grouillantes d'enfants afin de provoquer des blessures atroces. Vaincre Hitler, c'est cesser d'être un meurtrier qui, avec constance se proclame innocent et victime.
Comment les Israéliens habités par l'hubris de leur puissance et de leur "exceptionnalité" peuvent-ils s'imaginer qu'un racisme brutal et inhumain leur permettra de s'implanter durablement dans la région? Comment se fait-il qu'ils soient à ce point aveuglés par un nationalisme orgueilleux qu'ils croient que les missiles et les bombes, même nucléaires, seront suffisants pour leur assurer une présence pérenne dans la région et qu'ils ne voient pas que chaque "succès militaire" contre des civils désarmés est une défaite morale qui sape les fondements de leur Etat, l'isole du reste du monde et constitue un pas supplémentaire en direction de son auto-destruction.
13 - Où l'on verra le mythe prendre la forme d'une montgolfière cosmique 
Reflet de la société, la religion s'adapte aux changements historiques. La défaite des armées du roi Josias, puis celle de ses successeurs face aux grands empires environnants - Egypte, empire assyrien, empire perse, puis empire grec d'Alexandre le Grand et enfin empire romain - qui ont abouti à la disparition définitive de l'histoire du monde d'un Royaume de Juda indépendant, berceau du dieu Jahvé, a profondément influencé l'évolution du récit biblique.
A cette occasion entreront en scène deux personnages déterminants dans l'histoire politico-religieuse des Judéens - Ezéchiel et Esdras - les véritables rédacteurs des quatre Livres de la Thora qui font remonter l'histoire de la Judée à l'origine de la création du monde et qui sont censés précéder le Deutéronome rédigé pourtant plus de deux siècles auparavant, mais modifié à cette occasion. Il s'agit là d'un procédé littéraire classique que connaissent tous les auteurs contemporains de bandes dessinées. Mais pas seulement. Ainsi après avoir écrit le Pantagruel, Rabelais a rédigé l'histoire du père de son héros, le Gargantua.
L'illogisme de la déité mixte que ce peuple s'est donnée - à la fois déité communautaire et créateur cosmique - est la cause profonde de la claudication du peuple qui s'en réclame dans l'histoire des sociétés dans lesquelles les migrations l'ont conduit. A partir du moment où les Judéens n'ont plus été enfermés dans leur petite province et où les défaites politiques ont disséminé une partie de ses élites et du peuple au sein des autres nations, la confrontation entre un groupe humain marchant derrière ce dieu-là, miroir de sa représentation suprématiste et autiste du monde et de lui-même, et le reste des hommes qui n'avaient aucune raison d'accepter leur relégation dans un statut subordonné, ne pouvait qu'être explosive. Elle le fut durant deux mille ans. Elle continue de l'être, comme on le voit jour après jour en Palestine occupée.
Car l'histoire du judaïsme et l'histoire des juifs sont inextricablement emmêlées. En effet, les vicissitudes de l'histoire des hommes ont profondément influencé l'histoire de l'élaboration du Dieu Jahvé, et inversement, les innombrables commentaires des textes fondateurs auxquels les talmudistes se sont consacrés durant des siècles, ont, en retour, bétonné les cerveaux d'une manière si indélébile qu'aujourd'hui, les immigrants venus des quatre coins du monde et issus d'ethnies qui n'avaient jamais eu le moindre rapport avec les Hébreux originels, mais majoritairement porteurs de la mentalité rabbinique, se sont révélés inassimilables aux peuples restés sur leurs terres depuis toujours et convertis à d'autres dieux. Car le judaïsme rabbinique fondé sur les commentaires de la Thora a fini par triompher de l'hébraïsme biblique que les prophètes avaient réussi, non sans mal, à adoucir et à universaliser.
Notes:
[1] Saed Bannoura, Le vice-Premier ministre israélien, lors d'une réunion informelle : " Jérusalem a été promise par Dieu aux juifs " 
http://www.protection-palestine.org/spip.php?article9141

[2] Uri Avnery, L'Eclair (A Flash of Lightning
http://zope.gush-shalom.org/home/en/channels/avnery/1276942826

[3] "La Torah du roi": Il faut tuer les non-juifs, même les bébés 
http://soutien-palestine.blogspot.com/2010/08/la-torah-du-roi-il-faut-tuer-les-non.html

[4] Ramzy Baroud, Tu écris avec quelle main ? 
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=8611

[5] Georges Stanechy, Flottille de La Liberté : L’Impunité des Assassins…
http://stanechy.over-blog.com/categorie-10061806.html

[6] Jonathan Cook,Peu de recours pour la petite fille arabe rejetée d'une crèche de jour israélienne http://www.femmesennoirmontbrison.com/ext/http://electronicintifada.net/v2/article10701.shtml
[7] Leila Mazboudi, Pots de vin et chantage à l'ONU pour la création " d'Israël " 
http://www.almanar.com.lb/NewsSite/NewsDetails.aspx?id=138529&language=fr

[8] Rory McCarthy, La Zone C remplit d'effroi les Palestiniens, alors que des maisons sont détruites 
http://www.france-palestine.org/article8748.html

[9]Colons en train de voler des moutons aux Palestiniens (Vidéo) 
http://www.europalestine.com/spip.php?article5269

[10] Il y a, aujourd'hui, une évidence précise d'un matériel génétique commun à tous les juifs et pas seulement pour les Cohanim.
http://www.lamed.fr/index.php?id=1&art=372

[11] Etes-vous juif? Avez-vous des racines juives? Etes-vous un Ashkénaze? Etes-vous un Levi ou un Cohen? http://www.igenea.com/index.php?content=40&adwords=gofrfr_s_juifs&cli=fr&gclid=CPyg4-3ElaICFc6X2AodgwivEA
[12] Vous voulez la nationalité ? Déclarez qu’Israël est un Etat juif / Eli Berdenstein – Maariv Revue de la presse israélienne du service de Presse de l’ambassade de France en Israël vendredi 16 juillet 2010 
http://www.ambafrance-il.org/REVUE-DE-PRESSE-Vendredi-16.html 
 
http://www.desinfos.com/spip.php?page=article&id_article=19740

[13] Nouvel Obs.com 12/6/07 
Voir aussi: Un colon extrémiste: le Shin Beth m'a incité à assassiner des Palestiniens 

[14] Haim Perlman, accusé de meurtre et d'agression de palestiniens, assigné à résidence pour 15 jours... 
http://www.iba.org.il/world/?lang=fr&entity=667152&type=1

[15] Chahid Slimani, La Marche de la Résistance et de la Dignité … 
Voir http://chahidslimani.over-blog.com/article-la-marche-de-la-resistance-et-de-la-dignite-49049543.html

[16] Les survivants témoignent : Le Rapport d'IHH sur les Meurtres à bord du Mavi Marmara 
http://www.freegaza.org/fr/temoignages-depuis-les-prisons-israeliennes

[17] Myriam Abraham, Des Parlementaires Allemands Déposent Plainte Pour Crimes De Guerre Contre Israël - Enquête : Israël Veut Etre Juge Et Parti  
http://www.planetenonviolence.org/Des-Parlementaires-Allemands-Deposent-Plainte-Pour-Crimes-De-Guerre-Contre-Israel-Enquete-Israel-Veut-Etre-Juge-Et_a2214.html

[18] Myriam Abraham: BHL Fait L'Eloge De La Démocratie et De L'Armée Israélienne  
http://www.planetenonviolence.org/BHL-Fait-L-Eloge-De-La-Democratie-et-De-L-Armee-Israelienne-Freedom-Flotilla-Attaquee-3eme-IntiFada_a2201.html

[19] Jonathan Cook, Israel inaugure l'assassinat télécommandé 
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=14117&type=analyse&lesujet=Armement%20isra%E9lien

[20] Myriam Abraham : Le racisme, la haine, la folie meurtrière sioniste a un visage, celui d’EDEN ABERGIL  
http://www.planetenonviolence.org/Le-Racisme-La-Haine-La-Folie-Meurtriere-Sioniste-A-Un-Visage-Celui-D-EDEN-ABERGIL_a2254.html

Bibliographie:
Mario Liverani, La Bible et l'invention de l'histoire, 2003, trad. Ed. Bayard 2008
Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman,La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, 2001 ,trad. Ed. Bayard 2002
Israël Finkelstein et Neil Asher SilbermanLes rois sacrés de la Bible, trad.Ed.Bayard 2006
Ernest Renan, Histoire du peuple d'Israël, 5 tomes, Calmann-Lévy 1887
Douglas Reed , La Controverse de Sion
Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard 2008, coll. Champs Flammarion 2010
Avraham Burg, Vaincre Hitler : Pour un judaïsme plus humaniste et universaliste , Fayard 2008
Jorge Luis Borges, Fictions
Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray
Jean de La Fontaine, Fables
J.H. Rosny Aîné, La Guerre du feu
Jacques Attali: Les Juifs, le monde et l'argentHistoire économique du peuple juif. Fayard, 2002
le 27 août 2010
A suivre : La bunkerisation psychique d'un peuple: les rédacteurs de la Bible Josias et Esdras
Publié le 27 août 2010 avec l'aimable autorisation de Aline de Diéguez


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