lundi 18 juillet 2011

L'empire Murdoch ébranle l'Angleterre

Par Alain Vincenot
Le scandale des écoutes téléphoniques réalisées par le tabloïd britannique atteint la police et le gouvernement.
Le tout puissant Rupert Murdoch a eu beau multiplier les excuses, elles n'ont pas suffi...
Le tout puissant Rupert Murdoch a eu beau multiplier les excuses, elles n'ont pas suffi... SIPA
Le tout puissant Rupert Murdoch a eu beau multiplier les excuses. Elles n'ont pas suffi. A 80 ans, le magnat de la presse, américain d'origine australienne, qui se vantait d'avoir fait élire tous les Premiers ministres britanniques depuis les années 70, est contraint au profil bas. Mardi, à Londres, il doit comparaître devant les dix députés membres de la  commission des médias de la chambre des Communes. Mercredi, c'est le premier ministre, David Cameron, qui devra s'expliquer devant la commission. Pour cela, en visite officielle en Afrique-du-Sud, il a dû repousser de 24 heures les vacances parlementaires « afin de livrer les détails de l'enquête judiciaire et répondre aux questions ». Mais lundi le Premier ministre britannique a décider d'écourter son voyage en Afrique, et de rentrer à Londres dès mardi soir, et non mercredi matin comme prévu, a indiqué un de ces conseillers. David Cameron « va rentrer pour préparer la déclaration qu'il fera au Parlement », a expliqué ce conseiller à des journalistes lundi en fin de journée.

Des milliers d'écoutes

Le scandale des écoutes téléphoniques réalisées par le tabloïd londonienNews of the World (NotW) accusé d'avoir piraté les messageries de quelque 4.000 personnes, politiciens, célébrités, mais aussi celle d'une écolière de 13 ans assassinée et de victimes américaines du 11 septembre, ne cesse de prendre de l'ampleur. Rupert Murdoch qui, selon son biographe Michael Wolff, « a longtemps cru qu'il pouvait utiliser ses journaux pour récompenser ou punir », voit, depuis quinze jours,  son pouvoir s'effriter. Non seulement il a fermé News of the World à l'origine de ses ennuis,  mais il a dû renoncer à son projet de rachat de la totalité de la chaine satellitaire BskyB. De son côté, le leader de l'opposition, Ed Miliband, exige le démantèlement de son empire en Grande-Bretagne, tandis que le vice-Premier ministre libéral-démocrate Nick Clegg brandit, lui, au nom de la sauvegarde du pluralisme, la nécessité de réduire son influence.

Deux lieutenants de Murdoch écartés

Le magnat de la presse a encore eu beau tenter de faire baisser la pression, en se séparant de ses deux principaux lieutenants, Rebekah Brooks, patronne de News International, la division britannique de son groupe, News Corp, et Les Hinton qui l'avait précédée à ce poste entre 1995 avant de prendre la direction de la filiale Dow Jones, éditeur du Wall Street Journal. Sans résultat. D'autant que Rebekah Brooks, soupçonnée de « participation à l'interception de communications » et de « corruption », a été arrêtée par la police puis libérée douze heures plus tard sous caution. 

Le chef de Scotland Yard

Dégât collatéral du scandale : la démission fracassante, dimanche, du chef de Scotland Yard, Paul Stephenson. Ses services avaient rémunéré comme consultant Neil Wallis, un ancien rédacteur en chef adjoint de News of the World. Puis, une deuxième démission, lundi, à la direction de la police : John Yates, qui aurait enterré, en 2009,  l'enquête sur les écoutes du tabloïd. Encore plus gênants sont les liens entre le Premier ministre et un autre ex-rédacteur en chef adjoint, Andy Coulson, soupçonné aujourd'hui « d'avoir conspiré en vue d'intercepter des communications ». David Cameron l'avait employé comme directeur de la communication. Rupert Murdoch vient de publier dans plusieurs journaux, des encarts intitulés : « Réparer le mal qui a été fait ». Maintenant, la question est : comment ? 
http://www.francesoir.fr/actualite/international/l-empire-murdoch-ebranle-l-angleterre-119725.html

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