dimanche 26 juin 2011

Ioulia Timochenko tient tête à la justice ukrainienne



Le 25 juin 2011 à Kiev débute le procès de Ioulia Timochenko, anciennement Premier-ministre d’Ukraine, inculpée pour trois chefs d’accusation. Alors que le gouvernement met en avant un combat contre une politicienne corrompue, l’accusée, elle, tente de prouver qu’elle est la victime d’un complot politique fomenté par l’actuel président Viktor Ianoukovitch.Kiev est aujourd’hui le théâtre d’un procès sous tension : Ioulia Timochenko, ex Premier-ministre et égérie de la Révolution orange pro-occidentale en 2004 comparait devant la justice pour abus de pouvoir, trafic d’influence et détournement de fonds. Le parquet soutient qu’elle serait à l’origine d’une perte pour l’Etat d’un total de plus de 6 millions d’euros: Ioulia Timochenko encourt jusqu’à dix ans de prison ferme. L’audience s’est ouverte au tribunal Petcherski de Kiev, et pourrait marquer un véritable tournant politique en Ukraine.
En cause, les accords gaziers conclus par l’accusée avec la Russie en 2009, qui selon l’accusation à l’époque des faits, aurait outrepassé ses fonctions en signant de tels accords, défavorables au pays, sans en avoir au préalable référé au président.
Elle est aussi incriminée pour l’utilisation des 380 millions d’euros issus de la vente des quotas ukrainiens d’émission de CO2 en compensation du déficit du budget des retraites et des allocations, à la veille des élections de 2010.
Avec ce procès se prépare une guerre des partis afin de faire taire la principale rivale du chef de l’Etat, puisque tout casier judiciaire mettrait un terme à une hypothétique campagne présidentielle.
Ioulia Timochenko avait été l’un des chefs de la Révolution orange, un mouvement populaire militant pour le changement et la démocratie qui avait porté au pouvoir son allié politique de l’époque, Viktor Iouchtchenko, au détriment du candidat soutenu par Moscou Viktor Ianoukovitch. Elle a dirigé le gouvernement en 2005, puis de 2007 à 2010, avant de perdre son poste suite à l’élection de M. Ianoukovitch à la présidence.
Ioulia Timochenko a dénoncé devant le tribunal, une rose à la main, « la farce » orchestrée selon elle par l’actuel président. Son avocat a, lui, qualifié les magistrats de « bandits et esclaves du pouvoir ».
Elle accuse son rival Viktor Ianoukovitch d’organiser un véritable règlement de compte, dans le but de l’évincer des élections législatives de 2012 et des présidentielles de 2015. Le 21 juin 2011 elle avait d’ailleurs porté plainte devant le Cour Européenne des Droits de l’Homme afin d’alerter l’opinion publique à l’étranger.
Les Etats-Unis et l’Union Européenne ont exprimé leur inquiétude quant à l’instrumentalisation de la justice dans cette affaire, par la voix de diplomates présents sur place et interrogés par l’AFP. Selon l’agence Interfax, l’un d’entre eux, le représentant du Conseil de l’Europe en Ukraine, Jose Manoel Pinto Teixeira, a pour sa part rappelé au médias locaux : « les contrats gaziers signés en 2009  ont quand même permis d’éviter une crise du gaz en Europe », soutenant ainsi le dossier de la défense.
Le gouvernement ukrainien se défend de toute manipulation et affirme mener une lutte coriace contre la corruption alors que l’opposition crie à la répression politique : des milliers de manifestants étaient rassemblés devant les marches du palais pour afficher et clamer avec virulence leur soutien à Ioulia Timochenko.
Informations recueillies par CLÉMENTINE BLEZEAU

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