mardi 21 août 2012

Comment le Fonds monétaire international a piégé le Maroc

Au Maroc, la misère pousse les femmes à devenir des «mulets». D. R.
Au Maroc, la misère pousse les femmes à devenir des «mulets». D. R.


«Le Maroc doit faire face à des risques extérieurs liés aux incertitudes de la zone euro et aux augmentations possibles des cours du pétrole», met en garde le FMI qui vient de déloquer une ligne de crédit de plus de six milliards de dollars à ce pays. «Ce dispositif offrira au Maroc une assurance pour répondre aux besoins de financement immédiats au cas où ces risques se matérialiseraient, pour renforcer la confiance des investisseurs et pour faciliter l’accès aux marchés de capitaux privés internationaux», note le rapport du FMI qui n’a pas l’habitude d’user de paraphrases pour expliquer sa démarche machiavélique. 

La première et plus importante condition du Fonds monétaire international est clairement mise en exergue : «Faciliter l’accès aux marchés de capitaux privés internationaux.» Ce qui veut dire, en clair, que l’argent prêté au Maroc devra servir à renflouer les caisses des multinationales «autorisées» à faire main basse sur les ressources de ce pays. 

Mais le FMI n’aime pas le mot «conditions». Son rapport parle plutôt de trois «grands défis» à relever. Rabat devra, donc, veiller à la viabilité des finances publiques à moyen terme «grâce à une plus grande efficacité des dépenses publiques».
 Il faut comprendre, par là, que les autorités marocaines sont tenues d’assurer «une meilleure efficacité du système de subventions et de protection sociale» et «une augmentation des recettes en élargissant l'assiette fiscale, en améliorant les recouvrements, en rationalisant les dépenses fiscales et foncières, et en maintenant un climat propice à l’activité du secteur privé, notamment des petites et moyennes entreprises». 
Pour accorder le crédit au Maroc, le FMI exige de laisser sur le carreau les classes défavorisées en «assurant une meilleure efficacité de la protection sociale», c’est-à-dire en réduisant sensiblement les aides de l’Etat destinées aux pauvres. 
Comme il exige une augmentation des impôts, une mesure que l’institution que dirige la Française Christine Lagarde traduit par un euphémisme, pour faire passer la pilule sans trop de remous : «En rationalisant les dépenses fiscales.» 
Le FMI exige, par ailleurs, du Maroc qu’il s’engage dans des réformes économiques pour «améliorer la gouvernance économique», de la façon voulue par l’institution prêteuse.
 Il faudra, enfin, que le Maroc mobilise «des investissements conséquents dans les énergies renouvelables» et, donc, faire appel à l’expertise étrangère pour mettre en œuvre ce projet. 
En d’autres termes, les 6,2 milliards de dollars qui, en théorie, devraient servir à aider le Maroc à se libérer de sa dépendance multidimensionnelle, ne feront que maintenir le pays dans le piège de l’endettement duquel il ne se libérera pas de sitôt.
Sara L.

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