mercredi 13 juin 2012

La drogue, l’Afghanistan et le système financier international

Solidarité & Progrès - Guerre à la drogue, Guerre à la City, Il faut quitter l’Afghanistan !


Au XVIIIe et XIXe siècle, l’Empire britannique a subverti la Chine en imposant son trafic d’opium : non seulement il détruisait la Chine de l’intérieur (corruption, destruction sociale) mais la Compagnie britannique des Indes orientales, la société privée qui gérait l’Empire (commerce, flotte, armée), dégageait d’énormes profits qui alimentaient son pouvoir financier sur le monde, notamment à partir du paradis fiscal et juridique de l’époque, Hong Kong.
Eh bien aujourd’hui, cela continue. En Afghanistan, depuis 2001 et l’occupation par les troupes de l’OTAN, la production d’opium a été multipliée par 40. L’opium afghan représente 90% des récoltes mondiales, dont la moitié est produite dans la province d’Helmand, sous protection des troupes britanniques. Ce trafic engendre corruption et narcoterrorisme dans toute l’Asie centrale jusqu’au Caucase russe et au Xinjiang chinois en passant par l’Inde. Et le narcotrafic afghan, que l’OTAN, sous influence des factions impériales anglo-américaines, refuse de combattre, tue plus de civiles à l’extérieur de l’Afghanistan que la guerre là-bas ne tue de soldats occidentaux. : en 2009, 30 000 héroïnomanes russes et 10 000 européens sont morts d’overdoses.
Inévitablement, une grande part des énormes profits de ce trafic est blanchi à la laverie du coin, c’est-à-dire Dubaï, le paradis fiscal et juridique établit par la City de Londres dans les années 1990, alors que Hong Kong était rendu à la Chine. A partir de ces centres off-shore installés pour la plupart dans d’anciennes colonies anglo-hollandaises, l’argent de la drogue (500 à 1000 milliards de dollars chaque année) passe directement dans le système financier dont l’opacité et la complexité assure un blanchiment massif, discret pour les uns et profitable pour les autres. Si bien que lors de la première phase de la crise financière en 2008, Antonio Maria Costa, directeur l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, avait déclaré que « en de nombreux cas, l’argent de la drogue est actuellement la seule source de liquidité disponible. (…) Pendant la deuxième moitié de 2008, le manque de liquidité étant le principal problème du système bancaire, ces capitaux liquides sont devenus un facteur important ». Sans nommer aucune banque, il avait annoncé que son agence « avait trouvé les preuves que les prêts interbancaires ont été financés par des capitaux provenant du trafic de drogue et d’autres activités illégales. Certaines pistes indiquent que des banques ont été sauvées de cette manière ». Il y a donc au minimum une connivence très forte entre le crime organisé et le monde de la finance. Cependant comme l’ont expliqué M. Costa lui-même, Roberto Saviano (journaliste italien auteur de Gomorra), Harry Markopolos (qui révéla l’escroquerie Madoff) ou MM. Montebourg et Peillon en leur jeune temps, étant donné les volumes et la complexité des opérations, il est plus justifié de parler d’une seule et unique « mafia en col blanc » pour qui le trafic de drogue fait partie intégrante de son système. C’est ce que l’on appelle un empire financier, d’origine britannique en l’occurrence.
Fait révélateur qui n’a pas hélas fait la une des journaux, fin mars, la 4e banque américaine d’avant crise, Wachovia, a dû s’acquitter d’une amende de 160 millions de dollars pour clore une procédure judiciaire portant sur le blanchiment d’argent de la drogue. En effet, entre 2004 et 2007, sa filiale londonienne a servi à 4200 reprises de relais au blanchiment de 8 milliards de dollars provenant essentiellement du trafic de cocaïne sud-américain. La crise économique qui nous frappe ne pourra qu’empirer si nous ne mettons pas un terme à ce système. Commençons d’abord par couper l’opium sous ses pieds : l’éradication de l’opium afghan est une première étape décisive vers l’éradication de l’Empire britannique. Les Etats-Unis, la Russie, la Chine et l’Inde, sont en première ligne et ont un intérêt commun à mener d’urgence cette opération. Tant le chef de la lutte antidrogue russe, Victor Ivanov, que le commandant des forces américaines et de l’OTAN en Europe, James Stavridis, sont d’accord pour lancer l’offensive. Ce serait un pas décisif vers l’Alliance des 4 puissances que l’économiste américain Lyndon LaRouche voit être la seule combinaison de forces possible pour établir un nouveau système international.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire