Son vrai bilan au FMI : la chute de la Maison Europe ?
« La Grèce devrait s’en sortir » pronostiquait à la mi-avril M. Strauss-Kahn encore directeur général du Fonds Monétaire International. Un vœu passé déjà au bilan formidablement positif de l’ex présidentiable français en application d’une bonne vieille habitude celle de l’effet d’annonce, à savoir ce vilain travers consistant à vendre la peu de l’ours avant de l’avoir tué. C’est ce bilan magique qui a été brandi comme une excuse absolutoire dès la première heure du drame tragi-comique qui a décapité le FMI…
Cela a été un régal d’entendre certains médiacrates mentir comme des arracheurs de dents en exaltant les succès du satyre de Brooklyn dans le sauvetage des économies européennes en perdition. Mieux encore lorsque ces mêmes médiamenteurs nous assuraient froidement tout ignorer de la vie sexuelle pour le moins désordonnée du grand homme. Peu à peu cependant les langues se sont déliées, nécessité oblige : maintenir l’omerta devenait en effet difficile tant elle commençait à prendre eau de toutes parts !
Mais cette déroute de la première ligne du mensonge a laissé intact les trois suivantes… La suivante, venons-nous de dire, le bilan ultra positif à la tête de l’Institution financière internationale attribué à ce triste sire. Un argument traductible par : qu’elle honte, quel malheur de harceler un si grand homme, le sauveur de l’Union européenne avec de telles peccadilles ? Nous allons voir ce qu’il faut en penser.
Tertio, le complot, un hameçon auxquels les français ont mordu goulument (57%). Ne faut-il pas rationaliser l’irrationnel, habiller d’un semblant de logique ce qui n’est que l’expression d’une bestialité se donnant libre cours parce que désinhibée par le pouvoir sans limites de l’argent et du statut ? Oui, une cabale ourdie à Paris, pourquoi pas ? L’hypothèse est séduisante, mais cela change-t-il vraiment la donne ? Certes sachant qu’une heure s’est écoulé entre les faits et l’appel lancé à la police (12h30 -13h30), ce laps de temps permettait à la direction française de l’hôtel de se concerter avec Paris et Paris avec Washington… Mais complot ou pas, il s’est précipité dans la trappe tête baissée (ou queue dressée c’est selon !).
Alors qu’est-ce que cela change sur le fond ? Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle devait choir. Cela devait arriver et qu’on lui ait tendu la perche ou pas le résultat est le même. Strauss-Kahn trop européiste du Sud (malgré un patronyme ashkénaze, sa mère Jacqueline Fellus est tunisienne d’origine, il passera son enfance au Maroc) déplaît de toute façon à Washington et ne parlons pas de l’Élysée. De ce point de vue, son éventuelle remplaçante, la ministre Christine Lagarde, malgré la casserole de l’affaire Tapie (un autre grand copain de S-K), sera une atlantiste plus docile et plus conforme aux attentes de la Réserve fédérale. Ancienne du cabinet d’avocats new-yorkais Baker et MacKenzie. Désignée en 2009 par le magazine Forbes comme la 17e femme la plus puissante du monde, elle bénéficie en outre de l’onction de Londres et de Berlin. Il semble donc que l’affaire soit dans le sac !
Quarto, l’instillation du doute à la Iago* sous couvert de cet argument terroriste (fermez vos gueules) qu’est la présomption d’innocence. Innocence brandie par l’ancien avocat de la grande truanderie et ex Garde des Sceau, Robert Badinter… Pour mémoire, Mitterrand arrive à la présidence le 11 mai 1981, R. Badinter s’en va sévir place Vendôme ; le 13 août Christina Von Opel convaincue de trafic de drogue est élargie. Badinter sera un peu plus tard cosignataire avec F. Mitterrand d’une « Charte de l’enfant » prônant la libre sexualité de nos chères têtes brunes et blondes* ; un exploit très oublié à présent mais qui explique bien des choses. Jeudi 19 mai 2011 Badinter donc, à l’occasion d’une mémorable soirée sur Antenne 2 consacrée au sinistre individu inculpé au même moment à New-York, pour river le clou à d’éventuels contradicteurs, devait conclure par un définitif et hypercatégorique « l’un des deux ment »… suivez son noir regard !
Et dire que ces gens-là sont des socialistes messianiques pur jus. Surtout quand il s’agit de jeter le voile sur les turpitudes de l’un des leurs, alors tout est bon. Souvenons-nous ainsi de Knoblespiess, coqueluche de l’intelligentsia et de l’activiste assassin Pierre Goldman, tout deux libérés et encensés par le Tout-Paris de gôche. Le premier, gracié par le couple Mitterrand-Badinter en 1981 récidiva avec un cynisme consommé* ; le second n’en eut pas l’occasion très longtemps, buté à son tour qu’il fut en 1979, peut-être par des liquidateurs espagnols du GAL aux trousses des réseaux de l’ETA basque*.
Ces deux cas exemplaires montrent que M. Badinter sait à l’évidence de quoi il parle lorsqu’il martèle sa conviction de l’innocence de M. Strauss-Kahn et sa libération prochaine, cela à l’instar de son homologue du barreau New-Yorkais, Ben Brafman qui ce dimanche le claironnait depuis Israël (terre ultime de refuge pour tous les malandrins en cavale… Meyer Lansky, Flatto-Sharon parmi les plus célèbres) ! Quoiqu’il en soi, sauf coup de théâtre de dernier heure réhabilitant ce « Dreyfus » (ainsi que Jean Pierre Schwennemann, dit Chevènement, le présente sur son blog*) d’un nouveau genre la carrière officielle de M. S-K au sein de l’oligarchie en charge de la gouvernance globale, semble pour l’heure passablement compromise.
Même s’il s’en tire avec les honneurs de la guerre comme Moshé Katsav, S-K devra certainement effectuer une singulière traversée du désert. Katsav, précisons-le, est cet ancien président de l’État hébreu convaincu de viols à répétition. Un innocent lui aussi présumé coupable et à ce titre condamné à 6 années de prison en première instance, qui, en attendant de se voir certainement acquitté en appel, bénéficie du soutien d’une organisation militante joliment dénommée « La vraie justice sera rendue ». Celle-ci s’emploie avec ardeur à récolter des fonds destinés à satisfaire l’avidité de ses avocats, 2 à 3 millions de shekels soit de 400 et 600 000 €… un tarif bon marché comparé aux 6 millions de $ réservés à la seule caution de du prédateur sexuel made in France… lequel, comme de bien entendu, en appelle lui aussi sans aucune vergogne à la générosité de ses supporteurs ! On se rapportera finalement au cas de Katsav comme d’un scénario plausible applicable point par point à notre S-K national*.
Car celui-ci, mû dans l’action délictueuse par un puissant sentiment d’impunité manifestation d’une sociopathie génétique, multirécidivistes possédé par le sentiment exécrable de se situer au-dessus des lois humaines, trop sûr du soutien de sa communauté, n’est pas à l’abri de persévérer dans l’erreur et de suivre l’exemple détestable de Moshé Katsav. Reste que le gouvernement français (déclaration du ministre de l’Intérieur Claude Guéant le 22 mai), se déclarant prêt à appuyer une demande de l’intéressé pour purger une éventuelle peine dans les geôles hexagonales - au cas pas tout à fait probable où il serait condamné - nous ne nous feront pas trop souci pour ce Monsieur. Encore que l’exemple de Florence Cassez incarcérée au Mexique ne plaide évidemment pas en faveur d’une exceptionnelle efficacité de la diplomatie sarkozienne ! Et puis, c’est encore sans compter sans certains fonctionnaires têtus (et racistes sans doute ?) qui aux États-Unis s’arcboutent sur quelques principes et refusent de libérer d’exemplaires têtes de turcs comme l’espion Jonathan Pollard détenu depuis 1987 malgré l’acharnement inouï de tous les gouvernements israéliens successifs pour obtenir sa libération.
Exit donc « Le Perv » (la « Une » du Daily News), reste un bilan de catastrophe pour l’Europe et de larges perspectives de crise majeure … En avril les louanges pleuvaient sur le sauveur de l’Europe, les Pigs (les porcs) paieront dussent-ils être saignés jusqu’à la dernière goutte de sang et le dernier centime d’€uro. Portugal, Irlande, Grèce, Espagne (Spain en anglais) allaient devoir payer ce redressement au prix des pires restrictions et de la liquidation de pans entiers de leurs économies, ceux jugés non rentables, autrement dit au prix de la liquidation presque intégrale de leur secteur public.
Patatras, les marchés dont on connaît la versatilité, le panurgisme et la couardise sui generis demande la restructuration (le rééchelonnement) de la dette grecque. Or si le service de la dette grecque explose (les obligations grecques à dix ans ont atteint le taux pharamineux de 13,13%, quant aux bons à deux ans, ils ont dépassé les 20%), ce sont les économies de l’Allemagne et de la France, elles-mêmes surendettées au-delà de toutes limites, qui seront menacées d’implosion… tout bonnement parce que ces deux pays sont les premiers détenteurs de le dette grecque. Par conséquent, si la Grèce coule, nous coulons avec elle, la Zone euro éclate et avec elle l’Union tout entière. Sera-ce un bien ou un mal ? A priori dans les circonstances actuelles cela équivaudrait à un séisme de magnitude 9, un Fukushima monétaire en quelque sorte, dont nous mettrions longtemps à déblayer les décombres.
Et même si les marchés ne cèdent pas à la panique, il faut savoir à quelle sauce M. S-K avait décidé de dévorer la Grèce… Avec tous les ménagements d’usage, le premier ministre socialiste Georges Papandréou avait annoncé un plan prévoyant d’ici à 2015 23 milliards d’économies supplémentaires, les privatisations passant d’un montant de 7 milliards à 50 milliards d’€uros, avec en premier lieu la liquidation des chemins de fer, de l’électricité, des autoroutes, « l’objectif étant de ramener les dépenses de l’Etat à 44% du PIB contre 53% du PIB en 2009, et d’accroître les rentrées à 43% du PIB, contre 38% en 2009 »*.
Une sacrée cure d’amaigrissement et un remède susceptible de tuer le malade avec la maladie. Le plan de rigueur imposé à la Grèce par le trio démoniaque FMI-UE-BCE (Fonds Monétaire International+Union+Banque Centrale européenne), sans aucune mesure de soutien ou d’accompagnement, entraînera inéluctablement le pays toujours plus bas dans le vortex de la récession et de la dette. La consommation s’est effondrée, les exportations stagnent pénalisées qu’elles sont par la cherté de l’€uro face au dollar, l’inflation enfle démesurément, 4,5% en mars… Entre les manifestants de la Puerta del Sol à Madrid, les émeutes quasi quotidiennes d’Athènes, le volcan européen sur lequel dansent nos eurocrates pourrait bien finir par se réveiller à l’instar des bouches à feu islandaises !
En fait nihil novi sub sole. Les exactions du Fonds Monétaire International que présidait le prédateur sexuel jusqu’à sa démission le 19 mai, n’ont rien de bien nouveau. L’on connaît par chœur les effets de ces plans d’ajustements structurels appliqués ces cinquante dernières années au Tiers-Monde émancipé - croyait-il - de la tutelle coloniale et en proie à une Dette galopante. Des plans obéissant strictement à une froide logique bancaire, à savoir des règles strictement comptables qui ne tiennent aucun compte des hommes et de leurs besoins les plus élémentaires, des plans cyniques qui ont achevé de ruiner les économie de subsistance traditionnelle pour imposer l’implacable logique du Marché et de son unification à l’échelle planétaire. À l’arrivée nous avons à des pays surexploités entre autres par le nouvel impérialisme asiatique (le port du Pirée n’a-t-il pas déjà été acheté par la Chine populaire ?), semi clochardisés et parfaitement déstructurés. Cela est valable pour la majeure partie de l’Afrique subsaharienne où le chaos règne et la finance prospère.
Avec M. S-K, le FMI a procédé en Europe à des injections massives de capitaux (75 milliards de $ sur 200) au profit supposé de ses économies les plus mal en point de l’Union. L’Union cet agrégat disparates de pays dont il faudrait avant tout instruire le procès : l’Euro, cette monnaie venue d’ailleurs, n’a-t-elle pas constitué un formidable encouragement au laxisme budgétaire et contribué à l’actuelle faillite ? en fin de compte l’intervention du FMI en Europe ne révèle-t-elle pas qu’une partie de celle-ci est aujourd’hui subrepticement ravalée au rang de ces État sous-développés gangrenés par des classes dirigeantes incapables et corrompues. Tel est le bilan que nous devons considérer en face, celui d’un Europe en état de choc et de tiers-mondisation avancée !
En vérité, le magnifique bilan du guérisseur S-K n’est que celui d’un vil dépeceur et rien d’autre. Mais peu importe la réalité puisque dans l’univers nominaliste qui est le nôtre où priment non les réalités, mais les mots, les discours et les images, S-K apparaissait comme le messie. Aux purs tout est pur et ce ne sont pas quelques gouttes de spermes et de sang qui changeront quoique ce soit à cette surnaturelle évidence.
Léon Camus 21 mai 2011
Notes :
* Personnage central d’Othello ou le Maure de Venise de William Shakespeare.
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert... « …pour la suppression de dispositions légales pénalisant les relations homosexuelles avec un mineur pour des âges où les relations hétérosexuelles étaient légales ».
* En 1972, Knobelspiess âgé de 25 ans, est condamné à 15 ans d’emprisonnement pour braquage. Gracié en 1981 sur proposition de Badinter, il est réincarcéré en 1983, à nouveau pour attaque à main armée avant d’être acquitté en janvier 1986. En avril 1987, il est pris en flagrant délit dans l’attaque d’une succursale de la Banque populaire. Condamné en avril 1987 à sept ans de prison pour avoir tiré sur des policiers en septembre 1982, puis en octobre 1989 à 9 ans, il est finalement libéré en août 1990 ! * « L’Indic et le Commissaire » Plon 2006. Lucien Aimé-Blanc et Jean-Michel Caradec’h.
* Jean Pierre Chevènement entretien du 19 mai sur LCP.http://www.chevenement.fr/Affaire-D...
* En septembre 2006 huit femmes accusaient Moshé Katsav d’agression sexuelle. En juin 2007, ses avocats étaient parvenus à une transaction avec la justice : leur client acceptait de plaider coupable pour harcèlement sexuel, en échange de quoi il n’écopait que d’une peine de prison avec sursis et en apportant des compensations financières à deux de ses victimes. Les accusations de viol étaient quant à elles purement abandonnées. Un marché apparemment favorable, mais Katsav a voulu passer en force – ce que devait tenter également DSK – et rouler dans la farine ses victimes. Las le procès a pleinement établi sa culpabilité. Depuis, ses avocats ont plaidé des relations sexuelles « consensuelles » puis qu’au moment des viols, il était ailleurs !
* Parce que nous avons la mémoire courte, il importe de rappeler qu’avec la complicité de Jospin, S-K a été par le passé aussi bien l’homme des « trente-cinq heures », mesure démagogique par excellence, que l’homme de la grande braderie de l’automne 1999 avec la vente à l’encan de ces fleurons de l’industrie française que sont France Télécom, Thomson-CSF, Thomson Multimédia, Air France…
Mais cette déroute de la première ligne du mensonge a laissé intact les trois suivantes… La suivante, venons-nous de dire, le bilan ultra positif à la tête de l’Institution financière internationale attribué à ce triste sire. Un argument traductible par : qu’elle honte, quel malheur de harceler un si grand homme, le sauveur de l’Union européenne avec de telles peccadilles ? Nous allons voir ce qu’il faut en penser.
Tertio, le complot, un hameçon auxquels les français ont mordu goulument (57%). Ne faut-il pas rationaliser l’irrationnel, habiller d’un semblant de logique ce qui n’est que l’expression d’une bestialité se donnant libre cours parce que désinhibée par le pouvoir sans limites de l’argent et du statut ? Oui, une cabale ourdie à Paris, pourquoi pas ? L’hypothèse est séduisante, mais cela change-t-il vraiment la donne ? Certes sachant qu’une heure s’est écoulé entre les faits et l’appel lancé à la police (12h30 -13h30), ce laps de temps permettait à la direction française de l’hôtel de se concerter avec Paris et Paris avec Washington… Mais complot ou pas, il s’est précipité dans la trappe tête baissée (ou queue dressée c’est selon !).
Alors qu’est-ce que cela change sur le fond ? Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle devait choir. Cela devait arriver et qu’on lui ait tendu la perche ou pas le résultat est le même. Strauss-Kahn trop européiste du Sud (malgré un patronyme ashkénaze, sa mère Jacqueline Fellus est tunisienne d’origine, il passera son enfance au Maroc) déplaît de toute façon à Washington et ne parlons pas de l’Élysée. De ce point de vue, son éventuelle remplaçante, la ministre Christine Lagarde, malgré la casserole de l’affaire Tapie (un autre grand copain de S-K), sera une atlantiste plus docile et plus conforme aux attentes de la Réserve fédérale. Ancienne du cabinet d’avocats new-yorkais Baker et MacKenzie. Désignée en 2009 par le magazine Forbes comme la 17e femme la plus puissante du monde, elle bénéficie en outre de l’onction de Londres et de Berlin. Il semble donc que l’affaire soit dans le sac !
Quarto, l’instillation du doute à la Iago* sous couvert de cet argument terroriste (fermez vos gueules) qu’est la présomption d’innocence. Innocence brandie par l’ancien avocat de la grande truanderie et ex Garde des Sceau, Robert Badinter… Pour mémoire, Mitterrand arrive à la présidence le 11 mai 1981, R. Badinter s’en va sévir place Vendôme ; le 13 août Christina Von Opel convaincue de trafic de drogue est élargie. Badinter sera un peu plus tard cosignataire avec F. Mitterrand d’une « Charte de l’enfant » prônant la libre sexualité de nos chères têtes brunes et blondes* ; un exploit très oublié à présent mais qui explique bien des choses. Jeudi 19 mai 2011 Badinter donc, à l’occasion d’une mémorable soirée sur Antenne 2 consacrée au sinistre individu inculpé au même moment à New-York, pour river le clou à d’éventuels contradicteurs, devait conclure par un définitif et hypercatégorique « l’un des deux ment »… suivez son noir regard !
Et dire que ces gens-là sont des socialistes messianiques pur jus. Surtout quand il s’agit de jeter le voile sur les turpitudes de l’un des leurs, alors tout est bon. Souvenons-nous ainsi de Knoblespiess, coqueluche de l’intelligentsia et de l’activiste assassin Pierre Goldman, tout deux libérés et encensés par le Tout-Paris de gôche. Le premier, gracié par le couple Mitterrand-Badinter en 1981 récidiva avec un cynisme consommé* ; le second n’en eut pas l’occasion très longtemps, buté à son tour qu’il fut en 1979, peut-être par des liquidateurs espagnols du GAL aux trousses des réseaux de l’ETA basque*.
Ces deux cas exemplaires montrent que M. Badinter sait à l’évidence de quoi il parle lorsqu’il martèle sa conviction de l’innocence de M. Strauss-Kahn et sa libération prochaine, cela à l’instar de son homologue du barreau New-Yorkais, Ben Brafman qui ce dimanche le claironnait depuis Israël (terre ultime de refuge pour tous les malandrins en cavale… Meyer Lansky, Flatto-Sharon parmi les plus célèbres) ! Quoiqu’il en soi, sauf coup de théâtre de dernier heure réhabilitant ce « Dreyfus » (ainsi que Jean Pierre Schwennemann, dit Chevènement, le présente sur son blog*) d’un nouveau genre la carrière officielle de M. S-K au sein de l’oligarchie en charge de la gouvernance globale, semble pour l’heure passablement compromise.
Même s’il s’en tire avec les honneurs de la guerre comme Moshé Katsav, S-K devra certainement effectuer une singulière traversée du désert. Katsav, précisons-le, est cet ancien président de l’État hébreu convaincu de viols à répétition. Un innocent lui aussi présumé coupable et à ce titre condamné à 6 années de prison en première instance, qui, en attendant de se voir certainement acquitté en appel, bénéficie du soutien d’une organisation militante joliment dénommée « La vraie justice sera rendue ». Celle-ci s’emploie avec ardeur à récolter des fonds destinés à satisfaire l’avidité de ses avocats, 2 à 3 millions de shekels soit de 400 et 600 000 €… un tarif bon marché comparé aux 6 millions de $ réservés à la seule caution de du prédateur sexuel made in France… lequel, comme de bien entendu, en appelle lui aussi sans aucune vergogne à la générosité de ses supporteurs ! On se rapportera finalement au cas de Katsav comme d’un scénario plausible applicable point par point à notre S-K national*.
Car celui-ci, mû dans l’action délictueuse par un puissant sentiment d’impunité manifestation d’une sociopathie génétique, multirécidivistes possédé par le sentiment exécrable de se situer au-dessus des lois humaines, trop sûr du soutien de sa communauté, n’est pas à l’abri de persévérer dans l’erreur et de suivre l’exemple détestable de Moshé Katsav. Reste que le gouvernement français (déclaration du ministre de l’Intérieur Claude Guéant le 22 mai), se déclarant prêt à appuyer une demande de l’intéressé pour purger une éventuelle peine dans les geôles hexagonales - au cas pas tout à fait probable où il serait condamné - nous ne nous feront pas trop souci pour ce Monsieur. Encore que l’exemple de Florence Cassez incarcérée au Mexique ne plaide évidemment pas en faveur d’une exceptionnelle efficacité de la diplomatie sarkozienne ! Et puis, c’est encore sans compter sans certains fonctionnaires têtus (et racistes sans doute ?) qui aux États-Unis s’arcboutent sur quelques principes et refusent de libérer d’exemplaires têtes de turcs comme l’espion Jonathan Pollard détenu depuis 1987 malgré l’acharnement inouï de tous les gouvernements israéliens successifs pour obtenir sa libération.
Exit donc « Le Perv » (la « Une » du Daily News), reste un bilan de catastrophe pour l’Europe et de larges perspectives de crise majeure … En avril les louanges pleuvaient sur le sauveur de l’Europe, les Pigs (les porcs) paieront dussent-ils être saignés jusqu’à la dernière goutte de sang et le dernier centime d’€uro. Portugal, Irlande, Grèce, Espagne (Spain en anglais) allaient devoir payer ce redressement au prix des pires restrictions et de la liquidation de pans entiers de leurs économies, ceux jugés non rentables, autrement dit au prix de la liquidation presque intégrale de leur secteur public.
Patatras, les marchés dont on connaît la versatilité, le panurgisme et la couardise sui generis demande la restructuration (le rééchelonnement) de la dette grecque. Or si le service de la dette grecque explose (les obligations grecques à dix ans ont atteint le taux pharamineux de 13,13%, quant aux bons à deux ans, ils ont dépassé les 20%), ce sont les économies de l’Allemagne et de la France, elles-mêmes surendettées au-delà de toutes limites, qui seront menacées d’implosion… tout bonnement parce que ces deux pays sont les premiers détenteurs de le dette grecque. Par conséquent, si la Grèce coule, nous coulons avec elle, la Zone euro éclate et avec elle l’Union tout entière. Sera-ce un bien ou un mal ? A priori dans les circonstances actuelles cela équivaudrait à un séisme de magnitude 9, un Fukushima monétaire en quelque sorte, dont nous mettrions longtemps à déblayer les décombres.
Et même si les marchés ne cèdent pas à la panique, il faut savoir à quelle sauce M. S-K avait décidé de dévorer la Grèce… Avec tous les ménagements d’usage, le premier ministre socialiste Georges Papandréou avait annoncé un plan prévoyant d’ici à 2015 23 milliards d’économies supplémentaires, les privatisations passant d’un montant de 7 milliards à 50 milliards d’€uros, avec en premier lieu la liquidation des chemins de fer, de l’électricité, des autoroutes, « l’objectif étant de ramener les dépenses de l’Etat à 44% du PIB contre 53% du PIB en 2009, et d’accroître les rentrées à 43% du PIB, contre 38% en 2009 »*.
Une sacrée cure d’amaigrissement et un remède susceptible de tuer le malade avec la maladie. Le plan de rigueur imposé à la Grèce par le trio démoniaque FMI-UE-BCE (Fonds Monétaire International+Union+Banque Centrale européenne), sans aucune mesure de soutien ou d’accompagnement, entraînera inéluctablement le pays toujours plus bas dans le vortex de la récession et de la dette. La consommation s’est effondrée, les exportations stagnent pénalisées qu’elles sont par la cherté de l’€uro face au dollar, l’inflation enfle démesurément, 4,5% en mars… Entre les manifestants de la Puerta del Sol à Madrid, les émeutes quasi quotidiennes d’Athènes, le volcan européen sur lequel dansent nos eurocrates pourrait bien finir par se réveiller à l’instar des bouches à feu islandaises !
En fait nihil novi sub sole. Les exactions du Fonds Monétaire International que présidait le prédateur sexuel jusqu’à sa démission le 19 mai, n’ont rien de bien nouveau. L’on connaît par chœur les effets de ces plans d’ajustements structurels appliqués ces cinquante dernières années au Tiers-Monde émancipé - croyait-il - de la tutelle coloniale et en proie à une Dette galopante. Des plans obéissant strictement à une froide logique bancaire, à savoir des règles strictement comptables qui ne tiennent aucun compte des hommes et de leurs besoins les plus élémentaires, des plans cyniques qui ont achevé de ruiner les économie de subsistance traditionnelle pour imposer l’implacable logique du Marché et de son unification à l’échelle planétaire. À l’arrivée nous avons à des pays surexploités entre autres par le nouvel impérialisme asiatique (le port du Pirée n’a-t-il pas déjà été acheté par la Chine populaire ?), semi clochardisés et parfaitement déstructurés. Cela est valable pour la majeure partie de l’Afrique subsaharienne où le chaos règne et la finance prospère.
Avec M. S-K, le FMI a procédé en Europe à des injections massives de capitaux (75 milliards de $ sur 200) au profit supposé de ses économies les plus mal en point de l’Union. L’Union cet agrégat disparates de pays dont il faudrait avant tout instruire le procès : l’Euro, cette monnaie venue d’ailleurs, n’a-t-elle pas constitué un formidable encouragement au laxisme budgétaire et contribué à l’actuelle faillite ? en fin de compte l’intervention du FMI en Europe ne révèle-t-elle pas qu’une partie de celle-ci est aujourd’hui subrepticement ravalée au rang de ces État sous-développés gangrenés par des classes dirigeantes incapables et corrompues. Tel est le bilan que nous devons considérer en face, celui d’un Europe en état de choc et de tiers-mondisation avancée !
En vérité, le magnifique bilan du guérisseur S-K n’est que celui d’un vil dépeceur et rien d’autre. Mais peu importe la réalité puisque dans l’univers nominaliste qui est le nôtre où priment non les réalités, mais les mots, les discours et les images, S-K apparaissait comme le messie. Aux purs tout est pur et ce ne sont pas quelques gouttes de spermes et de sang qui changeront quoique ce soit à cette surnaturelle évidence.
Léon Camus 21 mai 2011
Notes :
* Personnage central d’Othello ou le Maure de Venise de William Shakespeare.
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert... « …pour la suppression de dispositions légales pénalisant les relations homosexuelles avec un mineur pour des âges où les relations hétérosexuelles étaient légales ».
* En 1972, Knobelspiess âgé de 25 ans, est condamné à 15 ans d’emprisonnement pour braquage. Gracié en 1981 sur proposition de Badinter, il est réincarcéré en 1983, à nouveau pour attaque à main armée avant d’être acquitté en janvier 1986. En avril 1987, il est pris en flagrant délit dans l’attaque d’une succursale de la Banque populaire. Condamné en avril 1987 à sept ans de prison pour avoir tiré sur des policiers en septembre 1982, puis en octobre 1989 à 9 ans, il est finalement libéré en août 1990 ! * « L’Indic et le Commissaire » Plon 2006. Lucien Aimé-Blanc et Jean-Michel Caradec’h.
* Jean Pierre Chevènement entretien du 19 mai sur LCP.http://www.chevenement.fr/Affaire-D...
* En septembre 2006 huit femmes accusaient Moshé Katsav d’agression sexuelle. En juin 2007, ses avocats étaient parvenus à une transaction avec la justice : leur client acceptait de plaider coupable pour harcèlement sexuel, en échange de quoi il n’écopait que d’une peine de prison avec sursis et en apportant des compensations financières à deux de ses victimes. Les accusations de viol étaient quant à elles purement abandonnées. Un marché apparemment favorable, mais Katsav a voulu passer en force – ce que devait tenter également DSK – et rouler dans la farine ses victimes. Las le procès a pleinement établi sa culpabilité. Depuis, ses avocats ont plaidé des relations sexuelles « consensuelles » puis qu’au moment des viols, il était ailleurs !
* Parce que nous avons la mémoire courte, il importe de rappeler qu’avec la complicité de Jospin, S-K a été par le passé aussi bien l’homme des « trente-cinq heures », mesure démagogique par excellence, que l’homme de la grande braderie de l’automne 1999 avec la vente à l’encan de ces fleurons de l’industrie française que sont France Télécom, Thomson-CSF, Thomson Multimédia, Air France…
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