Nous avons traduit ici un article écrit par le journaliste d’enquête Greg Palast en Avril 2001, alors qu’il était encore à l’Observer. Cet article d’une actualité brûlante concerne le FMI et la Banque Mondiale. Palast interviewait pour l’occasion Joseph Stiglitz, chantre économiste néolibéral, dont la potion théorique fut mise en application au FMI et à la Banque Mondiale. Stiglitz fut chef conseiller économiste de Bill Clinton et économiste en chef de la Banque Mondiale. Voyant les échecs et les erreurs se multiplier devant ses yeux, il eut l’audace de critiquer les plans de restructuration proposés alors, et toujours de nos jours, demandez à nos compagnons grecs, et donc de remettre en cause la globalisation made in USA. Il fut limogé de la Banque Mondiale en 1999 et s’est retourné depuis contre le système qu’il a grandement aidé à créer. Son repent est un acte d’honnêteté intellectuelle, sa volte-face un acte d’intégrité et de compassion.
Cet article nous fait voir de l’intérieur le machiavélisme économique des grands argentiers qui pillent le monde progressivement en bons parasites qu’ils sont.
Ces armes de destruction massive que sont le FMI et la Banque Mondiale n’ont aucun lieu d’être et doivent être démantelés au plus tôt. Ils ne sont que des outils de pillage et de viol des nations et des peuples. Des instruments de souffrance. Ces institutions sont à l’économie et à la finance ce que le trépan et la roue étaient à l’inquisition.
Que des français (DSK et maintenant Lagarde) président ces institutions criminelles et ineptes est une honte pour le peuple français. Nous sommes passés du pays des lumières à celui de l’obscurantisme servile le plus sombre par le truchement d’une clique de réactionnaires élitistes et larbins de la haute finance dont les membres se trouvent indifféremment à « droite » ou à « gauche » du spectre politique illusoire hexagonal.
Pensez en lisant cet article qu’il fut écrit en Avril 2001…. Il y a plus de 10 ans déjà… On a pourtant l’impression de lire l’actualité du jour. Quand assez sera t’il vraiment assez ?
Les compagnons grecs sont dans la phase 3 1/2 expliquée ici par Stiglitz, celle dite des « émeutes FMI », prévue par les institutions, planifiées même… Le problème est que la lutte violente ne mène à rien, nous sommes attendus.
Ce qu’il faut c’est l’organisation, la coopération et l’action directe non violente par le biais du boycott (vote, institutions) et de la désobéissance civile de masse (refus de payer impôts et autres dimes et gabelles). Les ordures de la finance ne sont attaquables qu’aux seuls endroits vulnérables: le porte-feuille et leur représentation publique (l’état que leurs larbins de politiciens font fonctionner). C’est là qu’il faut frapper, vite, fort et… pacifiquement, sans armes, ni haine, ni violence. Une fois fait, réorganiser instantanément la société en autogestion et enfin avancer sur le chemin du progressisme social.
Tout le reste n’est que pisser dans un violon ! Il suffit de dire NON !
– Résistance 71 –
Les quatre étapes de la damnation par le FMI
Comment les crises, les échecs et la souffrance finalement ont mené un conseiller présidentiel du mauvais côté des barricades…
Par Gregory Palast, le Dimanche 29 Avril 2001
Url de l’article original:
http://www.guardian.co.uk/business/2001/apr/29/business.mbas?INTCMP=SRCH
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
C’était comme dans une scène d’un roman de John Le Carré: l’espion merveilleux vient du froid et en quelques heures de debriefing, vide sa mémoire des horreurs commises au nom d’une idéologie décatie.
Mais ceci était une bien plus grosse prise qu’un espion sur le retour de la guerre froide. L’ancien aparatchik était Joseph Stiglitz, ex-économiste en chef de la Banque Mondiale. Le nouvel ordre économique mondial était la mise en pratique de sa propre théorie.
Il était à Washington pour la grande réunion de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International (FMI). Mais au lieu de présider des meetings avec des ministres et des banquiers centraux, il était de l’autre côté des cordons de police. La Banque Mondiale congédia Stiglitz deux ans plus tôt. Il n’eut pas une mise à la retraite facile: il fut excommunié purement et simplement pour avoir exprimé un petit désaccord concernant le concept de la globalisation version Banque Mondiale.
Ici à Washington, nous fîmes quelques interviews exclusives de Stiglitz pour the Observer et Newsnight, au sujet du mode de fonctionnement interne du FMI, de la Banque Mondiale et du propriétaire à 51% de la banque: le trésor américain.
Et ici, de sources que nous ne pouvons nommer et qui ne sont pas Stiglitz, nous avons obtenu un certain nombre de documents estampillés “confidentiel” et “usage restreint”.
Stiglitz nous aida à en traduire un intitulé “Stratégie d’assistance à un pays”; car il y a une stratégie de l’assistance pour chaque nation pauvre, nominée, dit la Banque Mondiale, après une enquête attentive dans le pays.
Mais d’après Stiglitz l’initié, “l’enquête” de la Banque ne demande pas grand chose de plus que l’inspection des hôtels cinq étoiles du pays. Elle se conclut par une réunion avec le ministre des finances quémandeur, à qui on remet un formulaire pré-établi “d’accord de restructuration” pour être volontairement paraphé.
L’économie de chaque nation est analysée, dit Stiglitz, puis la Banque remet à chaque ministre le même programme en quatre étapes.
La première étape est la privatisation. Stiglitz dit qu’au lieu d’objecter à la grande braderie des industries d’état, et en utilisant les demandes de la Banque Mondiale de réduire au silence les critiques locaux, certains politiciens lâchent gaiement leur compagnies d’électricité et de distribution d’eau potable. “Vous pouvez voir leurs yeux s’agrandir à l’évocation de la possibilité de commissions pour permettre quelques milliards de discount sur le prix de vente.”
“Le gouvernement américain est au courant, charge Stiglitz, du moins en tout cas lors des plus grosses privatisations jamais réalisée: la grande braderie de la Russie en 1995.” Le point de vue du ministère des finances américains était: “C’était excellent comme nous voulions Boris Yeltsin réélu. On se fout de savoir si c’est une élection corrompue.”
Stiglitz ne peut pas être réfuté comme étant un “frapadingue conspirationiste”. L’homme était au plus haut niveau de la partie, un membre du cabinet de Bill Clinton, chairman du comité des conseillers économiques du président des Etats-Unis. Ce qui rendît Stiglitz le plus malade, fut de voir que les oligarques soutenus par les Etats-Unis dépouillèrent les avoirs et la capacité industriels de la Russie, ce qui eut pour effet direct d’avoir le revenu national coupé de près de moitié.
Après les privatisations, la seconde étape est la libéralisation du marché des capitaux. En théorie, cela permet au capital d’investissement de rentrer et de sortir librement. Malheureusement, comme en Indonésie et au Brésil, l’argent ne fait que s’échapper.
Stiglitz appelle cela le cycle “de l’argent brûlant”. L’argent rentre pour des spéculations dans l’immobilier et le marché des changes, puis détale au premier petit signe de problème. Les réserves financières d’une nation peuvent être pompées en quelques jours.
Quand ceci se produit et pour séduire les spéculateurs à retourner les propres fonds de capitaux de la nation, le FMI demande à ces nations d’augmenter les taux d’intérêts de 30%, 50% et 80%.
“Le résultat était prévisble” dit Stiglitz. Des taux d’intérêts plus élevés démolissent la valeur des propriétés, ruine la production industrielle et draine les finances nationales.
A ce moment, d’après Stiglitz, le FMI traîne la nation pantetante vers la troisième étape: la tarification de marché, un terme pédant pour dire l’augmentation des prix des denrées alimentaires, de l’eau et du gaz. Ceci amène de manière prévisible à ce que Stiglitz appelle “l’étape trois et demi: les émeutes FMI” (NdT: C’est là où nous en sommes avec la Grèce semble t’il non ?)
Les émeutes FMI sont très prévisibles. Quand une nation est à terre, le FMI presse les dernières gouttes de sang restant. Elle met la pression et finalement la cocotte minute explose. Il en fut ainsi lorsque le FMI supprima les aides alimentaires et en carburant aux pauvres d’Indonésie en 1998. L’Indonésie explosa en émeutes.
Il y a d’autres exemples: les émeutes en Bolivie à cause des prix de l’eau l’an dernier (NdT: 2000, cet article ayant été écrit en 2001); les émeutes en Equateur cette année au sujet de l’augmentation du prix du gaz imposé par la Banque Mondiale. “Les émeutes sont presque attendues”, dit Stiglitz.
Et elles le sont. Ce que Stiglitz ne savait pas, c’est que Newsnight avait obtenu plusieurs documents fuités de l’intérieur de la Banque Mondiale. Dans un de ceux-ci, la Banque suggère dans sa “Stratégie d’assistance à l’Equateur” et avec une froide précision, que “les plans peuvent déclancher des troubles sociaux”.
Ceci n’est pas surprenant. Le rapport secret note que le plan de faire du dollar US la monnaie de l’Equateur a poussé 51% de la population en dessous du seuil de pauvreté.
Les émeutes FMI (et par “émeutes”, j’entends le plus souvent des manifestations pacifiques dispersées à coup de balles réelles, de gaz lacrymogène et de chars) provoque un nouvel exode d’argent et des banqueroutes des gouvernements. Le vandalisme économique a son bon côté… Pour les étrangers, qui peuvent acheter ce qui reste du pays à des prix de brocante d’école.
Un certain cycle d’évènements émerge. Il y a beaucoup de perdants, mais les grands gagnants semblent toujours être les banques occidentales et le trésor américain.
Maintenant arrive la quatrième étape: le libre échange. Ce libre échange est dirigé par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et la Banque Mondiale, que Stiglitz compare aux protagonistes de la guerre de l’opium. “Car cette guerre aussi était à propos d’ouvrir des marchés”, dit-il. Tout comme au XIXème siècle, les Européens et les Américains d’aujourd’hui bousculent les barrières douanières pour vendre en Asie, en Amérique Latine et en Afrique, tout en barricadant leurs propres marchés contre l’agriculture du tiers monde.
Dans les guerres de l’opium, l’occident utilisa le blocus maritime. Aujourd’hui, la Banque Mondiale peut ordonner un blocus financier, qui peut être tout aussi efficace et parfois même plus meurtrier.
Stiglitz a deux préoccupations en ce qui concerne les plans de la Banque Mondiale et du FMi. D’abord, dit-il, parce que ces plans sont élaborés dans le secret et sont motivés par une idéologie absolutiste, qui n’est jamais ouverte pour quelques critique ou désaccord que ce soient, ces plans minent la démocratie. Deuxièmement, ils ne marchent pas. Sous la main mise et l’assistance structurelle du FMI, l’Afrique a perdu 23% de ses revenus.
Y a t’il des nations qui ont pu éviter ce marasme ? Oui dit Stiglitz, le Botswana. Leur truc ? “Ils ont foutu le FMI dehors” (NdT: comme l’IIslande l’a fait récemment et s’en porte bien mieux…Rappelons que cet article a été écrit en 2001).
Stiglitz propose des réformes agraires et de la propriété radicales: une attaque sur les loyers des terres arables de 50% facturés par les oligarchies propriétaires mondiales.
Pourquoi la Banque Mondiale n’a t’elle pas suivi ses conseils ?
“Si vous défiez la propriété foncière, cela provoquera un changement dans la puissance de l’élite. Ceci n’est bien sûr pas du tout dans leur agenda.”
Finalement, ce qui le poussa à mettre sa position en péril fut l’échec des banques et de la trésorerie américaine à changer leur trajectoire quand ils furent confrontés aux crises, aux échecs et à la souffrance résultant de leur potion vaudoue monétaire en quatre étapes.
“C’est un peu comme au Moyen-Age”, dit l’économiste, “Quand le patient mourrait, ils disaient: oui, nous avons arrêté les saignées trop tôt, il avait toujours un peu de sang…”
Le temps est peut-être venu d’enlever les sangsues.
http://resistance71.wordpress.com/2011/06/29/crise-economique-fmi-et-banque-mondiale-de-linterieur-les-armes-de-destruction-massive-de-loligarchie-financiere/Cet article nous fait voir de l’intérieur le machiavélisme économique des grands argentiers qui pillent le monde progressivement en bons parasites qu’ils sont.
Ces armes de destruction massive que sont le FMI et la Banque Mondiale n’ont aucun lieu d’être et doivent être démantelés au plus tôt. Ils ne sont que des outils de pillage et de viol des nations et des peuples. Des instruments de souffrance. Ces institutions sont à l’économie et à la finance ce que le trépan et la roue étaient à l’inquisition.
Que des français (DSK et maintenant Lagarde) président ces institutions criminelles et ineptes est une honte pour le peuple français. Nous sommes passés du pays des lumières à celui de l’obscurantisme servile le plus sombre par le truchement d’une clique de réactionnaires élitistes et larbins de la haute finance dont les membres se trouvent indifféremment à « droite » ou à « gauche » du spectre politique illusoire hexagonal.
Pensez en lisant cet article qu’il fut écrit en Avril 2001…. Il y a plus de 10 ans déjà… On a pourtant l’impression de lire l’actualité du jour. Quand assez sera t’il vraiment assez ?
Les compagnons grecs sont dans la phase 3 1/2 expliquée ici par Stiglitz, celle dite des « émeutes FMI », prévue par les institutions, planifiées même… Le problème est que la lutte violente ne mène à rien, nous sommes attendus.
Ce qu’il faut c’est l’organisation, la coopération et l’action directe non violente par le biais du boycott (vote, institutions) et de la désobéissance civile de masse (refus de payer impôts et autres dimes et gabelles). Les ordures de la finance ne sont attaquables qu’aux seuls endroits vulnérables: le porte-feuille et leur représentation publique (l’état que leurs larbins de politiciens font fonctionner). C’est là qu’il faut frapper, vite, fort et… pacifiquement, sans armes, ni haine, ni violence. Une fois fait, réorganiser instantanément la société en autogestion et enfin avancer sur le chemin du progressisme social.
Tout le reste n’est que pisser dans un violon ! Il suffit de dire NON !
– Résistance 71 –
Les quatre étapes de la damnation par le FMI
Comment les crises, les échecs et la souffrance finalement ont mené un conseiller présidentiel du mauvais côté des barricades…
Par Gregory Palast, le Dimanche 29 Avril 2001
Url de l’article original:
http://www.guardian.co.uk/business/2001/apr/29/business.mbas?INTCMP=SRCH
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
C’était comme dans une scène d’un roman de John Le Carré: l’espion merveilleux vient du froid et en quelques heures de debriefing, vide sa mémoire des horreurs commises au nom d’une idéologie décatie.
Mais ceci était une bien plus grosse prise qu’un espion sur le retour de la guerre froide. L’ancien aparatchik était Joseph Stiglitz, ex-économiste en chef de la Banque Mondiale. Le nouvel ordre économique mondial était la mise en pratique de sa propre théorie.
Il était à Washington pour la grande réunion de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International (FMI). Mais au lieu de présider des meetings avec des ministres et des banquiers centraux, il était de l’autre côté des cordons de police. La Banque Mondiale congédia Stiglitz deux ans plus tôt. Il n’eut pas une mise à la retraite facile: il fut excommunié purement et simplement pour avoir exprimé un petit désaccord concernant le concept de la globalisation version Banque Mondiale.
Ici à Washington, nous fîmes quelques interviews exclusives de Stiglitz pour the Observer et Newsnight, au sujet du mode de fonctionnement interne du FMI, de la Banque Mondiale et du propriétaire à 51% de la banque: le trésor américain.
Et ici, de sources que nous ne pouvons nommer et qui ne sont pas Stiglitz, nous avons obtenu un certain nombre de documents estampillés “confidentiel” et “usage restreint”.
Stiglitz nous aida à en traduire un intitulé “Stratégie d’assistance à un pays”; car il y a une stratégie de l’assistance pour chaque nation pauvre, nominée, dit la Banque Mondiale, après une enquête attentive dans le pays.
Mais d’après Stiglitz l’initié, “l’enquête” de la Banque ne demande pas grand chose de plus que l’inspection des hôtels cinq étoiles du pays. Elle se conclut par une réunion avec le ministre des finances quémandeur, à qui on remet un formulaire pré-établi “d’accord de restructuration” pour être volontairement paraphé.
L’économie de chaque nation est analysée, dit Stiglitz, puis la Banque remet à chaque ministre le même programme en quatre étapes.
La première étape est la privatisation. Stiglitz dit qu’au lieu d’objecter à la grande braderie des industries d’état, et en utilisant les demandes de la Banque Mondiale de réduire au silence les critiques locaux, certains politiciens lâchent gaiement leur compagnies d’électricité et de distribution d’eau potable. “Vous pouvez voir leurs yeux s’agrandir à l’évocation de la possibilité de commissions pour permettre quelques milliards de discount sur le prix de vente.”
“Le gouvernement américain est au courant, charge Stiglitz, du moins en tout cas lors des plus grosses privatisations jamais réalisée: la grande braderie de la Russie en 1995.” Le point de vue du ministère des finances américains était: “C’était excellent comme nous voulions Boris Yeltsin réélu. On se fout de savoir si c’est une élection corrompue.”
Stiglitz ne peut pas être réfuté comme étant un “frapadingue conspirationiste”. L’homme était au plus haut niveau de la partie, un membre du cabinet de Bill Clinton, chairman du comité des conseillers économiques du président des Etats-Unis. Ce qui rendît Stiglitz le plus malade, fut de voir que les oligarques soutenus par les Etats-Unis dépouillèrent les avoirs et la capacité industriels de la Russie, ce qui eut pour effet direct d’avoir le revenu national coupé de près de moitié.
Après les privatisations, la seconde étape est la libéralisation du marché des capitaux. En théorie, cela permet au capital d’investissement de rentrer et de sortir librement. Malheureusement, comme en Indonésie et au Brésil, l’argent ne fait que s’échapper.
Stiglitz appelle cela le cycle “de l’argent brûlant”. L’argent rentre pour des spéculations dans l’immobilier et le marché des changes, puis détale au premier petit signe de problème. Les réserves financières d’une nation peuvent être pompées en quelques jours.
Quand ceci se produit et pour séduire les spéculateurs à retourner les propres fonds de capitaux de la nation, le FMI demande à ces nations d’augmenter les taux d’intérêts de 30%, 50% et 80%.
“Le résultat était prévisble” dit Stiglitz. Des taux d’intérêts plus élevés démolissent la valeur des propriétés, ruine la production industrielle et draine les finances nationales.
A ce moment, d’après Stiglitz, le FMI traîne la nation pantetante vers la troisième étape: la tarification de marché, un terme pédant pour dire l’augmentation des prix des denrées alimentaires, de l’eau et du gaz. Ceci amène de manière prévisible à ce que Stiglitz appelle “l’étape trois et demi: les émeutes FMI” (NdT: C’est là où nous en sommes avec la Grèce semble t’il non ?)
Les émeutes FMI sont très prévisibles. Quand une nation est à terre, le FMI presse les dernières gouttes de sang restant. Elle met la pression et finalement la cocotte minute explose. Il en fut ainsi lorsque le FMI supprima les aides alimentaires et en carburant aux pauvres d’Indonésie en 1998. L’Indonésie explosa en émeutes.
Il y a d’autres exemples: les émeutes en Bolivie à cause des prix de l’eau l’an dernier (NdT: 2000, cet article ayant été écrit en 2001); les émeutes en Equateur cette année au sujet de l’augmentation du prix du gaz imposé par la Banque Mondiale. “Les émeutes sont presque attendues”, dit Stiglitz.
Et elles le sont. Ce que Stiglitz ne savait pas, c’est que Newsnight avait obtenu plusieurs documents fuités de l’intérieur de la Banque Mondiale. Dans un de ceux-ci, la Banque suggère dans sa “Stratégie d’assistance à l’Equateur” et avec une froide précision, que “les plans peuvent déclancher des troubles sociaux”.
Ceci n’est pas surprenant. Le rapport secret note que le plan de faire du dollar US la monnaie de l’Equateur a poussé 51% de la population en dessous du seuil de pauvreté.
Les émeutes FMI (et par “émeutes”, j’entends le plus souvent des manifestations pacifiques dispersées à coup de balles réelles, de gaz lacrymogène et de chars) provoque un nouvel exode d’argent et des banqueroutes des gouvernements. Le vandalisme économique a son bon côté… Pour les étrangers, qui peuvent acheter ce qui reste du pays à des prix de brocante d’école.
Un certain cycle d’évènements émerge. Il y a beaucoup de perdants, mais les grands gagnants semblent toujours être les banques occidentales et le trésor américain.
Maintenant arrive la quatrième étape: le libre échange. Ce libre échange est dirigé par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et la Banque Mondiale, que Stiglitz compare aux protagonistes de la guerre de l’opium. “Car cette guerre aussi était à propos d’ouvrir des marchés”, dit-il. Tout comme au XIXème siècle, les Européens et les Américains d’aujourd’hui bousculent les barrières douanières pour vendre en Asie, en Amérique Latine et en Afrique, tout en barricadant leurs propres marchés contre l’agriculture du tiers monde.
Dans les guerres de l’opium, l’occident utilisa le blocus maritime. Aujourd’hui, la Banque Mondiale peut ordonner un blocus financier, qui peut être tout aussi efficace et parfois même plus meurtrier.
Stiglitz a deux préoccupations en ce qui concerne les plans de la Banque Mondiale et du FMi. D’abord, dit-il, parce que ces plans sont élaborés dans le secret et sont motivés par une idéologie absolutiste, qui n’est jamais ouverte pour quelques critique ou désaccord que ce soient, ces plans minent la démocratie. Deuxièmement, ils ne marchent pas. Sous la main mise et l’assistance structurelle du FMI, l’Afrique a perdu 23% de ses revenus.
Y a t’il des nations qui ont pu éviter ce marasme ? Oui dit Stiglitz, le Botswana. Leur truc ? “Ils ont foutu le FMI dehors” (NdT: comme l’IIslande l’a fait récemment et s’en porte bien mieux…Rappelons que cet article a été écrit en 2001).
Stiglitz propose des réformes agraires et de la propriété radicales: une attaque sur les loyers des terres arables de 50% facturés par les oligarchies propriétaires mondiales.
Pourquoi la Banque Mondiale n’a t’elle pas suivi ses conseils ?
“Si vous défiez la propriété foncière, cela provoquera un changement dans la puissance de l’élite. Ceci n’est bien sûr pas du tout dans leur agenda.”
Finalement, ce qui le poussa à mettre sa position en péril fut l’échec des banques et de la trésorerie américaine à changer leur trajectoire quand ils furent confrontés aux crises, aux échecs et à la souffrance résultant de leur potion vaudoue monétaire en quatre étapes.
“C’est un peu comme au Moyen-Age”, dit l’économiste, “Quand le patient mourrait, ils disaient: oui, nous avons arrêté les saignées trop tôt, il avait toujours un peu de sang…”
Le temps est peut-être venu d’enlever les sangsues.
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