George W. Bush a ratifié la création d’une commission d’enquête nationale sur les attentats du 11 septembre. Cette décision vise à rassurer les familles des victimes, de plus en plus sceptiques sur la version officielle. Contre leur avis, George W. Bush a désigné Henry Kissinger pour présider ces investigations. La responsabilité personnelle de l’ancien secrétaire d’État dans la planification des attentats avait pourtant été évoquée dans nos colonnes dès le 19 septembre 2001, puis par de nombreux médias dans le monde. |
28 NOVEMBRE 2002
George W. Bush a créé la surprise en ratifiant, mercredi 27 novembre 2002, la création d’une commission nationale d’enquête indépendante sur les attentats contre les États-Unis. Le président, qui s’était montré jusque-là farouchement opposé à une telle investigation, a fini par céder aux pressions des familles des victimes des attentats. Au grand dam de quelques sénateurs républicains, celles-ci manifestaient leur désarroi face aux incohérences et aux lacunes de la version officielle, particulièrement après la lecture de mon livre, The Big Lie (L’Effroyable imposture). À la suite de longues tractations, le Congrès avait renoncé à conduire lui-même une telle enquête et autorisé, dans le cadre du collectif budgétaire du renseignement 2003 (Intelligence Authorization Act), une commission indépendante. Elle sera présidée et vice-présidée par deux personnalités qualifiées désignées par le président des États-Unis, et sera composée en outre de huit parlementaires élus par le Congrès à raison de quatre issus du Parti républicain, et de quatre autres issus du Parti démocrate. Non seulement la commission devra établir les responsabilités dans les attentats et dans les carences pour les prévenir, mais à l’issue de ses travaux, elle pourra aussi recommander des réformes de l’administration et des orientations politiques. Aucune commission indépendante n’avait joui des mêmes prérogatives, particulièrement en matière d’accès à des sources confidentielles, depuis Les associations de familles de victimes ont déployé un intense lobbying pour que la présidence et la vice-présidence de la commission échoient à des personnalités dignes de confiance. Elles espéraient que George W. Bush désignerait l’ancien sénateur républicain du New Hampshire Warren B. Rudman, assité du représentant démocrate de l’Indiana, Tim Roemer. À leur grande surprise, c’est en définitive le docteur Henry Kissinger, 79 ans, assisté de l’ancien leader de la majorité sénatoriale, le démocrate du Maine George J. Mitchell, qui ont été choisis. Un maître de l’ombre Ancien secrétaire d’État et ancien conseiller national de sécurité, Henry Kissinger dispose sans nul doute des compétences nécessaires pour une telle mission. Pourtant, sa nomination discrédite définitivement cette commission : Contrairement aux usages en vigueur dans les États anglo-saxons, Henry Kissinger cumulera ses fonctions de président de D’autre part, bien que Prix Nobel de la paix (1973), Henry Kissinger est responsable de nombreuses violations des droits de l’homme, de crimes de guerre, et de crimes contre l’humanité. Il décida d’intenses bombardements de populations civiles au Laos et au Cambodge ; il supervisa des coups d’État en Amérique latine, notamment le renversement du président Allende au Chili ; il soutint des tentatives d’assassinat politiques, comme celle de Mgr Makarios à Chypre ; il encouragea au génocide au Timor-Oriental, etc. [1] Le docteur Kissinger refuse de se rendre en Espagne et en France ou les juges Baltazar Garzon et Roger Le Loire souhaitent l’interroger sur ses responsabilités dans le « Plan Condor ». Et Comme le souligne Steven Aftergood, responsable du programme sur le secret d’État à Juge et partie Surtout, on ne peut évacuer d’un revers de main l’hypothèse qu’Henry Kissinger soit personnellement impliqué dans l’organisation des attentats du 11 septembre 2001 aux côtés des faucons du Pentagone. C’est une question que j’ai posée sur le site du Réseau Voltaire dès le 19 septembre. C’est précisément parce que j’avais envisagé cette hypothèse que Le Monde diplomatique a cru pouvoir récuser mon enquête au motif que : « Loin d’être le Pygmalion de la droite républicaine, M. Kissinger en est haï depuis qu’il a activé la dynamique de « détente » avec le bloc communiste ». Si l’opposition historique entre Kissinger et les faucons sur la détente est établie, il est contestable d’en conclure une haine définitive. Annonçant la désignation du docteur Kissinger à la présidence de la commission nationale d’enquête, la presse états-unienne révèle aujourd’hui les liens anciens et permanents que le vieil homme entretient en secret depuis toujours avec ses affidés Donald Rumsfeld et Dick Cheney. Pour mémoire, je rappellerai que, le 11 septembre 2001, Henry Kissinger fut la première personnalité à préconiser l’instrumentalisation des attentats, sur une longue durée, pour étendre la domination des États-Unis. Il conseilla d’attaquer l’Afghanistan, que les Taliban soient ou non impliqués dans les attentats, puis après leur chute, il conseilla d’attaquer l’Irak, sous quelque prétexte que ce soit. Alors que les ruines du World Trade Center étaient encore fumantes, et quelques minutes à peine après que George W. Bush eut prononcé son allocution radiotélévisée depuis Bien que disposant de dix-huit mois pour rendre son rapport, la commission nationale d’enquête pourrait conclure rapidement, ainsi que l’a souhaité George W. Bush, de manière à faire bénéficier les États-Unis de ses recommandations. Quel que soit le temps dont elle dispose, il est peu probable que
[1] Sur ces sujets, le lecteur se reportera à l’étude de Christopher Hitchens, The Trial of Henry Kissinger, Verso ed, 2001. Version française sous le titre Les crimes de Monsieur Kissinger, préface de Laurent Joffrin, éditions Saint-Simon, 2001. |
Les crimes de Monsieur Kissinger
Henry Kissinger doit-il être déféré devant le Tribunal international de La Haye pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité, et pour conspiration impliquant le meurtre, l'enlèvement et la torture ? Oui, répond clairement l'écrivain journaliste essayiste anglais Christopher Hitchens, à travers une enquête serrée, fondée sur des documents secrets, et récemment déclassifiés par les autorités américaines. On apprend comment le Prix Nobel de la paix 1973 a cyniquement organisé les bombardements de populations civiles au Laos et au Cambodge, comment il a fait assassiner le général chilien Schneider pour tenter de barrer la route à Allende, comment il a installé le général Pinochet, comment il a soutenu secrètement la tentative d'assassinat de Mgr Makarios à Chypre, comment il a ruiné l'expérience d'un régime démocratique au Bangladesh.
En fait, ce livre montre, d'une manière exceptionnelle et précise, comment un pouvoir démocratique comme celui des Etats-Unis peut organiser des crimes à l'échelle mondiale, et révèle également les vraies motivations d'Henry Kissinger : cynisme, argent, pouvoir...
Henry Kissinger doit-il être déféré devant le Tribunal international de La Haye pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité, et pour conspiration impliquant le meurtre, l'enlèvement et la torture ? Oui, répond clairement l'écrivain journaliste essayiste anglais Christopher Hitchens, à travers une enquête serrée, fondée sur des documents secrets, et récemment déclassifiés par les autorités américaines. On apprend comment le Prix Nobel de la paix 1973 a cyniquement organisé les bombardements de populations civiles au Laos et au Cambodge, comment il a fait assassiner le général chilien Schneider pour tenter de barrer la route à Allende, comment il a installé le général Pinochet, comment il a soutenu secrètement la tentative d'assassinat de Mgr Makarios à Chypre, comment il a ruiné l'expérience d'un régime démocratique au Bangladesh.
En fait, ce livre montre, d'une manière exceptionnelle et précise, comment un pouvoir démocratique comme celui des Etats-Unis peut organiser des crimes à l'échelle mondiale, et révèle également les vraies motivations d'Henry Kissinger : cynisme, argent, pouvoir...
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