Le déploiement aéronaval étasunien et allié en Méditerranée se développe, pour la grande « opération humanitaire » en Libye. Tandis que le président Obama décidait l’utilisation d’avions militaires, officiellement pour rapatrier de Libye les émigrés égyptiens, le secrétaire à la défense Robert Gates a « ordonné au Commandement Africa de prendre la direction de la planification de la défense concernant la situation en Libye ». Ceci signifie que les opérations aéronavales vont être dirigées par le quartier général des Forces navales du Commandement Africa étasunien, à Naples, où se trouvent aussi les commandements des Forces navales étasuniennes et de la Force conjointe alliée, tous trois dans les mains du même amiral étasunien Sam J. Locklear III.
Dans le cadre de cette opération, le patrouilleur Libra de la marine italienne a levé l’ancre dans le port de Catane (Sicile) : équipé de canon OtoMelara et de mitrailleuses lourdes, officiellement pour apporter à Bengazi de la nourriture et des médicaments aux insurgés. Alors qu’est rentré au port le torpilleur lance-missiles Mimbelli, de retour d’une « mission de secours humanitaire » en Libye, armé de trois canons à tir rapide, 16 missiles Aspis, ainsi que fusées et torpilles. Prêts à partir, les navires amphibies San Marco et San Giorgio.
Unités modernes, disparaissant cependant face au navire d’assaut étasunien amphibie Kearsarge qui, flanqué du navire d’appui Ponce et du torpilleur lance-missiles Barry, se positionne actuellement devant les côtes de Libye, toujours pour l’ «opération humanitaire ». Le Kearsarge est le plus grand des navires amphibies : long de 250 mètres, il a une double fonction : porte-avions pour des avions à décollage vertical et hélicoptères de combat, et, par ailleurs, doté de puissants véhicules de débarquement, capables de transporter à chaque fois jusqu’à 400 marines, chars d’assaut et autres véhicules de combat. Ces véhicules hovercraft, soutenus par un coussin d’air, se déplacent rapidement aussi bien sur l’eau que sur un terrain plat côtier. Le Kearsarge peut ainsi lancer une attaque massive par avions et hélicoptères et, simultanément, débarquer rapidement presque 2 mille marines.
Le Kearsarge
Depuis le Détroit de Gibraltar, est en train de le rejoindre la frégate britannique Westminster, équipée de missiles (parmi lesquels les Sea Wolf et les Harpoon), canons à tir rapide et autres armements parmi les plus modernes qui soient, gérés par des systèmes électroniques de dernière génération. De France arrive, pour « évacuer les réfugiés », le porte-hélicoptères Mistral, escorté de la frégate Georges-Leygues. Le Mistral, qui opère comme navire de commandement et unité d’assaut amphibie, a à son bord 16 gros hélicoptères de combat (Tigre, Puma et Panthère), 13 chars d’assaut (lourds) et 500 commandos. Du Canada arrive sur les côtes libyennes la frégate Charlottetown et, de Corée du Sud, le navire de guerre Choi Young, qui a quitté l’ « opération anti-piraterie » dans l’Océan Indien pour l’ « opération humanitaire » en Méditerranée.
Devant cet imposant déploiement militaire, on se demande : si c’était une opération vraiment humanitaire, ne vaudrait-il pas mieux envoyer des navires civils, beaucoup plus adaptés pour le transport de personnes et de vivres, escortés par quelque unité militaire ? Pourquoi envoyer les plus gros navires d’assaut amphibie ? La réponse est simple : pour donner l’assaut à ce qui intéresse le plus : l’or noir libyen. L’histoire se répète. « Des murs de Montezuma aux plages de Tripoli » : c’est ainsi que commence l’hymne des marines qui, en 1805, débarquèrent en Libye soutenus par les canons de l’U.S. Navy.
Edition de dimanche 6 mars 2011 de il manifesto
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