jeudi 18 août 2011

La retraite des assassins


K. Selim - Le Quotidien d’Oran
C’est un scandale permanent de savoir que ceux qui ont provoqué cette destruction fondamentale ne seront jamais tenus de rendre des comptes.
Au lendemain d’une série d’attentats particulièrement sanglants, la presse américaine est quasi unanime pour constater que rien n’est réglé en Irak. Des centaines de milliards dépensés et des milliers de vies perdues depuis l’invasion du pays par les troupes américaines en 2003, n’ont pratiquement servi à rien, constate sombrement le New York Times.
Pour les médias américains, le souci principal est que les troupes américaines, censées commencer leur retrait d’ici la fin de l’année, seront contraintes d’y rester. Certains spéculent sur le fait que ces attentats sont un signal iranien indiquant que Téhéran ne laissera pas tomber, sans réagir, son allié syrien qu’il juge sous pression américaine.
Rien ne permet de confirmer toutes ces conjectures. Mais tout est possible dans un pays qui a été littéralement assassiné et massacré par la décision prise par Bush, Cheney, Rumsfeld et les idéologues néoconservateurs d’envahir l’Irak. Ces hommes, qui sont directement responsables de crimes massifs, jouissent d’une paisible retraite.
Le procureur du TPI, qui, à juste titre, a une dent contre les dictateurs africains, ne songerait même pas en rêve à demander des comptes à des criminels qui ont menti à leur peuple et au monde entier pour entreprendre la destruction massive d’un pays.
L’Irak est aujourd’hui sans la dictature de Saddam Hussein mais ce n’est pas un pays libre. C’est un pays qui a été rendu problématique par une agression violente qui a succédé à de longues et éprouvantes années d’embargo. Il faut le souligner, l’Irak n’a pas été détruit au niveau matériel seulement. Bush and Co ont cassé l’âme de ce pays, qui pouvait s’affirmer, malgré la dictature, dans une identité irakienne qui transcende les différences communautaires.
Les journaux américains s’inquiètent du « coût » de la présence américaine en Irak -comme si la guerre n’était pas l’aubaine du complexe militaro-industriel-, mais qui peut estimer ce qui a été perdu pour les Irakiens ? Les divisions sectaires qui sont en train de détruire l’Irak ont été activées par les Américains, et les Irakiens n’arrivent pas à trouver le moyen de refermer la blessure.
C’est un scandale permanent de savoir que ceux qui ont provoqué cette destruction fondamentale ne seront jamais tenus de rendre des comptes. Les mensonges sur les armes de destruction massive martelés comme une évidence et repris, sans le moindre examen critique, par les grands médias américains, peuvent-ils être oubliés ? Les supplétifs politiques d’une guerre pour le plaisir menée par Bush-Cheney ont, à l’instar de Tony Blair, tenté d’inventer, a posteriori, un objectif démocratique à l’expédition. Un autre mensonge de plus. Et l’État de l’Irak aujourd’hui est édifiant sur cet aspect. L’Irak, qui n’en finit pas de se déchirer, est le fruit d’actions menées par des assassins en retraite.
Comment ne pas se souvenir, face à la petitesse sanglante de ces hommes, de la grandeur de l’Américain Ramsay Clark, grand homme et grand combattant de la vérité et de la justice. Ce pourfendeur des Bush père et fils incarne la vraie grandeur des États-Unis. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire