dimanche 24 juillet 2011

A pied à travers l'Espagne, la marche des "indignés" jusqu'à Madrid




A pied sous le soleil caniculaire, traînant pendant un mois leurs charrettes débordant de bagages, des centaines "d'indignés" ont traversé l'Espagne pour une nouvelle manifestation, dimanche à Madrid, contre le chômage et la crise économique.
le 24.07.11 | 16h52


A pied sous le soleil caniculaire, traînant pendant un mois leurs charrettes débordant de bagages, des centaines "d'indignés" ont traversé l'Espagne pour une nouvelle manifestation, dimanche à Madrid, contre le chômage et la crise économique.
"Au départ, on ne savait pas ce qui allait se passer. Dès le deuxième village, nous avons vu que c'était génial. Le curé est arrivé avec un énorme plateau rempli de nourriture", raconte José, un étudiant en audiovisuel de 19 ans parti le 20 juin de Valence, dans le sud-est de l'Espagne.
"Nous avons aussi utilisé la voiture du curé pour transporter des affaires. Les gens voulaient sentir qu'ils participaient au mouvement. Ils donnaient tout ce qu'ils avaient", explique-t-il.
Dans le même groupe, Raquel, une manifestante de 29 ans, qui a perdu son travail juste une semaine avant le départ, se souvient "des quatre vieilles dames qui ont fait un gazpacho" dans un autre village et "du repas avec le maire".
"Très émouvant, partout, les gens ont été très accueillants, ils nous attendaient avec des orchestres", confie Miguel Angel Ruiz Gallego parti de Malaga, en Andalousie, le 25 juin, transportant dans sa petite charrette "de l'eau, des boissons, des médicaments".
"Parfois les maires nous ouvraient des salles sportives, comme les y oblige la loi sur la transhumance".
"Des étapes de 12 à 42 kilomètres, des températures jusqu'à 42 degrés à deux heures de l'après-midi", ajoute cet ouvrier de 33 ans, ses sandales de marche déchirées après 600 km à pied. "Je ne pensais pas y arriver, et j'y suis arrivé".
Samedi, les six colonnes de marcheurs venus de toute l'Espagne ont rallié la place de la Puerta del Sol, point de départ du mouvement des "indignés" qui dénonce un chômage record (21,29%), celui des jeunes en particulier (45,4%), les excès du libéralisme, la "corruption" des hommes politiques.
Symboliquement, ils ont repris possession pour un week-end de la grande place madrilène, occupée pendant un mois, du 17 mai au 12 juin, par le campement de tentes devenu le coeur du mouvement.
Dimanche soir, rejoints par des habitants de Madrid, par d'autres manifestants venus de province en car ou en voiture, les marcheurs s'apprêtaient à défiler dans le centre de la capitale, de la gare d'Atocha jusqu'à la Puerta del Sol.
La dernière grande journée de mobilisation des "indignés", le 19 juin, avait rassemblé plus de 200.000 personnes dans toutes les villes d'Espagne.
Né à la mi-mai autour d'un même ras-le-bol de la crise et de ses conséquences sociales, rassemblant jeunes, chômeurs, salariés ou retraités, le mouvement, relayé par les réseaux sociaux et soutenu par l'opinion publique, s'est rapidement enraciné dans toute l'Espagne.
"Il y avait des gens avec toutes sortes d'idées, de dix à 67 ans. Un père avec son fils sur le point d'être expulsé de sa maison, qui devait choisir entre manger ou payer son emprunt", raconte Hector, 33 ans, arrivé de Valence, qui a planté sa tente sur les pelouses du Paseo del Prado en attendant l'heure de la manifestation.
Les expulsions de propriétaires surendettés, l'une des retombées sociales les plus explicites de la crise, sont devenues une cible de prédilection des "indignés" qui ont pris l'habitude de se rassembler pour éviter que ces familles ne soient délogées par les huissiers.
"J'étais fatigué de voir les gens se plaindre de ne pas réussir à terminer le mois", ajoute un autre marcheur, Ruben Rodenas Moran, chômeur de 26 ans.
"Je suis allé assister aux assemblées, et je suis tombé amoureux du mouvement". Il a alors pris sa décision: "descendre dans la rue, éteindre la télé et manifester".
AFP

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