mercredi 28 septembre 2011

Ne les appelez plus mademoiselle !









Une campagne, lancée hier par des associations féministes, incite celles qui ne sont pas mariées à se faire appeler madame quand même…


Appelle-t-on un jeune homme célibataire mon damoiseau?


Le « mademoiselle » appuyé d’un gros clin d’œil du joli cœur qui ouvre la porte, passe encore… Mais la case du formulaire qui demande aux femmes de préciser leur état civil, elles n’en peuvent plus. Alors qu’un enfant sur deux naît hors mariage aujourd’hui en France, que les femmes n’ont plus besoin de leur mari pour ouvrir un compte en banque depuis 1965 et que célibat ne rime plus depuis belle lurette avec « vieille fille », les « mademoiselles » n’en reviennent pas… de l’être encore! « Le langage est pourtant révélateur de la place que l’on donne à la femme en France », estiment les associations Osez le féminisme! et les Chiennes de garde, qui ont décidé hier avec humour, et sérieux, de s’attaquer à l’usage symbolique et coriace de ce statut de femme non mariée.
Leur campagne, lancée sur le site Internetwww.madameoumadame.fr, vise à rappeler aux femmes de tous âges et de tous statuts qu’elles ont le droit d’être appelées « madame » à 18 ou 78 ans, y compris par la Banque postale et le Trésor public… mais surtout à obtenir l’éradication de « la case en trop » dans les formulaires de l’administration : ce « mademoiselle » qu’on demande presque toujours de cocher aux femmes non mariées, souvent associé à un « nom de jeune fille ». « Appelle-t-on un jeune homme célibataire mon damoiseau? dit en souriant Julie Muret, porte-parole d’Osez le féminisme!. Demande-t-on aux hommes s’ils sont mariés pour les abonner à une ligne téléphonique ou leur fourguer une carte de fidélité? Eh, non! Il n’y a que les femmes qu’on oblige à dévoiler cet aspect de leur vie privée. Et il n’y a quasiment qu’en France que cela perdure! »
Aucune disposition législative et réglementaire n’impose pourtant l’usage de cette civilité dans l’Hexagone. Alors… Vieux reste de galanterie à la française? Machisme hérité du Code civil napoléonien? Toujours est-il qu’ailleurs en Europe, « miss », « Fräulein » ou « señorita » sont des éventuelles formules de politesse, pas des marqueurs d’identité. Et le Danemark en a même interdit l’usage, tandis que le « mademoiselle » est considéré comme une insulte au Canada! « En France, il suffirait que le ministère de l’Intérieur modifie ses formulaires pour les papiers officiels, et ça donnerait l’impulsion », estime Marie-Noëlle Bas, présidente des Chiennes de garde. C’est donc à ce ministère que les associations demandent en priorité d’adresser une missive, téléchargeable sur le site Internet de la campagne. Y figurent aussi des lettres types pour faire corriger son état civil auprès de la SNCF, EDF ou la Fnac… Reste que le combat peut sembler un peu vain et cosmétique dans un pays où la parité n’est même pas respectée dans l’hémicycle. « On nous dit qu’il y a des choses plus graves et qu’il n’y a pas d’urgence, mais tous les combats féministes sont urgents », conclut Marie-Noëlle Bas. « A la rentrée, on est dans les papiers. C’est le bon moment pour changer les choses! »

Mademoiselle, la case en trop !

Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi on n'appelait pas un homme célibataire « Mondamoiseau », voire « jeune puceau » ? Pas étonnant, ce type de distinction est réservé aux femmes…
En effet, en France, en 2011, les femmes et les hommes ne sont toujours pas logés à la même enseigne : civilité unique pour les hommes, double civilité pour les femmes !
Osez le féminisme et les Chiennes de garde lancent donc une campagne intitulée « Mademoiselle, la case en trop » pour rappeler que la distinction Madame/Mademoiselle n’est ni flatteuse, ni obligatoire. Et surtout, qu’elle est le signe du sexisme ordinaire qui perdure dans notre société.
Cette campagne a vocation à mettre fin à cette inégalité, mais aussi à informer les femmes de leurs droits et à  mettre à leur disposition des outils pour faire changer leur civilité.

>> « Mademoiselle », une civilité discriminatoire et sexiste

Les femmes et les hommes ont, aujourd’hui, en France, un traitement différencié de leur civilité !Les hommes sont appelés toute leur vie «monsieur». À l’inverse, les femmes sont «mademoiselle», puis «madame». Et le passage de l’un à l’autre ne dépend ni de leur âge, ni de leur statut professionnel, mais bien de leur statut marital. «Mademoiselle» a donc un caractère intrusif, que «monsieur» ou «madame», plus neutre, n’ont pas. 

Ce n’est pas flatteur !

D’une manière générale, il semble plus poli d’appeler une femme «madame» pour ne pas porter de jugement sur sa vie privée. Contrairement à cette idée reçue, ce n’est pas flatteur de faire entendre à une femme qu’elle est disponible, notamment dans un contexte professionnel !
Cette civilité est révélatrice de la place des femmes dans la société, infériorisées et ne pouvant toujours pas jouir de l’ensemble de leurs droits. C’est une réminiscence de l’époque où les femmes passaient, avec le mariage, de l’autorité de leur père à l’autorité de leur mari. Le langage est, parmi d’autres, un indicateur des inégalités entre les femmes et les hommes.
Elle est aussi révélatrice du retard de la France par rapport à de nombreux pays. Le Danemark, les Etats-Unis et l’Allemagne ont abandonné cette double civilité et au Canada, le terme « Mademoiselle » est même devenu une insulte !

Ce n’est pas obligatoire !

Beaucoup de femmes pensent que cette civilité a un caractère obligatoire, qu'il faut justifier d'un mariage pour être appelée « Madame ». Pourtant, ce n'est pas le cas. Lorsque le statut marital a une importance, dans les relations avec l'administration fiscale par exemple, il est demandé indépendamment de la civilité utilisée. Une femme peut donc dès sa naissance être appelée Madame, sans justificatif à fournir. 
Depuis plus de quarante ans, des circulaires rappellent à l’Administration qu’aucun document ne peut être exigé d’une femme qui souhaite l’usage de la civilité «madame». Pourtant, de nombreuses femmes se heurtent à des difficultés pour faire valoir leurs droits, que ce soit dans leur relation avec l’État ou avec des entreprises. L'administration continue de privilégier « Mademoiselle » lorsqu'elle s'adresse à une femme non mariée.
Nous demandons à ce que l'usage de principe soit la civilité « Madame », plus neutre et équivalent de Monsieur. 
>> Retrouvez sur le site un mail-type à envoyer à vos députés et au gouvernement pour demander la suppression de la civilité « Mademoiselle » dans les formulaires administratifs.
>> Retrouvez sur le site un kit pour faire changer votre civilité auprès de tous vos interlocuteurs.

Et le nom de jeune fille ?

Le «nom de jeune fille», tout comme «mademoiselle», datent d’une époque où les femmes n’étaient pas autonomes et dépendaient d’abord de leur père, puis de leur mari. Puisque ce temps est aujourd’hui révolu, les termes doivent eux aussi changer !
L’Administration doit appliquer la loi du 6 fructidor an II (1794) qui pose le principe selon lequel les femmes gardent leur «nom de naissance» toute leur vie. Si elles souhaitent porter le nom de leur  époux après le mariage, tout comme les hommes peuvent le faire avec le nom de leur épouse, celui-ci est  alors leur «nom d’usage». 
Nous demandons que le terme «nom de jeune fille» dans les documents administratifs, mais aussi dans les formulaires des entreprises, soit remplacé par «nom de naissance».

>> Soyez actrices et acteurs de la campagne !

Testez vos connaissances avec un quizz en ligne !
Dans quel pays, est-ce encore utilisé ? Quelle est l'origine de cette appellation ? Vous serez incollable sur le sujet !
Relayez la campagne autour de vous !
>> Relayez les outils de la campagne : l’affiche et le badge (en pièce jointe), le mail-type à envoyer aux députés et au gouvernement, le kit de changement de civilité.
>> Faites circuler les chroniques vidéos réalisées spécialement pour la campagne : « Dites le en clown » et « Ma vie de mademoiselle ».


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