samedi 21 mai 2011

Le peuple veux faire tomber le gouvernement:La révolution Francaise a commencé





« Personne ne sait ce qui va se passer. »  solidaires de la « Spanish revolution ».

Ils sont près de 300, presque tous jeunes, installés sur le terre-plein de la place de la Republique à Paris.
A 20 heures, ils ont prévu de retourner à Bastille, lieu qu'ils ont provisoirement délaissé car une manif de soutien aux Ivoiriens leur faisait concurrence. « Ils ont des grosses sonos, on ne s'entendait pas », rigole une étudiante.
Un beau brun embrasse une jolie fille contre un lampadaire. Il s'appelle Julien Kien et c'est un des membres du collectif qui a appelé à la mobilisation. Il a 27 ans et prépare le Capes d'histoire-géo. Il pense que l'Europe est mure pour un mouvement générationnel.
« Nous sommes tous touchés par la précarité, les étudiants comme les jeunes salariés. Nous étouffons tous dans des pays contrôlés par des oligarchies, de vieilles élites qui virent xénophobes. »
Une cigarette roulée finit de s'éteindre entre ses doigts.
« Sérieusement, est-ce qu'on va attendre d'être dans une situation aussi grave que les Espagnols pour réagir ? »
Sur des cartons, on lit :
 »« Indignez-vous ! » Pour une démocratie réelle, maintenant. » (Voir la vidéo)
C'est le troisième soir qu'ils se réunissent, à Paris. D'abord en solidarité avec le mouvement espagnol. Mais aussi avec l'espoir que l'esprit révolutionnaire gagne la France.
« Nous nous plaçons dans la lignée des révolutions arabes », explique Marie-Anne Favreau, étudiante franco-espagnole, en dernière année de musique au Conservatoire.
Marie-Anne Favreau, le 21 mai 2011, à Paris (Audrey Cerdan/Rue89).
Derrière elle, des cuivres jouent la musique des « Temps modernes » de Charlie Chaplin :
« En Espagne, les partis porteurs de changement n'ont aucune chance d'arriver au pouvoir. Mais ici aussi nous sommes loin de la démocratie réelle. »

« On voit qu'ils ne connaissent pas Paris, mais ils sont libres »

Les « révolutions » sur le Web

► La « Spanish revolution »
- Sur Twitter, suivre les « hashtags » ou mots-clés :
- Sur Ustream, suivre le live de Sol.TV, en direct de la Puerta del Sol à Madrid.
- Sur Facebook, « aimer » la communauté « Spanish revolution ».
► La « French revolution »
- Sur Twitter :
Face aux photos des journalistes Hervé Ghesquiere et de Stephane Taponnier, on parle surtout espagnol. Un manifeste est distribué. A la fin, le « hashtag » (ou mot-clé utilisé sur Twitter) #AcampadaParis et l'adresse www.TomaLaPlaza.net
Au mégaphone, une voix invite, en espagnol puis dans un français mal assuré, à « faire du bruit » sur Twitter.
Un type bondissant raconte sa joie de voir « un mouvement différent, bon enfant ». Il s'appelle Victorino, il a 54 ans et court toutes les mobilisations parisiennes.
« Ces gosses rêvent, on voit qu'ils ne connaissent pas Paris, ils ont eu du mal à trouver leur chemin, mais ils sont libres, sans parti, sans organisation, personne ne sait ce qui va se passer. »
Des commissions sont organisées. Juridique. Communication. Logistique. Quel esprit de sérieux ! « Tout le monde va chercher à nous discréditer, on se tient prêts, c'est tout », corrige un membre du collectif.

Des CRS au Pavillon de la crevette

Pour ne pas rester enfermés dans l'image d'une « révolution Erasmus », les Espagnols comptent sur des renforts français. On annonce l'arrivée prochaine de représentants du Collectif 21-Avril, deJeudi noir, de Generation précaire, de l'Appel et la pioche
En route pour la Bastille. « Rapido rapido rapido », hurle un jeune mec en rouge à ceux qui traversent la place avec langueur. On dépasse une distribution de soupe des Restos du cœur.
Hésitations sur le chemin à emprunter. Un flic avec un Talkie-Walkie surgit et désigne du bras le boulevard du Temple.
Soudain, une cinquantaine de CRS surgissent. Ils encerclent tout le monde devant un resto asiatique, le Pavillon de la crevette. Incompréhension générale.
Aux riverains qui s'étonnent, les policiers répètent : « Manifestation non déclarée. » On entend une voix crier « négocier une heure de départ » dans le Talkie d'un des deux commissaires.
Menaces d'embarquer tout le monde… Quelques minutes de nego. Et le cortège est autorisé à repartir à condition de rester sur le trottoir. « un malentendu », estime Marie-Anne. Les CRS forment une escorte.
Une grande rousse se prend en photo en riant au milieu des uniformes.
En arrivant devant les marches de l'opéra Bastille, les « escortés » sont applaudis par presque autant de manifestants, déjà là. Deux CRS râlent en passant devant un stand de marionnettes en laine (1 euro pièce) :
« Quand y'en a à Bastille, faut les virer, et quand y'en a pas, faut les y amener »

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